Parfois, donc, la conversation prend un tour embêtant. Parce que ça parle de livres que t’as pas lu, parce que tu es entouré d’étudiants en dendrochronologie, d’avocats, de champions du monde de tchoukball, parce que tout à coup tout le monde débat de la dernière déclaration de Pascal Chombier alors que toi tu étais en vacances. En plus, y a toujours un moment où quelqu’un raconte une blague sur la culture du rhododendron en milieu aqueux et tu te sens obligé de rire, pour faire comme tout le monde, mais tu n’as aucune idée de quoi on parle, est-ce qu’on pourrait pas plutôt évoquer la prestation de Tranquillo Barnetta sur le flanc de rhubarbe aux petites asperges provençales, merci?
Simplement dire à tes interlocuteurs “ahaha mais moi la dendrochronolgie j’y connais rien, on pourrait pas parler de cul, plutôt?” est une mesure souvent efficace, mais de très courte durée. Il existe heureusement des techniques secrètes, mises au point en secret pendant des milliers d’année par des ninjas dans un temple shao-lin de la très secrète banlieue ouest de Ouagadougou, pour se sortir de ces périlleuses situations.
Le brusque changement de sujet. Relativement facile à mettre en oeuvre, il est toutefois déconseillé si vous envisagiez de passer pour quelqu’un de poli, sérieux et propre sur lui auprès de vos invités. Choisissez si possible un sujet fédérateur (la météo, le foot, les potins, les hérissons)
Exemple:
– Ah c’est incroyable, le parse de mon nodule refuse de séquencer depuis que j’ai installé un filtre à trombones!
– Justement, on en discutait avec Chompard, il paraît que…
– Au fait, ils annoncent du beau pour samedi. (dans cet exemple, tu parles en bleu et si t’es pas content, signale-toi que je suis un des 42 blogueurs les plus influents de l’hémisphère sud-ouest selon un sondage ipsos-charcuterie du centre, alors poupougne)
-…la fréquence de l’involtage arrière…
– Heureusement, qu’est-ce qu’on a eu comme pluie!
-…du…
– On sait plus comment s’habiller, en cette saison!
– Ah, au fait, tu savais qu’ils y avait des décirconvoluteurs à partition externe dans les sondes météo? Je trouve ça vraiment ridicule, surtout si on sait que l’induction substantanée en cas de décolletage corporatif équivaut à la poussée externe.
– C’est vrai, n’empêche qu’il fait plutôt froid pour la saison.
Le subtil changement de sujet nécessite beaucoup plus d’entraînement. Il implique également une vague connaissance du sujet, il est donc idéal si votre épouse a invité ses amis du club de tonte de caniche, vous pourrez vous servir de ce qu’elle vous en a appris pour retourner la situation à votre avantage.
– Ce que j’aime, dans l’oeuvre de Grohold Swzczky, c’est cette mise en abyme de la condition intrinsèque de l’humanité.
– Oui, surtout quand il digresse sur l’inadéquation de l’être en tant qu’acteur de sa propre immobilité.
– Et toi, Jean-Pierre, t’en penses quoi? (Dans cet exemple, tu t’appelles Jean-Pierre, désolé. Si tu veux, dans le prochain, je peux t’appeler Mike)
– Oh moi je suis d’accord avec Vianceslas. D’ailleurs, c’est marrant, je repensais à ça en lisant le Seigneur des Anneaux…
– …
– Oh, d’ailleurs, j’ai bien aimé le film, Elijah Wood joue vraiment bien!
– C’est vrai, oui, il a un je ne sais qui d’éthéré qui transcende la théâtralité de sa normalité burlesque.(Dans cet exemple, tes amis sont un peu cons)
– Elijah Wood…ça me fait penser à Woody Woodpecker, j’adore les dessins animés. Vous avez-vu le Roi Lion? Ah tiens, d’ailleurs, le nouvel album de Pow Wow, il est pas génial! Ils étaient à la Starac l’autre soir.
– Je trouve que cette petite Faustine exprime toute l’intensité de l’ambivalence urbaine postsynthétique.
– Oui, pis elle est quand même super bien foutue!
Le chantage affectif, efficace mais parfois dangereux.
– Et alors, là, le client il dit “est-ce que vous pourriez me faire une courbe corrélative pour vérifier que j’ai bien atteint mes objectifs trimestriels supérieurs moyens?”
– Chéri, on avait dit qu’on parlait pas de boulot, ce soir.
– Et je lui réponds, “bien sûr, mais selon l’interactivité de la synergie…au fait, vous me devez 5000 balles payables d’avance si vous voulez que je poursuive ce consulting!
– Ah oui, bien parlé!
– Chéri, j’ai mis mon petit ensemble en hermine saumonée que tu aimes tant…
– Après, je lui ai conseillé de prendre des warrants, c’est moins sale que les iguanes.
– Chéri, si tu continues, je m’immole par le feu!
– Mais vu l’instabilité du Nasdaq pour les placements disynchrones, je pense plutôt qu’il faut investir dans les poneys.
Fvoush
– Ta femme, elle est en train de flamber, je crois!
– Ahaha elle a toujours eu le feu au cul.
– Ahahaha sacré Mike…au fait, tu connais la blague des deux wapitis?
Le détournement d’attention efficace, mais il vaut mieux le pratiquer après que des témoins vous ont vu boire un verre ou deux, pour avoir une excuse.
– Alors là, il prend un fer 18 pour putter alors que le bunker était ensablé.
– Quel con
– Je lui dis, pourquoi tu prends pas plutôt le 23?
– Monique, c’est normal que ton mari soit en train de danser nu sur la table?
La solidarité masculine ne peut s’utiliser que si vous êtes un homme de sexe masculin et qu’il s’en trouve d’autres parmi vos interlocuteurs. Sinon, vous pouvez essayer la solidarité féminine.
– Tu as entendu le verdict dans l’affaire Pinchard? Je trouve incroyable qu’ils aient admis la thèse de la fiducie.
– Au contraire, et nonobstant, je trouve qu’au vu de la jurisprudence, si l’on se réfère à l’arrêté du 16 juin, il est normal que les agios comptent dans l’interprétation de la sentence.
– Aaaaah tu vois, c’est exactement ce que je t’avais dit! Mais tu veux jamais m’écouter. C’est bien les nanas, ça! Toujours plus malines!
– Je crois que vous faites un faux procès à la gent féminine, car dans l’affaire Hilton contre Ritchie, on voit bien que personne n’est plus maline…
– C’est comme la fois où tu m’avais dit que toboggan, ça s’écrivait avec deux g…
– Au fait, vous connaissez la blague des deux wapitis?
Le coup de boule est une technique à n’utiliser qu’en cas de dernier recours.
– Oh Zinedine, tu ne penses pas que le 4-4-2 est une technique dépassée et que de nos jours, grâce aux progrès de la science, on devrait être capable de dépasser ce clivage petit-bourgeois pour enfin accepter que la morale judéo-chrétienne annihile l’interprétation subséquente de l’….
de toutes façons, je préfère le Ragusa
Saturday, February 18th, 2006Chaque année, sauf les années impaires, les Jeux Olympiques suscitent de nombreuses vocations. Des gens qui, confortablement installés devant leur écran, se disent “un jour, moi aussi je participerai à la finale du tournoi olympique de curling”. Des gens qui rêvent de briller en skeleton, en boardercross et même en biathlon. Des gens qui gardent un secret espoir de participer aux Jeux de Paris en 20
1224, mais aussi à ceux de Vancouver, de Pékin, de Vladivostok et de Morges.C’est à ces gens qu’est destinée la Nelson Academy.
Pour la modique somme de 43270 $ norvégiens, vous y apprendrez tous les rudiments du métier de commentateur sportif olympique. Voici un petit aperçu des cours proposés par la Nelson Academy:
Cours de diction
Donnés par de célèbres dictologues, ces cours vous permettront d’affronter sans soucis nimporte quel Kazakhstan-Biélorussie de hockey sur glace. Indispensable pour les jeux olympiques d’hiver, qui sont pleins de russes et de lettons.
Cours de poncifs
Vous apprendrez à utiliser de nombreuses phrases telles que “il faut prendre les matches les uns après les autres”, “on n’a pas grand chose à se mettre sous la pupille” et “une compétition n’est jamais terminée avant la fin”. Vous apprendrez aussi à alourdir inutilement vos constructions de phrases et à employer des tas de formules toutes faites avec un mauvais escient.
Cours d’improvisation
Vous apprendrez quoi répondre quand le consultant dont on vous aura affublé se mettra à affirmer, sans rire, que “grâce au backgrab de son slide, il va pouvoir faire un backdraft sur le powerplay du glawaz à sens giratoire inversé” ou que grâce à la magnifique pierre à trois quarts cachées, la skip adverse va devoir donner de la longueur dans sa maison.
(Malheureusement, les cours de comprenage des règles des sports commentés ont du être supprimés, mais c’est pas grave, les spectateurs n’y verront que du feu, sauf en hockey sur glace où c’est dangereux de voir du feu, rapport à la glace)
Cours d’enthousiasme juvénile
Il est parfois difficile d’hurler de joie pendant toute la prestation du candidat de le pays que vous vous devez par contrat de soutenir, quelles que soit les circonstances: essayez un peu de hurler “C’est merveilleux, Roger, ahlalala, quelle performance extraordinaire, c’est incroyable, il mériterait de monter sur le podium aujourd’hui, magnifique, on n’a jamais vu ça, en même temps c’est la première fois qu’on assiste à une compétition de tir à l’arc, et c’est vrai que c’est chiant, mais tout de même, c’est incroyable, quelle performance majestueuse”, pour voir. De même, il est souvent difficile de se réjouir de la victoire de son protégé si, au hasard, une concurrente est en train de sortir de la piste sur une civière ou si deux-trois gamins qui n’avaient pas demandé grand chose se sont fait écraser pendant l’épreuve. Grâce à la Nelson Academy, vous saurez enfin distinguer l’important (la glorieuse incertitude du sport, surtout quand c’est nous qu’on a gagné) du futile.
Cours de langues
Malheureusement indispensables pour les futurs commentateurs suisses, les médaillés helvètes ayant la sale manie d’être oberlandais.
Cours de généalogie
Vous devez commenter une épreuve où les gens de le pays que vous vous devez par contrat de soutenir sont mauvais? Pas de problèmes, nos professeurs de généalogie vous apprendront d’habiles subterfuges, tels que “Shi-Yung Kee qui est d’ailleurs un petit peu français, puisque sa grand-mère avait passé les vacances de Noël à Megève en 1913”
Cours de mauvaise foi
Vous apprendrez à justifier n’importe quel revers du candidat de le pays que vous vous devez par contrat de soutenir, quelles que soient les circonstances. Des météorologues viendront vous expliquer comment le vent peut déstabiliser le candidat français, mais pas le norvégien. Des théoriciens du complot américain vous apprendront pourquoi le juge moldave tient absolument à ce que Brian finisse douzième, ceci à cause de la situation politique actuelle. Vous apprendrez à affirmer des opinions aussi tranchées que “bon, on ne veut pas accuser ou quoi, mais quand même, quand on voit les performances de l’américain, sans rien vouloir insinuer, tout de même, on est en droit de se poser quelques questions.”
Des professeurs d’histoire du sport vous aideront également à affirmer que “si on avait utilisé les règles de 1912, Maurice n’aurait jamais été disqualifié”.
Tags:ah ouais tiens je le kiffais bien ce post, commentateur sportif, Jeux Olympiques
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