Archive for November, 2003

demain j’arrête

Thursday, November 27th, 2003

En raison d’un problème technique, nous devons malheureusement annuler la diffusion du billet prévu ce soir.


En lieu et place, nous vous proposons la rediffusion d’un épisode de Taupe Modèles.


Il s’agit du fameux épisode dans lequel Ridge découvre que Gudrun, sa secrétaire, le trompe avec Ernesto, le célèbre milliardaire énervant au sourire pepsodent qui fait rien qu’à s’amuser avec son gros bateau. Ridge se rend compte de la trahison de la félonne quand il l’aperçoit en train de faire des photocopies que jamais il lui avait demandé.


Ridge décide alors de se venger et fait appel à Childeric, un de ses amis qui exerce la profession de boucher-charpentier mais qui s’adonne au tuage à gage pendant ses temps libres, comme ça , pour déconner.


Mais Childeric s’éprend de Gudrun. Il lui propose de s’en aller là-bas, où tout est neuf et tout est sauvage. Gudrun lui dit que ok ça marche, mais je dois encore faire ma valise, j’en ai juste pour quatre heures.


En attendant, Childeric s’en va chez sa mère-grand pour lui apporter un pot de beurre et des galets, car elle les collectionne. Il en est à se demander où il pourra acheter du beurre en pot quand il se fait agresser par un haltérophile persuadé que Childeric est en fait la réincarnation d’Hervé Vilard.


Pendant ce temps, Gwennehilde avoue sa flamme à son réparateur de chaudière à gaz.

Ze Ouineure Ize

Friday, November 21st, 2003

“La majorité veut du n’importe quoi, donnons lui du n’importe quoi” (phrase prononcée à l’époque de la sortie de Titanic, ou alors de l’élection de Jacques Chirac, de la sortie de “L’Aventurier” d’Indochine ou de l’invention de Loft Story)

Les votes sont clos, vous voulez du n’importe quoi. Malgré cette douleur lancinante qui me lancine, je vais donc m’acquitter de cette tâche.

Acquitter, c’est quand même un mot bizarre. Un jour, un type s’est dit: “tiens, il manque un mot pour dire qu’on va faire un truc qu’on doit faire”. Comme il venait d’Aquitaine, il a décidé qu’on dirait s’acquitter de. Si il avait été corse, on dirait se corser de et les femmes du XiXe siècle auraient porté un acquittement au lieu de porter un corset. Mais comme le type était un peu louche, au lieu d’écrire ça aquiter, il a décidé de rajouter un c et un t qu’il avait en stock. Des milliards d’écoliers auraient aimé qu’il fût condamné à mort pour ça, mais finalement, il a été acquitté.

Si ce type avait eu un natel portable, comme tout le monde, ça s’écrirait akité, ça serait plus simple. Mais, à cause de sa refraction technologique, on est obligé de dépenser deux lettres de plus quand on veut s’acquitter de quelque chose par sms, par exemple si on veut dire à ses amis “Jean-Robert m’acquitté, ça fout trop les boules grave”

Mais je sens que je m’égare (ferroviaire). Ce qui me fait penser à cette célèbre pensée philosophique, due à un célèbre philosophe aquitain: “t’arrives à porter une gare? et six gares?”, maxime désopilante s’il en est qui fonctionne également avec tronc, pré, boulette et gournéouiveure.

Revenons-en à nos moutons. Le mouton est un animal facétieux bien qu’un peu couillon, qui vit en horde. Il mange de l’herbe et fabrique de la laine. Contrairement à l’humain, il ne traite jamais ses condisciples de moutons, même si ses condisciples suivent la mode. Par contre, des fois, il s’habille en noir pour prouver qu’il est trop un rebelle. Dans ce cas là, on parle de mouton noir.

Nos moutons, donc, c’était que je dois écrire n’importe quoi. Oui, mais voilà, comme le faisait remarquer quelqu’un sur le coup de 5 heures du matin, ce qui prouve que le bâton de berger y a pas d’heure pour en manger, la muse me fuit. Si quelqu’un croise l’autre, là-bas, ce serait sympa de lui rappeler que j’aimerais récupérer mon cd de Muse. Si quelqu’un croise sa grande soeur, ce serait sympa de lui rappeler la même chose et d’ajouter “je vois des gens qui sont morts”

la soupe au navet

Tuesday, November 18th, 2003

Ce soir, à la télé, y a un film.

Il est pas très connu, alors je vous le raconte, parce que c’est un film bien, mais pas très connu et que faudrait pas que vous passiez à côté, parce que c’est un film bien avec un scénario et tout.

Alors au début, y a un type, c’est Richard Gere. A la fin aussi, ce qui prouve que en fait, y a pas mal de suivi dans l’histoire. Dans le film, Richard Gere, il est pas avocat. Il est pas trompettiste non plus. Mais il a plein d’argent.

Il rencontre une dame qui a pas plein d’argent et qui est pas trompettiste ni avocate. En fait, c’est une périprostiticienne. Une dame qui dort avec des monsieurs et après les monsieurs lui donnent de l’argent, parce qu’elle ronfle pas. La dame, c’est Juia Roberts, donc le film, c’est comme un film avec Julia Roberts, une oeuvre cinématographique majeure.

Donc Richard Gere il rencontre la dame et il dort avec elle. Comme elle dort super bien, il lui donne encore plus de sous pour qu’elle reste longtemps avec lui. Et il lui donne encore plus de sous pour qu’elle s’achète des habits, alors elle est contente et y a de la musique.

C’est un film américain, donc y a une morale mais je sais plus trop laquelle. Ah si, elle est pauvre alors on veut pas lui vendre d’habits super chers. Ca c’est la morale du film. Mais après si, elle peut en acheter. Et ils font des trucs sympas, comme prendre un bain, c’est bon pour la peau, mais aussi des trucs chiants, comme aller voir un polo, parce qu’il est riche et qu’être riche c’est chiant. Et un moment, Richard il dit “elle est dans le commerce”, c’est super drôle.

Je sais pas trop si je peux dévoiler toute l’histoire: la fin est méga surprenante. Bon en fait, vous pouvez arrêter de lire, mais pour ceux qui connaissent la fin ou qui sont insensibles à l’Art, à la fin, ils tombent amoureux. Et un moment ils se disputent, mais après ils se réconcilient. Et à la fin, ils sont amoureux.

 

J’aime ce film à cause de l’audace dont fait preuve son scénario. Au début, on se dit que Richard Gere va découvrir qu’en fait Julia Roberts est un agent du fbi impliqué dans un trafic international de crocodiles et qu’ils vont ensemble à un concert de Charly Oleg avant d’aller manger des brocolis braisés dans un bar louche de Romainmôtier, mais non, pas du tout.

gagner de l’argent en bloguant

Friday, November 14th, 2003

Tu désires bloguer mais le temps, l’inspiration, le clavier te manquent?

Profite dès à présent de notre service de livraison de billets à domicile.

Passe simplement ta commande par sms et tu recevras en retour de courrier un billet prêt-à-poster.

Profite de notre promotion spéciale de novembre: le billet brouillardeux.

Attention: les phrases de 4 kilomètres et les jeux de mots vaseux sont facturés séparément. Par contre, les vannes sur Indochine sont gracieusement offertes.

Cadeau de bienvenue: pour toute commande de trois billets ou plus, tu recevras gratuitement une chatoyante liste de trucs.

(Ce service est facturé 2 francs la minute. Pour les billets érotiques et/ou dépressifs, compter des délais de livraison plus longs)

il n’y a pas de nabot né au numéro que vous avez demandé

Wednesday, November 12th, 2003

Bonjour, je m’excuse de vous déranger, c’est pour un sondage.

Je suis mandaté par un institut de sondage vachement célèbre pour connaître les goûts de la population en matière d’algues de ménage.

Ce ne sera pas long, il s’agit de répondre à quelques simples questions. Ensuite, quand vous lirez les sondages dans les journaux, vous pourrez taper le dos à vos potes en leur disant “Hep hep hep zavez vu, on parle de moi dans le journal, là, là, c’est écrit, 32% de la population avoue s’être déjà brossé les dents avec une pince à oxyder.” Et je vous donnerai un bon pour une visite gratuite de l’usine de pâte à pizza de votre choix. (frais de port non compris)

Vos réponses ne seront pas archivées, en vertu de la loi machin protection personnalité tout ça. Cependant, si l’une ou l’autre question du sondage vous offusque, vous avez la possibilité de passer en disant “je passe”. Par contre, vous ne pouvez pas tenter le 50/50 ni le téléphone à un ami. Pour l’avis du public, ça va être difficile, le public c’est toi. Essaie de suivre, sinon on va pas s’en sortir.

Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Si vous où l’on des membres de votre équipage devait être capturé au cours de cette mission, nous nierions formellement que ce message s’autodétruira dans 5 secondes.

Si vous le voulez bien, nous allons maintenant passer à la première question. Par contre, si vous avez un ragoût de porc sur le feu, nous passons immédiatement à la question 28bis.

1) Vous arrive-t-il d’écouter des albums d’Indochine en cachette? Si oui a) au moins une fois par semaine b) au moins une fois par mois c) au moins.

2) Sachant qu’un train A part de la gare à 15h57, pouvez-vous me donner le prénom de l’inspecteur Derrick?

3) Croyez-vous en Dieu? Si oui a) au moins une fois par semaine b) au moins une fois par mois c) au moins.

4) Croyez-vous aux castors?

5) Si vous deviez voter aujourd’hui, juste là, maintenant, dans les 5 secondes, commenceriez-vous par raccrocher ce foutu téléphone?

6) En général, êtes vous a) très satisfait b) plutôt satisfait c) plus ou moins satisfait d) un peu satisfait mais pas vraiment e) pas tout à fait satisfait mais quand même un petit peu f) vaguement mécontent f) très insatisfait par les trucs pas très bien?

7) Etes-vous pour, contre, un peu pour, un peu contre ou sans opininon fixe?

8) Avez-vous déjà eu des envies de meurtre lors d’un sondage téléphonique? Si oui a) au moins une fois par semaine b) au moins une fois par mois c) au moins.

9) Quelle est la capitale du Bhoutan?

10) Possédez-vous une armoire? Si oui, pourquoi?

11) Envisagez-vous de faire l’acquisition d’un presse-purée inoxydable au cours des 12 prochains mois?

12) T’es habillé(e) comment là?

13) Etes-vous pour ou contre la question 13 dans les sondages?

14) Est-ce que je devrais m’arrêter là?

15) Pourquoi?

Hausse des rayés

Monday, November 10th, 2003

Il est parfois des événements littéraires qu’on ne peut passer sous silence.


Alors que le monde entier attend avec impatience la sortie du cinquième Harry Potter en français, surtout le monde entier qui parle français en fait, on vient de me faire découvrir un ouvrage dont toute bibliothèque devrait s’enorgueillir.


Peut-être les plus sagaces d’entre vous connaissaient déjà, cet ouvrage datant tout de même du siècle dernier. Mais pour tous ceux qui seraient passés à côté de l’évènement constitué par la sortie de cet ouvrage de référence, cette lacune est à combler de toute urgence.


Mars 1999, une époque bénite que les moins de 4 ans ne peuvent pas connaître. Une époque où, insouciant et bienheureux, on ne se doutait pas qu’Indochine allait faire son comeback, une époque où la Maison Blanche était encore dirigée par un saxophoniste. Le bon vieux temps, pourrait-on dire trivialement.


C’est en cette période si proche et pourtant si pas proche qu’un visionnaire a choisi de consacrer un ouvrage à l’un des plus grands hommes de notre temps, l’un de ces personnages dont l’aura brillera encore pendant au moins pas mal de temps.


C’est en mars 1999 que sortait cet ouvrage indispensable à la bibliothèque de tout érudit qui se respecte: Derrick – l’ordre des choses.

Coming out

Wednesday, November 5th, 2003

Journaliste, c’est un des rares mots de la langue française à ne pas avoir la même signification au pluriel et au singulier. Prenons deux exemples concrets: “Ah ces journalistes, tous des menteurs”, mais “Quoi? T’es journaliste? Waaah trocoooool! Tu voyages beaucoup?” (à cette question, jeune padawan scribouillard, il faut répondre par un sourire monalisatesque. Il ne faut pas détruire les rêves des gens qui nous voient rampant sous les bombes alors qu’on est en train de s’empiffrer à l’apéro du choeur mixte)

Quelques exemples presque au hasard de journaleux: (mais de toutes façons, tous des menteurs)

Le ‘tit jeune qui n’en veut:

Il rêve de gloire, de strass, de paillettes, de signer des autographes, de CNN. Ce qui est idiot, les gens ne lisent pas les signatures en bas des articles, sinon ils se rendraient compte que tous les articles de la rubrique internationale de son quotidien régional sont signés par les dénommés Reuters et AFP (Alain-Ferdinand Poujol) et arrêteraient de demander si on voyage beaucoup. Mais bon, ne brisons pas les rêves du ‘tit jeune qui n’en veut. Il fait donc toutes les inaugurations, les assemblées communales de parti, serre des tas de mains et consomme des wagons entiers de cartes de visite.

Le consciencieux: (je mets tout au masculin pour généralifier, mais les consciencieux que je connais, c’est des consciencieuses)

Il vérifie 21 fois chacune de ses sources. Il veut être sûr de n’oublier aucun détail dans ses papiers. Du coup, le moindre article sur la courge de 320 kilos cultivée par monsieur Ducommun de Vugelles-la-Motthe lui prend une semaine de préparation, une semaine de rédaction, une semaine de “rah mais je vois pas où je pourrais encore racourcir, j’avais 12724 signes, là j’en suis à 8012 et je dois en faire 400… Non parce que si j’enlève le passage où je dis qu’il aime bien la fondue savoyarde, ça risque de vexer son cousin au sixième degré…je vais appeler la marraine de son plombier pour voir ce qu’elle en pense”

Le j’m’enfoutiste:

Le même que celui d’avant, sauf que c’est le contraire.

L’écrivain raté:

Il est persuadé qu’il écrit trop bien pour le commun des mortels qui a l’outrecuidance d’acheter le journal dans lequel il a la bienveillance d’écrire, parce qu’il faut bien manger et que ces salauds d’éditeurs lui refusent tous ces romans pourtant merveilleux, parce qu’ils ont peur qu’il fasse de l’ombre aux écrivains déjà établis. Quelque part, il a un peu raison: il écrit tellement bien qu’il faut prévoir quatre ou cinq heures pour comprendre le lead de son article “les sapeurs-pompiers de Rueyres-les-Prés tiennent leur assemblée générale”.

le Bluthund:

il aime les histoires qui sentent le sang, le sexe, la fange, les trucs sordides. Du coup, on les lui refile avec plaisir. Il hésite pas à se salir les mains. Il n’a pas d’amis. Si il apprend un truc malodorant sur quelqu’un, il ne lâche plus sa proie. Même si le quelqu’un est son concierge, son ami d’enfance, sa mère. Il a un gros salaire, mais il le dépense en procès. Il reçoit plein de coups de fils en période électorale.

L’ex ‘tit jeune qui n’en a voulu:

A force d’apéros, il a pris du ventre et ses joues arborent de magnifiques teintes automnales, dues à des années de p’tits verres de blanc. Il est divorcé, sa femme en ayant eu un peu marre des “ouais mais je peux pas louper l’assemblée du ski-club de Suscévaz, tu comprends, Jean-Robert Gloupowsky sera là, c’est super important, il va probablement annoncer sa candidature au poste de vice-secrétaire de l’association des amis de la pêche au vairon du Pied du Jura, j’aimerais pas que la concurrence l’apprenne avant moi, tu comprends, mais promis, dans six mois j’ai un trou dans mon agenda, on passe la soirée ensemble”. Il tutoie plein de monde, mais à force de p’tits verres de blanc, il ne se souvient plus trop qui. Il aime bien les nouveaux ‘tits jeunes qui n’en veulent à qui il dit: “ouais moi j’aurais pu aller à CNN mais bon, tu comprends, j’suis mieux là, j’ai des relations et tout”

Le supertalentueux:

Il est trop gentil pour faire un bon journaliste. Et trop flemmard, aussi, un peu, mais bon il compense. Son rêve, c’est d’être payé pour écrire/filmer/microphoner des conneries. Ou alors d’être nommé correspondant permanent aux Maldives. (On sait jamais, ça peut toujours marcher ce truc là)

piscine municipale

Tuesday, November 4th, 2003

J’ai découvert un blog au contenu d’une lucidité impressionnante.

Mais en fait, j’ai découvert un autre truc sur la page d’accueil de u-blog. Un truc terrible et terrifiant. Les blogs, dans leur immense majorité, ne parlent ni santé, ni gastronomie, ni rencontres. Ils évitent comme la guigne les sujets tels que télévision, voyages et sciences. L’immense majorité des blogs sont des journaux intimes.

Et comme me faisait remarquer un type à qui je faisais remarquer que des fois, la majorité elle dit des conneries, mais on parlait élections helvétiques et pas blogs, “Si que c’est le peuple qu’il l’a dit, alors c’est que c’est que le peuple il a raison.”

Ca fait 178 notes que j’écris des trucs pas vraiment intimes et vraiment pas journalistiques. Z’auriez pu me prévenir quand même. Mais c’est en faisant des erreurs qu’après on n’en fait plus, sauf certaines erreurs qu’on fait 45 fois en deux ans dans la joie et l’allégresse, comme disait un type célèbre mort dont le nom n’est pas passé à la postérité vu qu’il n’était pas super intéressant, comme gars.

Je vais donc réparer cette erreur et vous raconter ma vie trépidante et dubitatoire. Qui a dit on s’en fout? Oui ben si tu t’en fous t’as qu’à pas lire…euh si, si, faut lire, mais tout en faisant semblant de jouer du biniou en tenue de rugbyman namibien. Parce que bon, j’écris pas pour être lu, mais quand même, si j’étais lu que par la famille Berlincourt de Mezieux (69), écrire aurait autant d’intérêt que de regarder la Petite Maison dans la Prairie en urdu. Sauf que ça m’apprendrait pas comment on dit “Mais voyons, Charles Ingalls, vous savez bien que nos invités n’aiment pas les gourmandises” en urdu, mais là je m’égare.

Donc, ma vie. Quand j’avais six ans, j’étais d’une taille plutôt inférieure à celle qui est la mienne aujourd’hui. Je fréquentais alors assidûment les tripots mal famés de Treycovagnes. C’est à cette époque que je découvrissait la pelote basque, activité ludique qui n’allait nullement m’intéresser.

Je me rappelle encore des soirées mouvementées que nous passions les soirs de réveillon, fort peu nombreux en cette terrible période de récession économique et bataviaire. Mon oncle Achilée interprétait les meilleurs morceaux d’Hélène Ségara au bandonéon pendant que mes onze frères et soeurs reprenaient en choeur une part de tarte aux griottes d’élevage.

Et puis, tout a changé le jour, funeste et roboratif, où rien ne fut plus comme avant. Soudain, les choses devenirent différentes. Rien ne ressemblit plus à comme c’était avant que ça soit différent. C’était, je m’en rappelle comme si c’était hier, hier. Sur le coup de midi. Comme chaque jour, futile et innocent, je sortis de mon boulot qui me paie tous les 25 du mois parce que c’est fait par des ordinateurs alors ils oublient jamais de le faire parce qu’ils sont malins, même si des fois ils le sont pas très, par exemple quand ils me disent qu’ils n’ont trouvé aucun t610 alors que franchement, il est quand même visible ce bon dieu de t610, même une poule y retrouverait ses petits, pour aller dépenser une partie de ma paie gagnée à la sueur de ma troisième lombaire dans une infâme gargotte où je pourrais me restaurer de quelque civet de cheval à la mode de chez nous, mais pas de chez nous en fait, de chez les types du restaurant.

Je vais vous raconter ma vie, donc. Et bien, des fois, avoue-je, il m’arrive d’avoir 19 minutes à tuer et de le faire en improvisant des conneries que personne ne lit jusqu’au bout, j’espère, sinon ça veut dire que vous êtes vraiment désoeuvrés, faudrait voir pour vous inscrire dans un club de scrabble, sur le clavier de mon écran, ce qui présente l’incroyable avantage de faire croire que je bosse, vu que j’exerce une magnifique profession fort décriée où on tape avec ses doigts sur d’innocents claviers de type qwertz, mais je pense que ça marcherait aussi avec des azerty. Mais nous on a des qwertz par mesure d’économie, vu qu’un clavier azerty en vaut deux.

ne sortez jamais sans

Saturday, November 1st, 2003

C’est une suite. Donc forcément, c’est beaucoup moins bon mais ça va faire un succès commercial quand même et ça va booster les ventes de dvd du premier épisode.

Donc, le timide qui croise une charmante inconnue au sourire iridescent, en général, il ne fait que la croiser. Et naïvement, il se dit que si il trouvait un prétexte pour aborder la susmentionnée, il finirait bien par réussir à lui faire croire qu’il est drôle, culturé, tout ça et à la convaincre d’aller voir si la rose qui ce matin avait déclose.

Des fois, il observe discrètement ses camarades non-timides. D’un côté, il s’intéresse à leurs stratégies d’approche, de l’autre les voir prendre des bides le comble lâchement de bonheur. Il prend des notes mais se dit qu’il n’osera jamais des trucs habiles et malicieux du genre “madame vous êtes chatoyante comme un champ de blé en Antarctique”, “bonjour, c’est pour un sondage” ou “t’as pas du feu”. Et se dit, qu’à lui, ça ne lui arrivera jamais. Surtout parce qu’il ne sait pas dessiner.

Des fois, il confie ses cerises.

Euh excusez-moi, j’ai un double diabolique qui passe son temps à faire des jeux de mots déplorables.

Des fois, il confit ses problèmes à une pote qui ni une ni deux retrouve le numéro de téléphone de la mademoiselle et apprend ainsi que la mademoiselle est une madame. Du coup, le timide évite soigneusement les 148 kilomètres les plus proches du lieu d’habitation de ladite madame.

Mais des fois, il arrive quand même que de gentes damoiselles évitent au timide de devoir faire le premier pas, en l’abordant nonchalamment. Du coup, le timide subit une accélération cardiaque proportionnelle à la vitesse du vent au carré sur douze. Son visage prend de magnifiques teintes rouge foncé, il se met à transpirer si abondamment que la déshydratation le menace et là il se dit que si il tombe dans les pommes, ça va lui faire un sujet de conversation avec la jeune fille, mais il risque de paraître peu à son avantage, quand même. Et il se rend compte que ce n’est pas la première phrase qui est dure à trouver, mais au moins les 23 premières phrases.

Des fois, il est en train de manger un menu gastronomique au Manora de Lausanne, une jeune fille se pose à sa table, ils font la conversation, il repart bosser et se rend compte qu’il aurait peut-être du dire un truc du genre “rendez-vous demain même jour même heure même place”.

Des fois, une jeune fille sympathique bien qu’éméchée lui propose de boire un verre, il lui fait un sourire coincé, se retourne vers la serveuse et se rappelle soudainement que en fait, la serveuse, c’est la dame avec qui il dort à cette époque de sa vie.

Des fois, la fille lui demande ce qu’il est en train de faire en se penchant comme ça, là, tu vois le genre et il se dit que franchement, de son temps, les gamines de 13 ans ne se penchaient pas comme ça, là, tu vois le genre.

Et des fois, la technique d’approche de la dame lui échappe totalement. Elle lui demande s’il a un natel et, pendant qu’il le cherche en tremblottant, elle se penche vers le journal qu’il était en train de lire et lui demande: “c’est qui, lui, là?” Du coup, non seulement le timide est tremblottant, mais en plus il est perturbé. Et en plus, il a oublié son téléphone portatif à la maison.

(Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite. En plus, y a statistiquement 57 chances sur 2 millions pour que tu lises ce billet et que tu gratifies ton écran du même joli sourire que celui que tu m’as fait en partant)