Bon, inutile de se voiler la face, malgré une deuxième place au festival de Gromanche obtenue de haute (2 mètres 50) lutte, personne n’est venu me proposer de juteux contrat d’édition, ni même de tester des produits pour le bain au clou de girofle.
Je suis dépité.
J’ai donc décidé d’arrêter les concours de blogs et de me lancer dans les choses sérieuses: les César.
Pour remporter un César, le plus important, c’est le titre. Avec un titre à la con, tu mets toutes les chances de ton côté. “Je vais bien ne t’en fais pas“, “Ne le dis à personne” ont été primés cette année. C’est donc la porte ouverte à “Les clés sont sur la commode”, “Pense à ramener du beurre”, “N’oublie pas ton anorak”, “Est-ce que tu as le numéro de Gérard?”, “Je t’ai fait une tourte”.
Puis il faut des reconversions. Cette année, un ancien acteur devient meilleur réalisateur, un ancien champion de kamoulox meilleur acteur. Qui sait où cela s’arrêtera-t-il? Peut-être un ancien mécanicien sur locomotives remportera-t-il l’an prochain le César de la meilleure musique de film?
Là où ça se complique, c’est au niveau des entrées en salle. Il faut éviter que le film marche trop bien, sinon ça devient un film commercial et donc un mauvais film, mais il faut pas qu’il marche trop mal non plus, sinon ça devient un mauvais film tout court et ça passe sur RTL9 juste après “La revanche du fils de Beowulf”.
Et puis, il faut un scénario original avec une histoire d’amour sensible et cruelle et de l’émotion pure et melliflue. Bon. Par exemple, je t’explique: “Dans le château des Chatterley, Constance coule des jours monotones, enfermée dans son mariage et son sens du devoir. Au printemps, au coeur de la forêt de Wragby, elle fait la connaissance de Parkin, le garde-chasse du domaine. Ils baisent comme des castors”, ça passe le samedi soir sur RTL9 juste après “Le neveu de Beowulf passe le bac”, avec des acteurs qui ont encore moins de présence scénique que Christophe Lambert et une musique encore plus énervante que si c’était du Eric Serra. Et des longs moments sans dialogues, mais vu le niveau des dialogues c’est pas grave. Alors que “Dans le château des Chatterley, Constance coule des jours monotones, enfermée dans son mariage et son sens du devoir. Au printemps, au coeur de la forêt de Wragby, elle fait la connaissance de Parkin, le garde-chasse du domaine. Le film est leur histoire. Le récit d’une rencontre, d’un difficile apprivoisement, d’un lent éveil à la sensualité pour elle, d’un long retour à la vie pour lui. Ou comment l’amour ne fait qu’un avec l’expérience de la transformation.”, c’est un César. Tu comprends bien la différence?
Donc, après m’être essayé sans succès au cinéma d’auteur (2 mètres 50), j’ai décidé de me lancer dans la comédie sentimentale d’action. Ca raconte l’histoire d’un homme à qui tout semble réussir, mais que la célébrité a rendu fragile. Il souffre, écartelé entre l’image polissée de l’homme public que renvoient de lui les médias, dans laquelle il ne se retrouve pas complètement, quand bien même il a contribué à la forger, et celle d’un homme, jeune père, en pleine crise de la quarante-douzaine, qui tente de se réaliser dans sa vie quotidienne de tous les jours. Puis, soudain, c’est le clash. Les passagers de l’avion (il est dans un avion)(c’est une comédie sentimentale d’action aérienne) parviendront-ils à le maîtriser avant qu’il ne les dévore tous?
Ca s’appellerait “Un Jean-Luc dans l’avion”
Sous des dehors taquins et innocents se cache en réalité un dangereux prédateur