Posts Tagged ‘journalisme’

La grande boucle avec une chaussure jaune

Monday, July 30th, 2007

Donc, le Tour de France est fini. Contador a terminé premier non-viré.

Y a juste un truc qui me semble étrange. Rasmussen s’est fait suspendre par son équipe parce qu’UN journaliste dit l’avoir vu dans les Dolomites, alors qu’il était supposé être au Mexique.

Dans tous les articles que j’ai lu, on disait “il était dans les Dolomites”. Dans aucun, “il aurait été”. Alors je dis pas qu’il est innocent, hein. Juste qu’on a aucune preuve valable contre lui. Testis unus testis nullus, tout ça.

Si on vire tous les cyclistes tricheurs, faudrait aussi virer tous les journalistes qui s’arrangent avec la déontologie, non?

précis d’utilisation d’une clé à molette à l’usage des buveurs de jus de concombre nés en avril

Sunday, July 29th, 2007

Le nom du 423e fichier musical sur votre ordinateur, les 4 pizzas qui ont le plus compté sur vous, votre position préférée au golf: Sur les blogs, on voit tourner beaucoup de questionnaires. Pourtant, on ne sait jamais vraiment d’où ils partent et tous ceux qui ont tenté de remonter un jour aux racines de l’un d’entre eux n’en sont jamais revenus.

Je crois que j’ai enfin découvert le poteau rose et je vais le dévoiler: c’est François Feldmann qui meurt à la fin de Harry Potter. Pour ce faire, un peu de géométrie politique.

La Révolution française a introduit le principe de la séparation des pouvoirs. Il y a l’exécutif, qui exécute, le législatif, qui interdit les exécutions après 19 heures et le judiciaire, qui décide qui il faut exécuter. On dit que les médias représentent le quatrième pouvoir, car ils exercent une sorte de surveillance sur les trois premiers, par exemple en révélant que Paris Hilton a joué trois fois au frisbee la semaine passée. Enfin, on entend souvent dire qu’Internet représente le cinquième pouvoir* car les blogueurs sont de gros prétentieux pour la première fois, n’importe qui peut, facilement, exprimer son opinion, sans devoir passer par le biais des médias et donc, peut échapper à toute forme de censure économique, politique ou plus simplement rédactionnelle. C’est à dire que au lieu qu’on dise “ah non le Darfour on s’en fout, on a un scoop sur Paris Hilton”, désormais, grâce aux blogs, on peut enfin dire “Oh? Un blog sur le Darfour? Oui bon j’irai plus tard, là je vais aller voir la dernière note de Zézette_du_25, elle avait un rendez-vous hier soir, y aura peut-être des détails croustillants, hihihihi, holala elle a plaqué son mec, vite, vite, je vais aller voir son blog hihihihi et ensuite je ferai une note pour expliquer pourquoi je donne jamais d’argent aux chauves”.

Si les médias sont gagrénés par la corruption et la lâcheté et n’assument plus leur rôle de contre-pouvoir, sauf bien sûr Paris Match, c’est pour une raison bien simple: ils sont infiltrés par les gens du complot mondial, qui veillent à contrôler la population en lui diffiusant Julie Lescaut et des reportages sur la pêche à l’oursin pour pouvoir tranquille diriger le monde et nous faire boire du Coca. (Pourquoi cette passion pour le Coca, ça, je sais pas trop) Or, tu penses bien que ces gens ne pouvaient pas rester les bras croisés et regarder les blogueurs saborder ce système si durement mis en place.

Ils ont donc inventé le questionnaire.


Créateurs de questionnaires en plein travail

*A noter que le sixième pouvoir c’est les saucisses apéritif, le septième les portes à double battant, il n’y a pas de huitième et le neuvième, c’est le cyclisme.

Car le blogueur qui n’a rien à poster devient nerveux, se met à chercher des scoops, à dénoncer ces abjec…

Aïe!

Mais…qui êtes-vous monsieur? Et quel est cet amusant objet contondant?

Je…je..aoutch!

Bon alors les copains, sur les blogs, en été, on a rien à se mettre sous la dent. J’ai donc crée un questionnaire cuisine hihihi.
Quel plat aimes-tu préparer pour épater les potes?
En général je réussis assez bien les currys thaïs, et y a moyen de les faire à l’avance et de les réchauffer pendant l’apéro, donc u curry rouge de quelque chose.

Et pour une soirée en tête-à-tête?
Un curry vert de quelque chose.

Le plat pour lequel tu vendrais un rein?
Pas loin de chez moi, y a un resto où ils servent des entrecôtes à la moëlle avec une sauce au balsamique, j’en rêve encore.

Fromage ou dessert?
Je peux avoir un peu des deux?

Le plat que tu loupes une fois sur deux?
La polenta. Je suis totalement incapable de faire une polenta. Ca m’agace.

Ta dernière expérimentation culinaire foireuse?
Ah un émincé avec un mélange d’épices orientalo-provenço-vaudois raffiné et original: finalement, ça avait surtout le goût de cumin.

Bon, et une réussie?
Ah oui alors je dirais un curry (comment ça, je suis monomaniaque?) de courge butternut et de patates.

Le plat qui a un bon goût d’enfance?
Le gâteau au fromage du dimanche soir. Ou alors les spagghettis bolo, pour si l’équipe ils montent, un coup.

Le plat dont tu pourrais manger encore et encore sans te lasser?
Ratatouille!

Le truc que tu manges plus volontiers au restaurant qu’à la maison?
Des filets de perche, comme ça ça pue le poisson chez eux et pas chez moi gnahaha.

Dans les festivals, les kermesses, les fêtes, le stand de bouffe sur lequel tu fonces?
Alors justement, je fonce pas, j’essaie de faire des découvertes, ce qui permet des bonnes surprises, mais aussi des moins bonnes.
Bon et le stand de tartines du Paléo, bien sûr.

Aimes-tu dépecer les truites?
Mais…je ne vous permets pas de me poser des questions aussi intimes!

Bon et maintenant, tu dois passer ce questionnaire à quatre personnes, sinon le châtiment s’abattra sur toi
Alors à Tippie qui adore les questionnaies, à Kozlika, à la punk parce que je me demande ce que mangent les dalmatiens et que ces temps, elle ramasse tous les questionnaires qui traînent, à drenka qui est au régime et à fonji, juste pour l’embêter gnahaha.

Too drunk to fuck

Tuesday, June 12th, 2007

Si tu as internet, tu sais peut-être que le président de tous les français est actuellement en colonie de vacances dans un endroit sympa avec plein d’amis, des ballons et des clowns et vient de prendre sa première cuite.

Que le président abstinent de tous les français picole, ce n’est pas si grave que ça, Boris Eltsine a tenu huit ans avec ça comme programme électoral. Que les chaînes françaises, à part LCI, aient complètement oublié de diffuser les images en question alors que quand même, pour une fois, le président de tous les français n’était pas en train de jogger mais en train d’essayer de dire des trucs, c’est un peu grave mais pas trop, de toutes façons on s’en fout, ce qu’on veut voir aux infos c’est la météo et aussi est-ce que Linda Hamilton a gagné la Formule 1?

Non, ce qui est embêtant, c’est que le Grand Timonier Petit Monier président de tous les français ait à disposition des centaines de milliers de journalistes serviles et n’en fasse rien d’intéressant. Si j’étais à sa place, franchement, j’essayerais de les occuper intelligemment. Sinon, tu sais ce que c’est, ils jouent avec le téléphone, ils surfent sur le net, ils vont boire l’apéro avec des gens pas recommandables et ils finissent par écrire n’importe quoi.

Donc, cher président de tous les français, quelques propositions de trucs à faire quand on a des tas de journalistes à disposition:

  • Les inscrire à des jeux télévisés et exiger la moitié des gains, sauf la moitié du dictionnaire des crustacés gagné à Questions pour un champion parce que bon
  • Les obliger à faire des reportages sur la neige (comme ça, pour déconner)
  • Battre le record du monde de la plus grande pyramide humaine
  • Les reconvertir en secrétaires d’état
  • Les reconvertir en Maîtresses Officielles du Président
  • Les reconvertir en cracheurs de feu
  • Organiser des joutes, dont le gagnant peut interviewer Le Président
  • Organiser des barbecues
  • Leur demander l’heure
  • Rétablir les jeux du cirque et les faire se battre contre des lions, mais à mains nues pour ne pas froisser les sensibilités écologistes, et parsemés de cinq légumes différents, parce que les lions aussi doivent manger et bouger

Des hontes au logis

Tuesday, March 20th, 2007

Résumé des épisodes précédents: Métro a publié dans sa rubrique courrier des lecteurs, sans tambour ni trompettes, un de mes billets, en le modifiant, sans demander, ce serait trop facile. Des jeunes gens sont tombés dessus, mais comme c’était dans un gratuit, ils ont pas jugé nécessaire d’essayer de lire tout le papier non plus. Quelques mots hors contexte postés sur un forum fréquenté par des jeunes gens prêts à s’enflammer pour une cause juste et, en deux scans trois mouvements, une bêtise supposée se moquer d’un petit ministre devient un programme électoral puis une étude littéraire comparée de trois immenses auteurs. C’est ça, la magie du web2.0: le monde entier peut communiquer sans limites ni savoir de quoi il parle. Et quand tous les gens qui causent pour rien dire voudront bien se donner la main, Le Meur sera ministre de l’information.

Alors je ne vais pas tenter d’interprétation croisée des oeuvres de Baudelaire, Rimbaud et Sirkis (mais c’est con, j’avais le titre)(C’est un trou de verdure à Canary Bay ouh ouh). Par contre, vous n’êtes pas sans savoir que l’industrie pharmaceutique est très importante pour l’économie helvétique. En bon patriote, j’adore donc tout ce qui est stérile. Surtout les discussions. C’est pourquoi j’ai décidé de proposer ici quelques lettres de lecteur prêtes à l’emploi pour remplir vos colonnes, histoire que ça finisse sur des forums de grands artistes comme Mickey 3d, Kyo, Tryo ou Douchka, allez-y, c’est ma tournée. Toujours sur le thème si j’étais président de la République, je nommerais bien sûr Mickey premier ministre, y a de la demande dans ce domaine en ce moment. Donc j’en ai fait environ plusieurs, histoire de contenter toutes sortes de magazines.

Depuis quelques jours, Hojt, mon cheval a la truffe humide et le sabot terne. Autant vous dire que je me fous de la présidence de la République comme de l’an 40.

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Si j’étais présidente, j’interdirais à mon chéri de me voler mon magazine comme il le fait toujours, il lit les rubriques horoscopes et trompette, parce que je pense que ce n’est pas une attitude très digne pour une première dame de France, et je profiterais d’être à Paris pour m’acheter les ravissantes bottines dont vous avez parlé dans votre dernière édition, je désespère de les trouver dans le Berry, hihihihihihihihihihihi.

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Si j’étais président, j’organiserais un festival d’emoglam-post-core industriel, car il faut bien dire que le rock’n’roll est mort. Ma mesure suivante serait de rendre l’accès aux drogues libre pour les musiciens, car il faut bien reconnaître que la coco est étroitement liée au renouveau de la scène post indus néo kraut alternative, et les critiques musicaux, histoire qu’ils comprennent de quoi ils causent.

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Cher Mickey, si je suis élu président, m’offriras-tu un pin’s dédicacé?

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Bonjour, j’envisage d’accéder à la présidence, pourriez-vous me dire en quelle saison planter des ficus dans les jardins de l’Elysée et pensez-vous que couvrir la France de forsythias soit une idée amusante?

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Si j’étais président, je lutterais activement pour le réchauffement de la planète, afin que Jennyfer sente soudain la chaleur envahir son corps lascif et décide de se dévêtir, juste au moment où son amie Germaine arrive du marché avec une botte de radis et décide également de se départir de ses vêtements, parce que bon.

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Depuis que je suis président de la République, ma vie sexuelle est terne et morne. En effet, mon épouse refuse de me flageller avec un jambon de Bayonne comme avant, de peur des paparazzis. Dois-je renoncer au trône ou me mettre au macramé pour compenser? Aidez-moi, je vous en supplie.

Agna hé

Wednesday, September 28th, 2005

Voici un chapitre du livre à moi que j’écris, vous pouvez me faire des commentaires pour que je les mets dans le livre à moi que j’écris, vous pouver le commandez sur Amazon, comme le fleuve, pour voir si j’ai mis vos commentaires dedans

Chapitre 32: Les blogs, le journalisme et le rutabaga

Alors par exemple, on dirait que les blogs ce serait mieux que le journalisme, parce que je vous donne un exemple, et ben une fois j’avais lu sur un journal que Elvis il était pas mort, et finalement c’est pas vrai.

Aussi, sur les blogs on peut faire des commentaires, alors que sur les journals on peut pas. Comme par exemple, si mon ami Maurice il écrit un article trop bien sur son blog, je peux lui dire bravo Maurice, trop bien. Il est sympa, Maurice, une fois il m’avait conseillé une super pizzeria. Par contre attention, les commentaires ça sert à dire que c’est trop bien, sinon il faut pas en faire, c’est malpoli, si on est pas d’accord. Par contre, dans les médias traditionnels, par exemple si tu regardes un match de foot sur ta télé tu peux dire Hors-jeu, mais des fois ta télé elle te répond pas.

Et aussi, une fois j’avais laissé un commentaire chez mon amie Lucie (37250 visiteurs, bravo) pour dire que sa recette de lapin aux pives de Provence, je l’avais pas testée encore, mais peut-être un jour, et essaie de dire ça à ton Femina il va te rire au nez.

Et sinon, dans les journals, où il y a des fois des fautes comme par exemple un article sur les blogs où ils disent même pas que ça sert à faire de l’entreprise, les trackbacks marchent même pas.

Et aussi, tu peux lire des choses que les journaux ils disent pas à cause qu’ils font la censure, comme par exemple mon amie la politicienne Raymonda (271 visites, bel effort, bravo, continuê, appuie sur la touche rouge), hier elle a repris deux fois des pâtes.

Et en plus des fois, quand même les journalistes ils écrivent pas très bien.

Toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé serait fort truite

je m’énerve tout seul, épisode 148

Tuesday, February 1st, 2005

Vu chez mon copain Loïc, cet article du Figaro.

Premier paragraphe, cette phrase: “Mais le numéro 2 du groupe de publicité ne travaille pas sur une nouvelle campagne de publicité.”

Alors je me dis, je vais pas lire cet article…
Mais quand même, j’essaie d’insister et je tombe sur:
“Il est tombé dans la blogosphère, il y a quelques semaines à peine. Il y consacre une demi-heure par jour. Fan de bande dessinée, il était la semaine dernière au Festival d’Angoulême et y a raconté ses rencontres avec les dessinateurs.” (Le y se rapporte au festival d’Angoulême? A la blogosphère? Ou alors au blog du monsieur, mais faut le deviner?)

Voilà voilà…

(Enfin bon, ce n’est qu’un exemple: d’autres journaux manient la faute d’orthographe et les lourdeurs syntaxiques avec une dexterité qui ferait pâlir n’importe quel caramailien moyen. C’est juste que naïvement, je croyais que dans les grands journaux, on soignait un peu plus le style.)

e pericoloso sporghersi

Sunday, November 14th, 2004

Des fois, dans la vie, on fait des métiers. Et y a d’autres gens qui se disent qu’ils feront le même quand ils seront grands viennent faire des stages. On appelle ces gens des stagiaires, ou alors on les appelle par leur prénom, si on le connaît.

Bien sûr, tous les métiers ne sont pas égaux face au stagiaire. Ainsi, si on est responsable qualité chez whiskas, on est plus tranquille que si on est, par exemple, fabricant de trombones. Une étude prétend que les encadreurs accueillent de moins en moins de stagiaires alors que c’est con, ils seraient super doués pour les encadrer.

On va prendre un exemple au hasard, par exemple, au hasard, un vidéo-journaliste. Il a l’oeil soyeux, le cheveu bigarré et le genou cagneux, il maîtrise comme personne le cadrage jivaro. Un jour, on lui dit: “Raymondine va venir une journée voir comment on travaille chez nous”.

Le vidéo-journaliste se dit que ça peut être sympa, quelqu’un pour tiendre le micro (mais ça marche aussi pour, par exemple, un violoniste ou un peintre en lampadaires (ou pour Michel Sardou qui se dit “ah ben tiens, je vais laisser mon petit stagiaire myopathe massacrer “En Chantant”, ça va être drôle, de toutes façons cette chanson elle pue du genou”(enfin j’espère qu’il se dit ça))). Mais las, il n’a pas pris un élément en compte: le stagiaire est bien souvent un jeune, ces êtres étranges et mystérieux qui ne communiquent que par sms.

Le matin, on se dit, comme ça, ouhlala il va me poser des tas de questions, comment ça s’allume une caméra, que mange un diplodocus, comment on fait les bouteilles de lait et en fait non.

je n’ai pas mal aux genoux

Friday, September 24th, 2004

René Phulpin est heureux. Il a enfin accompli son rêve: devenir rédac’chef. Pendant des années, alors qu’il gravissait un à un les échelons menant des chiens écrasés aux cigares cubains écrasés dans un magnifique cendrier en rotin massif, il maugréait sévère contre le ton passéiste du journal qui l’employait. Mais maintenant, ça va changer. Il va imposer sa griffe, redonner des couleurs au quotidien de son quotidien.

Il va appliquer les recettes des médias en vogue: donner dans le pipeul, le scandale, le scabreux, les mots croisés. Il se souvient des mots de son mentor, le célèbre Peter Blougou: “En journalisme, le plus important, c’est la règle des 3 S: ce qui fait lire les gens c’est le sang, le sexe, le salami. N’oublie jamais non plus la règle des 5 Q: plus y a de Q dans un article, meilleur il est. Et garde toujours en mémoire la règle des 32 z, des 8 p, du lampiste et de la chauve-souris géante.”

René Phulpin veut inculquer à ses collaborateurs ce nouvel état d’esprit: “Ce que les gens veulent, c’est du rêve, de l’émotion. On va pas commencer à les emmerder avec de l’information. De toutes façons, ils lisent que les photos!” Il sait que ce sera dur de convaincre les vieux journalistes, qui tiennent dur comme fer à leurs méthodes éculées (c’est vraiment une bande d’éculés) et qui ont un peu peur de ne plus pouvoir aller à tous les apéros.

Mais très vite, René Phulpin est confronté à la plus terrible des réticences: celle de la réalité. (C’est beau comme phrase (et un peu creux aussi, je devrais faire de la politique)) Si “l’echo de Bouzingues” ne fait pas de pipeul, c’est avant tout parce que la plus glamour des stars locales est Plectrude Frutof, vingt-trois fois championne régionale de pétanque acrobatique. Mais Plectrude est aussi la seule star locale (si l’on excepte Raymond Gloutzog, le pompier municipal, qui a sauvé le chat de madame Zluh, coincé dans un arbre). Elle a aujourd’hui 62 ans et coule des jours heureux avec son mari Nestor. Difficile de lui supposer de tumultueuses aventures, ce d’autant plus qu’elle est présidente du club de tricot.

Quant aux scandales, ils sont peu nombreux dans la région. Le dernier en date date du jour où des jeunes de Blouville ont voulu acheter du pain à la boulangerie Fichtrolles en se déguisant en cordonniers vaudous. Parce qu’à Bouzingues, on les aime pas, les Blouville, depuis l’affaire du bus scolaire fuchsia.

René Phulpin est heureux. Son meilleur journaliste, Grégoire Pluchawsky, lui a ramené un scoop faramineux: Othenin Bruchard vient de pêcher un brochet de 6 mètres 80.

et le titre, alors?

Friday, June 18th, 2004

Quand on fait un reportage pour la télé, il y a toujours un gamin un peu idiot qui fait coucou dans l’image. C’est un des principes de base de la profession.
C’est pas toujours le même, hein, ils sont plusieurs dans le monde. Ils nichent près des rédactions, dès qu’un vidéojournaliste en sort ils le traquent et dès qu’il déploie son matériel, ils surgissent de nulle part, tels des busards malicieux, semblant apparaître comme un cavalier qui sort de l’ombre la nuit, sauf qu’ils font pas des z mais des v.

Quand on se balade avec sa grosse caméra sur une épaule, son gros trépied sur l’autre, y a aussi toujours des types qui crient “y a la télé”. Au début on trouve ça trop cool. Au début. Au bout d’un moment, on se demande pourquoi personne gueule “y a la boucherie” quand un type se promène avec des quartiers de viande sur l’épaule, “y a la plomberie” quand un type se promène avec ses plombages ou “y a les études” quand des gens ne font rien dans la rue.

Mais, quand on déploie son attirail filmatoire, y a aussi toujours un type qui vient demander “vous faites des photos? c’est pour quel journal?”

Est-ce que tout ces gens font partie d’une conspiration internationale visant à énerver les sympathiques vidéojournalistes afin qu’ils fassent des dépressions et évitent ainsi de faire des reportages prouvant l’existence des extra-terrestres?

[Note de bas de n’badenbillet] Je suis conscient que ce billet ne restera pas dans les anneaux et ne devrait faire rire que les plus vidéojournalistes d’entre vous, si d’aventure elles ne sont pas en train d’écrire des livres ou de tuer des vieux. (cela dit, les gens qui ont acheté le premier livre des gens qui ont peut-être ri à ce post ont aussi acheté du Djian et du Houellebecq, du coup je me dis que si les gens qui ont écrit ce livre qui plaît aux gens qui lisent Djian ont ri à mes conneries, y a un problème quelque part (quoique les chansons de Stephan Eicher, en fait, c’est marrant))
Les gens que ça ne fait pas rire, pour me faire pardonner, voici un lien.

chäschüechli

Wednesday, March 17th, 2004

Comme Bob Morane contre tout chacal, l’Aventurier contre tout guerrier, le brave journaliste a aussi ses ennemis intimes, ses prédateurs naturels.

Il y a bien sûr, l’artiste undergrounf. Il emploie des termes simples, mais réussit à les arranger en phrases qui ne veulent rien dire. Quand on lui pose des questions bêtes, du genre “depuis quand peignez-vous”, il éclate de rire, secoue la tête et raconte explique un truc à propos de substrat palimpsestique de l’exégète intrinsèque en tant qu’il est en puissance. Puis ajoute qu’il ne peint pas mais transpose la substantification transhumatoire à l’aide d’un canal pinceautistique. Il en profite également pour ajouter que le succès n’est pas important pour lui, que c’est l’oeuvre qui est importante, n’oubliez pas de donner les dates de mon exposition.

Il y a bien sûr les spécialistes du “ah mais pour ça, il faut pas voir avec moi mais avec monsieur Strunz”. Des gens redoutables, car ils s’arrangent toujours pour créer un mouvement perpétuel: au bout d’une petite vingt-troisaine d’appels, le malheureux pris dans leurs filets retombe invariablement sur son premier interlocuteur.

Mais le prédateur naturel le plus redoutable du scribouillard, c’est la secrétaire. Dont le rôle est, comme son nom l’indique de taire les secrets de son employeur et de le protéger des importuns brimborions. Son combo favori: “il est en séance, rappelez cet après-midi” le matin, “il est en déplacement, rappelez à 16 heures” en début d’après-midi, puis “il vient de partir, rappelez demain…non non, personne d’autre ne peut vous renseigner sur ce sujet”. Quand, 342 coups de fil plus tard, le malheureux gâche-papier triomphe enfin de la resistance secrétariale, son interlocuteur tant désiré lui assène ces propos interlocants: “j’allais justement vous rappeler…ah non, pour ça, faut voir avec monsieur Strunz”.
Acculée, la secrétaire utilise souvent son arme secrète. Elle dit, aimablement, “un instant, je regarde si il est là” et vous laisse seul, aux prises avec la musique de mise en attente. Hits du moment, morceaux classiques claydermanisés par un orgue Bontempi asthmatique, cris de mouettes newagisés, rien n’est épargné au jocrisse qui a eu la téméritude de braver le courroux de la gardienne du temple. Les plus lâches emploient l’usité mais efficace “veuillez patienter, nous recherchons votre correspondant” répété toutes les neuf secondes. Au bout de 12 minutes, histoire de prouver qu’elle l’a vraiment cherché, elle revient et assène le coup de grâce au clampin qui ne pourra pas dire qu’il ne l’avait pas cherché: “il est pas à sa place, rappelez un peu plus tard”

Et là, le journaliste, exsangue, n’a même plus la force de trouver une conclusion digne de ce nom.