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L’intégrale de Beethoven sur f(x)

Wednesday, July 18th, 2007

Ce matin, quand j’ai lu le journal, ils m’ont expliqué que si il y avait de l’insécurité, c’était de la faute de la violence des jeunes. Moi, ça m’a un peu embêté: jusque là, je m’étais pas senti particulièrement menacé. C’est ça, le problème de la presse. Ils sont idéalistes, ils pensent que tout le monde s’informe et sait, pour l’insécurité. Alors ils expliquent directement les causes.

T’imagines? Tu rentres chez toi, il fait soir, un jeune t’aborde, il voudrait du feu et là, au lieu de sortir ton spray au poivre, tu lui tends ton briquet parce que, bêtement, dans ton journal, tu lis que le sudoku (et tu trouves ça moyennement intéressant, alors pour passer le temps, tu dessines des lapins dans les cases)?

Après, dans mon journal, ils ont expliqué que pour résoudre le préoccupant problème de la criminalité des jeunes, il fallait prendre des mesures pour améliorer l’intégration.
De nouveau, j’ai pas tout de suite compris. Les jeunes ne sont pas intégrés? J’ai un copain, il est un peu jeune, mais ça va, il a l’air super intégré. Il parle plutôt bien notre langue, même si je comprends pas trop quand il utilise des expressions de jeune, mais heureusement il est quasi bilingue.
Mais en fait, ce que mon journal n’expliquait pas, parce que c’est complètement évident, si je me renseignais un peu au lieu de poser des questions bêtes, je saurais, c’est que c’est pas tous les jeunes qui font de l’insécurité. C’est seulement les étrangers. Parce qu’ils ne sont pas intégrés.

Etre intégré, ça veut dire connaître les valeurs de notre pays. La valeur de la Suisse, c’est le franc suisse, même si l’année prochaine on va gagner l’Euro. Il faut aussi connaître la langue du pays, comme tous les suisses qui parlent parfaitement le züritütsch, mais parfois avec un petit accent lucernois. Et il faut savoir cuisiner la fondue, porter un bredzon, jouer du cor des Alpes et savoir ce qu’est un tangon. Sinon on est désintégré. Et on fait de l’insécurité.

Le problème, c’est que les étrangers, ils respectent pas nos lois, parce qu’ils les connaissent pas très bien. Chez eux, par exemple, quand on a besoin d’un meuble ou d’une saucisse, on va chez son voisin la voler. Ca surprend au début, mais si tout le monde le fait, ça pose moins de problèmes: suffit de retourner chez son voisin la revoler et le tour est joué, ni vu ni connu, l’affaire est dans le sac (c’est des expressions étrangères)(les étrangers sont tout de même parfois ridicules).

De la même manière, chez les étrangers, quand on n’aime pas trop bien quelqu’un, on lui donne un coup de couteau. Ca paraît cruel, dit comme ça, mais faut bien avouer qu’ils ont nettement moins de problèmes avec leurs vieux, du coup. Mais chez nous, c’est pas pareil, les vieux, on les aime, alors on les met dans des EMS.

Heureusement, des politiciens de par chez nous, ils ont trouvé une idée géniale. Quand quelqu’un tue sa concierge ou lui vole une orange, on le renvoie chez lui, à l’étranger. Avec sa famille. Bon. Par exemple, moi, à 15 ans, je volais pas mal dans les supermarchés mais parle-z-en pas à maman, merci. Si ils m’avaient attrapé, ils m’auraient donné une amende et j’aurais pu continuer à faire de la criminalité et de l’insécurité, même si je dois t’avouer que les gens cachaient très bien que je leur faisais peur. Même quand j’avais mon perfecto. Surtout quand j’avais mon perfecto, maintenant que tu m’en causes. Alors que si on avait eu des politiciens clairvoyants et que je m’étais fait choper, ils m’auraient renvoyé chez moi, à l’étranger, à Genève, avec toute ma famille, sauf ma tante Agathe qui est vaudoise, la pauvre, et force est de constater que j’ai jamais été un fribourgeois très intégré, j’ai pas l’accent et je ne suis que moyennement pour Gottéron. Si de telles lois avaient existé, aujourd’hui, je ne serais plus ce délinquant assoiffé de sang. Enfin si, mais ailleurs.

Tout ça pour te dire que fais gaffe, derrière toi, y a un jeune.

Des hontes au logis

Tuesday, March 20th, 2007

Résumé des épisodes précédents: Métro a publié dans sa rubrique courrier des lecteurs, sans tambour ni trompettes, un de mes billets, en le modifiant, sans demander, ce serait trop facile. Des jeunes gens sont tombés dessus, mais comme c’était dans un gratuit, ils ont pas jugé nécessaire d’essayer de lire tout le papier non plus. Quelques mots hors contexte postés sur un forum fréquenté par des jeunes gens prêts à s’enflammer pour une cause juste et, en deux scans trois mouvements, une bêtise supposée se moquer d’un petit ministre devient un programme électoral puis une étude littéraire comparée de trois immenses auteurs. C’est ça, la magie du web2.0: le monde entier peut communiquer sans limites ni savoir de quoi il parle. Et quand tous les gens qui causent pour rien dire voudront bien se donner la main, Le Meur sera ministre de l’information.

Alors je ne vais pas tenter d’interprétation croisée des oeuvres de Baudelaire, Rimbaud et Sirkis (mais c’est con, j’avais le titre)(C’est un trou de verdure à Canary Bay ouh ouh). Par contre, vous n’êtes pas sans savoir que l’industrie pharmaceutique est très importante pour l’économie helvétique. En bon patriote, j’adore donc tout ce qui est stérile. Surtout les discussions. C’est pourquoi j’ai décidé de proposer ici quelques lettres de lecteur prêtes à l’emploi pour remplir vos colonnes, histoire que ça finisse sur des forums de grands artistes comme Mickey 3d, Kyo, Tryo ou Douchka, allez-y, c’est ma tournée. Toujours sur le thème si j’étais président de la République, je nommerais bien sûr Mickey premier ministre, y a de la demande dans ce domaine en ce moment. Donc j’en ai fait environ plusieurs, histoire de contenter toutes sortes de magazines.

Depuis quelques jours, Hojt, mon cheval a la truffe humide et le sabot terne. Autant vous dire que je me fous de la présidence de la République comme de l’an 40.

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Si j’étais présidente, j’interdirais à mon chéri de me voler mon magazine comme il le fait toujours, il lit les rubriques horoscopes et trompette, parce que je pense que ce n’est pas une attitude très digne pour une première dame de France, et je profiterais d’être à Paris pour m’acheter les ravissantes bottines dont vous avez parlé dans votre dernière édition, je désespère de les trouver dans le Berry, hihihihihihihihihihihi.

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Si j’étais président, j’organiserais un festival d’emoglam-post-core industriel, car il faut bien dire que le rock’n’roll est mort. Ma mesure suivante serait de rendre l’accès aux drogues libre pour les musiciens, car il faut bien reconnaître que la coco est étroitement liée au renouveau de la scène post indus néo kraut alternative, et les critiques musicaux, histoire qu’ils comprennent de quoi ils causent.

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Cher Mickey, si je suis élu président, m’offriras-tu un pin’s dédicacé?

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Bonjour, j’envisage d’accéder à la présidence, pourriez-vous me dire en quelle saison planter des ficus dans les jardins de l’Elysée et pensez-vous que couvrir la France de forsythias soit une idée amusante?

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Si j’étais président, je lutterais activement pour le réchauffement de la planète, afin que Jennyfer sente soudain la chaleur envahir son corps lascif et décide de se dévêtir, juste au moment où son amie Germaine arrive du marché avec une botte de radis et décide également de se départir de ses vêtements, parce que bon.

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Depuis que je suis président de la République, ma vie sexuelle est terne et morne. En effet, mon épouse refuse de me flageller avec un jambon de Bayonne comme avant, de peur des paparazzis. Dois-je renoncer au trône ou me mettre au macramé pour compenser? Aidez-moi, je vous en supplie.

Influenza

Sunday, October 1st, 2006

Si tu lis des blogs, tu es peut-être tombé sur ceci:

Vous souhaitez monter un réseau d’influence sur Internet ? Vous appuyer sur des blogueurs pour démoraliser vos concurrents ? Recruter un blogueur politique pour soutenir votre candidat favori aux présidentielles ?

Voici, donc, à quoi pourrait ressembler ton agrégateur dans quelques mois, grâce à cette sympathique initiative, si les influents blogueurs se décidaient à vendre leur plume comme d’autres vendent leurs charmes.

De l’autre côté des trombones

“Intrépides délétères”, peintulette numérique, 2006
Image en plus grand dans mon site

Mon blog de meuf
Hier, j’ai repéré une paire de bottines rouges en homard véritable. Elles iraient vraiment bien avec le magnifique ensemble en velours que j’avais acheté pour aller voter Christophe Salengro. J’en ai parlé à l’Homme, il est d’accord avec moi. Pas sur les bottines, je veux dire, l’Homme ne s’intéresse qu’au football et à la trompette, mais sur la nécessité de voter Christophe Salengro.

Le journal d’un avocat
L’autre jour, j’étais avec des amis quand, soudain, des inconnus se sont approchés de nous et ont commencé à nous palper comme si nous avions élevé les cochons ensemble. L’article 14 bis du code civil est pourtant clair à ce sujet: On ne sent pas le cul. Je les ai menacés de leur écrire une lettre sur mon blog mais rien n’y fit, ils me mirent dans un caddie, entre un paquet de petits beurres et des fusilli à l’ancienne. Arrivés chez eux, ils ont dit que je devais encore mûrir – on voit bien qu’ils ne lisent pas mon blog – et m’ont mis dans une coupelle avec pour seuls voisins des kiwis, qui parlent rugby à longueur de temps. Je crois que je vais finir comme bien souvent mes confrères avocats, vinaigrette. J’espère au moins que les gens qui m’ont acheté me serviront avec des crevettes et sont des électeurs de Christophe Salengro.

Mauricette cuisine
Daube aux saveurs automnales Salengro.
Parer 200 grammes de topinambour et autant de courges. Dans une cocotte, faire revenir des lardons et de l’oignons émincés, puis incorporer les légumes et des champignons. Faire suer (ça veut dire baisser un peu le feu et laisser les légumes perdre un peu d’eau, pas leur lire du Proust), couvrir de vin rouge, laisser mijoter une heure et demie avec un peu de laurier. J’utilise du vin de cuisine pour cette recette, mais quand Christophe Salengro sera élu et que nous serons enfin sortis du marasme économique, il sera possible de la préparer avec un bon vin et de s’en jeter un petit verre derrière la cravate pendant que les enfants regardent les dessins animés au lieu de venir aider leur maman à éplucher des légumes très sains pour la santé mais quand même pas pratiques à éplucher, sales gosses.

disclaimer: Personne ne m’a recruté pour ce billet (mais je suis prêt à discuter (par exemple je veux bien discuter de tennis, d’opossums ou du sens de la vie)).

Confluent

Wednesday, September 27th, 2006

Au fil de son histoire, l’Homme a appris à domestiquer la nature et les éléments et, aujourd’hui, nous accomplissons sans y penser bien des gestes simples qui, pourtant, sembleraient des miracles aux yeux de nos ancêtres australopithèques. Mais le revers de la médaille de bronze sur 400 mètres haie aux Jeux Olympiques d’Osaka, c’est que nous oublions d’écouter notre instinct.

Et pourtant, plus de 3 millions d’années après les premiers pas de Lucy, il est toujours là, enfoui en nous. Et parfois, il se manifeste, comme s’il était doté d’une volonté propre.

Bon, je te vois un peu sceptique, mettons nous en situation. Tu es confortablement assis à la terrasse d’un café, le ciel est bleu, les oiseaux chantent et le plat du jour, ce midi, c’est des tagliatelles aux fruits de mer, bref, tu as tout pour être heureux. Ou presque. Nous vivons à l’ère du stress, de l’isolement et de l’information. Tu as une heure de pause à midi, tu manges seul, tu aimerais bien pouvoir lire ton journal. En plus hier, y a eu un match de coupe d’Europe, Ruzomberok contre Hafnarfjördur, et tu aimerais bien savoir qui a gagné sinon comment voulez-vous?, mais il n’y a plus de journaux en lecture dans ton stamm. Tu décides alors de te rabattre sur Le Matin, mais il est actuellement entre les mains d’une demoiselle, au demeurant accorte, mais tu t’en fous, tout ce que tu veux, c’est lire la météo, le sport et les petites annonces rubrique plomberie-zinguerie. Et éventuellement ton horoscope en passant, même si tu n’y crois pas, c’est juste pour déconner, ahaha, est-ce que tu pourrais me lire ce qu’ils mettent sous antilope cinquième décan, merci?.

Et c’est là que se manifeste, implacable, un instinct ancestral:
L’instinct d’emmerdement maximum

Elle n’a pas encore vu que tu guettais, la bave aux lèvres et l’oeil torve, son bien, comme un jeune poney guetterait une brindille innocente. Et pourtant, une voix en elle, surgie d’un temps où il fallait lutter pour sa survie, lui dit “Oh, à la page précédente, y avait un article sur la chasse à la dorade en Antarctique, franchement, tu devrais le relire, il en va de la survie de l’espèce”. Son rythme de lecture ralentit brusquement. Elle se prend d’une passion subite pour la rubrique économie, regarde attentivement les offres d’emploi et la publicité de monsieur Honoré voyant-medium retour de l’être aimé débouchage d’éviers réparation de trampolines.

Puis, soudain, elle s’arrête de lire.

Pour échanger quelques mots avec son voisin de table, la main fermement posée sur le précieux journal.

Puis elle se remet à sa lecture, étudie soigneusement son horoscope, lit la bande dessinée (le 62493e épisode de Hägär Dünör), la relit parce qu’elle n’a pas compris la blague (les scientifiques estiment qu’il existe, sur terre, entre trois et cinq personnes capables de comprendre une blague d’Hägär Dünör)(le plus intéressant, c’est qu’aucun d’entre eux ne figure parmi les auteurs de ce comic).

Tu sais que si tu la lâches des yeux ne serait-ce qu’une seconde, toujours à cause de l’IEM, elle va plier son journal, se lever et que quelqu’un va lui demander “Je peux?” et que elle va bêtement acquiescer.

L’oeil aux aguets, tu la vois lire un article sur une compétition de golf (l’Europe a gagné). A ce moment là, tu es sûr qu’elle sait et qu’elle cherche juste à t’emmbêter, par malice. Mais tu ne peux pas aller lui arracher le canard des mains, on est entre gens civilisés, bordel de merde.

Elle prend son café en riant, elle te regarde à peine parce qu’elle est trop occupée à faire le sudoku. Au moment où elle se dit que si le 5 va à côté du 2, où est-ce que je vais bien pouvoir mettre le 9?, une furieuse envie de lui répondre te prend, mais tu résistes, pas de vulgarités par une si belle journée, on est pas des bêtes, que diable.

(Mais oui, c’est bien “Dans ton cul” que tu as envie de lui répondre)

Enfin, tu la vois arriver aux programmes télé. Bientôt la délivrance. Ton repas est froid depuis longtemps, tu as déjà cinq appels du boulot qui se demande où tu es, le soleil s’est caché derrière les nuages, tiens voilà la pluie, Gipsy tombe par terre, mais tu ne céderas pas. Elle, savourant sa victoire, est en train de lire le résumé quotidien de Star academy, il y a une magnifique photo de Nikos en train de sourire comme un merlan frit, toi tu meurs d’envie de l’attacher sur une chaise et de la forcer à regarder le 22/24, preuve que l’Homme moderne a quand même moins de sang-froid que le trappeur qui pouvait rester des mois entier à traquer un gnou dans la savane. Puis elle s’arrête sur la grille de rtl9, elle lit attentivement le descriptif du film de ce soir, les 7 ninjas au clair de lune.

Puis elle tourne la page, change de paysage. Tu penses que tes souffrances approchent de leur terme, mais elle semble passionnée par le temps qu’il va faire cette semaine à Helsinki et Nouakchott. Tu es prêt à bondir, enfin. Le temps semble s’écouler longtemps, les secondes durent une éternité. Le ciel commence à s’obscurcir. Sur la télé, la neige a envahi l’écran. Tu as un peu mal dans tes jambes. Ton téléphone portable vibre comme un poney qui sent l’écurie. Sur ta messagerie, trois messages de ton patron dont un pour te dire que tu es viré. Ta femme vient de t’envoyer un sms pour te dire que C 3heure du mat1 tu é ou si c komsa je rentre ché ma mer.

Alors que tu commences à vaciller sévère, elle se lève, pose son journal sur la table. Puis elle s’approche de toi et, dans un sourire nonchalant et purpurin, elle te dit: “Excusez-moi, vous avez un wapiti sur l’épaule.”

Disclosure: le 9 allait dans la troisième case à gauche

Hiérarchie, demain à Morges.

Thursday, September 21st, 2006

Au début de la Préhistoire, l’organisation sociale était plutôt simple. Chaque tribu avait un chef et des tas de pas chefs. Puis la démographie galopa comme un poney au petit matin, les populations grandirent comme le poney lorsqu’il devient cheval, bref, y aurait eu du monde au portillon si les portillons avaient existé.

Cela impliquait, d’une part, que l’ambiance était un peu tendue pendant les longs mois d’hiver, imagine, quatre mois entassés à 250 dans une caverne, pas de cartes, pas de soirées karaoké, rien à faire à part peindre des mammouths sur les murs et même pas l’espoir d’être nominé à la fin de la semaine, forcément, y a un moment où les blagues d’UuuhGruhur et les jérémiades de UhGrhhur commencent à te taper sur les nerfs sévère, mais là n’est pas l’objet de ce post.

Cela impliquait également et d’autre part que pendant les mois de pas hiver, y avait un peu trop de monde pour aller chasser le mammouth. Le grand chef UhGruhr décida alors de créer des groupes de travail: chasse au gros gibier, chasse au petit gibier, outillage, développement d’activités ludiques hivernales.
Puis il fallut subdiviser les groupes en sous-groupes. Malheureusement, UhGruhr constata une baisse de productivité du groupe “taillage de pointes de silex”, qui n’avait pas atteint ses objectifs au premier trimestre -10012. De plus, des voix s’élevaient au sein du clan pour dire que “ceux de danse tribale et peinture rupestre, c’est des planqués, ils foutent rien de leurs journées”.
UhGruhr décida alors de nommer des chefs de groupe, des sous-chefs de sous-groupes, des adjoints et des sous-commissions de surveillance.

Conscient que ces tâches étaient plutôt ingrates, qui voudrait passer son temps à peindre des rapports et à fabriquer des colliers en trombones quand il pourrait courir gracieusement derrière un troupeau d’aurochs?, UhGruhr nomma aux nouveaux postes des vieux de plus de 21 ans, des boiteux, des “se donne de la peine mais en a aussi beaucoup” et tous les gens qui font moins de bêtises quand ils surveillent que t’en fasse pas que quand ils viennent t’aider à chasser la belette cendrée ou à découvrir le feu.

Mais, contre toute attente, les hommes étaient fascinés par ces nouveaux postes. Ils passaient désormais le plus clair de leur temps à espérer une promotion, dire du mal de leur chef, se plaindre que le boulot était mieux avant leur promotion, se demander pourquoi c’est ce con d’UuhGrhuhur qui est devenu chef du groupe “inventions de trucs plus sympas que le mammouth séché pour le petit-déjeuner”, j’étais meilleur que lui, c’est moi qui ai eu l’idée de traire des mammouthes pour faire du beurre, bon ok ça a fait trois morts mais si ceux de “systèmes de protection divers” avaient inventé le casque, ça serait pas arrivé.

Or, à l’époque, les gouvernements étaient très instables. On pratiquait la démocratie directe: lorsque le chef était contesté, on lui mettait un grand coup de gourdin sur le crâne, on l’offrait en sacrifice au premier tigre à dents de sabre de passage puis on s’élisait démocratiquement à sa place, directement, sans attendre 2007. Cela s’appelait un putsch, à cause du bruit que fait le gourdin quand il entre en contact avec la tête. UhGruhr vit dans ce nouveau système social le moyen d’occuper un peu les gens et, ainsi, de continuer à cheffer tranquillos pendant quelques années: pendant qu’ils s’intriguaient parmi, ils oubliaient de revendiquer la chefferie.

Depuis, le système a un peu évolué puisque “mammouths et tradition” et “furets, ratons-laveurs, pangolins et autres animaux pas très bons mais bourrés de protéines” ont fusionné.

Et j’entends siffler le train

Saturday, November 19th, 2005

Les scientifiques se sont longtemps demandé pourquoi le supporter de foot avait une fâcheuse tendance à se transformer en blaireau. Si, en curling, il arrive parfois que des olibrius jettent des théières sur la glace, les joueurs se précipitent dessus avec leurs balais et tout rentre vite dans l’ordre. En foot (et en hockey), par contre, ça fait vite toute une histoire.

On pourrait tout d’abord penser que c’est dû au sport lui-même. Regarder des gens taper dans un ballon et essayer de le mettre dans des filets, c’est vrai que c’est moins stimulant intellectuellement que la dictée de Prosper Youplaboum Mérimée. Mais le supporter de fléchettes est relativement calme alors qu’objectivement, y a pas beaucoup de sports plus couillons que les fléchettes.

Certains estiment aussi que c’est dû à un nationalisme exacerbé, et c’est vrai que faut pas être très malin pour estimer que des gens, sous prétexte qu’ils sont pas nés du même côté que nous d’une ligne qu’on n’a jamais vue en vrai, sont encore pires que des suisses allemands. Mais quand même, la finale de Question pour un champion spécial francophonie fait également appel à des notions de nationalité aussi, et jamais j’ai vu un mec se jeter sur Julien Lepers et l’accuser d’avoir délibérément faussé la finale en posant exprès une question sur les châteaux de Dordogne pour défavoriser le candidat yéménite par rapport à son adversaire nicaraguayen.

Le fait que les supporters de foot sont plus nombreux que ceux de tennis de table explique aussi certaines choses, puisqu’il est bien connu que l’intelligence d’une foule est inversément proportionnel au nombre de gens qu’il y a dans cette foule. Ok, mais quand il y a 500 choristes ensemble, ils chantent du Céline Dion et du Johnny, ce qui n’est pas très très malin, mais tout de même plus qu’un chant de supporter de foot.

Il faut donc chercher plus loin la cause du crétinisme avancé des supporters de foot, mais aussi de hockey. Or, la personne qui exacerbe le plus la violence, c’est l’arbitre. L’arbitre, et son sifflet. Sifflet qu’il a en commun avec les agents de police dans les bandes dessinées belges. Les ondes provoquées par les sifflets créent une destructurisation des structures cérébrales, transformant les gens qui regardent le foot en demeurés. Sur la base de cette étude rigoureusement scientifique, je demande officiellement à Sepp Blatter de remplacer le sifflet de l’arbitre par un orgue Bontempi, merci.

Cela dit, on est qualifiés, on est qualifiés, on est on est on est qualifiés.

il ne faut pas faire les choses à moitié

Friday, October 14th, 2005

Donc, on a appris cette semaine que Demi Moore s’était mariée avec Ashton Kutcher. (source yahoo, par exemple)

Alors oui, bien sûr, avoir Demi pour moitié, c’est drôle, même quand on a un nom à Kutcher dehors. Bien sûr, Demi a deux fois l’âge de son mari (ou presque, mais on n’est pas là pour chipoter) (je te dis qu’on n’est pas là pour chipoter) (ludomatic menace d’arrêter son blog, j’ai repris une partie de son stock de parenthèses)(lalune aussi menace d’arrêter son blog, mais je suis nul en contrepèteries)(bref). Mais à priori, on s’en fout.

Mais il y a quand même un truc qui m’interroge. Parce que bon, ok, Bruce Willis était invité alors que les chances qu’il soit au mariage de tes potes Kevin et Virginie sont minces, faut avouer. Ok. Mais sinon, sinon?

Je veux dire, normalement, dans un mariage bien organisé, il y a un oncle alcoolique qui, entre la fin de l’apéro et le début du souper (parfaitement, du souper) (je comprends pas comment des gens qui dînent le soir peuvent se qualifier pour la coupe du monde), se met à faire des blagues cochonnes à tue-tête, chante fort et faux et laisse traîner ses mains du côté des fesses de la mariée.

Y a aussi un type qui fait des tas de photos. Il débarque vers toi, alors que t’es en train de causer bouture de potirons avec ta cousine Raymonda que t’as pas vue depuis l’enterrement de tante Jasmine, qu’est-ce qu’on s’était marrés ce jour là, et qui est sympa mais un peu conne quand même mais plutôt jolie, et là, il te dit que il faut plus bouger s’il vous plaît ah mais merde comment ça marche ce truc non parce que je l’ai acheté hier ahaha avant j’en avais un autre mais maintenant plus ah non mais attendez c’est le film qui est plein et attendez juste un peu j’en ai un autre voilà ah non mais là vous avez bougé merde.

Il y a toujours un gosse de 13 ans qui se retrouve à la table des enfants et qui fait la gueule parce qu’il pourrait quand même être à la table des grands, maintenant, quand même. (pour le calmer, on lui a fait croire qu’à la table des grands, ça parle politique extérieure du Ghana et cours de l’action Findus) (en fait, ils parlent foot et cul, comme tout le monde)

Normalement, il y a aussi une grand-mère qui parle à voix haute pendant la messe, s’obstine à appeler le marié Jean-Paul, alors que c’était le nom de l’ex de la mariée, et qui s’obstine d’ailleurs à appeler la mariée Jean-Paul.

Et souvent, y a un mec qui a entendu dire que dans les mariages, on rencontrait souvent des meufs (c’est comme ça qu’il a entendu dire). Alors il tente sa chance. Souvent. Y a un moment, il a même une ouverture avec une meuf. Bon, elle est un peu vieille et elle est persuadée qu’il s’appelle Jean-Paul, mais sinon elle est cool.

Et sinon, y a quand même fréquemment un mec chargé de l’animation, qui fait des tas de blagues pitoyables et qui organise des jeux idiots, et un type qui joue des valses moisies sur son Bontempi.

Alors bon, nous dire qu’Ashton Kutcher “porte un costume de couleur crème”, c’est bien gentil, mais pourquoi on nous dit jamais “à un moment, tout le monde a fait la chenille, sauf tata Lucette qui dormait dans un coin?” Pourquoi on entend jamais Stéphane Bern dire que “à un moment, le petit-cousin de la grande duchesse de Senarclens a fait une interprétation remarquée de la danse des canards”?

On nous cache des trucs. La presse nous ment.

Come to my shop

Friday, April 1st, 2005

Le voyage organisé, c’est presque comme un vrai voyage, mais organisé. Ce qui peut paraître de prime abord contradictoire. Mais pas d’inquiétude, même dans le voyage organisé, l’avion arrive en retard et la chambre 22b a déjà été louée à un couple d’allemands, au demeurant fort sympathiques, si ce n’est cette manie de porter des chaussettes dans leurs sandales.

Organisé dans le sens: vous vous retrouvez dans un groupe de 23 personnes (les joyeux bouquetins), sous la roulette d’un guide tyrannique, dont la devise est: on est là pour profiter de nos vacances, pas pour rigoler, en colonne par deux et plus vite que ça.
Le nom du groupe, ça a l’air anecdotique, comme ça, mais c’est super important. Parce que le guide tyrannique le hurle à tout bout de champ pour rameuter tout le groupe, les allemands de la 22b étant encore en train d’acheter des cartes postales au lieu d’écouter ses explications. Le problème, c’est que les guides ne sont pas imaginatifs: dans n’importe quel temple d’Hatchespouth, il y a douze Ramsès, huit Isis, cinq Scarabées. Du coup, il se raconte dans le milieu du guidage qu’une famille française s’est trompée de groupe et vit depuis à l’aéroport de Tokyo.

Dans le voyage organisé, on se lève à 7 heures du matin pour aller se faire 4 temples et 3 curiosités typiques avant midi, parce qu’après y a trop de monde. Le problème, c’est que les 4723 autres groupes font pareil.

Après chaque visite, on vous laisse un petit quart d’heure pour faire tourner l’industrie locale. Les allemands de la 22b, qui refusent de marchander, sont ravis de leurs achats. Ils ont fait une affaire, parce que bon, le marchand s’est prix de sympathie pour eux et en plus, il adore les allemands, son frère a travaillé en Allemagne. Ce n’est que plus tard qu’ils se rendront compte que les 300 dirhams et 12 piastres qu’ils ont déboursé pour leur sablier en rotin équivalent à une cinquantaine d’euros.

Avant les visites, y a le buffet de petit déjeuner. Un endroit privilégié pour observer le touriste dans son élément naturel. Les allemands de la 22b prennent des saucisses et s’attablent avec les Müller, des suisses qui reviennent chaque année depuis 22 ans. Et râlent chaque année que quand même, la qualité baisse, c’est plus ce que c’était et que c’est bien joli, ce pays, mais qu’est-ce qu’il y a comme étrangers, d’ailleurs ils ont décidé de ne plus sortir de l’hôtel. Ils se resservent cinq fois au buffet, parce que c’est compris dans le prix et que au moins, on sait ce qu’on mange, parce qu’avec ces sauvages faut se méfier.

Pour que le touriste ne s’ennuie pas, y a des soirées à thèmes. Une soirée karaoké et macramé, une soirée danse traditionnelle avec de vrais indigènes en costume ridicule, une soirée bingo et youkoulélé. Les allemands de la 22b s’amusent beaucoup, les Müller regrettent l’absence des Schmidt, ils venaient chaque année, de vrais boutes en train, surtout lui, il racontait à chaque fois la blague du chameau, ce qu’on a ri, mais ce qu’on a ri.

Faux rhum

Sunday, January 30th, 2005

Tout fout le camp.

Avant, le WEF (prononcez Ouaife, surtout si vous êtes un journaliste suisse), c’était un genre de réunion de riches pas trop compréhensible. Mais bon, on a l’habitude que les riches fassent des trucs bizarres. Aller à Davos après la coupe Spengler, c’est pas beaucoup plus stupide que jouer au golf.

Avant, donc, le WEF, les journalistes étaient pas trop obligés d’en parler, grâce aux altermondialistes. Les riches faisaient leurs trucs, les altermondialistes protestaient en se battant contre des policiers. Les médias nous causaient des montants des dégâts occasionnés par les casseurs. Et du coup personne ne savait trop de quoi on causait au Ouaife, à part les lecteurs de Loïc Le Meur qui se disaient que c’était un genre de réunion sur les blogs.

Mais cette année, à cause peut-être des températures hivernales qui ne donnent pas super envie de se faire lancer de l’eau froide dessus, les altermondialistes sont restés plutôt calmes. Du coup, les médias ont été obligés de parler du forum pour de vrai. Donc, grâce notamment à cet article traduit par le célèbre Matthias Froidevaux, on sait maintenant ce qui se passe au Ouaife. Des tas de stars viennent dire que la faim dans le monde, c’est mal et qu’il faut installer des moustiquaires.

Maintenant qu’on sait de quoi ça cause, leur truc, on ne comprend pas trop pourquoi les altermondialistes s’énervent. Parce que c’est vrai, la faim dans le monde, c’est mal. Et les moustiquaires, à part sur les lits Ikea, c’est plutôt bien. Bon, on pourrait chipoter en disant que des médicaments seraient plus utiles, mais quand même, hein, si les leaders de la pharmaceutique bradaient leurs médicaments, comment ils feraient pour gagner des matches de foot ou des courses de bateau après?

Donc le Ouaife est un genre d’événement de pipeules gauchistes, un peu comme les restos du coeur. Très bien: tant qu’ils écoutent Angelina Jolie, les grands de ce monde, ils font au moins pas de bêtises.

Mais même si on n’aime pas trop les reprises de Brel par Lorie, y a plus trop de raisons de dire du mal de Davos. Tout fout le camp.

Heureusement, il y a des choses qui ne changent pas.

je m’énerve tout seul, épisode bis

Tuesday, January 4th, 2005

Vidéo-journaliste et cinéaste: à priori, y a pas trop trop de raisons de confondre.
Sauf que, comme les journalistes sont parfois des écrivains ratés qui aiment à enjoliver leurs phrases d’inutiles fioritures, bien des vidéo-journalistes rêvent qu’ils sont Spielberg.

Qu’est-ce que ça apporte à un reportage qu’on y rajoute des scènes préfabriquées?
A quoi ça sert, par exemple, de montrer une madame claquer furieusement la porte de son véhicule, alors qu’en y réfléchissant trois secondes, on se dit qu’il a bien fallu faire monter le caméraman à bord dudit véhicule?

A quoi ça sert, par exemple, de raconter que “les camarades de trucmuche ignoraient tout du terrible drame blablabla” alors que ladite trucmuche se ballade avec une équipe de télé à ses trousses, qu’il a donc bien fallu demander des autorisations et expliquer aux camarades ce que la télé fout là?