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Sortir de Second (le plus mauvais titre depuis un autre, qui était nul)

Friday, June 8th, 2007

En ce moment, tu es en train de lire un blog.

N’essaie pas de nier. Je le sais, grâce à des méthodes d’investigations scientifiques très modernes, sur lesquelles je préfère ne pas m’étaler, car je préfère m’étaler sur une petite couverture en osier achetée à cet effet.

Mais, jeune imprudent, sais-tu que les blogs c’est désormais dépassé?

Les trucs à la mode, de nos jours, c’est:

  • MySpace
  • MySpace est un outil qui te permet d’avoir des amis. Moi qui te parle, par exemple, je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui, je suis le gardien du sommeil des nuits de 86 amis. Alors, à quoi ça sert d’avoir 86 amis? Bon et bien, suppose, tu déménages de Tolochenaz, quatrième étage sans ascenseur, à Pompaples, y a un ascenseur mais il est petit, comment va-t-on y insérer le buffet Louis XIII en bois massif?, même si force est de constater que c’est un très bel ascenseur.
    Et bien moi, tel que tu me vois, je peux faire appel à mes 86 amis.
    Comme je vois pas bien ce que j’irais foutre dans un immeuble avec ascenseur, je leur ai par exemple posé la question suivante.

    Chères amies, chers amis,
    Avoir un ami sur qui l’on peut compter, c’est important. Alors avoir 86 amis sur qui l’on peut compter, c’est quand même la putain de classe. C’est pourquoi, chers amis, je me permets de faire appel à vous comme je sais que vous feriez appel à moi si vous étiez en difficulté, par exemple pour garder votre pelouse , tondre votre plafond ou repeindre votre chat. Ou sortir un peu votre femme qui s’ennuie et à un moment elle raconte la blague des trois tomates.
    Chères amies, chers amis, si j’ai besoin de vous aujourd’hui, pardonnez ma folle témérité et même, n’ayons pas peur des mots, mais des porcs-épics un peu, mon audace, c’est parce que je tente d’écrire un poème sur le thème “Citrouille et éternité” et je trouve pas une seule rime en ouille, à part des vulgaires et dieu sait que le thème ne s’y prête pas.

    Merci les potes.

    Non vraiment, merci.

    Je suis ému.

    Eh bien, figure-toi que dans un bel élan d’unanimité, mes amis ont décidé d’ignorer cette question, car ils avaient compris que j’avais besoin de trouver la réponse en moi-même. C’est ça, aussi, l’amitié.

    Bon, sinon, j’ai toujours pas tellement compris à quoi ça servait, à part à voir les dates du prochain knockout quand ils oublient d’envoyer des communiqués de presse, mais c’est dans longtemps.

  • Second Life
  • Second Life c’est un peu comme les chats irc de notre enfance. Tu discute avec des gens, tu sais pas trop quoi leur dire, ils te répondent pas et quand ils te répondent, qu’ils sont sympas et qu’éventuellement tu pourrais envisager de boire de la bière en leur compagnie, voire de la vodka si affinités, ils habitent au Mexique.
    Sauf que, sur Second Life, tu peux te créer un avatar. (voir figure 1) Et ça, c’est super. J’ai ainsi pu m’affubler, pour la première fois de ma vie, d’un t-shirt moulant violet.
    Mais cela ne s’arrête pas là. Tu peux aussi t’acheter des objets. Virtuels, certes, comme quand Momo35, le type sympa mais un peu lourd, t’offrait une bière virtuelle en ascii sur irc. Sauf que là, et c’est là que ça devient génial, accroche-toi à ta chaise j’enlève l’échelle, tu peux les payer avec du vrai argent!
    Comment a-t-on pu vivre sans?

  • Twitter
  • Twitter est un programme révolutionnaire. Avant, quand tu étais en retard sur l’autoroute parce que tu devais faire cuire des pâtes, tu pouvais téléphoner chez toi et le dire à Gérémonde, ta jeune et sémillante épouse. Et bien grâce à Twitter, tu peux le dire au monde entier. N’est-ce pas merveilleux?
    Mais tu peux aussi faire d’autres trucs supers, comme prévenir Gérémonde, ta jeune et sémillante épouse, mais aussi le monde entier que tu n’as pas eu le temps d’acheter du beurre.

Alors, bien sûr, à première vue, tout ceci ne sert pas à grand chose.
Et bien, savais-tu que l’ouvre-boîte avait été inventé par Jean-Chrisostome Ouvreboîte en 1742, dans un bar louche des faubourgs de Glasgow, 263 ans avant la boîte de conserve?

je n’ai pas mal aux genoux

Friday, September 24th, 2004

René Phulpin est heureux. Il a enfin accompli son rêve: devenir rédac’chef. Pendant des années, alors qu’il gravissait un à un les échelons menant des chiens écrasés aux cigares cubains écrasés dans un magnifique cendrier en rotin massif, il maugréait sévère contre le ton passéiste du journal qui l’employait. Mais maintenant, ça va changer. Il va imposer sa griffe, redonner des couleurs au quotidien de son quotidien.

Il va appliquer les recettes des médias en vogue: donner dans le pipeul, le scandale, le scabreux, les mots croisés. Il se souvient des mots de son mentor, le célèbre Peter Blougou: “En journalisme, le plus important, c’est la règle des 3 S: ce qui fait lire les gens c’est le sang, le sexe, le salami. N’oublie jamais non plus la règle des 5 Q: plus y a de Q dans un article, meilleur il est. Et garde toujours en mémoire la règle des 32 z, des 8 p, du lampiste et de la chauve-souris géante.”

René Phulpin veut inculquer à ses collaborateurs ce nouvel état d’esprit: “Ce que les gens veulent, c’est du rêve, de l’émotion. On va pas commencer à les emmerder avec de l’information. De toutes façons, ils lisent que les photos!” Il sait que ce sera dur de convaincre les vieux journalistes, qui tiennent dur comme fer à leurs méthodes éculées (c’est vraiment une bande d’éculés) et qui ont un peu peur de ne plus pouvoir aller à tous les apéros.

Mais très vite, René Phulpin est confronté à la plus terrible des réticences: celle de la réalité. (C’est beau comme phrase (et un peu creux aussi, je devrais faire de la politique)) Si “l’echo de Bouzingues” ne fait pas de pipeul, c’est avant tout parce que la plus glamour des stars locales est Plectrude Frutof, vingt-trois fois championne régionale de pétanque acrobatique. Mais Plectrude est aussi la seule star locale (si l’on excepte Raymond Gloutzog, le pompier municipal, qui a sauvé le chat de madame Zluh, coincé dans un arbre). Elle a aujourd’hui 62 ans et coule des jours heureux avec son mari Nestor. Difficile de lui supposer de tumultueuses aventures, ce d’autant plus qu’elle est présidente du club de tricot.

Quant aux scandales, ils sont peu nombreux dans la région. Le dernier en date date du jour où des jeunes de Blouville ont voulu acheter du pain à la boulangerie Fichtrolles en se déguisant en cordonniers vaudous. Parce qu’à Bouzingues, on les aime pas, les Blouville, depuis l’affaire du bus scolaire fuchsia.

René Phulpin est heureux. Son meilleur journaliste, Grégoire Pluchawsky, lui a ramené un scoop faramineux: Othenin Bruchard vient de pêcher un brochet de 6 mètres 80.