Archive for June, 2008

La philo selon Philippe dans le boudoir

Saturday, June 28th, 2008

Le facétieux NUT me suggère de traiter un des sujets du bac philo français de cette année. Et ça tombe bien, car dans les différences culturelles entre la Suisse et la France, y a le bac philo. Je veux dire, on en passe bien un et tout, mais ça fait pas la une de tous les journaux du pays le lendemain, alors qu’au mien j’avais dit un truc super, je crois.

Allez, il fait beau, les oiseaux chantent, la vie est belle, soyons fous, soyons dispendieux, tous les sujets. D’un seul coup.

La perception peut-elle s’éduquer ?
Bien sûr. Les percepteurs sont des gens comme les autres, eux aussi, ils ont passé leur bac, ils ont commencé par le bac philo si ils sont français et ils ont raconté n’importe quoi, comme vous et moi. Ensuite, ils ont rejoint l’Ecole Nationale Supérieure des Percepteurs et là, on leur a donné des notions de comptabilité, de torture physique et mentale et on les a fouettés quotidiennement avec des harengs morts.

Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?
Oui, mais pour qu’il accepte que tu le dissèques il va falloir jouer de malice.

Expliquer un extrait des Cahiers pour une morale de Sartre.
Un extrait des Cahiers pour une morale de Sartre est un court passage d’un livre intitulé les Cahiers pour une morale écrit par un philosophe myope intitulé Jean-Paul Sartre.

L’art transforme-t-il notre conscience du réel ?
Oui.

Y a-t-il d’autres moyens que la démonstration pour établir une vérité ?
Toi, tu as jamais regardé TF1 !

Expliquer un extrait de Le Monde comme volonté et comme représentation de Schopenhauer.
Le Schopenauer, c’est pas une sorte de petit chien ?

Peut-on désirer sans souffrir ?
Tout dépend si on est adepte du SM ou pas.

Est-il plus facile de connaître autrui que de se connaître soi-même ?
Bien sûr, car on peut regarder son profil facebook.

Expliquer un extrait de De la démocratie en Amérique de Alexis de Tocqueville
Alexis je le connais pas, mais la démocratie en Amérique, c’est bien.

On peut rire de tout, sauf de Marek Jankulovski

Wednesday, June 25th, 2008

Moi j’aimerais savoir où se situe la frontière entre les deux-bises et les trois-bises dans les Bouches-du-Rhône, s’interroge fort à propos le sémillant Sébi.

Il existe de par le monde de nombreuses façons de se saluer (voir figure 4). Mais comme les endroits où l’on saute sur un pied en glapissant sont plutôt rares, on peut en distinguer trois principales. La poignée de main existe en deux variantes principales: celle où tu as l’impression de palper un poisson mort et celle où tu as l’impression qu’on cherche à te débarrasser de tes doigts. Dans les ascenseurs des grandes villes, on pratique une forme de salut appelée tiens je vais faire semblant de regarder par terre en tirant un peu la gueule.

Enfin, la bise. Qui peut être un peu gênante quand on a 12 ans et qu’on doit la faire à Bengi G., dont on est secrètement amoureux, mais sinon non. Là aussi, il existe plusieurs sortes de bises, la baveuse, la qui pique, la où en fait tu embrasses pas la personne que tu salues mais l’air qui l’entoure. Or, la bise est l’un des derniers bastions du régionalisme. Elle résiste tant et plus aux effets pernicieux de la mondialisation. Certains la doublent, d’autres la quadruplent. Le Suisse, adepte du consensus jusque dans les moindres détails, la triple parce que deux ça fait mesquin et quatre prétentieux. (Il faut savoir qu’en Suisse, on tape toujours un peu au milieu, sauf en football)
Il est très important, avant de partir en voyage, de se renseigner. Pratiquer la triple bise dans une région double bisière peut avoir des conséquences pour le moins fâcheuses. Des témoins sérieux affirment, après avoir longuement hésité, deux bises, trois bises, quatre, douze, que faire, que faire, avoir été obligés de passer à d’autres formes de salutations qui ne font pas l’objet du présent post, et s’être réveillés dans le même lit alors que les draps de la chambre d’amis étaient propres, c’est ballot. (Il faut à ce propos constater que la conversation qui s’ensuivit alors, comment ça chez vous c’est une seule ? chez nous c’est au moins huit !, n’a aucun rapport avec le régionalisme, mais avec un dernier bastion de l’égalité des sexes qu’il serait urgent de combattre)

Mais alors, où se situe la ligne de démarcation entre doublette et triplette ? J’aimerais pour cela paraphraser Lao Tseu et citer la réponse qu’il fit à Confucius, un soir que ce dernier, après une soirée bien arrosée, lui demandait où on pouvait sortir un samedi soir, dans cette région, réponse un peu audacieuse, certes, mais dont l’efficacité humoristique ne s’est jamais démentie depuis, comme te le prouvera un passage rapide sur bashfr:

On sait pas trop

Toi aussi tu as des questions ? Envoie un mail à un.kougloff.pour.la.12(AT)bonpourtonpoil(POINT)ch, par contre je te préviens j’en ai au moins plusieurs de retard.

Po Po Po Po Po Po Po

Tuesday, June 24th, 2008

Pourquoi, donc ?

Seven Nations Army

(paroles trouvées ici, traduction faite avec l’aide de ici parce que bon)

I’m gonna fight ’em off

Je vais leur marave la face
Les mauvaises langues diront que c’est pour ça que cette chanson plaît tant aux amateurs de foot. Elle parle d’un jeune homme très énervé, qui décide de régler ce problème par la violence.

A seven nation army couldn’t hold me back

Une armée de sept nations ne pourrait me retenir
Il est vraiment très énervé. Même si c’est des petites nations, genre les gardes suisses et la garde impériale liechtensteinoise, ça fait du monde.

They’re gonna rip it off
Taking their time right behind my back

Ils vont tout faire foirer
en prenant leur temps dans mon dos

Il s’agit en fait d’un avant-centre qui attend que ses coéquipiers tirent un coup-franc, ils ont mis au point une combinaison très subtile avec déviation, feinte et pitchenette, mais ça implique de jouer vite sinon comment veux-tu ?, du coup le jeune et impétueux avant-centre est très agacé et se loupe en beauté.

And I’m talking to myself at night
Because I can’t forget
Back and forth through my mind

et je parle tout seul, la nuit, parce que je ne peux oublier. ca va et vient dans ma tête
Vraiment très agacé. Et même un peu perturbé.

Behind a cigarette

Derrière une cigarette
Je rappelle aux enfants que fumer, c’est mal, surtout si on est avant-centre.

And the message coming from my eyes
Says leave it alone

Et le message qui vient de mes yeux dit laisse tomber
Je pense qu’il se repasse la vidéo du match et qu’il se rend compte que ses coéquipiers sont quand même bien branquignoles.

Don’t want to hear about it

Je ne veux plus en entendre parler
Voilà il se calme un peu, mais quand même

Every single one’s got a story to tell

Tout le monde a une histoire à raconter
Surtout que c’était quand même un match important, genre quart de finale de la coupe neuchâteloise, tu vois, alors ça fait la une de tous les journaux, et l’avant-centre, ça l’énerve derechef

Everyone knows about it
From the Queen of England to the hounds of hell

Tout le monde en a entendu parler, de la reine d’Angleterre aux chiens de l’enfer
Vraiment un match très important, les chiens de l’enfer, ils s’intéressent pas trop aux parties pourries, ils ont trop de boulot avec tous ces gens qui essaient de faire demi-tour et tout.

And if I catch it coming back my way
I’m gonna serve it to you

Et si ça revient sur ma route, je vous la servirai
La prochaine fois, pour se venger, c’est lui qui tirera un coup-franc tout pourri. C’est un peu radical, je trouve, mais on n’est pas là pour prendre position.

And that ain’t what you want to hear,
But that’s what I’ll do

Et ce n’est pas ce que vous voulez entendre, mais c’est ce que je ferai
Il a au moins le courage de ses opinions.

And the feeling coming from my bones
Says find a home

Et le sentiment qui vient de mes os dit trouve une maison
C’est un jeune avant-centre, il habite encore chez ses parents et là son père lui dit “non mais je t’ai pas payé toutes ces années d’études de footballeur pour que tu pétouilles sur le premier coup-franc venu, vraiment, tout se perd dans cette baraque”, alors ça l’agace encore plus et il décide de déménager.

I’m going to Wichita
Far from this opera for evermore

Je vais partir à Wichita, loin de cet opéra pour toujours
Il décide de partir dans un coin où tout le monde s’en fout du foot.

I’m gonna work the straw

Je vais travailler la paille
et de devenir fermier

Make the sweat drip out of every pore

Faire la sueur sortir de chaque pore
Un métier très physique

And I’m bleeding, and I’m bleeding, and I’m bleeding
Right before the lord

Et je saigne et je saigne et je saigne devant le Seigneur
Mais dangereux, des fois on peut se couper avec la ficelle des bottes de paille et des fois, on a des voisins catholiques.

All the words are gonna bleed from me
And I will think no more

Tous les mots vont saigner de moi et je ne penserai plus
Il va oublier ces conneries de match et tout.

And the stains coming from my blood
Tell me go back home

Et les taches venant de mon sang me disent de rentrer à la maison
Il se rappelle que sa maman faisait une super blanquette, mais comme il peut pas trop dire ça il dit ahlala j’ai saigné et ça a fait une tache en forme de la maison, alors c’était un présage et il rentre.

C’est une chanson pleine d’espoir et de pardon. C’est donc pas la peine de la brailler comme ça, tu vois bien.

Jack Lang de putisme

Monday, June 23rd, 2008

Les restos indiens, c’est sympa, mais ça n’a qu’un maigre rapport avec la bouffe qui te ravit le palais et déchiquette l’oesophage à Bombay.

Du coup, en apprenant que ton village allait organiser pour la première fois la fête de la musique, avec l’ensemble municipal de fifre et la présence exceptionnelle de DJ Maurice, tu t’es peut-être dit tiens, si j’allais voir comment c’est, la vraie fête de la musique, à Paris.

Il ne faut pas. Je peux tout t’expliquer.

Le truc, c’est que quand nous, on imite sans connaître, on part naïvement du principe que la fête de la musique doit avoir un rapport avec la musique. Donc on organise des concerts un peu partout, c’est joli, y a la fanfare de l’école primaire, c’est festif, y a un groupe de ska mal accordé.

A Paris, ça se passe complètement différemment. Le principe est de boire de la bière jusqu’à environ le début de la nuit, de lancer les bouteilles par terre pour préparer la fête de la voirie qui a traditionnellement lieu le 22 juin et la fête des podologues qui aurait pu avoir lieu au moment où tu as posé le pied sur un tesson gros comme ça (voir figure 1), heureusement habilement stoppé par ta semelle orthophonique (voir figure 2), parce que comme tu n’es pas parisien, tu n’as pas développé les réflexes de fakirisme nécessaires pour bien appréhender cette fête.

Quand ils ont suffisamment bu, les gens chantent. Mais pas n’importe quoi. Ils se lancent dans une réinterprétation libre et audacieuse de Seven Nations Army. Pour exprimer leur anticonformisme, leur rejet d’une musique ancrée dans des considérations archaïques, ils rejettent toute notion de gamme ou d’harmonie. Pour signifier leur haine de la société consumériste, ils se passent délibérément d’instruments, marquant le rythme en tapant sur les vitres, les parois, les voisins. Une chanson popularisée par les supporters de foot, que le monde de la rue reprend et magnifie pour en faire un hymne à la joie moderne (ou alors c’est juste que les parisiens ils ont tellement pas l’habitude qu’ils savent pas que si y a pas de ballon ni de Jérome Rothen, c’est pas un match du PSG et que y a donc aucune raison de chanter Po Polopopopo Po, ta gueule, merci).

Bien sûr, à première écoute, ce n’est pas beau. Mais le Beau ne se définit-il pas en vertus de canons ancrés dans un présent toujours fugace, alors que l’Art est sempervirent, ou pas vraiment ?

La question est donc, pourquoi cette chanson plutôt que, par exemple, la petite Charlotte ?, mais ce post étant déjà long comme les sanglots du mec qui se rend compte que tiens, ce truc qu’on entend, c’est pas des hollandais déçus par l’élimination de leur équipe qui décident de manger un bébé pour se détendre, mais bien un groupe en train de reprendre le bonne du curé au violon à 21 centimètres de la table où il avait enfin réussi à s’attabler, je vais te faire le terrible affront d’un

A SUIVRE

(pour fofo: la version originale et la version Kop moyen)

Edit:
Non mais c’est de l’autofiction hein, y a eu de très bons moments


Moriarty – Jimmy – Fête de la Musique 2008
envoyé par kur0sagi

(je me souviens d’un temps où les gens auraient sorti leurs briquets, pas leurs portables)(mais ça brûle les doigts, après)

Miss Domenech

Wednesday, June 18th, 2008

Grand test psychologique:
Êtes-vous Raymond Domenech ?

Vous allez manger chez un voisin…
vous amenez votre propre nourriture et critiquez la déco
vous n’osez pas critiquer son bavarois d’huitres flambées à l’ouzo car votre dessert, des blinis de hareng, est presque aussi mauvais
vous lui demandez si vous pouvez emmener quelques amis retraités
vous n’avez pas de voisins

Votre voisin vous fait remarquer que pas terrible, votre dessert
Vous demandez quelqu’un en mariage pour détendre l’atmosphère
Vous vous moquez de lui pour détendre l’atmosphère
Vous fondez en larmes pour détendre l’atmosphère
Vous faites remarquer pour détendre l’atmosphère que votre four était italien

Pour vous faire sourire il faut…
torturer un journaliste
une bonne blague, de préférence racontée par vous
Florent Pagny chante Brel
tirer très fort

Soudain, un inconnu vous offre des fleurs
Il a probablement un truc à se faire pardonner
Je ne parle pas aux inconnus
Je ne parle pas aux fleurs
Je me moque de lui

Au restaurant, on vous demande si fromage ou dessert
Vous consultez votre horoscope
Vous quittez le restaurant furieux
Vous vous moquez du serveur
Il y a du gorgonzola et du tirami su, vous déclarez donc être au régime

Vous envisagez d’appeler vos enfants
Victoire, parce que c’est pas courant
Claude, Lilian et Patrick
Si je les appelle, c’est pas à toi que je vais le dire, c’est du domaine du privé
Alessandro, et après je les vendrai

Sur une île déserte, vous emporteriez
Quelques retraités
Des fruits
Non mais vraiment, tu n’as pas plus original comme question ?
Vous tenez d’abord à préciser que c’est tout de même étonnant que ce soit justement votre bateau qui ait coulé, comme par hasard, mais je dis ça je dis rien

Vous avez oublié de faire vos devoirs de géométrie politique
Des roumains ont mangé mon cahier
Les marges étaient trop petites
Il faisait chaud
L’important, c’est d’être prêt le jour du bac

Voilà. Comptabilisez vos réponses. Si vous êtes prêt à déclarer sous serment et sans sourciller que vous n’avez fait ce test que pour préparer le suivant, vous êtes peut-être Raymond Domenech mais franchement, je pense pas.

Participe hâtif

Tuesday, June 17th, 2008

L’autre jour, sur M6, il y avait une nouvelle émission très intéressante: après un match de foot, ils avaient laissé tourner une caméra dans un bistrot et on pouvait entendre les conversations des gens.

En fait, j’ai appris que pas du tout, ces gens sont en fait des journalistes (voire des chanteurs). Et ils ne racontent pas n’importe quoi sur des matches qu’ils n’ont pas vus, non, ils les analysent à chaud. Tu noteras que la différence est ténue.

Et que mon exemple est mal choisi. Parce que je voulais te parler du nouveau truc à la mode: le participatif. (Bon ok, c’est plus vraiment nouveau. Mais c’est à la mode.)

Ton journal préféré a vite redécoré sa vieille page courrier des lecteurs et lui a donné un titre pompeux, mais sinon c’est comme avant. Ta radio donne la parole à un auditeur tous les matins, sauf que c’est toujours les trois mêmes qui appellent. Tout le monde se lance dans le participatif et tu connais un restaurant super hype, à Paris, où tu peux toi même apporter tes propres aliments et les cuisiner, c’est génial et en plus c’est pas très cher.

Afin de masquer un manque d’inspiration de plus en plus récurrent mais oh je voudrais t’y voir, toi, après 1’003 postsprendre le train de la modernité dans la gare du 2.0, wagon-restaurant voie de la sagesse (oui oh ben ça va, fais-en des métaphores filées, toi) et de te permettre une plus grande interactivité dans le domaine du bloggisme, j’ai décidé de lancer une grande expérience de Bonpourtonpoil participatif.

Bon en gros, s’il y a des questions qui t’interrogent, quelque part, genre qu’est-ce qu’il veut dire, Christophe Maé, dans ses chansons (ah non, ça, quelqu’un l’a déjà fait), qui a inventé la machine à coudre et surtout pourquoi, c’est quoi au juste un hedge found, comment on fait les bébés, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien, on bouffe quoi ce soir ?, tu m’envoies un mail à l’adresse suivante :
un.kougloff.pour.la.12(AT)bonpourtonpoil(POINT)ch

Et j’en ferai peut-être un post.
Mais peut-être pas.

Berne, bon voisin

Friday, June 13th, 2008

Alors que l’Euro 08 se termine pour l’équipe de Suisse sur un bilan bien plus 0 que 8, et que le vrai tournoi peut enfin commencer, penchons-nous, jeune guedin, sur l’origine d’une expression ô combien de circonstance:
Mettre les drapeaux en berne.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Le nationalisme n’a pas encore été inventé, mais les gens ont déjà, au fond de leur coeur, le sentiment fugace et indistinct que les étrangers sont des cons malpolis et un peu sales. Ce qui est vrai, la politesse a été inventée vers le 18e siècle et la propreté quelques années après la plomberie. Par contre, les drapeaux, il y en a déjà plein partout. Ils permettent aux héraldistes de se la ramener en racontant des trucs comme de sable et de gueules sur chevron de sinople.

Vers environ le centre de l’Europe, un petit état dirigé par un bailli, c’est dire si c’est pas un état sérieux, décide d’organiser de grandes joutes où tous les nobles du continent viendraient s’affronter et se friter, et où tous les spectateurs du continent viendraient manger des saucisses et des frites.

Les jouteurs montent sur leurs grands chevaux et accourent des quatre coins de l’Europe, sauf du coin en haut à droite, peuplé de sauvages et de barbares. Leurs blasons claquent fièrement aux vents.

Les joutes commencent, l’organisation est parfaite, tout le monde s’amuse, même les perdants, sauf les perdants décédés qui sont toujours un peu rabat-joie. L’organisation est parfaite, jusqu’au jour où quelqu’un demande ok, mais et si il pleut ?

Et en effet, quand la pluie se met à couvrir hommes et bêtes de son manteau nacré, c’est la gabegie. Le terrain de joute devient impraticable, les chevaux ne tiennent plus sur leurs fers, c’est l’enfer. Les jouteurs refusent de jouter dans ces conditions et décident de regagner leurs pénates et leurs pays, abandonnant sur place les bagages superflus et ne ramenant même pas de souvenirs tellement ils en ont gros. Les organisateurs se retrouvent alors les bras flanqués de moult blasons et décident de flanquer les drapeaux en benne. Et le bailli aux corneilles, dans la foulée, histoire de se détendre un peu.

Des années plus tard, relatant l’histoire, un scribe fantaisiste décida de remplacer benne par berne. Et d’ajouter que les chevaliers portaient parfois des souliers de verre, aussi. Et de remplacer tous les chevaux par des poneys Shetland.

Madame rêve de fougères (parce qu’elle se drogue, probablement)

Wednesday, June 11th, 2008

A priori, chercher le sens des paroles d’une chanson écrite par Gaëtan Roussel pour Alain Bashung, c’est un peu comme chercher un sourire sur le visage de Raymond Domenech ou un éclair de génie dans le jeu de Marco Streller. Parce que bon, des scientifiques prétendent avoir découvert des gens qui auraient compris une chanson de Louise Attaque, mais personne n’a jamais pu le prouver, alors les deux en même temps, hein ?

Mais des fois, on te lance des gants que te te crois obligé de relever, jeune présomptueux, quand bien même ça te prend une semaine. Donc quand faut y aller, faut y aller.

Résidents de la République (G. Roussel)

Le titre fait immédiatement penser à la République et canton de Genève. Il s’agit donc d’un hommage au plus beau canton du monde.

Un jour je t’aimerai moins
Jusqu’au jour où je ne t’aimerai plus

Loin de moi l’idée de vouloir critiquer la forme, même si on ne peut décemment pas tout mettre sur le compte de la licence poétique. En plus, on comprend bien l’idée: Genève a beau être la plus belle ville de l’Univers, y a un jour où tu en as un peu marre, c’est comme tout, sauf les cacahuètes au wasabi et deux trois autres trucs aussi.

Un jour je sourirai moins
Jusqu’au jour où je ne sourirai plus

Là, c’est toujours la même idée, et c’est sans doute pour ça que des gens pernicieux prétendent que les Genevois ont tendance à faire la gueule.

Un jour je parlerai moins
Jusqu’au jour où je ne parlerai plus

Lui, du coup, comme tout le monde fait la gueule et qu’il aime faire les choses à fond, ce qui l’honore, il décide de faire carrément voeu de silence.

Un jour je courirrai moins
Jusqu’au jour où je ne courirrai plus

Je te jure que sur le site officiel, c’est écrit courrirai. Donc c’est juste. A mon avis, si il courira moins, c’est grâce au nouvel horaire de bus.

Hier on se regardait à peine
C’est à peine si l’on se penchait
Aujourd’hui nos regards sont suspendus

Là je t’explique, c’est une chanson terriblement visionnaire. C’est un hommage au ballon qu’ils ont mis au-dessus du jet d’eau pendant que des gens jouent au foot, pour leur rappeler que y a un jet d’eau et qu’ils sont là pour jouer au foot, si tu comprends pas de quoi je parle clique ici, et qui est dégonflé environ neuf jours sur dix. Du coup, des fois il faut se pencher pour le regarder et des fois pas.

Nous résidents de la république
Où le rose a des reflets de bleu

N’empêche, le coucher de soleil sur le lac Léman de Genève, ça poutre.

Résidents, résidents de la république
Des atomes, fais ce que tu veux

Par contre, le CERN, on s’en fout.

Un jour je te parlerai moins
Peut-être le jour où tu ne me parleras plus

Bon ça c’est logique, sinon on se retrouve à parler tout seul et ça, ça fait pas sérieux. Et nous, en Suisse, on aime pas trop trop avoir l’air pas sérieux.

Un jour je voguerai moins
Peut-être le jour où la terre s’entrouvrira

Par exemple, on ne fait jamais de voile quand la ville vient d’être détruite par un tremblement de terre, sinon les voisins risqueraient de médire.

Refrain

Bref, je pense que j’aurais plutôt dû chercher à comprendre La nuit je mens, ou comment on met des bateaux dans des bouteilles.

FAQ the system, saison II

Friday, June 6th, 2008

La saison I était ici

Je viens de me promener en Suisse et je viens de voir plein de voitures avec des petits drapeaux dessus. Il y a vraiment tant de diplomates que ça, dans ce pays ?
Que nenni, que nenni. L’UEFA Euro 2008 ™, qui commence demain dans ce verdoyant pays, coûtant très cher à organiser, et même à co-organiser, se réjouir est un devoir national. Les Suisses étant des gens très à cheval sur les principes, ils s’ingénient à prouver qu’ils se réjouissent mieux que leur voisin.

Ok mais que va-t-on faire de tous ces drapeaux une fois la Suisse bêtement éliminée ?
Premièrement, sache que, sur une série de malentendus, la Suisse peut très bien gagner Roland Garros cette année. Mais pour répondre à ta question, jeune irrespectueux, je pense que tu peux très bien t’en servir pour tapisser le fond de la caisse de ton chat.

Dans ce post sur l’euro austro-suisse, y aura-t-il des blagues sur les caves ?
Ce n’est pas le genre de la maison, je suis claustrophobe.

Mais dis-moi que deviennent que deviennent les valses de Vienne ?
Je crois qu’elles ont été annulées quand une horde de supporters moldaves sont entrés en hurlant “Strauss, enculé”

Je trouve que ça ne parle pas tellement de foot, ici, pourquoi ?
L’UEFA a strictement interdit à quiconque de parler de foot pendant l’Euro, à moins de citer le nom de tous les sponsors de l’événement, de porter un t-shirt officiel et d’être roux.

Mais jouer au foot dans le jardin avec des copains, on peut ?
Oui, mais après chaque but, vous devrez tous chanter les slogans publicitaires de tous les sponsors de l’UEFA Euro 2008(tm)

Et est-ce qu’on est aussi obligés de chanter Champs Elysées chaque fois que Ribéry marque ? Parce que moi, Michel Drucker…
Orange étant sponsor officiel de l’UEFA Euro 2008(tm), et l’orange étant la couleur du modem, je te conseille quand même de plutôt chanter “le petit bonhomme en mousse”. Mais le mieux, ce serait quand même que Ribéry ne marque pas du tout.

Je suis journaliste au Tapin. Ca fait un mois que je fais des articles sur ce que mangent les joueurs de l’équipe suisse, la couleur des draps de l’hôtel des joueurs de l’équipe suisse, la concierge de l’hôtel des joueurs de l’équipe suisse. Là, j’hésite entre faire une dépression nerveuse et un article sur les savonnettes préférées des joueurs de l’équipe suisse. Que faire, que faire ?
Non mais dès dimanche, tu auras le droit de parler de matches aussi un peu, et sinon le monde entier se demande si les joueurs de l’équipe suisse préfèrent les fléchettes ou le baby-foot.

Je suis entraîneur de l’équipe nationale d’un petit pays d’Europe centrale. Ca fait 4 ans que je réponds “l’important, c’est d’être prêt le 7 juin” à toutes les questions qu’on me pose, y compris “vous avez l’heure” et “qu’avez-vous pensé du dernier album de Lorie”. J’avoue que je suis un peu inquiet, que vais-je faire le 8 juin ?
Des crêpes.

Faut-il dire corner, coup de pied de coin ou frötj ?
Il faut dire Il y avait 6 mètres, là, mais évidemment, avec un arbitre suédois…

Mais pourquoi il fait la gueule, au juste, Raymond Domenech ?
Parce que l’important, c’est les trois points, alors que lui, il aurait préféré ce soit la rose, car c’est le dernier grand romantique.

Comment je me suis presque prostitué (ma vie textuelle)

Monday, June 2nd, 2008

Même si, certains jours, en période glaciaire, il lui arrivait de ne pas manger ses cinq légumes, l’homme préhistorique menait une vie saine et proche de la nature. Jamais il n’attrapait le cancer du natel ou autre maladie honteuse liée aux turpitudes de la vie moderne.

Mais ne va pas croire, pourtant, que son quotidien était sans dangers (ou alors si tu y vas quand même, tu pourrais me ramener des pâtes ?, parce que avec cette pluie). Chasseur de mammouth, c’est un métier avec une énorme prime de risque. Sauf que comme les primes se payaient en mammouth, c’est un peu le serpent qui se mord la queue, sauf que c’est pas un serpent. Et que jamais un mammouth, en imaginant qu’il soit assez souple, ne ferait ça. Un serpent non plus, d’ailleurs, mais je sens qu’on se perd, là.

La médecine n’existait pas encore, le chasseur blessé par un mammouth tragique le restait longtemps, sauf s’il finissait mort. Le socialisme n’existait pas encore, les chasseurs se gardaient sans remords les meilleurs morceaux et, las, l’alité se languissait, livide, léchouillant une laitue, lacérant un lapin laineux pour en laper l’os. (On appelait ça une alité-ration).

Or, il advint qu’un jour le dénommé UhGruhrrrrrrrrrrrrrrr, une feignasse qui avait à coeur le bien-être de ses pairs, lança une idée révolutionnaire: l’assurance. Toutes les semaines, les chasseurs payeraient un cuissot de mammouth. Puis, le jour où ils viendraient à subir un accident, ils auraient le droit à 4 cuissots / mois, pendant toute la durée de leur blessure.

A condition bien sûr qu’elle dure moins de trois semaines, et à l’exception des huit premiers jours. Et elle devait survenir dans l’exercice de la chasse au mammouth, mais ne devait pas être provoquée par l’animal, auquel cas c’était son assurance qui devrait couvrir les faits. Ni par un tiers. Ni par un objet de plus de 12 centimètres. Et le blessé devait pouvoir prouver qu’il avait pris toutes les précautions nécessaires avant de se blesser.
Pour un modeste supplément de deux blancs et un bout de couenne, l’assuré pouvait également se prémunir contre les invasions de termites, les chutes de stalagmites et les fins brutales de l’ère glaciaire.

Hélas, les contemporains d’UhGruhrrrrrrrrrrrrrrr étaient des êtres frustes et, pour le dire franchement, peu ouverts aux idées modernes et, peu de temps après avoir inventé le deuxième plus vieux métier du monde, assureur, le malheureux inventa, contraint et forcé, le troisième plus vieux métier du monde, dentiste animalier.