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Le prince Harry fait de l’ordre à Phénix, dans les bois

Friday, July 20th, 2007

C’est ce soir que sort enfin l’oeuvre littéraire la plus attendue depuis “Les aventures de Jean-Pierre le vendeur de pianos”. C’est ce soir qu’enfin, on saura si c’est Harry qui meurt à la fin, si la fin c’est vraiment une fin ou si c’est une fin avec possibilité d’ouverture, si les lapins existent, si la Terre est ronde, si on nous aurait pas mené en bateau tout ce temps et si oui, si on pourrait s’arrêter à Rotterdam acheter des sandwiches aux anguilles, merci.

Le dénouement attendu depuis des années approche. Les fans zigzaguent entre le bonheur d’enfin savoir toute la vérité et la douleur d’être désormais un peu orphelins de leurs héros préférés.

Ce soir, en effet, sort le dernier volume des aventures de Harry, le fidèle compagnon de l’inspecteur Derrick. Ils ne se sont pas revus depuis des années et se croisent par hasard dans un restaurant. Harry travaille aujourd’hui avec un autre inspecteur à la brigade chaussettes dépareillées de la police hambourgeoise. Derrick, lui, a pris sa retraite depuis des années et a sombré dans une noire dépression. En effet, les télévisions françaises ont décidé de cesser immédiatement de diffuser des séries allemandes le jour où le célèbre inspecteur s’est fait contrôler positif à un contrôle antidopage inopiné (il avait un jour craqué et pris un mélange de coke, d’amphétamines et de disques de Modern Talking pour résister à la terrible pression d’un téléphone sonnant depuis plus de trois minutes).

Derrick n’a jamais oublié Harry. Ils se rapprochent. L’inspecteur se confie à son ancien assistant, lui avoue que depuis des semaines, il n’a pas réussi à élucider le mystère qui le tarabuste: qui lui vole systématiquement sa part de tarte à la cantine du home des Lilas? Harry tente de le rassurer. C’est à ce moment-là qu’intervient cette scène clé du film, mythique: dans un restaurant, l’inspecteur Derrick simule une enquête.

Mais alors que l’on pensait les voir repartir main dans la main, Harry décide de devenir inspecteur. C’est en effet sa seule chance d’un jour présenter le 20 heures de tf1. Derrick le lui pardonnera-t-il? Vais-je placer un jeu de mot à base de Harry Cover dans ce post? Et surtout, bordel, qui meurt à la fin? Le suspense sera bientôt enfin levé.


L’émouvante scène des retrouvailles

L’emo bleu

Sunday, April 15th, 2007

Si tu as une télé, et que tu ne l’allumes pas que pour regarder le jour du seigneur et téléfoot, tu as probablement déjà subi Tokio Hotel. Niveau look, c’est à mi-chemin entre Indochine et une pub pour Clearasil. Niveau musique, c’est à mi-chemin entre les Choristes et le couinement de la jeune otarie qui s’est coincé la patte dans la porte de la salle de bains en voulant se faire bouillir du thé. Et malgré tout ça, niveau public, ça rappelle le Patrick Bruel des grandes années, avec les évanouissements, les cris hystériques et tout et tout. Vivement qu’ils se mettent au poker.

Mais si c’est si populaire, c’est peut-être parce que les paroles sont à la fois émouvantes, porteuses d’espoir et en plus, y a des rimes?
Comme tu parles pas le japonais et que j’ai ma ratatouille qui mijote, je te les traduis. Pour voir.

“Schrei”

Ah tiens, en fait, c’est pas du tout du japonais, mais de l’allemand. En même temps, heureusement, je viens de me souvenir que je parlais pas du tout japonais, tiens.

Du stehst auf und kriegst gesagt wohin du gehen sollst

Tu te lèves et on te dit où tu dois aller
Cette chanson s’adresse donc à quelqu’un qui se lève et à qui on on dit où il doit aller. Une catégorie de personnes à qui trop peu de chansons s’adressent.

Wenn du da bist hörst du auch noch was du denken sollst

Quand tu es là, tu entends aussi encore ce que tu dois penser
Il faut savoir que les allemands adorent rajouter des tas de petits mots inutiles partout. C’est pour ça, par exemple, que Derrick a l’air d’une série terne. En fait, en v.o., les dialogues rompent des tas de bâtons tout le temps, mais une fois que tu as enlevé tout les auch noch dazu trotzdem, il ne reste plus qu’un téléphone qui sonne désespérément pendant des heures.

Danke das war mal wieder echt’n geiler tag

Merci, c’était une fois encore une vraiment bandante journée
Il faut savoir que le mot geil, qui signifie littéralement sexuellement excitant, est employé à toutes les sauces par les allemands, qui sont des petits coquins. Il ne faut donc pas trop le prendre au premier degré et, dans le cas précis, le narrateur et son locuteur pourraient très bien avoir passé la journée à chasser des champignons, à manger de la saucisse à rôtir ou même à écouter des chansons de Nena.

Du sagst nichts und keiner fragt dich: sag mal willst du das

Tu ne dis rien et personne ne te demande: dis une fois, veux tu ça?
Le locuteur, on sait toujours pas qui c’est, mais a-t-il vraiment des leçons à recevoir d’un type qui n’a pas mué, hein?

Nein – nein – nein – nananana nein
Nein – nein – nein – nananana nein

Non – non – non – nananana non
Non – non – non – nananana non

Le narrateur semble avoir une idée bien arrêtée sur la question. Pour résumer, le narrateur dit à son locuteur “Ne laisse personne te dire ce que tu dois faire, fais plutôt ce que je te dis”. Voilà sans doute pourquoi tant de gens prennent le chanteur de Tokio Hotel pour une chanteuse.

Schrei! – Bist du du selbst bist

Crie! Jusqu’à ce que tu sois toi même
Pour trouver leur moi intérieur, la plupart des gens préfèrent faire du trekking dans les Andes, méditer ou manger du poisson cru, mais crier, hein, si ça peut aider, pourquoi pas, mais alors t’es gentil, si tu fais ça sous mon balcon, je préférerais que tu choisisses le trekking, plutôt.

Non parce que déjà y a un voisin, pour se trouver, il fait du tuning, et des fois il vrombit le dimanche, ça nuit un tantinet à la méditation, quand même.

Schrei! – Und wenn es das letzte ist

Crie! – Et si c’est le dernier
Alors désolé, mais je vais lever le suspense tout de suite: on ne saura jamais du dernier quoi il parle. Du dernier cri, peut-être? Ca expliquerait pourquoi Tokio Hotel est à la mode…

Schrei! – Auch wenn es weh tut
Schrei so laut du kannst!

Crie! – Même si ça fait mal
Crie aussi fort que tu peux!

Alors là, on se rend compte qu’il est en train de conseiller à son pote qui se cherche de gueuler à s’en bousiller les cordes vocales. Et tout à coup, on se dit qu’il est peut-être pas si bien intentionné que ça, le jeune chanteur prépubère.

Schrei! – Bist du du selbst bist
Schrei! – Und wenn es das letzte ist
Schrei! – Auch wenn es weh tut
Schrei so laut du kannst – Schrei!

Ca, on l’a déjà dit.

Pass auf – rattenfänger lauern überall

Fais attention – des attrapeurs de rats guettent partout
Il est quand même un peu en train de traiter son pote mal dans sa peau de rat. Mais en fait, c’est pas si grave, c’est probablement une métaphore allemande, tu sais, avec l’histoire du joueur de flûte de Hamelin, là? Il lui dit, fais gaffe aux gens qui te jouent du pipeau.
Parce que bon, les Tokio Hotel, c’est des emo-punks, ils jouent de la guitare, pas du pipeau.

Verfolgen dich und greifen nach dir aus’m hinterhalt

Ils te suivent et te tendent une embusacde
Alors je suis pas 100% sûr de ma traduction sur ce coup là, mais tout de même, le jeune chanteur ferait mieux de relire un peu ses classiques, c’est les rats qui suivent le joueur de pipeau, pas le contraire.

Versprechen dir alles wovon du nie geträumt hast
Und irgendwann ist es zu spät und dann brauchst du das

Ils te promettent tout ce dont tu n’as jamais rêvé
Et n’importe quand c’est trop tard et tu as besoin de ça

Je te cache pas que tout ceci est un peu confus, mais, en gros, le jeune homme essaie d’expliquer à son interlocuteur qu’il faut se méfier des beaux parleurs qui te promettent monts et merveilles et, au final, oublient de te donner du fromage.

Nein – nein – nein – nananana nein
Nein – nein – nein – nananana nein

Non non non non non non
On se moque, on se moque, mais Miossec a quand même fait une chanson magnifique avec plus ou moins les mêmes paroles. Enfin autant, Miossec, quand il dit qu’il n’est plus saoûl, autant on a des doutes, autant pour Tokio Hotel, c’est clair: ils saoûlent.

Schrei! – Bist du du selbst bist
Schrei! – Und wenn es das letzte ist
Schrei! – Auch wenn es weh tut
Schrei so laut du kannst!
Schrei! – Bist du du selbst bist
Schrei! – Und wenn es das letzte ist
Schrei! – Auch wenn es weh tut
Schrei so laut du kannst – Schrei!

Là, je vais pas te le cacher plus longtemps, c’est le refrain.

Zurück zum nullpunkt – jetzt kommt eure zeit
Lasst sie wissen wer ihr wirklich seid

Retour au point zéro – maintenant vient votre temps
Laissez les savoir qui vous êtes vraiment

Là, je te sens un peu perplexe.

Schrei – Schrei – Schrei – Schrei- Jetzt ist unsere zeit …

Crie -crie – crie – crie – crie – crie – crie – maintenant c’est notre temps
Et là, tout s’éclaire. La chanson s’adresse en fait aux Scorpions. Les Tokio Hotel aimeraient devenir le groupe allemand (hors krautrock) le plus connu du monde (non parce que je sais même pas ce que c’est, le krautrock), ils apprennent que les Scorpions envisagent un comeback, (je sais juste que c’est allemand, et que ça a un rapport avec le rock) donc ils font semblant de sympathiser avec, (et avec le chou) ils leur disent “oui, bon, les gens se moquent de vous parce que vous êtes tout has been et que vous avez des coupes de cheveux des années 80, mais il faut pas écouter le vent du changement, ahah, allez-y, criez comme des guedins pour montrer que vous êtes là”, comme ça les Scorpions se détruisent les cordes vocales et doivent annuler leur retour et, comme on dit en Allemagne, krik krak l’affaire est dans le sac.

[refrain]

Und jetzt schweig!

Et maintenant tais-toi.
Et voilà. Il ne reste plus que quelques groupes allemands à éliminer pour entrer dans la grande histoire de la musique. (Pour Sabrina, Liquido et Nena, ça va être facile, par contre, pour Kraftwerk, pas sûr que ça marche avec le même subterfuge)

Nein! – Weil du selbst bist
Nein! – Und weil es das letzte ist
Nein! – Weil es so weh tut
Schrei so laut du kannst
Nein! – Nein! – Nein! – Nein! – Nein! – Nein!
Schrei so laut du kannst – Schrei!

Non! parce que tu es toi même
Non! Et parce que c’est le dernier
Non! parce que ça fait si mal
Crie aussi fort que tu le peux
Non non non non non non non non non
Crie aussi fort que tu peux – Crie!

Alors effectivement, ça risque de faire mal sur le moment, mais quand même, on se réjouit déjà du moment où Rammstein aura une extinction de voix.

l’autre pays du fromage

Monday, March 1st, 2004

Après avoir déjà croisé moult de ses habitants en été, en train de devorer une fondue avec une bière par 35 degrés à l’ombre des jours où il faisait tellement chaud qu’il n’y avait même pas d’ombre, à force d’en croiser tellement sur les plages du monde entier, du moins celles où j’étais, les autres je sais pas mais bon je crois pas que ce soit une coincidence, à force d’avoir passé quelques après-midi devant de désopilantes séries télés, j’avais, avouons-le, quelques idées préconcues sur l’Allemagne.

Alors oui, les schleuhs ont d’étranges claviers, sans c cédille mais avec plein de trucs inutiles. Oui, ils ont des rayons entiers de saucisses à l’aspect parfois déroutant. Oui, les gens qui parlent la langue de Goethe et de Lieselotte Schaudi lisent de la presse de caniveau à la mise en page improbable et se passionnent pour les aventures automobiles d’un clone germanique de Nolwenn Leroy, au nom de famille imprononcable et à la voix inaudable. Bien sûr, ce jeune homme vient alourdir un lourd passé musical, en digne successeur de Nena et des Scorpions. Alors oui, ils ont des chapeaux ronds, vivent les Teutons.

Mais, depuis que je suis arrivé dans ce pays riche en hommes qui font rêver les ménagères de moins de 87 ans du monde entier, le pays de Derrick, d’Oliver Kahn et de l’Opel Vectra, je n’ai pas encore croisé un seul type en short-sandales-chaussettes avec un t-shirt passé couvrent difficilement une bedaine arrondie par des années de Bier mit Wurst.

Hausse des rayés

Monday, November 10th, 2003

Il est parfois des événements littéraires qu’on ne peut passer sous silence.


Alors que le monde entier attend avec impatience la sortie du cinquième Harry Potter en français, surtout le monde entier qui parle français en fait, on vient de me faire découvrir un ouvrage dont toute bibliothèque devrait s’enorgueillir.


Peut-être les plus sagaces d’entre vous connaissaient déjà, cet ouvrage datant tout de même du siècle dernier. Mais pour tous ceux qui seraient passés à côté de l’évènement constitué par la sortie de cet ouvrage de référence, cette lacune est à combler de toute urgence.


Mars 1999, une époque bénite que les moins de 4 ans ne peuvent pas connaître. Une époque où, insouciant et bienheureux, on ne se doutait pas qu’Indochine allait faire son comeback, une époque où la Maison Blanche était encore dirigée par un saxophoniste. Le bon vieux temps, pourrait-on dire trivialement.


C’est en cette période si proche et pourtant si pas proche qu’un visionnaire a choisi de consacrer un ouvrage à l’un des plus grands hommes de notre temps, l’un de ces personnages dont l’aura brillera encore pendant au moins pas mal de temps.


C’est en mars 1999 que sortait cet ouvrage indispensable à la bibliothèque de tout érudit qui se respecte: Derrick – l’ordre des choses.