La scène se passe un soir de Noël. Une jeune fille aperçoit M. Noël Lepers en train de mettre des trucs sous le sapin et l’harangue ainsi: “Oh zyva papa, tu sais bien que je crois plus au père Noël, truc de fou”
Quand soudain, tout à coup, sans tambour ni trompette, sans crier gare ni aéroport, son père apparaît, ce qui fait une phrase pas très jolie à prononcer. La jeune fille le regarde, un je-ne-sais-quoi d’incompréhension dans le regard et lui dit: “Oh zyva, t’étais en père Noël y a deux secondes, truc de fou”
Faisant fi des bonnes manières, elle déballe immédiatement le cadeau déposé sous le sapin par l’employé du mois de la coca cola company et se saisit, ô merveille de la communication, d’un natel portable avec des sonneries je-sais-pas-quoi et des fonctions de la mort. Elle s’écrie alors, prouvant ainsi que jusqu’ici elle vivait recluse, sans téléphone portatif, pauvre enfant égarée, et kel coné pa enkor tro bi1 la teknoloji modern: “en plus, il peut même envoyer des messages, truc de fou”
Pendant ce temps là, mais uniquement sur les écrans cinématographico-helvétiques, un jeune homme est assis dans une gare. Il a un t-shirt des sex pistols, parce que c’est trop un rebelle, viva l’anarquia, la propriété c’est le vol, fuck la societé et god save the queen. Ou alors parce qu’il aime bien les sex pistols, je sais pas trop, personne pense à lui demander.
Mais ce jeune révolutionnaire vit tout de même avec son temps. Il sort donc son téléphone cellulaire, qu’il appelle handy parce qu’il est suisse allemand, en tout cas il est dans une gare suisse allemande. Il trifouille alors l’ingénieux appareil pour en faire ressortir la quintessence musicale. Quoi, se dit pendant une fraction de seconde le cinéspactateur, the exploited et les clash auraient composé des symphonies pour natel (4 francs 23 la minute)? En même temps, se dit, toujours pendant la même fraction de seconde le même cinéspectateur, les autres ils s’en foutent ils mangent des pop corn, même pas attentifs à la pub les gens de nos jours, franchement où va le monde si on regarde même plus les pubs, le punk, musicalement, c’est assez proche du nokia.
Mais bon, en fait, le jeune foutriquet, celui de la pub, pas celui qui la regarde, essayez de suivre, c’est quand même super simple, écoute des sonneries de trucs à la mode, dont the rasmus, le truc presqu’aussi énervant qu’evanescence au bout de la 63e écoute. Ce qui prouve que c’est encore un de ces gens qui mettent des t-shirts des sex pistols et qui font même pas des trucs passionnants comme boire de la bière à 50 centimes, lancer des bouteilles vides sur des agents de la police et se shooter aux lacrymos, tout ça dans l’espoir d’avoir un jour un monde meilleur. Lui en fait, c’est un rebelle de supermarché qui a un natel vachement cher que papa lui a offert quand il a fait une bonne note en rédaction, même que l’intitulé de la rédaction c’était : racontez vos vacances de noyel en langage sms, faut bien que les profs vivent avec leur temps, non mais.
Et bon, à la fin de la pub, pour ceux que ça intéresse et qui suivent encore, le type va prendre son train, il prend son galurin et constate qu’il y a plein de sous dedans, ahaha, c’est hilarant, en Suisse on est trop des bêtes question pub. Et il fait un sourire niais et des gens lui font aussi un sourire niais, un de ces sourires qui veut dire ça fait vingt minutes que t’emmbêtes le monde avec tes sonneries polyphoniques corses, je te pèterai bien la gueule à coup de tractopelles, mais dans le scenario de la pub je dois te faire un de ces sourires un peu niais et indulgent alors je me retiens sinon je touche pas mon salaire gargantuesque avec lequel je vais pouvoir m’acheter des bagues en velours, en plus y a pas des masses de tractopelles dans le coin.
Moralité: la pub c’est informatif et intelligent, les téléphones c’est pratique quand on doit passer un coup de fil, noël c’est merveilleux et ce texte il est vachement long.