Archive for June, 2014

J’ai compris tous les mots et la chair est triste hélas

Friday, June 27th, 2014

Les blogs nous permettent de nous poser en experts de sujets que nous ne maîtrisons pas, et c’est fort de cette force que je m’en vais vous expliquer aujourd’hui :

Comment devenir un écrivain

D’abord, il faut une idée. Ça n’a pas l’air important, comme ça, mais mine de rien, ça a une certaine importance.
Si tu n’as pas d’idée, tu peux raconter une histoire d’amour contrariée, quelqu’un qui plaque tout pour partir à l’aventure ou l’invasion de la Terre par des limaces de sept mètre de long, des classiques qui marchent toujours.
Si tu as trop d’idées et que ça fait onze ans que tu te demandes avec laquelle commencer au juste, je sais pas, prends la première à gauche, ou tire au sort, je sais pas. Ou celle avec les limaces, tiens, je l’aimais bien.
Ensuite, il faut des rebondissements, sinon tu risques de te retrouver avec un roman de 0,7 Nothomb d’épaisseur – ce qui montre toutefois une certaine compréhension des rythmes de lecture contemporaine. Exemple : « Soudain, des limaces de sept mètres de long envahirent la Terre. Ça alors, dit John, qu’allons nous faire. Puis il leur jeta du seul. » c’est trop court pour un roman.
Ensuite, quelques personnages auxquels on peut s’identifier : un héros jeune et souriant, très riche, dont tous les personnages féminins tombent sauvagement amoureux, mais quand même, il a des fêlures à cause de son enfance,
un ami du héros un peu gros mais très drôle,
des personnages féminins intelligents et espiègles, on est en 2014, que diable,
des limaces géantes.
Mais ce sont des exemples, tu peux aussi opter pour un savant très intelligent mais avec le sens de l’humour et des fêlures.

Ensuite, des adjectifs. Beaucoup. C’est très important. C’est même plus important que l’histoire, en fait. Les bonnes histoires, laissons ça aux anglo-saxons, qui sont vulgaires. Ce qui fait la littérature, c’est le style, et ce qui fait le style, ce sont les adjectifs. C’est connu. Je t’ai fait une liste d’adjectifs, mais tu peux aussi en prendre d’autres. Amphigourique, alambiqué, pestilentiel, dodelinant, atrabilaire, superfétatoire, astringent, elliptique, scrofuleux, épithète, cacochyme et gélinatoire.

Ensuite, il faut écrire. C’est la phase un peu chiante dans le processus d’écriture.

Puis il faut te relire. C’est la phase du processus d’écriture ou tu te dis que finalement, tu aurais mieux fait d’aller à la pêche. La phase où, tous les seize adjectifs, tu as un petit rire nerveux, la phase où phrase après phrase tu te dis mais qui a écrit une merde pareille ? ah ben oui, c’est moi, lol.

Puis ensuite, il faut faire relire par d’autres. Puis les tuer dans leur sommeil avant qu’ils n’aient eu le temps de te dire ce qu’ils en pensaient.

Puis il faut tout effacer et recommencer autre chose.

J’espère que ça t’a bien aidé ! La semaine prochaine, nous apprendrons la tarte aux fraises.

Dans de beaux draps

Friday, June 20th, 2014

Alors que le monde retient son souffle en attendant un funeste Suisse-France, tentons, désespérément, de rapprocher les peuples. Car bien que voisines, France et Suisse ne se comprennent pas toujours, victimes qu’elles sont de l’incompréhension mutuelle.

C’est pourquoi j’ai décidé de vous expliquer l’une de nos coutumes locales traditionnelles, un élément indispensable pour bien saisir l’essence de la suissitude : la buanderie.

La buanderie et son fidèle corollaire : le jour de lessive.

Car voyez-vous, les caves des immeubles helvétiques sont généralement équipées d’une machine à laver destinée à laver le linge sale de toutes les familles, même les Gomez du 7e, qui sont un peu, comment dire, spéciaux. La buanderie, terreau de multiples interactions sociales, lieu où se nouent et se dénouent les passions, parce que le Schindelholz du 7b il a encore dépassé son tour, moi je m’en fous, la prochaine fois, je sors tout comme ça, sans le plier, je laisse tout goger, tant pis pour lui, il me connaît pas, je suis trop un fou, sérieux. La buanderie, lieu de tant d’échanges sociaux, bonjour, dites, la prochaine fois, vous pourriez nettoyer le tumbler ?

A cause de cette tradition, le Suisse est condamné au jour de lessive, le mardi, pourquoi diable ils m’ont collé le mardi ? alors que le petit à son entraînement de poney artistique, mais ça ils s’en foutent, ils peuvent pas comprendre, eux. Condamné à répondre non, désolé, je ne pourrais pas passer ce soir, j’ai jour de lessive, tu sais ce que c’est, oui, je comprends, c’est ton mariage mais jour de lessive, t’inquiète, je viendrai au prochain. Pire encore. A cause de cette tradition, le Suisse est condamné à cet acte désespéré, qu’il redoute parmi toute chose, ce geste d’une violence extrême, cette incroyable audace : aller sonner chez son voisin. Pour lui demander si ce serait pas possible d’échanger vu que là, mardi, on a prévu de repeindre le chat, si en échange on peut faire quelque chose pour vous… non pas sortir votre chien, il fait peur. Non, pas sortir vos gosses, non plus, ils mordent. Non… bon ok, du sel, on veut bien, mais vous nous lée rendez, déjà la dernière fois il en manquait seize grammes. Au fait, on a retrouvé cette culotte dans le tumbler, c’est à vous ? parce que c’est pas à nous. Sur moi, ça fait un peu vulgaire, à cause des dentelles.

Voilà sans doute, pourquoi, ce soir même, sur le coup des 21 heures, les Suisses vont tellement hésiter à mouiller le maillot.

Hugo boloss

Friday, June 20th, 2014

Nul n’est à l’abri d’un bad buzz. Victor Hugo (l’écrivain, pas le footballeur) l’a appris à ses dépens hier. Son community manager n’a toujours pas réagi, preuve d’une incompréhension manifeste des moyens de communication moderne. La réaction outrée des réseaux sociaux était d’ailleurs pour le moins méritée, puisque sous des dehors moirés, le fameux poème qui a fait couler tant d’ancres est tout de même une incitation à peine voilée à aller se dévoiler dans des cimetières, elle est belle la France, bravo la politique laxiste de la gauche !!! et sous des verts coudriers, encore bien.

Mais qui, au juste, est ce Victor Hugo, dont on connaît surtout les deux célèbres comédies musicales, Les Misérables et Notre-Dame de Paris (Notre-Dame de Paris parle des touristes qui accroche des cadenas partout et Les Misérables est une publicité pour le journal Causette) ?

Victor Hugo est né en 1802, alors que ce siècle avait deux ans, enfin, pas celui-ci, un autre, à Besançon, ce qui peut arriver à des gens très bien. Dans la maison natale de Victor Hugo, précise Wikipedia. Au lieu d’embrasser la profession d’horloger ou de frontalier, il opte pour l’écriture.

Victor Hugo écrit neuf romans selon la police et plus de 14 250 selon les participants à des jeux de culture générale en ligne, notamment 93, un roman sur la vie dans la téci, écrit non pas en pull, comme on l’a longtemps cru à tort, mais à Jersey. On lui doit également de nombreuses pièces de théâtre, une floppée de poèmes qu’on a dû apprendre à l’école et dont on ne se rappelle que la première strophe à l’heure où blanchit la campagne, “l’art d’être grand-père”, un ouvrage de coaching sur l’art d’être grand-père, une morne plaine et le retour de Karen Cheryl à la télé au début des années 90.

Il est également le fondateur de l’ordre des gens qui ont deux prénoms, où l’ont depuis rejoint Jacques Martin, Claude François, Frédéric François, Jean-Pierre François et Ségolène Royal.

Puis il meurt et ses funérailles sont suivies par des millions de gens alors que la télé n’est même pas encore inventée, ce qui est pas mal pour un écrivain.

Coupés du monde

Friday, June 20th, 2014

Je l’avoue sans jambages, le football est un sport que j’apprécie. Bien plus, par exemple, que le water-polo. Mais, parfois, alors qu’Inler vient de rater sa 58e passe consécutive, alors que la Roja l’est surtout de vergüenza, alors que dehors, l’été invite à la lascivité et à la plageation, il arrive parfois que l’on se demande, l’espace d’un instant : à quoi bon tout ça ?

Allons, ressaisissons-nous. La Coupe du monde de football a bien des utilités. Contrairement, par exemple, au couteau à pain, qui ne sert qu’à couper le pain.

Car le Mundial, comme on l’appelle parfois lorsqu’on est initié, peut servir à :

Réviser les noms des pays. On ne sait jamais, on n’est jamais à l’abri d’une finale régionale de Questions pour un champion ou d’une rencontre subite avec un Sphinx. Si, à brûle pourpoint, on vous demande : le Costa Rica est-il un pays, un bateau de plaisance ou une méthode de soin par les plantes ?, seul le football, ou cette pénible soirée diapositive, pourra vous permettre de répondre.

Trouver l’inspiration, grâce aux réseaux sociaux. Les hashtags tels que Gerpor, Anguru, Bramex ou Honecu feraient en effet d’excellents noms de médicaments.

Vérifier son klaxon, ce qui peut toujours être utile en temps de non-Coupe de Monde, par exemple pour effrayer un enfant.

Trouver l’inspiration, grâce aux réseaux sociaux. Quel plaisir d’être dans les 4700 premiers à s’exclamer Jean Neymar !! ou encore Jean Hulk !!

Assister à un spectacle plein de suspense, car qui aurait dit que la Suisse allait marquer à la 90e minute d’un pénible match contre l’Equateur ? Personne. Car personne n’avait lu le livre avant de voir le match : il était bien trop chiant.

Critiquer l’arbitre.

Avoir un sujet de conversation avec ses collègues (cf supra).

Rentabiliser
la redevance télé.

Perdre beaucoup d’argent sur les sites de pari en ligne.

Avoir un prétexte pour boire des bières.

Venir à bout de cette bizarrerie qu’on appelle le nationalisme, car vivement que la Suisse se fasse éliminer pour qu’on puisse enfin être pour les Pays-Bas, comme tout le monde.

Décider de plutôt lire un livre.