Archive for September, 2009

Selon que vous serez puissant ou misérable

Tuesday, September 29th, 2009

Je sais pas si ça se sait, mais Roman Polanski a été arrêté. Alors sur le fond, je vais me contenter de linker Krazy Kitty, parce que sinon après je m’énerve et ça me donne mal à l’estomac.

Sur la forme, par contre. Arrêter un homme à l’occasion d’une remise de prix lors d’un festival, je trouve ça d’une classe folle.

Tu n’es pas sans savoir que pour le secret bancaire, là, en Suisse, on est mal. Ou alors, en dernier recours, de payer leurs impôts comme vous et moi… En plus, comme le forfait fiscal a mauvaise presse en ce moment, tous nos riches vont finir par se barrer à Monaco, on va se retrouver avec Alain Delon sur les bras et c’est tout, même les tennismen français vont se barrer (car oui, il y a des tennismen français en Suisse)(à mon avis, ils doivent aussi avoir fait un truc louche et craindre l’extradition, c’est pour ça que personne ne les voit jamais sur un court).

Mais il nous faut des sources de revenus. Parce que le chocolat et les montres, c’est plus ce que c’était. Et je me disais qu’on pouvait organiser des grands happenings, où on ferait semblant de remettre des prix à des fugitifs célèbres pour pouvoir les capturer, moyennant une petite aide financière des états-tiers.

Par exemple, je sais pas…
“Nous sommes réunis ce soir à Grosshochstetten pour la remise du prix de l’ennemi public numéro 1. Nous allons vous dévoiler le classement général en commençant par l’ennemi public numéro 50, Raymond Grouchard dit l’équarrisseur du Marais-Poitevin, dit le sadique à la houpette… Ah mesdames et messieurs, on me signale hélas que l’Ennemi Public numéro 1 ne pourra être présent ce soir, il vient d’être arrêté à l’aéroport en vue de son extradition. Mais accueillons maintenant notre invité spécial, à qui nous remettons un prix spécial pour l’ensemble de sa carrière, Slobodan Milosevic, merci de l’applaudir bien fort…. Ah non, lui non plus n’a pas pu venir ce soir, décidément, quel dommage, nous allons donc vous passer, pour la peine, une page de publicité.

Marketing à la plage

Thursday, September 24th, 2009

– Nous avons quelque chose pour vous !
–Oui ?
–Voilà… C’est un auteur qui recherche un personnage pour son prochain bouquin. Il vous recontactera prochainement.
– Mais…
– Je vous rappelle que vous êtes tenu d’accepter tous les emplois que nous vous proposons.
– Je sais, je sais… mais vous êtes vraiment sûr que je corresponds ? Et vous n’avez pas comme une impression de déjà lu ?
– Oh vous savez, moi, je suis fonctionnaire, le déjà vu, c’est un peu ma vie.
– Jolie phrase, je peux la noter ?
– Il faut pour cela remplir le formulaire 25bis sur l’utilisation discrète de phrases volées à des fonctionnaires et le 43.2 relatif à l’usage de clichés réducteurs.
– Bigre.
– Je ne vous le fais pas dire. Par ailleurs, je vous rappelle que les dialogues se prolongeant au-delà de cinq phrases sont formellement interdits par la guilde des lecteurs qui finissent toujours par ne plus savoir qui parle.
– Oui mais alors là j’ai une idée géniale.
– Allons bon.

Un chômeur, paresseux et pouilleux, comme ceux de son espèce:
Voilà, c’est tout de suite plus clair comme ça, non ?

Un fonctionnaire,
revêche et obtus mais ne le sont-ils pas tous ?
Mouais

Le chômeur, appelons le Wolfram
Je disais que j’avais comme une impression de déjà-lu

Le fonctionnaire, mettons Abelardo
Je sais, j’étais là.

Wolfram
Ah oui, je sais ! Le début du dialogue, là, c’est le même que dans une nouvelle ô combien passionnante, qui a brillamment été sélectionnée pour figurer dans l’ouvrage “Plumes bigarrées“, paru aux éditions Campiche !

Abelardo
35 textes sélectionnés sur 70 participants, c’est pas encore le Goncourt non plus, hein.

Wolfram
Tu dis ça parce que tu es jaloux parce que tu es un fonctionnaire aigri, mais moi je brûle de savoir ce qui va m’arriver dans la suite de cette magnifique épopée.

Abelardo
Une pauvre nouvelle qui tient sur trois pages, en plus, j’avais tout de suite deviné la fin.

Wolfram
Mais arrête ! arrête ! Tu vois pas que j’étais en train de faire de la pub, discrètement, pour l’ouvrage “Plumes bigarrées“, paru aux éditions Campiche, disponible probablement dans plein d’endroits super ?

Abelardo
Mon pauvre, ça va même pas te rendre riche et célèbre alors hein, j’ai d’autres chats à fouetter.

Un chat
Putain j’y crois pas, à chaque fois c’est sur ma gueule que ça retombe, j’en ai marre, je me casse au Mexique.

Abelardo
Et d’ailleurs, pourquoi on se tutoie ?

Wolfram
L’ouvrage “Plumes bigarrées“, paru aux éditions Campiche.

Abelardo
Tu l’as pas déjà fait, le titre, “Marketing à la plage” ?

Wolfram
Si mais sur un autre blog, alors ça compte pas.

Bande passante

Tuesday, September 22nd, 2009

Walburge était revenue positivement impressionnée du cinéma de sa petite ville, où elle se rendait dévôtement chaque vendredi soir. Le film projeté cette semaine-là, Julie&Julia, avait été pour elle comme une révélation. Enfin, elle avait trouvé sa voie : elle allait ouvrir un nouveau blog, se faire adapter au cinéma et, accessoirement, gagner des pétées de thunes.

Ne lui restait donc qu’à trouver un livre de cuisine, à en tester, jour après jour, toutes les recettes et à devenir célèbre. Elle ne s’arrêta pas sur “la Franche-Comté en 200 saucisses”, ignora superbement “la cuisine suisse facile” car elle digérait mal la papet, se dit que le temps qu’elle arrive au bout de “13 312 macarons pour épater les copains”, la mode serait passée, ne jeta même pas un regard à “kougloffs et autres trucs pâteux”, le best-seller de la rentrée culinaire.
Il faut dire qu’elle était aussi douée pour la cuisine qu’un journaliste sportif du Matin pour le… français. Elle pensait qu’une duxelle était une ville de Belgique, que le salpicon était une maladie honteuse, que la julienne était la femelle du Julien et que faire revenir des oignons, c’était toujours mourir un peu. Tant est si bien que la réputation de son blog, où elle testait chaque jour une page du livre “l’oeuf au plat facile”, ne dépassa qu’à peine les frontières de son cercle familial, à l’exception notable de quelques membres du club de cuisine de Chaumont en mal d’expériences nouvelles et de quelques pervers, car une statistique récente prouve que quoi que tu foutes sur internet, quelqu’un trouvera le moyen de tomber dessus en cherchant des trucs cochons.

C’est justement en constatant ce fait que Walburge eut l’idée géniale : ouvrir un blog sur lequel elle testerait chaque soir une page du kama sutra. Une idée couronnée de succès, qui prouve une fois de plus que l’internet est un merveilleux média qui permet à chacun de s’exprimer et de faire connaître ses talents pourvu qu’il y mette un peu du sien.

Lance et compte

Thursday, September 17th, 2009

C’était par un de ces jours de début d’automne où la grisaille ambiante incite à la mélancolie et à acheter des tas de trucs peu diététiques pour mettre un peu de gras pour l’hiver. Tout naturellement, je me suis donc rendu en Franche-Comté voisine, paradis de la saucisse, Nirvana du fromage (je sais pas si tu te rends compte, ils font de la Morteau au Comté (quand j’ai découvert ça, j’ai failli devenir croyant)). Je me rendis chez un charcutier traditionnel du lieu, un certain monsieur Leclerc, lequel vendait également, c’est cocasse, des billets de concerts.
Et c’est là que je réalisai que, contrairement à tant d’autres en ce mordoré septembre, Roch Voisine n’était pas mort, même si certaines mauvaises langues prétendront qu’artistiquement parlant, se produire à Montbéliard y ressemble beaucoup.
Roch Voisine qui lui aussi s’était fait connaître en se penchant sur cette période vaporeuse où l’été s’achève avec une chanson qui en dérange certains, mais je n’ai pas peur :

Roch Voisine – Hélène

Seul sur le sable les yeux dans l’eau

Ce qui est une position pour le moins inconfortable, surtout à marée montante.

Mon rêve était trop beau
L’été qui s’achève tu partiras

C’est l’histoire d’un amour de vacances, d’une histoire sans lendemain, mais à laquelle on repense les yeux plein de chagrin.

A cent mille lieues de moi

Là je m’excuse, mais il va falloir être un peu technique. Vous n’êtes pas sans savoir que Roch Voisine est québécois. On peut donc déduire qu’il parle de la lieue nord-américaine, soit 4,828032 kilomètres, et non de la lieue postale ou de la lieue marine, ni des bâtonnets de lieu du Cap’tain Igloo.
100 000 lieues équivalent donc à 482 803,2 kilomètres, soit 12 fois le tour de la terre et environ 2800 kilomètres, si vous me permettez d’arrondir, ce qui fait quand même pas mal. Si l’on admet que la plage dont on parle est située au Québec, car oui, il y a des plages au Québec, 2800 kilomètres ça fait soit plein d’endroits qu’on ne connaît pas aux Etats-Unis, soit quelque part à Cuba, nous dit cet outil de calcul de distance (qu’est-ce que tu crois, y a de la recherche, dans mes posts). Alors de là à se demander ce qu’elle peut bien venir foutre à la plage dans un pays qui n’est pas un pays mais l’hiver, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas parce qu’on risque de commencer à s’égarer.

Comment oublier ton sourire
Et tellement de souvenirs

Là, la réponse est assez simple, oublier un souvenir, par définition, on ne peut pas.

Nos jeux dans les vagues près du quai

Car ce n’est pas parce qu’on batifole fougueusement avec une accorte touriste qu’il faut oublier les règles élémentaires de sécurité. C’est un bien bel exemple que nous donne Roch Voisine.

Je n’ai vu le temps passer

Oui, là, je n’ai pas grand chose à ajouter, c’est sûr que s’il s’était ennuyé comme un rat mort, il n’en aurait peut-être pas fait une chanson.

L’amour sur la plage désertée

Là encore, bel exemple de civisme. Si vous aussi, chez vous, vous tenez absolument à faire l’amour sur la plage, attendez que les gens soient partis. Il y a tellement de monde en général qu’on risque de se rouler par mégarde sur le linge de bain d’un voisin. Et, dans ces moments-là, se retrouver nez à nez avec des dauphins qui s’ébrouent devant un coucher de soleil ou des chatons espiègles sous un parasol Ricard peut avoir des conséquences psychologiques irréversibles.

Nos corps brûlés enlacés

Par contre, là, on ne le répète jamais assez, protégez-vous, mettez de la crème solaire, sinon on meurt.

Comment t’aimer si tu t’en vas
Dans ton pays loin là-bas babababa

Skype, msn, voire twitter, mais c’est sûr que ça enlève assez vite le côté roulades sur la plage de la relation.

Hélène things you do make me crazy about you

Comme il est très énervé, limite nervous breakdown, il se met soudain à parler anglais sans crier station. Pour les non-anglophones, il dit Hélène les choses que tu fais me rendent fou de toi, ce qui est joli.

Pourquoi tu pars reste ici j’ai tant besoin d’une amie

Elle part parce que l’été s’achève, tu l’as dit au début de la chanson. En plus, vu la nature de vos jeux de plage, lier une relation d’amitié va s’avérer des plus délicats.

Hélène things you do make me crazy about you
Pourquoi tu pars si loin de moi
Là où le vent te porte loin de mon coeur qui bat

Alors moi je dis ça je dis rien, mais lui, s’il y mettait un peu de bonne volonté, il pourrait se faire engager comme gardien de hockey au CP La Havane et il serait plus si loin d’elle.

Hélène things you do make me crazy about you
Pourquoi tu pars reste ici reste encore juste une nuit

Et là tout s’explique, il veut lui faire rater l’avion juste pour une ou douze galipettes de plus. De là à dire ahlala c’est bien les mecs, il n’y a qu’un pas que je ne me refuse à franchir que par solidarité masculine.

Seul sur le sable les yeux dans l’eau
Mon rêve était trop beau
L’été qui s’achève tu partiras
A cent mille lieues de moi
Comment t’aimer si tu t’en vas
Dans ton pays loin là-bas
Dans ton pays loin là-bas
Dans ton pays loin de moi

Et là, j’aimerais citer le philosophe qui disait “La distance est à l’amour ce que le vent est au feu: Elle éteint le petit. Elle attise le grand.” Le même philosophe qui d’ailleurs disait”Je n’aime que deux choses, la rose pour un jour et toi pour toujours”, voire “J’aimerais être une larme pour naître dans tes yeux et mourir dans un vieux mouchoir sale.”

Etreintes délétères

Tuesday, September 15th, 2009

Il ne pouvait s’empêcher d’être un peu nerveux et la clope qu’il venait d’écraser, après trois bouffées à peine, témoignait de cet état. C’était pourtant idiot, il s’en rendait bien compte. Tous les jours, des gens font ça, recroiser des amis d’enfance, se remémorer de très vieux souvenirs, s’amuser ou s’effrayer de la manière dont leurs copains d’avant ont évolué. Pas de quoi se paniquer. Mais ils avaient tant vécu ensemble.

Il s’était imaginé ces retrouvailles bien des fois. Bien sûr, c’était surtout elle qu’il se réjouissait de voir. Bien sûr, c’était surtout elle qu’il appréhendait de voir. Elle, son premier amour, une histoire de gosses… dans les films américains, ils se reverraient, il y aurait des violons et voilà. Mais les films américains, il y avait longtemps qu’il n’y croyait plus. Depuis le jour où il s’était avoué que sa tentative de conquérir Hollywood avait échoué et qu’il était rentré, la mort dans l’âme et quelques rôles anecdotiques sur sa fiche imdb.

C’est dans l’avion qu’il avait eu l’idée de cette soirée, de ce rendez-vous dans vingt-cinq ans. Envie d’une bouffée d’enfance pour oublier. Envie de revoir ses vieux potes, Dipsy, qui travaillait aujourd’hui dans la mode et Po, devenue trompettiste. Et Laa-Laa, qu’il n’avait pas eue au téléphone, mais il était sûr qu’ils auraient tant de choses à se raconter.

Il arrive, lentement, avec cinq minutes d’avance. Les deux autres sont en retard. Il s’approche, timidement.
– Laa-Laa… tu n’as pas changé.
– Eh ho ! Laa-Laa n’a pas changé ! Laa-Laa n’a pas changé ! Oooooh Tinky Winky a beaucoup changé ! Tinky Winky a beaucoup changé !
– Ah merde… tu n’as VRAIMENT pas changé ?

Les chutes, quand il n’y en a qu’une, ça va, c’est quand il n’y en a pas que ça pose problème

Monday, September 14th, 2009

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs bonsoir et bienvenue à ces septièmes championnats du monde de mauvaise foi, des championnats du monde que nous nous réjouissons particulièrement de commenter ce soir, puisque la France part archi-favorite et pourrait même réaliser un doublé historique. Attention toutefois au candidat suisse, redoutable même s’il semble un peu émoussé après une saison où il s’est beaucoup dépensé…

Nous sommes, il faut le dire, un peu déçus du niveau technique de ce début de compétition, qui intervient peut-être trop tard dans la saison. Nous avons ainsi eu le droit à un “Mon chien a mangé ma feuille”, à un “C’est pas moi, je vous jure, j’étais en train de retendre mon piano”, certes bien exécuté mais un peu léger à ce stade de la compétition. Le candidat américain a même été disqualifié pour un “C’est la faute au 11 septembre”, qu’il avait déjà tenté l’an dernier, celui d’avant et toutes les années depuis 2001.
Rappelons tout de même que les championnats du monde de mauvaise foi sont les seuls où l’on n’invite que les plus mal placés à la conférence de presse et peut-être certains ont-ils volontairement visé le bas du classement pour pouvoir profiter d’un apéro gratuit. Pour reprendre les paroles du concurrent moldave, en tête avant le passage des favoris, “c’est la faute à la crise”.

Attention, voici le concurrent suisse. Va-t-il tenter la triple pirouette bancaire, toujours appréciée du jury, mais très difficile à réaliser ? Va-t-il se risquer à la double-vrille libyenne ? … c’est fou ! C’est incroyable, c’est le tournant de cette compétition, il se lance dans un “Je ne suis pas candidat, sauf si mon parti me demande de l’être”. C’est peut être efficace au niveau national, mais bien faible pour une compétition de cette envergure, la tactique du sacrifice inversé a fait le bonheur des helvètes pendant des années, mais on attendait plus d’originalité de ce concurren… Quelle déception pour nos amis suisses, mais quelle bonne nouvelle pour nous, voilà qui laisse la voie grande ouverte aux deux français, le tenant du titre, immense favori pour conserver son trophée gagné, faut-il le rappeler, avec son “Estelle, veux-tu m’épouser ?” encore dans toutes les mémoires, et le non moins redoutable challenger, récent champion de France, dont la technique dite de la potée auvergnate est redoutable.

Mais tout de suite, une page de publicité.

Paroles, paroles, paroles

Friday, September 11th, 2009

Quand un nouveau truc est inventé, il y a d’abord une phase où personne ne sait trop à quoi ça sert, avant qu’il devienne indispensable ou sombre définitivement dans l’oubli non loin de la cassette digitale et du fil à couper les corn-flakes.

Par exemple, quand Jean-Louis Aubert a inventé le téléphone : au début, il était seul dans l’annuaire et songeait sérieusement à résilier son abonnement. Puis quelques personnes suivirent son exemple, malgré le regard suspicieux des sceptiques qui leur disaient “ah mais vous êtes encore à causer de téléphone, là ? Moi je pourrais pas, je préfère parler aux gens dans la vraie vie, en plus il paraît que ça peut donner des maladies de l’oreille.” Puis de plus en plus de monde s’y mit, à tel point que le pauvre Graham Bell se suicida juste après avoir envoyé “kif” par sms au 8 22 22 (cette anecdote est toutefois peu connue).

Autre exemple, l’invention de la parole par Grahumgruhr en deux flopées et demi avant JC. Au début, il fut confronté au scepticisme ambiant qui a de tout temps accompagné les avancées scientifiques :

– Hé les mecs, je viens d’inventer un truc génial, la parole, ça va complètement révolutionner notre façon de communiquer !
– Grunt ?
– Pardon, pardon, je vais un peu vite en besogne. C’est tout moi, ça, je m’emballe, je m’emballe… Bon, commençons par un exemple pratique… Ça, viande. Ça, manger. Ça… ça, attends un peu que j’aie inventé le concept de religion et tu pourras plus le faire en pleine caverne aux heures des repas, dégoutant !
– Grunt…
– Non mais ça a l’air compliqué comme ça mais vous verrez, la prise en main est simple et après c’est super.
– Graou
– Oui alors je sais, j’avais déjà inventé un système de communication révolutionnaire basé sur le jonglage, ça n’a pas marché, soit, je persiste à dire que c’était intéressant, mais ce système-là, vous allez voir, c’est génial.

Puis de plus de plus de gens s’y mirent, développèrent ensemble ce terrain où tout était encore tellement à explorer qu’on pouvait faire une faute d’accord sans que personne ne se sente personnellement insulté.

– Oh les mecs, je viens d’avoir une idée.
– Une quoi ?
– Ah oui, c’est un mot que je viens d’inventer pour désigner un truc qui existe pas mais qu’on pense que ça pourrait être bien…
– Mais ça se mange ?
– Ah ben non…
– Bon c’est nul, on oublie.

Et très vite, tout le monde s’y mit:

– Alors là, selon une étude, il paraît que 75% des paroles échangées servent à dire des banalités.
– Ah tiens ?
– Oui et seuls 25% concernent des choses importantes comme la bouffe, la météo et tripoter des filles
– C’est peu.
– Certes, mais plutôt que banalité, je préfère utiliser le terme de “personal branding”, car les interactions sociales permettent de se situer quant au paradigme ascensionnel, comme le souligne la théorie communicationnelle de Grughrur.
– Grunt ?

Peur sur Philippe Lavil

Wednesday, September 2nd, 2009

En cette période de rentrée, c’est un peu la débâcle. La crise devait nous condamner à manger les cadavres des milliards de gens morts de la grippe cochonne. Or, des sources aussi fiables que le Matin nous informent que la première est en train de s’essouffler comme le premier footballeur suisse venu, tandis que la seconde semble n’être qu’un gros rhume. Pas de quoi fouetter un canard.

Oui mais voilà: de tous temps, l’homme a toujours trouvé de bonnes raisons d’avoir peur, le noir, l’orage, les araignées, les serpents, l’an mil, le communisme, le nouvel album de Gérald de Palmas. Et autant celui dont la phobie est rare, qu’il ait peur des chauves, de la crème brûlée ou des maracas, se sent isolé et un peu ridicule, autant rien de tel qu’une bonne hystérie collective pour relancer l’économie et parler d’autre chose que de météo avec son voisin de train. S’il ne faut plus être effrayé ni par la grippe ni de la crise A(H1N1), de quoi peut-on bien peur en cette fin d’année 2009 ?

10
Des Irlandais. Cette information est passée inaperçue, preuve que les médias tentent une fois de plus de nous cacher la vérité, mais les Irlandais ont enregistré l’an dernier une forte hausse de la natalité. Selon un rapide calcul basé sur les méthodes mathématiques de l’UDC, d’ici à 15-20 ans, 97% de la population européenne devrait être irlandaise, boire de la bière, jouer au rugby et parler une langue bizarre avec les cheveux roux et, pire encore, s’appeler Patrick.

9
Des Jamaïcains. Selon la même méthode de calcul, Usain Bolt et Asafa Powell devraient passer sous les 9 secondes sur 100 mètres avant la fin de l’année, sous les 7 secondes avant les JO de 2012 et, d’ici à ceux de 2016, ils devraient être en mesure de dépasser la vitesse de la lumière et donc de remonter dans le temps. Pas besoin de vous expliquer à quel point ceci est dangereux.

8
Des vidéos de chaton sur internet, manifestement placées là pour détourner notre attention des complots qui se trament en douce.

7
Des chevaux. Après l’encéphalite spongiforme bovine, la grippe aviaire et la grippe porcine, tout semble indiquer qu’ils préparent le coup de grâce.

6
De Laurent Romejko. Ce mec qui n’a pas changé de tête depuis 132 ans et qui présente Des Chiffres et des Lettres et la météo avec le sourire mijote forcément quelque chose.

5
De la rentrée littéraire. Savoir que Beigbeder a écrit un nouveau livre, ça me colle des frissons.

4
Des titres de films français, probablement placés là pour faire passer un message mystérieux à une puissance extra-terrestre en observation qui n’attend que “Les clés sont sur la commode du salon” pour lancer son offensive finale.

3
Des jeunes, qui vont forcément devenir vieux plus tard et forcer le monde entier à écrire en sms et à se taguer sur facebook.

2
Des vaches.

1
Des top 10. Il y en a partout, dans les magazines, sur les blogs, et le prochain passage à l’an 2010 ne va faire qu’augmenter cette tendance. Si l’on n’y prend garde, ils seront bientôt partout et ce sera terrible. Et en plus, y a toujours un moment où tu galères pour finir.