Archive for August, 2007

Légumes des jours

Monday, August 27th, 2007

Il était 23 heures 52 et je commençais à me sentir faible. J’avais été très imprudent. Grisé par la douce saveur d’un steak de casoar à la moelle, je m’étais laissé piéger par le tourbillon du temps qui passe et repasse sans cesse grâce à son système révolutionnaire d’injection de vapeur et je n’avais mangé que 4 fruits et légumes ce jour là.

Fébrile, je composai le numéro de mon maraîcher. Sans succès. Je réunis mes dernières forces, dévalai les escaliers et me dirigeai vers un bar où je savais que l’on pouvait trouver des primeurs de contrebande. C’était la première fois que j’étais réduit à une telle extrémité. Mes jambes tremblaient de tous leurs membres, moitié à cause de la peur, moitié à cause de la faiblesse qui envahissait mes membres comme on envahirait le Pérou, moitié pour rajouter un peu à l’intensité dramatique. Je me traînai sur le sol. A bout de forces, je parvins à atteindre le comptoir quand deux gorilles me mirent à la porte sans ménagement. je tentai tant bien que mal de leur arracher une banane.

Je me résignai donc à rentrer, la mort dans les lames de ton parquet. Chez moi, je me mis à tourner en rond comme un furet dans sa cage. Je fouillai le frigo, tentant d’y retrouver un peu de salade, même une betterave périmée. C’est au moment où je m’effondrais sur le sol que je découvris Fedor, un petit pois qui avait roulé sous ma commode Henri XIII lors d’une soirée entre amis qui avait vite tourné à l’orgie végétarienne. Je parvins à le saisir du bout des doigts et l’accompagnai de biscottes fondantes.

Glamaheuz blouga

Friday, August 10th, 2007

Ce blog restera fermé jusqu’à nouvel avis pour cause de chasse à la carte postale moche de par le monde.

Soyez sages et parlez-moi un peu de vous pendant que je bronze

Y a pas de sauce, c’est des nouilles au beurre*

Thursday, August 9th, 2007

C’était pendant l’horreur d’un profond ennui, un soir de novembre, hier après-midi. J’étais mouillé comme un chien qui pue, transi jusqu’au zoo, j’avais envie de crier tout haut ma haine de cette société de consommation dans laquelle je n’avais même pas de parapluie alors franchement, c’est bien la peine. Le train ne partait que dans dix minutes et, après m’être ébroué non sans une certaine sensualité, je me mis en quête de quelque ouvrage littéraire afin d’occuper intelligemment les minutes qui me séparaient de chez moi et d’oublier que y a plus de saisons, mon bon monsieur, et que ça me rend triste comme un film d’Archipatapong Wekesethekul**.

C’est alors que je m’apprêtais à relire pour la douzième fois la bande dessinée de Riad Sattouf parce que forcément, si c’est dans Fluide Glacial, il doit y avoir un moment où c’est drôle, mais où l’ont-ils caché?, que je découvris qu’un lecteur de cette noble revue se demandait l’origine de l’expression “avoir le cul bordé de nouilles”.

Par la malpeste, me dis-je, car j’évite d’être vulgaire dans le train depuis qu’ils les équipent de caméras de surveillance, même quand je lis les planches de Lindingre qui est presque aussi drôle que Sattouf, en voilà une excellente question. Parce que c’est vrai que si tu croises dans la rue un gens avec un collier de nouille autour des fesses, la première chose qui te vient à l’esprit c’est pas “Quelle chance il a” mais bien “J’espère au moins qu’on aura du beau ce week-end”.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Les vendeurs de fleurs n’ont pas encore inventé la fête des mères et ils crient famine***. Les maris volages ont par contre inventé le bouquet de fleur. Le chevalier Honoré de Ploucharpes rentre d’une guerre qu’il a gagnée relativement facilement, en deux sets, dans un lointain pays asiatique où y a de supers hôtels pas chers. Comme il a un peu traîné en route, il a mis dix ans pour rentrer au lieu des six jours initialement prévus, une paille, à cause d’une histoire de dieux contrariés et de sorcière bonnasse, franchement, c’est rien, dix ans, comparé à l’éternité, mais tu sais comment sont les bonnes femmes****, il achète un bouquet pour se faire pardonner. Malin, il a également rapporté un souvenir de vacances, un genre de préparation à base de céréales qu’ils font dans les pays lointains et c’est très pratique, on peut manger ça par exemple avec de la sauce tomate et les barbares ils appellent ça pasta, ça veut dire “Truc très pratique qu’on peut manger par exemple avec de la sauce tomate” en chinois ancien, il est sûr qu’elle lui pardonnera et qu’elle lui en préparera aussitôt une pleine marmite.

Il imagine déjà les retrouvailles poignantes, émouvantes, les longues heures passées main dans la main à regarder le couchant de soleil tout en expérimentant diverses autres choses apprises lors de son séjour asiatique. Comme il a l’imagination fertile et un peu les crocs, il imagine également la casserole fumante où cuit une bonne marmite de pâtes. Il sent déjà leur fumet et déjà lui vient l’eau à la bouche. Mais son imagination se débride, il voit pendant que son aimée se montre peu farouche, l’eau jaillir hors de la marmite, inonder inéluctablement sa cuisine Louis XI, provoquer grand drame et force catastrophes.

C’est ainsi que, quand sa dulcinée lui saute joyeusement au cou, il lâche, sybillin: “On arrête le cul, elles débordent, les nouilles”. Une interruption dont profitera le jeune homme caché dans la penderie pour s’éclipser discrètement. Comme il a mal entendu, les penderies de l’époque étaient très mal sonorisées, quand il contera cette croustillante anecdote à ses amis, il travestira quelque peu l’expression pour lui donner tout son lustre actuel.

* Oui ben moi je le comprends très bien, le titre.
** Franchement, un réalisateur dont personne ne pourra jamais prononcer le nom, c’est triste.
*** Au Moyen-Âge, pour arrondir ses fins de mois, on pouvait faire crieur de famine. Quand la famine arrivait, on allait sonner aux portes de ses voisins et, dès que la bobinette cherrait, on entrait sans crier gare, on hurlait Famiiiiiiiiine (voire Famiiiiiiiiiiiiiiine si vraiment), et on repartait chez le voisin suivant, parce que faut bien que les gens sachent pour qu’ils puissent aller à la Migros acheter des tas de farine, de sucre et d’huile, hein?
**** Maintenant que tu m’en parles, chez Francisque non plus ça me fait pas marrer, sauf des fois.

Le complexe du dip

Tuesday, August 7th, 2007

Je rêve toujours de bosser un jour dans un magazine féminin. Alors je m’entraîne

Toutes les copines en ont. Elles passent des heures à en parler. Et toi, rien. Du coup, tu te sens exclue de leurs conversations. Tu aimerais être dans le coup: après tout, si les stars s’y mettent, pourquoi pas toi! Alors, c’est décidé: dès la rentrée, toi aussi, tu franchis le cap. Tu vas adopter ton propre trouble psychologique!

Oui mais attention, tu ne veux pas sauter sur la première psychose venue sans réfléchir. La rédaction de BPTP, le blog de la hype et des petites saucisses apéritif, t’aide dans ton choix.

La dépression: très répandue, facile à attraper mais so années 90! A éviter. Déjà que tu vas perdre tous tes amis à force de broyer du noir, tu voudrais pas qu’en plus ils te prennent pour une ringarde?
L’avis de la lectrice Sophie S. de Rueil-Malmaison (25) nous dit “Au début, je restais chez moi, enfermée, à sangloter devant les “feux de l’amour”. Puis ils les ont déprogrammés pour passer “Des chiffres et des lettres”. Le jour où je me suis mise à pleurer parce que madame Chombier de Ploutargic avait trouvé un 8 lettres, pétunias, je me suis dit que finalement, j’allais plutôt devenir psychopathe ou jongleuse.”

La paranoïa a l’avantage certain de stimuler l’imagination. Regarde: là, tu es en train de lire des blogs. Pendant ce temps-là, tu ne fais travailler qu’une petite partie de ton cerveau. Mais si tu deviens parano, tu pourras te demander si j’ai écrit ce passage sur la paranoïa juste pour te signaler que tu devenais parano. Puis, quand la boulangère te demandera “je vous mets autre chose”, tu te diras qu’elle t’en veut de n’acheter qu’une baguette. Tu te demanderas si tous ces orages, c’est exprès pour se moquer de toi.
L’avis de la lectrice Gérémonde K., Niort (25) “Un témoignage? Ahah on me la fait pas à moi. Je sais très bien que vous allez le vendre au fbi, ils se méfient de moi depuis le coup de la baguette, mais je suis sur mes gardes, sauf celui de gauche qui est mort. Cessez de me harceler ou j’appelle la police. Ah non, pas la police, ils me surveillent…”

Les tocs Bien choisis, ils peuvent se révéler fort amusants. La manie de toujours tout calculer sera très utile au restaurant. Celle de te laver les mains 18 fois par jour te garantira une hygiène impeccable, mais attention, ne pars pas en vacances au camping du Paléo. Celle d’ouvrir les portes et de les refermer 17 fois consécutives fera beaucoup rire ton entourage, mais t’interdit toute carrière dans la marine sous-marine.
L’avis de la lectrice ne pourra pas être publié, nous vous prions de nous en excuser, elle a malencontreusement détruit le dictaphone.
C’est ça, son toc, en fait.
Elle détruit 18 dictaphones par jour.
Je peux te dire que c’est pas pratique.

La listophilieTrès pratique pour faire les courses, partir en vacances au camping et pour tant d’autres activités amusantes.
L’avis de la lectriceSigourney W., Besançon (42) “Au sommaire de ce numéro spécial vacances, les 12 régimes les plus hot, les 23 secrets pour gagner au scrabble et les 32 témoignages de lecteurs les plus chauves”

L’arachnophobieAucun intérêt. Franchement, qui pourrait croire que tu as peur d’une bébête juste parce qu’elle a un peu beaucoup de pattes?
L’avis de la lectriceSophie S., New York (25) “Il paraît que c’est pas mal, comme film, Spider Man, mais ça me tente pas trop.”

La mythomanie Là aussi, très bon pour l’imagination. Idéale en septembre, la mythomanie te permettra de raconter des souvenirs de vacances un peu plus intéressants que Josiane qui revient de La Bourboule comme chaque année, j’en ris encore.
L’avis de la lectricePénélope C., Condom (25) “Moi, cet été, je ne suis pas partie de chez moi, j’ai regardé Intervilles et j’ai adoré, surtout la finale.”

Gilles de la Tourette Plutôt embêtant, mais parfois très pratique: vos collègues vous chargeront ainsi plus volontiers des prochaines négociations avec le salariat.
L’avis de la lectrice Maurice W., Herzogenbuchsee (25) “Je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée un jour. Je m’en souviens, il faisait beau, c’était en été, l’air embaumait le myosotis et la fougère, pute, je déambulais, heureuse, insouciante, conne, j’avais envie de dire bonjour à n’importe qui, travail, société, émigration choisie, n’importe qui et ce fut toi et je t’ai dit contrat de prestations, marketing, agent immobilier, ah ben tiens, ça pour une surprise, si je m’attendais, et c’est à ce moment là que je me suis mis à jurer comme un charretier, et tu es parti en courant, puis tu es revenu avec un charretier, il s’appelait Hojt, il sentait bon le sable chaud, salope.”

Le travail, c’est la prison de la Santé

Saturday, August 4th, 2007

Lectrice, lecteur, je tiens ici à dénoncer un terrible complot, à m’élever contre un mensonge des gouvernements, à crier ô effort une vérité qu’on nous dissimule.

La Chaîne Officielle du Parti serine ce message qui ne nous étonne même pas, tellement l’école nous l’avait déjà répété, à nos voisins d’Outre-Doubs. Les sportifs essaient de nous faire croire qu’ils y croient eux aussi, alors que bon, hein, franchement?

Partout, on loue les vertus du travail. Jamais on ne t’explique à quel point il est salutaire d’être un flemmard.

Pourtant, le paresseux est obligé de développer des stratégies pour parvenir à ses fins. Alors que le bourreau de travail apprend par coeur des tas de noms de rois et de dates de bataille, le flemmard se trouve des moyens mnémotechniques. Alors que les hommes partaient à la chasse au mammouth, c’est une feignasse qui a inventé le surgelé.

C’est la cosse qui est à l’origine de nombreuses inventions sans lesquelles notre vie moderne serait bien moins marrante: la télécommande, la mobylette, l’apéro, le presse-ail, la pétanque, le théorème de Pythagore, l’auto-bronzant, Internet, l’ouvre-huîtres, la plage, l’aimant à bottes de foins.
Ce sont des paresseux qui les premiers se sont dit “tiens, regarder le foot à la télé fatigue moins qu’en faire soi même” et ont découvert la bière et les cacahuètes.

Alors que les travailleurs moissonnent encore à la serpe, les paresseux préfèrent aller acheter leur pain, ce qui fait fonctionner le petit commerce et en plus, la boulangère a de belles miches. Si l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, faut bien que des gens se couchent tard pour vérifier que personne ne fauche le présent à ceux qui se levaient tôt dans le passé.

Et si j’étais moins flemmard, j’aurais fait mon ménage au lieu de pondre cette note et toi, tu serais obligé de finir de repeindre ton canapé au lieu de la lire.

les questionnaires se ramassent à la pelle

Wednesday, August 1st, 2007

Alors, Aurélia me confie le célèbre questionnaire des 12 must have de l’été, créé par la non moins célèbre a n g e l.

Elle croit ainsi me piéger.

La sotte.

– Des copains alcooliques bavards, des bonnes nouvelles (mais je pense pas que j’ai le droit de dire son prénom)


(mais là sur la photo on les voit pas)

– Faire des grasses mat’, profiter du soleil

– Des coins ombragés où s’installer pour lire

– Et, donc, un excellent bouquin

– Des glaces

– Partir en vacances

– Et rencontrer de nouveaux amis alcooliques

-Et découvrir de nouveaux endroits

– Une piscine

– Un open air cinéma

– De la musique

– Et un garde-chaton très gentil très mignon (avis aux amateurs)(helvètes)

Et je refile la patate douce à tous les habitants d’Anvers, pour me faire pardonner.