Tout le monde connaît Jacques Brel, l’un des plus grands noms de la chanson française avec Johnny Haliday et Plastic Bertrand.
Mais moins connu est le terrible destin de sa sémillante homonyme: Franziska Brel.
Née en Haute-Savoie, d’une mère polonaise et d’un père lanceur de javelot, la petite Franziska s’est très vite intéressée à la chanson. “A trois ans, déjà, elle composait ses propres chansons”, confie Euripide Glozoff, l’une de ses plus proches voisines. “Cela s’intitulait aba gaa aba, sans doute en hommage au groupe suédois 4 Non Blondes.”
Toute son enfance, Franziska se passionnera pour le solfège, les kinders surprises et la série “la fête à la maison“. Trois passions qu’elle essaiera de concilier en inventant la recette du flan d’asperges à la rhubarbe.
Mais vient l’adolescence et son lot de turpitudes: à 14 ans, la petite Franziska découvre le karaoké lors de la fête du village de Boisinges. Un monde s’ouvre à elle, elle qui jusqu’ici ne connaissait de la musique que la chorale villageoise de Viuz-en-Sallaz. Dès lors, elle n’a plus qu’une seule chose en tête: devenir aussi célèbre que Céline Dion, Patricia Kaas et Please wait a minute, searching for next song, ses idoles.
A seize ans, c’est le drame: les parents de Franziska la voient reprendre l’entreprise familiale de crème à chaussure en bois inoxydable, elle se voit déjà en haut de l’affiche.
Elle décide alors de monter à Paris, en autostop, pour aller y tenter sa chance. Elle tombe alors sur un charmant jeune homme qui lui propose de gérer sa carrière, en échange de quoi elle devra construire des ponts entre eux et le ciel jusqu’à plusieurs fois par jour. Las, la suite démontrera que ce jeune homme n’est en vérité qu’un vil roublard. C’est d’ailleurs cette rencontre qui sera à l’origine du plus grand tube de Franziska Brel, “les vils roublards, c’est tous des connards”.
Pendant dix ans, Franziska Brel chante tous les seconds mardis du mois dans ce qu’elle croit être un petit cabaret parisien qui sert de succulentes spécialités rupestres. Elle s’étonne cependant de ne pas voir la tour eiffel de par la fenêtre de sa chambre, où son pygmée-lion l’enferme à double tour le soir venu. Par contre, elle ne s’étonne pas de chanter tous les seconds mardis du mois, alors que la bienséance voudrait que j’écrive deuxièmes.
Ce n’est que par un hasard du destin que Franziska découvrira la suporcherie: elle ne se trouve pas à Paris, mais à Flambouhans. Où elle a déjà acquis, sinon une certaine notoriété, du moins une notoriété certaine.
Franziska tombe alors en catatonie, car à cette époque elle n’a déjà plus de rollers. Grâce à la complicité de l’un de ses fans, elle réussit à s’enfuir, à la suite de plusieurs péripéties dont une rocambolesque et une sans anchois. Elle sombre dès lors dans l’alcool, le stupre et les reprises de Michel Fugain.
Quelques années plus tard, elle enregistrera un disque, “le plat pays qui est le mien, je l’ai puisé à l’ancre de ton fameux trois mâts”, qui récoltera pas mal de succès dans la banlieue sud de Dole.
Ce n’est qu’à ce moment là que Franziska Brel décidera d’abandonner la chanson pour se lancer dans la taxidermie artistique, avec le succès que l’on sait.