Archive for December, 2011

Ils ont partagé le monde

Thursday, December 29th, 2011

Un dicton moldave dit qu’il ne faut jamais terminer une année en laissant des brouillons inachevés dans son blog (c’est une traduction possible, l’autre est “il ne faut jamais repeindre”, le moldovaque est une langue compliquée)

Il n’y avait pas d’intro à mon brouillon, je vais laisser ça comme ça, c’est bien.

OrelSan – Plus rien ne m’étonne

Alors
Plus j’avance, plus je gr…
Ah je l’ai déjà… Je me répète

Ah, pardon M. San, on dérange ? Faut repasser plus tard ? Je… j’ai l’impression que la chanson est déjà commencée, là, hein ?

Y’a deux ans je comprenais pas grand chose
Maintenant c’est pire

Nous sommes donc là face à un concept trop rare en dehors de l’½uvre de Francis Cabrel et d’Yves Duteil, la chanson de type « c’était mieux avant ».

Depuis quand pour devenir populaire faut faire des trucs de geek

Je dirais grosso modo cinq ou six ans, sauf si on admet qu’il y a quinze ans, posséder un ramoloss de niveau 100 était un truc de geek. Ça aurait normalement dû se ringardiser en 2008, avec Cyprien (le film, pas le blogueur)(ah si, tiens, ça marche aussi), mais ça tarde un peu à venir.

Ils posteraient des sextapes de leurs parents pour plus de clics

Ah ben ça ! Aujourd’hui, des parents pas divorcés (ou alors divorcés mais qui ont su garder des liens de franche amitié), c’est tellement rare que c’est le buzz assuré.

Personne trouve de travail fixe même avec un bac +8

Tu m’étonnes. Un mec qui a fait autant d’études, c’est louche et puis comment tu veux qu’il sache débiter correctement du jambon ?

Mon livreur de pizza sait réparer des satellites

On oublie trop souvent d’en parler, mais la réparation de satellites est un domaine dans lequel le chômage est très élevé.

La mode c’est des cols en V, des pulls, des chemises et des gilets

Il saute un peu de Lecoq à Lalanne, OrelSan, non ?
En gros, la mode, pour résumer, c’est des habits. Heureusement, ça reste très confiné à Paris, c’est pas encore arrivé jusque chez nous.

Les professeurs les banquiers, les comptables sont devenus stylés

Ça, pareil, ça doit être local parce que j’avais l’impression, comme ça, que banquier, c’était pas tellement la profession hype du moment.

On raconte nos vies à des étrangers pour se sentir exister
Je viens de voir une vieille faire une crise cardiaque (premier réflexe)
J’ai tweeté!

Oui, j’avais remarqué aussi qu’OrelSan était pas mal du genre à chercher le toptweet à tout prix…

Ça me choquerait pas que les insultes dans nos pensées soient bippées

Ecoute, je passe deux heures par jour en voiture et je peux te rassurer, non, elles ne le sont pas.

Profilé, à ta sonnerie je connais ta personnalité

Je t’interdis de dire ça, je n’ai pas une personnalité par défaut (que je laisse sur vibreur) !

Autour de moi la cocaïne parait tellement cliché
Ça me choquerait pas si j’apprenais que mes grands-parents sniffaient

Moi, ça me choque un peu, je pensais que cette génération-là était plutôt LSD.

[Refrain]
Plus rien ne m’étonne (non non)
Plus rien ne m’étoooone
Plus j’avance et plus j’suis blasé

Ah ça, ma bonne dame, c’est plus comme autrefois, et puis à force de réparer des satellites, y a même plus de saisons.

Des gens normaux y en a plein dehors mais je les regarde à la télé

Ah oui, Striptease, c’était bien comme émission ! (alors qu’un striptease dans la rue, ça m’a toujours laissé de glace).

Tu peux être une célébrité et travailler chez ED l’épicier

Je vois pas pourquoi la célébrité serait réservée aux gens de chez Cora.

Plus l’émission m’abrutit plus j’ai envie de la regarder
Ça me poserait pas de problèmes que Direct8 remplace Arte

« Ce soir, dans Thema, retour sur cette saga familiale qui émeut l’Amérique. Homer retrouvera-t-il son travail à la centrale nucléaire, parviendra-t-il à regagner l’amour de sa séduisante épouse Marge ? Présenté par Jean-Marc Morandini. »
(Oui, oh, je sais, j’ai un peu confondu avec W9)

Les petits vont en cours Guccisés, Louis-Vuitonnisé

Alors que la mode c’est des cols en V et des pulls. Ils sont bêtes, ces petits.

Bientôt y aura des carrés VIP dans les lycées

Y en a toujours un peu eu, ça s’appelle le coin fumeur.

Nos scoots étaient débridés maintenant c’est leur sexualité

J’ai été vérifier sur Wikipedia : non, OrelSan n’a pas 270 ans. Bon, et sinon faut pas croire tout ce qu’ils disent sur TF1, hein, tout le monde ne trafique pas son scooter.

Ça me choquerait pas si Marc Dorcel rachetait Walt Disney

Moi non plus, y a déjà plein d’images subliminales dans les Disney (je l’ai lu sur internet)

Les mères se font lifter, les filles se font plastifier

Certaines se feraient même massicoter, c’est dire.

Bientôt les gamines de huit piges feront du 90B

A cause de toutes ces hormones qu’ils mettent dans le poulet !

Ça me choquerait pas de trouver du lubrifiant dans les Kinder

Ça expliquerait pourquoi c’est si mauvais, en effet.

J’ai comme envie de gifler tous ces clones de Justin Bieber

Bravo. Sage décision.

[Refrain]

Elle est super longue, cette chanson, non ? De mon temps, en 2 minutes 30, c’était fini (les chansons).

Elles touchent des bourses pour se payer leurs études
Mais pas celles de l’Etat

C’est drôle, parce qu’il y a un jeu de mots.

Ils mettraient des caravanes à la fac ça me choquerait pas

Je veux pas dénoncer, mais déjà, de mon temps, y avait pas mal de touristes dans les facs (et je parle en toute connaissance de cause).

Fermez les bibliothèques on a des PS3

Oui et puis bon, les bibliothèques, ces gens qui prêtent impunément des livres alors que les librairies se meurent, franchement, que fait le gouvernement ?

Y’a des caméras partout vos 15 minutes de gloire m’intéressent pas

Non mais avec twitter, maintenant, c’est probablement plus proche des 15 secondes que des 15 minutes alors ça va.

Tu connais les pas t’espères que la tecktonik revienne

Oui, c’était plus drôle de se moquer de la tecktonik que des hipsters.

Tu portes encore des Wayfarer c’est plus la mode depuis deux semaines

Ben non, la mode c’est les pulls. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont aucune mémoire, c’est à cause d’internet, je l’ai lu sur internet.

On sème la terreur dans le crâne des électeurs

Ouais, c’est terrible, on les bourre de c’était mieux avant et les jeunes d’aujourd’hui, vraiment, vous vous rendez compte ?

Ça me choquerait pas que Wes Craven fasse le journal de 13H

Ah mais justement, M. Pernaut, au moins, il nous montre la vraie réalité des gens de la France qui collectionnent les semelles de savates, il passe pas son temps à parler de tous ces meurtres et ces guerres, lui, au moins.

J’ai peur les capacités de mon cerveau diminuent
Docteur ma planète est déréglée comme un oubli de pilule
J’pourrais croiser Michael au prochain coin de rue

Moi aussi, les capacités de mon cerveau diminuent : je n’ai rien compris à ce paragraphe.

Plus rien ne m’étonne j’suis plus assez naïf pour avoir un point de vue

Ça, c’est plutôt une bonne chose, les points de vue, ça finit toujours par coller le vertige.

[Refrain]

C’est une très belle chanson, porteuse d’espoir : On a essayé de nous imposer le concept d’adulescent pendant des années, Orelsan nous prouve qu’il existe aussi des viultes.

On ne voit bien qu’avec le c½ur, mais c’est pas facile quand on est myope

Wednesday, December 28th, 2011

2011 touche à sa fin. L’occasion rêvée de faire un bilan de fin d’année (ou un bêtisier, mais là, c’est un bilan). Et de constater que 2011 a une excellente année pour le Cap’tain Obvious.

Peut-être ce personnage de la culture populaire t’est-il inconnu ? et pourtant, tu verras que tu connais probablement l’un de ses fiers représentants. Le Cap’tain Obvious est un super-héros dont le pouvoir est d’annoncer des évidences. C’est lui qui parle par ta bouche quand, par une soirée d’août, le ciel est zébré d’éclairs, le tonnerre fait entendre son sourd grondement et là, tout à trac, tu t’exclames : “tiens, il pleut”. Lui encore qui pousse ton oncle Romoric à gâcher toutes ses blagues, même celles des deux putes et du ventriloque, en expliquant la chute. C’est Cap’tain Obvious, enfin, qui m’a suggéré de commencer ce billet par “2011 touche à sa fin”. Tiens, c’est aussi lui qui est à l’origine des vidéos dans lesquelles tu apprends que dans les nuggets de poulet, ils y mettent pas les parties nobles de l’animal. En gros, chaque fois que quelqu’un dit tout haut ce que tout le monde savait, c’est sa faute. Le fameux temps de cerveau disponible, c’est lui.

En 2011, il a été gâté. Après la catastrophe de Fukushima, il s’est régalé d’entendre des millions de gens, de par le monde, s’élever contre les dangers du nucléaire (il a ensuite laissé son vieux compagnon Cap’tain Mauvaise foi prendre le relais, quand ces mêmes gens ont ajouté “nous, on a toujours été contre”). Puis il a ouvert des yeux émerveillés lorsque l’opinion publique s’est rendue compte, abasourdie, que Kadhafi n’était pas un chic type. Puis que les révolutions ne se faisaient pas en trois secondes et demi.

Mais le véritable chef d’½uvre de Cap’tain Obvious aura été la fameuse crise de la dette. Alors que tous les piliers de bar du monde savent que la maison ne fait pas crédit, tous les pays du monde sont tellement endettés que même le mec naïf, en troisième, qui arrêtait pas de prêter de l’argent au grand Sven alors que tout le monde savait qu’il ne le reverrait jamais, refuserait de leur filer 50 balles pour se payer à dîner. Au point que tu te demandes qui a bien pu accepter de donner une carte de crédit au Pérou ou à la France. Et pourtant, pour que les marchés financiers s’affolent, il faut qu’une agence de notation dégrade la note desdits Pérou ou France. Un peu comme si, sous l’orage d’août du premier paragraphe, personne n’ouvrait son parapluie tant que tu n’avais pas dit “tiens, il pleut”.

Tout ça pour te dire que ces histoires de fin du monde en 2012, c’est des conneries.

Edouard-Roger Vasselin de Noël

Thursday, December 22nd, 2011

Il était une fois un sapin qui s’appelait Elkjaer. Il vivait avec ses frères dans une grande forêt nordique.
A l’approche de Noël, les sapins étaient très excités. « J’ai hâte d’être couvert de guirlandes » disait l’un. « J’espère », répondait l’autre, « que je serai choisi par une famille bobo, qui offre de beaux jouets en bois à ses enfants, je pourrai ainsi bien me moquer de ces crétins d’épicéas, jamais pu les sentir ! » Et le troisième s’exclamait : « Je rêve quant à moi de finir mes jours chez des distraits et de m’en aller sur un bel incendie de bougie ! »
Mais Elkjaer n’avait pas le c½ur à en rire. « Je ne veux pas qu’on me couvre de boules, je ne veux pas entendre la chanson que le petit Matteo a apprise à l’école, je ne veux pas perdre toutes mes aiguilles dans un coin parce qu’on aura eu la flemme de me mettre à la poubelle, et puis je suis trop jeune pour sécher, je m’en fous, je dirai que je suis baha’i ou sikh et que je ne fête pas Noël. »
Mais les sapins, c’est bien connu, détestent la solitude, et ses frères le lui rappelèrent : « Quand nous serons tous débités, tu seras fort dépité. » Ce à quoi Elkjaer répondit « je m’en bats les rémiges » (il n’avait jamais été très bon en biologie).
Il décida alors de fuir loin, loin de chez lui, dans un pays où les sapins pourraient vivre libre. En chemin, il croisa une dinde qui fuyait Thanksgiving et lui dit : « aaaah un sapin qui parle », mais Elkjaer lui répondit qu’il n’avait pas fait tout ça pour finir coincé dans une vieille blague.

Il fila tant et si bien qu’il arriva chez le père Noël, qui était en train de chanter des chansons paillardes avec Rudolf, le renne, devant sa cahute. « Hé mec, il paraît que tu aimes bien faire des miracles, j’ai vu ça dans un film sur M6, tu pourrais pas faire un truc pour moi histoire que j’échappe à mon funeste destin ? », demanda Elkjaer. « Hé ben justement, tu tombes bien, j’ai besoin de bûchettes pour ma cheminée », répondit le père Noël.

Fear of the dark

Thursday, December 15th, 2011

Faut-il s’en inquiéter ?

Je sais pas toi, mais le matin, dans ma voiture, j’écoute les nouvelles radiophoniques pour avoir des trucs à raconter sur Twitter parce que c’est important d’être bien informé.

En ce moment, entre deux élections, pas mal de classements, à cause de la fin de l’année qui s’en vient avec son cortège de flocons. Le classement des villes avec la meilleure qualité de vie, le classement des villes les plus chères (étonnamment similaire), le classement des personnalités préférées des guatémaltèques, des 300 personnes les plus riches du pays (mais pas celui des 300 les plus pauvres, je ne sais pas pourquoi). Et le classement des meilleures raisons de s’inquiéter.

Pour quelqu’un comme moi, qui aime écouter les nouvelles, c’est très important, comme classement. Parce que c’est vrai. Entre la crise qui s’en vient et les agences de notation qui risquent d’enlever des A sans crier gre, la peur de l’insécurité, l’inquiétante montée de l’intégrisme religieux, l’étonnante stabilité de l’intégrisme fromager, les sourdes menaces de l’UDC qui pourrait entrer dans l’opposition (ça, j’avoue que ça m’angoisse, j’étais sûr qu’ils y étaient déjà), le FC Sion qui pourrait faire recours (personne n’est à l’abri), et la fin du monde dans moins d’un an, difficile de savoir avec certitude de quoi avoir peur. Ce classement permet donc d’y voir plus clair, entre les sources d’inquiétudes sérieuses et les plus secondaires, comme la peur d’une invasion de la Terre par des fourmis de 18 mètres.

Ce qui est rassurant, c’est que ce classement-là est fiable. C’est vrai, prends les « villes où il fait le plus bon vivre ». Comment ils font ? Ils envoient une dizaine de scientifiques s’attabler, en début d’après-midi, sur une terrasse ensoleillée de Khartoum ou de Reykjavik, le vent s’engouffre dans leurs cheveux auburn, au loin, les douces mélopées des oiseaux insouciants s’élèvent comme de gais madrigaux, une légère brise caresse leur joue rouge d’avoir trop ri, c’est le printemps, ils ont envie de chanter, et ils comparent ? “Alors, Tegucigalpa, j’ai mis un 7 en mélopées, un 5 en légère brise mais un 10 en café” ? Tout ça ne me dit rien qui vaille.

En revanche, pour le classement des trucs inquiétants, je comprends comment ça se passe et comme j’ai un esprit très cartésien, ça me rassure : ils téléphonent à des gens. C’est simple, c’est carré. Tu es en train de préparer le souper (j’aurais dû prévenir au début que ce post ne convenait pas aux personnes sensibles aux mises en situation, peut-être), très simple, très léger, du soufflé de cardons à l’infusion de jambonneau, le téléphone sonne, Gunda, ta charmante épouse, est en train de prendre son bain aux sept céréales, du coup, tu décroches mais tu es un peu tendu, c’est écrit sur Marmiton que si tu ne brasses pas ton appareil avec la vigueur d’un kayakiste, rien ne sera plus jamais pareil, mais dans le doute, tu décroches, c’est peut-être important et là, un étudiant (il ne te l’affirme pas, mais tu le sens, l’instinct ne trompe pas) au ton incertain te prévient que c’est pour un sondage, qu’il n’y en a que pour quelques minutes et que sur une échelle de 1 à 10, quelles sont vos principales sources d’inquiétude quant à l’état général de la société et peut-on raisonnablement dire qu’il y a encore des saisons ? il te dit son prénom mais tu ne le retiens pas, alors appelons-le Randoald.

– Ma principale source d’inquiétude ? Le souper qui va brûler ! »
– Non mais j’ai pas ça sur ma liste, il faut des trucs plus universels. »
– Je comprends. Je suis inquiet quant à votre honnêteté, parce que si y en a pour trop longtemps, je vais être en retard pour mon souper et s’il n’est pas sur la table à 19h30, Gunda, ma splendide épouse, me donne du bâton. »
– La montée des violences domestiques ? Excellent choix, monsieur. »
– Non, non, attendez, ne notez pas ça… Moi, je suis inquiet parce que Jennifer Aniston a été nommée femme la plus sexy de tous les temps, et ça, ça me stresse quant à l’état ophtalmologique de l’univers. »
– Pas sur ma liste. »
– Et aussi, dans les 30 meilleures chansons de l’année, je n’en connais aucune, et ça, c’est le signe qu’on devient vieux. »
– La peur de la mort, je note ? »
– Ben… non, la peur de prendre du bide, de devenir chauve et de ne plus avoir le temps de visiter toute l’immensité d’un si grand univers, surtout. »
– Pas sur ma liste. »
– Vous avez quoi sur votre liste ? »
– Je ne peux pas vous influencer, monsieur. »
– Allez, Randoald, on se connaît, maintenant. »
– Le chômage. Les gens ont peur du chômage. »
– Ah non, moi j’aime bien… Notez l’insécurité, alors. »
– Très bien, merci, et bon appétit. »
– Je vous en prie, Randoald. Il y a assez de gigot pour trois, passez donc, le petit vous fera un dessin. »
– Ah, vous avez des enfants ? Désolé, alors, pour des raisons d’échantillonnage, je ne pourrai pas prendre en compte vos réponses. Au revoir et bonne soirée, monsieur. »
– Et vous, Randoald, de quoi avez-vous peur ? »
– de ne pas réussir à remplir mon échantillonnage. Il me manque encore trois personnes entre 12 et 14 ans, professeurs de flûte et gagnant plus de 15 000 francs par mois pour finir ma soirée. »
– Courage. »

En résumé, il ne faut pas s’inquiéter, les mecs des classements auront toujours beaucoup de perspectives d’avenir.

De fil en aiguille

Friday, December 2nd, 2011

Faut-il savoir raison garder ?

Je me suis toujours demandé qui étaient les mecs qui créent les expressions. Quelles étaient leurs motivations profondes, leurs rêves, leurs envies, leurs passions, s’ils travaillaient en freelance ou se regroupaient dans un laboratoire sombre dans un village au sud de Paris…

Et surtout, pourquoi ils étaient si flous.

Par exemple (c’est de saison) Noël au balcon, Pâques au tison. Ça manque cruellement de précision. Par exemple, si les fumeurs sortent sur le balcon à Noël (notamment entre l’entrée et le plat de résistance, ce que personnellement je trouve dommage, mais ce n’est pas l’objet du débat), doivent-ils fumer sur un tison à Pâques ? Et, d’ailleurs, c’est quoi, au juste, un tison ? Google Images est très très évasif à ce sujet.

Autre expression très peu précise : femme qui rit, femme à moitié dans ton lit. Bon, par exemple, admettons que je sois confronté à un problème de personne prenant toute la place dans mon lit. Puis-je réveiller cette personne et lui raconter une blague afin de remédier à ce problème ? Mais dans ce cas, comment éviter qu’elle ne tombe, puis-je choisir la moitié qui reste ? Faut-il installer un petit strapontin à côté du lit conjugal ? Ils ne le disent pas dans l’expression.

Et si elle le prend mal, ça me fait une excellente transition vers l’expression une de perdue dix de retrouvées, qui m’a toujours semblé assez inexacte. Heureusement, d’ailleurs, j’aurais jamais eu assez de jambon pour faire à souper pour tout le monde. Même si quand il y en a pour un, y en a pour deux, et que jamais deux sans trois, à mon avis, on aurait quand même eu faim.

Et quand on dit “un sou est un sou”. Pardon, mais si c’était vrai, ça se saurait. Le milieu vivifiant de la finance internationale ne peut tout de même pas se tromper : c’est lui qui domine le monde pendant que, tapis dans l’ombre, les mecs qui créent les expressions se contentent de créer des expressions. Du genre “bien mal acquis ne profite jamais”. Pardon, mais il faut pas y connaître grand chose en économie pour dire des trucs pareils.

Donc bon, je pense que dans le doute, et pour répondre à la question initiale, il ne faut pas savoir raison garder.