« C’est pas facile » est une sorte de courrier du c½ur moderne, dans lequel vous posez des questions et où un chroniqueur vous répond. Ce chroniqueur, c’est moi, tu croyais pas que bptp avait le moyen de grassement payer des pigistes ? Je ne suis ni médecin, ni proctologue, ni trapéziste, j’avais simplement envie de vous raconter n’importe quoi.
Si vous voulez m’envoyer vos histoires, n’hésitez pas à m’écrire à courrierduceur@bonpourtonpoil.ch
Mon époux et moi-même nous connaissons depuis maintenant huit ans. Tout se passe à merveille : il est attentionné, tendre et réussit à merveille la quiche aux lardons. Toutefois, quelque chose me chiffonne. En effet, il est adepte d’une sexualité pour le moins dépravée. Il refuse systématiquement que nous convions des amis, ne se sert pas d’accessoires et ne m’insulte jamais durant nos ébats. Je ne sais que penser. Comment cela se peut-il. Peut-être ne m’aime-t-il plus ? Peut-être est-il membre d’une secte ? Peut-être est-il vieux ? Que faire ? Je ne sais pas.
Anonyme, Bougoin-Jallieu.
Chère Anonyme,
Je lis dans vos écrits une grande souffrance, que je comprends mieux que je l’ai moi-même vécue. La situation était certes un peu différente : j’étais en vacances en Espagne, j’ai commandé du poulpe et on m’a amené de la seiche, alors que tout le monde sait que je déteste ça. Plusieurs années de thérapie m’ont permis de me sortir de ce pas difficile.
Cependant, votre situation me semble bien insoluble. Vous dites attentionné et tendre, mais pourtant, cet homme est extrêmement égoïste. Je ne vois qu’une solution : quittez-le, mettez le feu à sa penderie, changez d’avis puis requittez-le (pour déconner), car de tels comportements ne sauraient.
Par ailleurs, pourriez-vous être plus précise quant à la recette de la quiche ?
Je suis épris d’une jeune demoiselle. Hélas, nos parents se détestent, à cause d’une sombre histoire de haine. Que faire ? Je ne sais pas.
Roméo C., Vérone
Cher Roméo,
Je comprends d’autant mieux votre situation que je l’ai moi-même vécue : je voulais un vélo rouge et mes parents ont préféré m’offrir un trampoline. Quelle déception n’ai-je alors pas ressentie. Votre récit me rappelle un peu un film que j’avais alors vu, seul avec mon désespoir : il s’agissait de la Guerre des Etoiles, dans lequel on trouve également des membres de plusieurs familles différentes et des parents au comportement inadéquat. Je peux donc vous donner cet excellent conseil : c’est en vous que vous devez trouver les réponses, car le bonheur se cache bien souvent à l’intérieur de nous.
J’ai un souci. Mes gardénias refusent de fleurir. Or, je les arrose avec conviction et douceur, comme indiqué sur la notice d’emballage. Je ne comprends pas. Je suis à bout. Je songe même à faire une bêtise. Je n’en peux plus. Que faire ? Je ne sais pas.
Fulgencio, Douai
Cher Fulgencio,
Permettez-moi de vous retourner la question. Au fond, si ces gardénias meurent, n’est-ce pas le signe qu’au fond de vous, vous ne les aimez plus ? Et si vous ne les aimez plus, n’est-ce pas le signe qu’au fond, vous ne vous aimez plus vous-même ? Je comprends d’autant mieux votre situation que je l’ai moi-même vécue. Je cuisinais une quiche aux lardons et j’ai oublié de mettre la crème. Je m’en suis voulu pendant plusieurs minutes. Mais après tout, la vie continue. Essayez d’en prendre de la graine !
Je me demandais, pourquoi les gens qui s’aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ? Non, parce que moi, je voudrais être un homme heureux, c’est pour ça.
William S., Genève
Cher William,
Je comprends très très bien votre problème. Je l’ai moi-même vécu, c’est dire ! Je m’en rappelle comme si c’était hier. J’ai des amis, quand je dis amis, en fait, je les connais un peu mais pas très bien, mais je ne suis pas là pour parler de moi, qui sont jumeaux, et figurez-vous qu’ils sont en couple avec des jumelles, alors des fois on les confond. C’est fou. J’en ris encore. Pour répondre à votre question, j’aimerais vous dire ceci : le bonheur est dans le c½ur de celui qui veut le voir. Ne cours pas à sa porte ! car l’hiver est à la fenêtre.
Mon épouse est décédée il y a huit ans des suites d’une longue maladie. Depuis, je suis prostré chez moi. Récemment, un ami m’a dit “écoute, Henri, il faudrait que tu voies du monde, tu sais, que tu fasses des rencontres, tu sais, peut-être même que tu vois ce que je veux dire, hein ? haha, sacré Henri.” Je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire, d’autant plus que je ne m’appelle pas Henri, mais je crois qu’il a raison : il est temps pour moi de me remettre en selle, comme aiment à le dire les cavaliers. Cependant, je ne sais comment m’y prendre. On ne danse plus de slows dans les boîtes de nuit, et mon Minitel refuse obstinément de s’allumer. Que faire ? Je ne sais pas.
Henri, Budapest
Cher Henri,
Votre question est mal posée. Vous dites mon épouse, comme s’il devait aller de soi que de nos jours, une relation soit forcément hétérosexuée. Et les droits des minorités, qu’en faites vous ? Rarement, je n’ai lu autant d’égocentrisme que dans votre question. Je ne vous félicite pas. Franchement. Dans quel monde on vit. Des choses pareilles. Et pourtant, croyez-moi, j’ai d’autant plus de compréhension pour votre situation que je l’ai moi-même vécue. A peu de choses près. Mon épouse n’était pas décédée, mais sortie acheter du pain, et ce n’était pas mon épouse, mais une vague connaissance, mais je sentais que quelque chose nous rapprochait irrémédiablement. Comme je suis bon prince, je vais répondre à votre question, mais c’est bien la dernière fois : Caramail, c’est pas mal, pour rencontrer.