Archive for the ‘le blog est un journal intime virtuel’ Category

Nul ne le conteste

Wednesday, June 26th, 2013

– Bonjour, ici Paul-Emile Grüffenhagen, secrétaire de rédaction au Courrier Picard International.
– Oui, que puis-je ?
– Eh bien, j’ai un cas de “tous les experts s’accordent à dire” dans le papier d’un stagiaire, j’ai besoin de fact-checker.
– Aïe. Mais enfin, il devrait savoir que les experts ne s’accordent jamais. C’est une de nos prérogatives ! Nous autres, experts, adorons ne pas être d’accord, juste par principe. A la limite, s’il avait écrit “Tous les experts s’accordent à dire, sauf ce con de Jean-Claude”
– Non mais là c’est pas ça, et puis ça va faire serré au niveau des signes.
– C’est moi, Jean-Claude. Mais je sais bien que les autres experts me détestent à cause de mes positions à contre-courant.
– Bon, je vais juste virer cette phrase. Fatiguez-vous pas.
– La liberté de pensée dérange ! C’est quoi, au juste, le sujet de l’article ? Encore le printemps pourri ?
– Non. Pas cette fois.
– Dommage, parce que j’avais trouvé un expert qui estime que le printemps n’a pas été pourri, vu qu’avec son arthrite et son cholestérol, c’est mieux quand il fait un peu humide.
– Mais là, non, c’est pas ça. C’est le dopage dans le cyclisme.
– Ah, alors attendez, ça peut marcher, on n’en a presque plus, des experts, on devrait réussir à les faire s’accorder à dire ! Mais ça va prendre un peu de temps parce qu’ils sont à l’apéro, à cette heure.
– Oui mais là, l’heure du bouclage approche et j’ai encore un “de tout temps” qui traîne.

Y a plus de coursiers en cette saison

Tuesday, June 28th, 2011

Internet ne sert pas qu’à taguer contre leur gré des millions d’innocents grâce à la reconnaissance faciale de Facebook, à tuer sans vergogne des artistes grâce au téléchargement illégal ou à mettre à genoux l’économie mondiale et tweetant pendant ses heures de travail, bien que ces activités soient plaisantes et ludiques. Non.
Internet permet aussi de partager des expériences. Ainsi, aujourd’hui, j’aimerais te donner quelques astuces utiles en cas de déménagement.

– Tout d’abord, dresse une liste. Une liste des choses à faire pour le déménagement, pas une liste des personnes avec qui tu as participé à la lutte pour le féminisme au cours des années écoulées.

– Oui bon ben maintenant que la liste est faite, n’oublie pas que tu devais leur rendre leur dvd du Gendarme à St-Tropez.

– Divise la liste par le nombre de jours restants et constate qu’en fait, y a grave le temps. Attends deux jours. Panique parce que tu n’y arriveras jamais. Puis recalcule. Puis repanique. Ainsi de suite jusqu’à J-1.

– Durant ce laps de temps, casser des trucs est une astuce efficace pur diminuer le poids total du déménagement, d’autant que ce jour-là, il fera soit 60 degrés, soit tempête de neige. Vise quand même les verres moches plutôt que la télévision en acajou héritée de ta grand-mère.

– Profite quand même de l’intervalle pour constater que les cartons habilement entassés à la cave lors du précédent déménagement sont à peu près aussi utilisables qu’un suprême de lentilles comme apéritif lors des assises de la première internationale carnivore. Trouve des cartons. Astuce : Arpenter la plage et demander à des quidams “Salut, t’aurais pas un bout de carton” est une très mauvaise façon de faire.

– Profite également de l’intervalle pour les joyeusetés administratives, arme-toi de patience et d’un knout. Si tu habites une commune de moyenne importance, tu y rencontreras une administration efficace et motivée, tous les mardi de 14 heures à 16 heures. Si tu habites un petit village, le secrétariat communal est ouvert de 19 heures à 19 heures 07, mais la secrétaire communale, qui est aussi présidente de l’amicale des femmes paysannes, caissière du choeur mixte, gardien de but du FC, toiletteuse pour chiens et la maman de ton ami d’enfance Jocrisse se fera un plaisir de noter sur un bout de papier la date de ton déménagement, de te demander “mais c’est définitif ? tu reviens quand ? sais-tu que personne n’a jamais quitté le village depuis le XIe siècle, et bien il en est mort ?”, avant de complètement oublier de faire le nécessaire. Si tu habites en ville, n’oublie pas de demander huit mois de congé.

– Je sais que tu aimes bien démonter des trucs. Tu es un garçon, c’est normal. Je sais bien qu’Ikea t’as frustré, parce qu’ils font des meubles que même toi tu sais démonter. Mais cette vis, là, à ta place, je l’aurais pas enlevée.

– Le déménagement te permet de faire du tri. Par exemple entre tes vrais amis (ceux qui, dans la seconde, acceptent de venir t’aider à porter le canapé en marbre), tes amis incapables de dire non (malgré leur récente amputation du dos) et, enfin, tout le reste. Les premiers, il faut savoir les ménager : invite les directement à la pendaison de crémière. Les derniers te seront très utiles pour parfaire ta collection d’excuses bidons, indispensables quand les seconds auront l’idée de déménager.

– Le déménagement te permet également de faire du tri dans ta bibliothèque, ta cdthèque, ta bordélothèque et ton armoire. Ça fait cinq ans que tu comptes relire prochainement cet ouvrage sur l’élevage des pucerons en milieu urbain. Tu ne le feras jamais. De même que tu ne réécouteras jamais Kula Shaker. Le passé doit parfois rester le passé, surtout si c’est Kula Shaker. Ça fait huit ans que tu n’as pas porté ce pashmina en poils de mocassin sauvage. Depuis, tu as arrêté le foot et repris une bière. Même avec un chausse-pied, tu n’entreras plus dedans, n’insiste pas. Tous ces objets feront la joie des enfants aveugles de ton quartier. Astuce : quand tu tries et que tu te demandes si tu dois garder ou non, il y a un moment où tu finis par te dire “Oh, et puis merde” et par tout jeter, les CD, le bureau en rotin que tu tenais de ton grand-oncle, le bébé avec l’eau du bain, les clés. J’ai appelé ce moment le “point Oh et puis merde”, car j’ai des lettres. Ne commence jamais à trier avant d’avoir atteint ce point.

– Grâce à Internet, tu peux essayer de donner les objets dont tu ne veux plus. Si ça ne marche pas, vends-les. Si ça ne marche toujours pas, augmente le prix.

– Non, ça ne peut pas toujours servir.

– J’espère que tu as prévu l’accessoire indispensable pour un déménagement harmonieux : la bière.

– Ah ben non, ça non plus, ça ne peut pas toujours servir. Je ne vois même pas ce que c’est. Ah si, pardon, je le tenais à l’envers.

– Inutile de caser autant de choses dans le même carton, d’autant plus que les copains qui ont finalement accepté de venir t’aider sont tous membres du Backgammon club du Rouergue.

– Sache que quoi qu’il arrive, même si ta liste a été préparée avec une minutie à faire pâlir d’envie le vérificateur des comptes de la confrérie des mecs qui fabriquent des pièces qu’on comprend pas dans l’horlogerie, élu maniaque de l’année par un jury de spécialistes après seize mois de délibérations, il y a un moment où tu vas devoir retrouver de toute urgence et dans le noir pile le tournevis qui est au fond du carton qui est au fond du camion qui est au fond d’un gouffre, je t’avais dit de pas prendre à gauche.

– Hé, le chat, le chat, quelqu’un a vu le chat ? Il est dans le carton des livres ou dans celui des ustensiles de cuisine ?

La corde du pendulaire

Friday, June 10th, 2011

Certaines personnes, par exemple les gens qui bossent dans le domaine de l’indépendance, travaillent à leur domicile et, inversement, vivent dans leur bureau. C’est une situation qui présente divers avantages, mais aussi certains inconvénients, comme le fait d’être légalement obligé de te compter des heures supplémentaires quand tu retournes chercher tes lunettes oubliées dans le premier tiroir à gauche.

D’autres sont obligées de se déplacer à l’aide de divers moyens de transports. En Suisse, on appelle ça des pendulaires, alors qu’en France il n’y a pas de nom particulier.

Certaines sont obligées de se déplacer pendant plus d’une heure. En Suisse, on les regarde d’un air peiné en se demandant comment elles peuvent survivre dans de telles conditions. En France, on appelle ça des Parisiens.

Et, parfois, suite à un déménagement particulièrement judicieux, tu te retrouves à devoir te taper plus d’une heure de voiture, deux fois par jour, parce que tu as décidé d’aller t’installer dans une (soi-disant) ville (dotée d’un club de hockey folklorique) où tout est plus cher mais où tu auras un tellement meilleur confort de vie grâce aux huit mois de brouillard par an, mais ce n’est qu’un exemple au hasard, je ne suis pas là en train de te raconter ma vie, il y a des blogs pour ça.

Bref : Comment optimiser intelligemment ton temps si tu es contraint de tellement utiliser ta voiture que ça va provoquer la mort de millions d’écologistes dans le monde ?

Dans le train, tu peux travailler, prendre le temps de réfléchir à l’avenir de la société, relire tes classiques, t’intéresser aux conversations de tes voisins afin d’en tirer de l’émerveillement, jouer aux Pokémon, avoir envie de vomir, détester les enfants et les militaires, bref, plein de choses utiles. Mais en voiture ?

Faire son courrier, impossible. Oublie tout de suite. Avant, avec le T9, un sms en voiture pouvait tourner à la catastrophe : tu écrivais “J’ai tellement envie de te goiji” à la jeune fille que tu venais de rencontrer à la fête des saucisses de Ploutargic. Elle te prenait alors pour un genre de finlandais et, pour des motifs religieux, décidait de ne plus jamais te répondre. Aujourd’hui, avec l’autocorrection, c’est encore plus dangereux : tu te retrouves à écrire “Je ne retrouve pas le dossier Chompard” à la jeune fille que tu venais de rencontrer à la fête de la saucisse de Goumoens, alors que tu pensais dire “Je vais te lécher les rotules toute la nuit” à ton camarade de hornuss Fulgencio. Pour votre sécurité, n’envoyez pas de sms au volant.

En voiture on peut écouter la radio. C’est bien, ça. Ça permet de se tenir au courant des dernières tendances musicales ou, si on préfère la radio suisse romande, d’admirer la faconde avec laquelle Jean-François Rime et Christian Levrat arrivent à ne pas se mettre d’accord, cinq soirs par semaine, sur des sujets allant de la construction européenne à la fête à la saucisse de Grosshochstetten. Bref, écouter la radio te permet, au bout de très peu de temps, de redécouvrir tous ces CDs que tu n’avais plus écouté depuis dix ans et qui… oh, dommage, tu as profité du déménagement pour t’en débarrasser.

La radio, c’est également la possibilité d’écouter les inforoutes, très utiles : savoir qu’en ce moment, des gens sont en train de se taper cinq heures de bouchons à l’autre bout du pays, ça détend.

La pendularité automobile, c’est aussi l’occasion de parfaire ton vocabulaire : tous les jours, en effet, une situation t’obligera à insulter le con de devant. Profites-en pour être imaginatif : il existe de nombreuses insultes. Mais comme la plupart sont homophobes ou prostitutophobes, et que tu ne manges pas de ce pain-là, libre à toi d’en inventer de nouvelles et, ainsi, d’apporter une contribution efficace à notre belle langue française.

Tes déplacements te permettront également de te refamiliariser avec le rythme des saisons, que l’on oublie si vite dans nos sociétés urbaines et climatisées : quand, enfin, tu n’auras plus le soleil dans la gueule matin et soir, tu réaliseras que c’est l’hiver, que tu n’as pas de pneus-neige et que le con de devant, aujourd’hui, exceptionnellement, c’est toi.

Mais surtout, ta nouvelle mobilité dure te permettra de te débarrasser facilement de tes amis bobos, venus à vélo t’apporter un soufflé de lentilles au quinoa pour fêter ta pendaison de crémière et qui ne comprennent tellement pas comment, de nos jours, on peut encore avoir une voiture, alors que c’est tellement facile d’utiliser les transports publics, mais est-ce que tu pourrais me déposer devant le magasin de fers à repasser bio à l’occasion parce que c’est un peu loin ?

Carton à 58 dans la salle

Thursday, June 9th, 2011

Parfois, dans la vie, tu finis quand même par trouver. Et c’est pile au moment où les emmerdes se terminent que les emmerdes commencent.

Pas tellement à cause du déménagement en lui même : attends, avec plus de 1700 followers sur Twitter, il va y avoir tellement de monde pour porter les cartons qu’on va devoir construire une deuxième rampe d’escaliers, et avec plus de 543 fans de le blog sur Facebook, je vais même pas avoir besoin de les faire, les cartons.

Un peu à cause des démarches administratives. Avant, c’était compliqué. Maintenant qu’il y a internet et les hotlines et tout, c’est très compliqué. Tu téléphones à la compagnie générale des assurances pour leur signaler un changement d’adresse, ça a l’air d’un truc tout simple tu tombes sur un répondeur qui te dit “pour des questions en rapport avec la faim dans le monde, composez le 1, pour signaler un accident impliquant plusieurs ratons-laveurs, faites le 2, si votre grand-mère est un ancien boxeur, faites le 16 suivi du 1 si vous habitez la Province”. Les mecs des répondeurs, un métier utile que je ne juge pas, ils ont prévu 400 cas de figure différents, mais pas le déménagement. Parce que dans leur profession, on ne déménage jamais, c’est culturel. Pas le choix. Tu veux faire ce métier, mettons que tu es né à Dunkerque et que tu y as toujours vécu, sauf six mois à Lille pour les études, on te prend pas. Alors ils ont pas l’habitude. Et toi qui les appelais pour un déménagement, tu composes un peu au hasard et, forcément, ce qui devait arriver arriva, en bout de course, 42 minutes plus tard, tu te retrouves avec un interlocuteur qui ne parle pas la langue.

Et, mais ça c’est à titre personnel, ce n’est pas un inconvénient inhérent aux déménagements dans leur ensemble, parce qu’avec ces histoires, je me suis complètement éloigné du sujet de base dont je voulais initialement parler dans ce post, au point qu’il va être impossible de le retrouver et que je vais devoir bi-poster. Du coup, je vais pas avoir tellement de temps pour mes cartons.

En protestant quand il est encore temps, on peut finir par obtenir des ménagements.

Thursday, January 27th, 2011

Parfois, dans la vie, tu cherches un appartement : tu épluches les annonces en ligne (ou dans les journaux, mais je te trouve très XXe siècle), tu élimines celles qui disent beaucoup de cachet, en l’état, cuisine pittoresque, loyer audacieux, tu vas visiter, comme 3520 autres personnes, jeunes, sémillantes et pour tout dire, une gueule à avoir plus de chances que toi d’avoir cet appart’ beau comme une demeure de roi, enfin, c’est surtout que c’est le 128e que tu visites et du coup tu ne vois plus du tout qu’il donne sur un magasin de pizzas odorifère et une rue vrombissante: plus le temps passe, moins tu te souviens pourquoi la vue sur le lac, la baignoire, la piscine pour les chats et la place sur le balcon pour y mettre un trampoline te semblaient si importants au début.

Enfin, en réalité, il y a plusieurs degrés : si l’appart’ que tu cherches est, par exemple, lémanique, ça se passe comme ça jusqu’au jour où tu apprends que le copain d’un copain cherche quelqu’un pour reprendre son doux foyer parce que selon son bail, il n’a le droit de quitter son appartement qu’un 17 janvier, à condition que ça tombe un mercredi et qu’il fasse beau mais un peu couvert, sinon il doit encore payer 390 mois de loyer et déposer le cadavre d’un bébé faon près de l’ancien port à minuit en guise de garantie. Si c’est à Paris que tu cherches logis, tu devras prendre cinq années sabbatiques pour avoir une chance de trouver un studio plus petit que certains placards à balais. Alors que dans le Jura du sud, les gérances t’offriront trois mois de loyer gratuit et un bol de pistaches si tu t’engages à rester au moins six mois dans la région.

Mais, quoi qu’il en soit, il y a forcément un moment où tu visites. Tu vas chez des gens que tu ne connais pas, tu ouvres leurs placards, observes leur chambre à coucher, berceau jadis de leurs amours naissantes, et te dis que toi tu aurais plutôt mis le lit dans l’autre sens pour profiter de la vue sur les poubelles, et leur poses des questions sur le quartier, la buanderie, les voisins et le sens de la vie.

Et là, il y a un mystère que je m’explique à peine. Tous, toujours, quel que soit le quartier, la ville, te répondent la même chose. Invariablement. “L’immeuble est plutôt sympa… enfin, à part la vieille dame du premier qui a tendance à beaucoup se plaindre du bruit et à toujours contrôler que les jours de lessive soient respectées.” Dans tous les immeubles du monde, il y a cette dame, elle vit seule, elle a des chats, et elle téléphone à la gérance quarante fois par mois pour se plaindre de violations graves au règlement de l’immeuble, comme un vélo rangé à 7 centimètres des places pour vélo, une poubelle sortie le mauvais jour ou l’enthousiasme un peu trop enthousiaste du petit dernier à l’occasion de sa première leçon de banjo. Elle téléphone si souvent à la gérance qu’elle a même une ligne spéciale. Pourquoi fait-elle ça, pourquoi font elles-ça, pourquoi n’habitent-elles pas toutes dans le même immeuble ? Sont-elles membres d’une organisation secrète, d’un complot mondial visant à rendre la vie de locataire moins chatoyante ? Est-ce la même personne qui loue en réalité des millions d’appartements ? Je n’en sais rien.

Tout ce que je sais c’est que, oh, un studio pour 1452 francs par semaine dans un quartier proche de la gare (moins de 4 h en transports publics) et des commerces (de peinture) avec vue sur un superbe mur authentique et une cuisinière à bois, visite publique le 18 mai de 18 heures 23 à 18 heures 24 ! Quelle chance !

A l’emporte-pièce

Tuesday, December 21st, 2010

Recettes des délicieux biscuits de Noël.
Pour plusieurs personnes, dont probablement une allergique à la farine, une au régime et une qui critiquera ton cadeau par principe, déjà l’an dernier elle n’avait pas aimé ta superbe écharpe camaïeu.

– Te rendre compte qu’on est déjà le 21 et que tu n’as pas la moindre idée de quoi offrir au deuxième mari de la fille du nouveau copain de l’ex-femme du cousin du mari de ta femme. Et qu’en plus, placer Noël juste avant la période où tombent toutes les grosses factures prouve que ce Jésus était pas très responsable.

– Te dire que oui ok, on avait dit pas de cadeau aux adultes, mais tout de même, le plaisir d’offrir, tout ça.

– Décider d’opter plutôt pour des cadeaux faits main. Te rappeler in extremis que tu n’as plus six ans, poser tes crayons de couleur et tes boîtes de fromage.

– Oublier le souvenir cuisant des truffes de l’an dernier, mais décider d’alterner avec des biscuits, pour plus de sécurité.

– Ignorer ceux qui te conseillent l’excellente pâte tout faite de chez Migrop et t’entêter à chercher des recettes originales sur Internet.

– Te rappeler que tu avais fait des biscuits de Noël au camp des Joyeux Galagos, en juillet 82. Oublier un peu vite que tu n’en as plus refait depuis.

– Acheter tous les ingrédients, sans oublier les 25 ustensiles indispensables que tu ne possèdes pas.

– Constater que tu as oublié le beurre. Constater que même si tu relis la recette huit fois, il faut toujours du beurre. Retourner acheter du beurre.

– Oui, il faut bien tout ça de beurre. Penser à faire signer à tous les invités une décharge excluant toute responsabilité de tes biscuits en cas d’attaque cardiaque.

– Constater que tu as acheté du kirsch alors que ce n’était pas nécessaire. Tant pis. Te servir un verre de kirsch.

– Suivre la recette pas à pas. Non, n’improvise pas. C’est de la pâtisserie, c’est plein de chimie partout, mais évidemment on a préféré t’enseigner les aldéhydes isotopes plutôt que te dire ce qui se passerait si tu mettais un peu moins de farine. Et en plus, tu n’écoutais pas.

– Cuisiner nu, c’est trendy. Mais surtout, c’est le meilleur moyen de ne pas te retrouver avec de la farine sur ton pull en crocodile véritable et du beurre dans les chaussettes.

– Je sais bien que c’est pas très bon, le kirsch.

– Séparer les blancs et les jaunes. Réessayer. Aller emprunter un oeuf à la voisine. Réessayer. Aller emprunter trois oeufs à la voisine.

– Non, je ne sais pas ce qu’est une prise. C’est probablement équivalent à trois pincées et un chouïa.

– La différence entre pétrir en pâte souple et pétrir en pâte lisse ? Il y en a un qui est mieux que l’autre, je crois bien.

– Te souvenir que ce qui était rigolo avec la pâtisserie, c’était qu’on s’en mettait plein les doigts. Te dire qu’il aurait peut-être mieux fallu imprimer la recette plutôt que de la lire directement sur l’écran tactile de ton téléphone.

– A ce propos, live-tweeter les opérations est une très mauvaise idée. Envoyer des sms à toutes tes copines pour leur dire que tu es en train de cuisiner nu en est une encore pire.

– Oui parce qu’il y a forcément un moment où tu vas devoir retirer du four, abaisser, faire fondre, réduire la marinade et mettre à feu doux en même temps. C’est un principe de base en cuisine, quand tu fais plusieurs trucs à la fois, y a toujours un moment où ça bouchonne.

– Réduire la marinade ? Tu t’es pris pour Rachel dans Friends, ou quoi ?

– Tiens, le deuxième verre de kirsch n’est pas meilleur que le premier.

– La recette dit “abaisser à une épaisseur de 4 mm”. Ça, c’est plutôt 23 cm.

– Oui ben tu vas me faire le plaisir d’abaisser plus.

– Non, ça fait toujours pas 4 mm.

– Non, toujours pas.

– Oui ok, encore un verre de kirsch.

– Non, toujours pas.

– Oui, ils sont très jolis, tes moules en forme de renne. On en a parlé, du fait que tu n’avais plus six ans, ou pas ?

– Oui, la recette dit environ 70 pièces et tu en as fait 23. Je t’ai dit qu’il y avait pas 4 mm à mon avis.

– Laisser refroidir, goûter.

– Tiens, c’est pas si mauvais. Ça ressemble plus à des oryctéropes qu’à des rennes, mais c’est pas si mauvais.

– Bon ben on en regoûte un ? Tiens, le troisième verre de kirch passe mieux.

– Constater que ta cuisine ressemble à un chantier. Ne surtout rien faire. La tradition veut que quand un garçon a fini de cuisiner, ce soit le boxon et tu voudrais quand même pas faire mentir la tradition ? Tu sais que c’est en ne respectant pas les valeurs ancestrales qu’on fait le nid de l’UDC ?

– Oui bon, allez, un dernier.

– Emballer avec un joli papier de fête.

– Se tenir prêt à frapper le premier cousin qui trouve ça un peu brûlé ou que un biscuit par personne, ça fait un peu chiche. Surtout qu’il t’a offert un porte-savon, quoi.

Une dent contre toi

Wednesday, August 5th, 2009

Il n’y a pas de sot métier, dit la sagesse populaire.

Mais il est des professions injustement décriées. Combien de fois, par exemple, entend-on dire qu’il faut être sadique pour devenir dentiste ? Comme les éboueurs, les flics, les papes et les roadies de Christophe Maé, ces gens exercent pourtant une profession certes mal vue, mais nécessaire.

Sauf qu’ils sont mieux payés.

Et qu’ils sont clairement sadiques.

Probablement, quand ils étaient gosses, ils ont dit “Moi, plus tard, j’aimerais faire du mal à des gens. J’aimerais agresser des petites vieilles dans la rue.”, ce à quoi on leur a répondu “Oui ben rate ton bac, d’abord.” Mais comme ils ne pouvaient s’empêcher de suivre en classe, ils ont dû se rabattre sur une solution de rechange : le dentisme.

Ça commence dès la salle d’attente. Pourquoi tu penses qu’ils sont toujours en retard ? Et qu’ils n’ont que quelques vieux journaux inintéressants ? Pour savourer le moment où tu attends, pensant à ce qui va te tomber sur la tête. De même, si leur accorte assistante te sourit de toutes ses dents, ce n’est pas parce qu’elle a instantanément succombé à ton charme latin de carié. Ni même par politesse. C’est pour mieux te narguer, te montrer à quel point son émail resplendit (le sourire qu’elle t’adresse émaille). Puis on t’installe dans une chaise forcément inconfortable, une ridicule bavette bleue autour du cou, la tête plus proche du sol que les talons, et on te laisse attendre là que le bourreau arrive. Ce serait tout à fait possible de ne t’attirer dans ce piège infernal qu’au dernier moment mais non, il faut que tu gamberges. Ils sentent ton angoisse et s’en repaissent.

Ensuite, on t’endort la bouche pour que ça fasse moins mal. Pour cela, il faut te planter au moins 45 aiguilles dans le gras de la mâchoire. Attends, la technologie actuelle ne permet pas d’endormir la bouche d’un coup sec derrière la nuque ? Pareil pour les instruments de torture, le plus bruyants possibles, comme ça même si tu n’as pas mal, tu peux bien imaginer la souffrance qu’on inflige à des dents auxquelles tu étais attaché et que la petite souris n’a même pas fini de payer. Pendant ce temps-là, la susdite assistante te passe l’aspirateur dans la bouche. Alors là, pareil que pour le dentiste : tu crois vraiment qu’un jour elle s’est dit “moi, plus tard, je veux passer l’aspirateur entre des dents pleines de tartre ?” Non, bien sûr, c’est juste qu’elle avait envie de voir des gens souffrir, je ne vois pas d’autre explication plausible.

Tu ressors de l’opération charcuterie la bave aux lèvres et le cirage dans la bouche. Pendant les prochaine heures, alors que tu aurais justement besoin de réconfort, oublie toute idée de glace au saumon, de bière fraîche, ou de quoi que ce soit de rigolo qui nécessite la langue (genre, je sais pas, un concours de grimaces). Mais ce n’est pas fini. Le dentiste, qui pousse le vice jusqu’à avoir l’air sympa, passe maintenant à la torture psychologique : “Je serais vous, j’enlèverais cette dent de sagesse. Enfin, c’est comme vous voulez…”, assène-t-il, te forçant à prendre l’initiative des souffrances prochaines.

Et ce n’est qu’au moment où, quelques semaines plus tard, tu relèves ton courrier, que tu te rends compte, alors que la logique voudrait tout de même que ce soit le contraire, que c’est lui qui te réclame de l’argent à toi pour cette séance de sm.

Ce post est recommandé par l’Union française pour la santé bucco-dentaire

Six, the number of the pony

Thursday, May 7th, 2009

Lectrice, lecteur, public chéri mon amour,

C’est chaque année le même dilemme : faut-il faire un post pour dire “youhouhou, c’est l’anniversaire de mon blog !” ?

Parce que ce qui peut passer pour du regardage de chevilles et de l’enflement de nombril, en fait, est surtout l’occasion de dire, une fois par année, merci de lire mes bêtises, de revenir, d’en parler à vos collègues et à votre grand-tante Irma, merci d’être là et de n’être pas las. Même si, ces derniers temps, je pense que ça se voit, l’inspiration me fuit comme les levreaux fuient dans la chaleur des phares des Opel corsa le soir au fond des bois, et des autres voitures aussi. Bon ok, le nombril, les chevilles, un peu, quand même : je l’aime bien, ce blog, moi.

Mais, bon, en fait j’ai déjà dit tout ça l’an dernier, et personne ne m’a offert de cheval mort pour me féliciter, alors à quoi bon ?

Du coup, je me suis dit, c’est mon anniversaire de blog, je vais les faire bosser un peu. Donc voilà. J’ai ressorti un post de mes brouillons. Un truc que j’avais commencé et que je n’avais pas pu finir, j’ai un emploi du temps si chargé, je dois continuellement regarder la Nouvelle Star et mettre à jour mon statut facebook, c’est inhumain. Tu vas voir, y a deux-trois idées assez fortes, dedans. Tu le lis, tu complètes, soit dans les commentaires, soit sur un fichier texte, soit sur les murs de ta ville, soit sur ton chat, soit sur ta poitrine dénudée, bref, je sais pas, tu improvises, quoi, tu es grand, tu m’envoies ça. Je publie dans une rubrique à part, quelque part. C’est pas vraiment un concours, parce que je déteste départager, après j’ai encore plus de cheveux blancs et je me mets à suffoquer, à blêmir et à insulter des vieilles dames, c’est juste un truc :

clique ici

et ah, oui, mon adresse mail c’est bonpourtonpoil (comme le blog dis-donc ! truc de fou !) @gmail.com (comme le maître du monde dis-donc ! truc de fou !)

Oui, je sais, tu aurais préféré un concours de nichons. Je garde l’idée pour l’année prochaine. Je veux dire, je pourrais très bien te remettre ça,

Voir le trombi

Lâche ta face

mais ce truc me met face à mon hypocrisie (ou alors c’est à cause des américains que je laisse les décolletés et que je censure les débraguettés?), alors j’aime pas trop.

Brouillon

Friday, February 13th, 2009

Lectrice, lecteur, public chéri mon amour,

Un mois et quelques après ce post, je te sens complètement languissant, limite frémissant. Bon, je t’explique, en gros: je suis actuellement en train de mettre le point final au chapitre trois d’une saga familiale épique dans les steppes normandes, qui raconte l’histoire terrible et désabusée d’un riche producteur de pommes qui aime en secret une Golden Delicious, de plancher avec un pétulant camarade de jeu sur le scénario d’une saga radiophonique sur l’univers des truites, de forcer une malheureuse dessinatrice à réaliser 420 planches par jour pour un futur projet de blog bd sur l’Histoire de la poterie, d’avancer à pas de cnidaire dans la planification d’un très célèbre projet secret, de songer avec une amie à une incroyable série télé qui aurait pour héros un jongleur bègue, de supplier tous les magazines de Suisse et de Navarro de me laisser rédiger une chronique bi-quotidienne sur les filtres de machine à laver et d’avancer sur le projet d’adaptation de Bon Pour Ton Poil en pâte à modeler.
Et, accessoirement, comme Raoul exige désormais que je lui paie des cours de macramé, d’écrire des piges pour le magazine des horticulteurs vaudois, de songer sérieusement à en proposer d’autres à Passion Bichon et de me brouiller sérieusement avec tous mes amis journalistes à qui j’écris 91 mails par jour pour les supplier de me confier la météo ou l’horoscope, je sais pas, même le sudoku, ou les vitres ? Sans oublier, bien sûr, ma participation à un blog de voyages pour lequel je suis prêt à accepter n’importe quelle invitation à passer six mois dans les mers du Sud, car je suis un rédacteur consciencieux.

Comme j’ai toujours été un gars organisé, dans ma tête, c’est un peu le périph un jour de neige, mais sans Smart, quand même, faut pas déconner. J’ai donc décidé de remettre à plus tard les activités annexes non-urgentes telles que l’achat d’un agenda.

Avec tout ça, quand sonne l’heure de bloguer, mes pensées sont aussi claires qu’un discours présidentiel français, sauf que ce n’est pas la faute des Tchèques. C’est pour ça que pour la 932e fois sur ce blog, je vais te faire le coup du post super long pour dire qu’en fait je ne vais pas poster. Pourrais-tu faire semblant d’être surpris ?

Et les keufs et les meufs dans le RER

Sunday, January 11th, 2009

Lectrice, lecteur, public chéri mon amour,

Si tu permets, je vais interrompre le cours habituel de ce blog pour te raconter un peu ma vie (si tu ne permets pas, clique ici).
Depuis le début de l’année, je bosse à 80%. Du coup, j’ai un 20% à occuper. D’une part, parce que la jeune Raoul, 400 kilos au garrot depuis son dernier passage chez le cat-sitter, exige désormais des croquettes au caviar et des baballes serties de diamants. D’autre part, parce que comme le disait souvent Lao Tseu, bosser à 80%, c’est l’occasion de tenter de vivre ses rêves. Et finalement, parce que je vais quand même pas regarder Rex et Arabesque. A vrai dire, j’ai déjà deux mandats, un très alimentaire et un très intéressant, qui me sont tombés dessus un peu par hasard, au point que j’ai failli devenir croyant (mais je peux pas, ma religion me l’interdit)
Alors, te dis-tu, pourquoi te raconte-je cela ? Déjà parce que le fait de l’avoir écrit, quelque part, ça me force un peu à me bouger les miches (voir figure 7). Et puis parce que tu pourrais t’intéresser un peu à ma vie, merde, c’est plus pareil, nous deux, que devenons-nous ?, mais surtout parce que tu peux peut-être m’aider.

Ne t’inquiète pas, je ne suis pas en train de te dire que je vais mettre un bouton PayPal (mais si vraiment tu tiens à me verser des millions de dollars, j’accepte les chèques).
Alors, en gros: j’ai envie de faire ce que je fais ici depuis quasi 6 ans. Raconter des bêtises, tenter de faire rire les gens. Je sais pas trop, en tenant une chronique dans un journal, en co-écrivant des sketches pour de jeunes et fringants comiques, en animant des mariages. Y a deux-trois projets en cours, mais quatre-douze ce serait encore mieux, non ? Oui et oh, je sais, on est plusieurs à avoir ce genre de rêves, mais bon, mais bon.

Du coup, peut-être que tu connais quelqu’un à qui tu pourrais lâcher discrètement l’adresse de ce blog. Et peut-être que tu pourrais plus simplement m’aider à me constituer un dossier, à choisir quels textes je devrais envoyer aux rédactions. Enfin, ce genre de coups de main, tu vois ? Ah, oui, si jamais, mon adresse mail c’est le nom de ce blog @ le service mail du futur maître du monde.

Ah et si rien de tout ça ne marche, tu pourrais aussi me payer une bière dans quelques mois ?

EDIT
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