Archive for the ‘linguistique ai vongole’ Category

Camping

Friday, September 1st, 2006

L’autre jour, alors que j’étais en train de regarder un reportage sur l’influence de l’art baroque sur la pizza 4 fromages chez les papous de Mandchourie, ma télécommande a dérapé dans une ligne droite et je me suis retrouvé nez à nez avec Koh-Lanta.

Et là, j’ai vu des jeunes gens sympathiques et propre sur eux ramper pour aller chercher un caillou – jusque là rien que de très normal -, une improbable pouffe essayer de piquer le caillou de son petit camarade et dire que “ouais mais lui avant, il m’avait fait mal avec sa corde pendant le ramping”.

Le ramping, ce serait donc, selon tf1, le fait de ramper. Comme, pour ce qui est du parling, je suis aussi conservateur qu’un pape quand il s’agit de mettre sa capote à un autre doigt que l’index, j’ai naïvement ricané. C’est alors que je suis tombé sur ceci, qui prouve que mes lectures sont encore plus malsaines que mes regardures, mais aussi le démarring d’une nouvelle mode.

Ami jeune, toi qui veux rester dans le coup, le sms c’est fini, le nouveau parling, c’est le ping.

Mais il ne faut pas couper les cheveux en quatre. Non. Il faut faire du quarting capillaire.
Et si dire ruper fait quand même un peu vaudois, le ruping est très hype.

On ne dira plus “à force de jouer du piano, il a chopé un lumbago”, mais “il joue du choping”. Et tout comme il ne faut plus dire “Avoir raté ses examens l’a mis dans tous ses états” mais “après son louping, il est parti en vrille”, on préférera désormais dire, pour raconter l’histoire de ce malheureux chasseur mort écrasé par un troupeau de drontes en furie, absorbé qu’il était par l’observation d’un mignon petit chaton en train de laper consciencieusement son écuelle, “ce matin, le laping a tué un chasseur”.

Attention, ce post ne parle pas de Zinedine Zidane (ni de son frère)

Monday, July 10th, 2006

L’expression faire long feu est à ne pas mettre entre les doigts du premier journaliste sportif venu, ni même de grand monde. En effet, faire long feu signifie qu’on a brûlé toutes ses cartouches, et non le contraire, à l’inverse de ne pas faire long feu qui signifie qu’on a été flamboyant. Ou le contraire. A tel point que d’éminents spécialistes déconseillent tout bonnement son utilisation.

Mais où le français, cette langue simple et belle comme un coup de boule dans le thorax, s’en est-il allé chercher cette expression si tortueuse?

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. A l’époque, les croisades battent son plein et le vicomte Jean-Ranulphe de Frambouhans décide, pour ne pas être en reste, de mener sa propre croisade. Seulement, comme il est un peu mauvais en géographie, il se plante et se retrouve à guerroyer de par l’Extrême-Orient.

Une débâcle. Il n’y trouve aucun lieu saint, aucune relique, très peu de villages à violer et de jeunes vierges à dévaster. Par contre, il découvre une spécialité locale, le Phö, un plat à base de soupe et de tas de cochonneries. Il décide alors d’en importer la recette en France et d’ouvrir des tas d’hostelleries estrangères un peu partout dans le XXIIIe arrondissement. Malheureusement, ce sera un fiasco: le jour où la fédération de protection des consommateurs découvrira qu’il allonge sa soupe avec de l’eau, il se fera écarteler sur la place publique, car à l’époque on ne rigolait pas avec ces choses là. D’où l’expression faire long Phö. Les tribulations du malheureux seront vite oubliées, mais il en résultera de nombreuses expressions comme “faire phö de tout bois”, “avoir le phö occulte” ou “tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse”.

Ce post ne parle pas de rugby

Saturday, June 24th, 2006

Lecteuses, lecteurs, je vous prie de bien vouloir excuser la database quelque peu facétieuse de ces derniers jours. D’après mon hébergeur préféré, un type sympa malgré son étrange passion pour les cockers, tout est rentré dans l’ordre. J’ai pas tout compris à ses explications, mais je crois qu’il a su tourner l’Apache
Et à propos de tourner, un post qui parle d’autre chose que de foot

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi.
Johayl et Ayrick sont deux frères unis comme les doigts de la main (à l’époque, on cousais les doigts de la main ensemble, pour éviter de les perdre). Ils sont toujours ensemble, font les 400 coups (200 chacun), ils s’adorent. Surtout Ayrick. Parce que Johayl en a, comme il le dit malicieusement dans le jargon de l’époque “ras-le-bol de ce sale frimeur”. Il faut dire que Ayrick fait tout un petit peu mieux que son frère, qui en a ras-le-bol de ce sale frimeur.

Les deux frères composent ainsi des ballades qu’ils chantent en s’accompagnant à la vielle. Celles d’Ayrick tirent invariablement à ceux qui les entendent des larmes d’émotion, alors que Johayl, ouais, c’est pas mal, c’est sympa, on dirait un peu du Jacques Villeneuve.

Quand les deux frères traversent les landes désertes sur leurs fringants destriers, Ayrick se déplace si vite que ceux qui le croisent ont l’impression qu’il file sur les ailes du vent alors que Johayl, c’est pas mal, on dirait un peu du Jacques Villeneuve.

Les damoiselles des alentours se pâment lorsque Ayrick leur montre ses tableaux ou leur récite ses poèmes. Quand Johayl fait de même, elles lui demandent des nouvelles de sa mère.

Mais un jour, survient le crash. Les deux frères décident d’ouvrir des restaurants et d’y servir diverses spécialités locales (notamment de paella bolognaise). Très vite, le restaurant d’Ayrick, l’hostellerie de la Gare (ainsi nommé on ne sait trop pourquoi) bat de l’aile alors que celui de Johayl, l’auberge de la Cantonade (ainsi nommé parce qu’il est situé dans un canton) marche comme sur des roulettes.

Ayrick ne supporte pas que, pour une fois, son cadet ait plus de succès que lui et, un jour, il entre sans crier gare à la cantonade et lance “Ouais mais t’façons le mien de resto il est mieux, on fait des pieds de porc vinaigrette”.

Une intervention qui aurait pu rester complètement oubliée si l’expression à la cantonade n’était restée.

l’écart ôte son kilt

Tuesday, March 28th, 2006

Depuis deux jours, l’expression qui amène le plus de gens ici en passant par un moteur de recherche avec mes sabots, c’est “les carottes sont cuites”.

Pourquoi cette soudaine recrudescence carottière? Il est possible qu’alors que le printemps tente péniblement de s’installer, un quelconque magazine féminin ait recommandé à ses sémillantes lectrices un merveilleux régime pour maigrir en perdant du poids et le rendre fou de désir sur la plage cet été (et en supplément spécial notre grand test “êtes-vous un ragondin”), uniquement à base de carottes vapeur, le célèbre régime de Vichy. Mais dans ce cas là, pour savoir si elles sont cuites, vous feriez mieux de lâcher votre pc et d’y planter un couteau, dans vos carottes.

Ou alors, les gens se passionnent subitement pour l’expression “les carottes sont cuites”, qui signifie que c’est la fin des haricots. Il y a probablement concours sous roche. Un magazine féminin demande d’où vient l’expression et il faut répondre et on gagne des super prix, par exemple son poids en carottes et ne manquez pas nos 102 pages spéciales comment maigrir en imitant le cri du ragondin et notre supplément spécial astrologie poitevine. Et comme j’ai le coeur sur la main et que j’aimerais bien le poser, merci, ça devient lourd, je vais les aider à résoudre leur concours, ne me remerciez pas, c’est tout naturel, mais bon si vous gagnez le voyage à Saint-Fulrad, pensez à me ramener un pot de moutarde à l’ancienne, merci.

Donc, bref, on s’égare, venons-en au fait, parce que sinon le texte va commencer à être long et que après, comment on fait pour aller à la pêche? L’expression les carottes sont cuites ne vient donc pas d’un obscur film d’art et d’essai croate avec un cheval, une grosse carotte et une casserole. Au contraire.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Le baron Jean-Maurice de Ploutargic a une entreprise florissante mais néanmoins française de transports en commun. Il possède de nombreux carosses qu’il achète en Helvétie voisine, parce que le vendeur lui offre un coucou gratuit pour 12 carosses achetés et il trouve que ça fait bien dans son salon.

Or, voilà qu’un jour, le bon Roy décide de quintupler l’impôt sur le carosse d’exportation, histoire de soutenir l’économie nationale (quelques jours plus tard, il partira, fâché, d’un congrès intitulé “soutenir l’économie nationale, c’est pas très cool, ou bien”, mais prétendra que son courroux est dû au fait que le marquis invité s’était à cette occasion exprimé en latin au lieu de causer français comme vous et moi, mais cela n’est qu’une péripétie de l’Histoire, décidément souvent péripétitienne).

Apprenant la nouvelle, Jean-Maurice sent que sa petite entreprise florissante va déflorer rapidement. “Par la malpeste, me voilà bien, bordel à cul!”, s’exclame le malheureux, “mes carosses sont suisses.” Au fil des siècles, l’histoire s’est perdue et l’expression est devenue “les carottes sont cuites”.

au royaume des pingouins, les manchots sont empereurs

Friday, March 3rd, 2006

Alors
à la demande du jeune Julien G., (c’est fou le nombre de gens qui s’appellent Julien, de nos jours, ça doit être une conspiration mondiale) un post qui parle de cinéma
à la demande de la jeune Audeline, un post qui parle de casser la croûte
et à la demande du jeune Lalune, un post sur les origines du curling.
Dont acte.

Nous sommes au cénozoïque quaternaire. Un mardi, probablement, mais en cette période reculée, le mardi n’a pas encore été inventé. Nous sommes également en pleine période glaciaire et, curieusement, les gens regrettent plus la non-invention du chauffage central que celle du mardi.

En fait, des tas de trucs n’ont pas encore été inventés, car, on a beau dire, les gens de l’époque ne sont quand même pas très bien organisés. Et un peu monomaniaques. Ils passent leurs journées à courir après des mammouths et leurs soirées à peindre des mammouths sur les murs de leurs grottes, au mépris de toutes les règles élémentaires de respect de la propriété d’autrui. Il faut dire qu’ils n’ont même pas penser à inventer le droit du bail, c’est vraiment n’importe quoi.

Nunaviq (à l’époque, ils ont tous des noms inuit, à cause du froid) en a marre de bouffer du mammouth. Ok, ça te fait des châteaubriands kingsize et au moins des centaines de côtelettes, mais au bout d’un moment, ça lasse.

Il décide donc d’inventer la cuisine. Au début, les gens ne comprennent pas trop l’utilité du truc. Ensuite non plus, à vrai dire. Il faut dire que le malheureux Nunaviq n’est pas doué. Un jour, au lieu d’assister à l’atelier “peinture de mammouths niveau 4 – perspectives et approche des défenses” organisé par le sorcier du village, il décide de moudre des trucs. Et d’y ajouter de l’eau, comme ça, pour déconner. Et de faire cuire le truc, comme ça, pour rire.

Turmariq est à la veille d’une invention culinaire majeure, qui pourtant y restera, en veille, encore quelques petits siècles. Quand il fait enthousiastement goûter sa recette au chef du village, il se prend un pain. Il faut dire que sa création est tellement dure qu’on n’arrive même pas à casser la croûte. De dépit, Nunaviq va prendre ses miches et les balancer au lac. Mais elles glissent dessus comme des gouttes d’eau sur les plumes d’un canard, car peu coopératif, le lac est gelé.
C’est en regardant les évolutions circonvolutives de ses velléités culinaires sur la glace gelée que le jeune Nunaviq inventera le curling, avec le succès que l’on sait.

Un peu furax de voir un de ses hommes passer son temps à inventer n’importe quoi plutôt que de s’intéresser aux moeurs du mammouth comme tout le monde, le chef du village condamnera Nunaviq et ses créations culinaires à l’exil, et c’est de là que vient l’expression bouger ses miches.

Plus tard, à la fin de la glaciation, il se vengera en vendant des trucs congelés et les américains, même s’ils n’ont pas encore été inventés à l’époque, en tireront un film qui s’appellera “Brotbäckerei Mountain” et qui fera plusieurs entrées.

prenez un chewing-gum

Tuesday, January 24th, 2006

Un type qui décide de quitter Paris pour aller élever des ânes, on ne peut rien lui refuser.

Donc.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Mais genre vers le début du Moyen-Âge. Mais les gens, ils savent pas trop que c’est le début du Moyen-Âge, parce qu’ils sont pas très culturés. Ils passent leur temps à se foutre sur la gueule au lieu de regarder Qui Veut Gagner des Millions pour apprendre plein de choses intéressantes. Du coup, ils sont un peu superstitieux sur les bords. C’est comme ca, la culture nous permet de ne plus croire à des conneries.

Comme ils sont un peu superstitieux, ils aiment bien savoir à quel saint se vouer. Du coup, le marché du wonderbra de l’agenda est en plein essor, alors que le marché de l’essoreuse est en plein Agen.

Sauf que les gens, ils ont un peu peur de l’an mil. Ils croient que le Grand Bug va descendre des Cieux et tous les emmener sur son Ecran Bleu Céleste, un truc du genre. Bref, n’importe quoi, mais faut un peu replacer les choses dans leur contexte, ils savent pas encore qu’un jour on pourra marcher sur la lune et faire des podcasts, mais pas en même temps sinon ca fait un genre de grésillement agacant.

Un jour, sans crier gare, l’an mil arrive. Tout le monde est persuadé que la fin du monde est sinon pour dans vingt minutes, du moins pour dans le courant de l’année. Mais comme à l’époque, la Francaise des Jeux n’a pas encore été inventé, ni même la Burgonde des Jeux, les pauvres sont plus ou moins persuadés qu’ils vont le rester encore longtemps. Du coup, y a pas de petite économie, mon bon monsieur et y a plus de saisons non plus, mais ca a rien à voir. Les gens étant persuadés que l’an mil ne se terminera pas, ils achètent pas d’agenda, c’est toujours ca de gagné. Aha.

Et forcément, le marché de l’agenda périclite. Celui-ci (le Père Hiclitte)(désolé) décide de brader la marchandise. D’où l’expression “Bon allez, je vous le donne, l’an mille”.

ça, c’est fait

Thursday, December 29th, 2005

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi, vers le soir mais pas très.

Ladislas Lambert-Morituri est un riche marchand qui pourrait être sympa sans son entêtante propension à vouloir que partout dans la rue, on parle de lui. Cependant, en cette période reculée où les blogs n’ont pas été inventés, s’autoproclamer célèbre n’est pas chose aisée.

Ladislas n’en a cure, il assiste à des réceptions de l’ambassadeur, organise des bals masqués, ohé, ohé, invente le fer à défriser les moutons polaires. Il se fait une petite notoriété dans le cercle très fermé des éleveurs de moutons polaires de Maubeuge-Sud, mais cela ne lui suffit pas, il veut devenir immortel, entrer au Panthéon. Son rêve le plus cher, c’est que dans des siècles de ça, un animateur présentant une vague ressemblance avec Batman pose, des trémolos dans la voix et une fiche jaune à la main, une question qui va peut-être permettre à madame Chompard de remporter la cagnotte, 12000 euros ce soir la pression est énorme, mais tout d’abord, chez vous cet indice, dont il serait la réponse.

Pour passer à la poste et ritter (un verbe du Moyen-Âge qui veut dire prendre son courrier et tirer un peu la gueule parce que y a que des factures, une pub pour un magasin de porcelaines et un catalogue de chausses) avant de devenir célèbre, Ladislas est prêt à tous les compromis.

Il décide un jour de s’entretenir avec l’éminence grise du roi, un type petit et un peu gris, mais très éminent quand même, qu’on accuse de tirer les ficelles en coulisses, ce qui est idiot puisqu’il n’est pas marionettiste, mais éminence grise. Il souffre de la même maladie: il est prêt à tout pour qu’on cause de lui, même à se produire en concert avec 500 choristes s’il le faut. Mais là, tout ce qu’il a à faire, c’est d’accepter l’entretien, ça fera bien pour son image, c’est son conseiller en image qui lui a dit.

Les médias n’existant pas encore vraiment, Ladislas décide de médiumtiser l’événement: il demande à un célèbre médium du coin de lui donner des bonnes idées de questions auxquelles l’éminence grise sera bien embêtée pour répondre. Le médium lui dit que Le lyon ieune le vieux surmontera, En champ bellique par singulier duelle, Dans cage d’or les yeux lui crevera, Deux classes une puis mourir mort cruelle, ça fera 200 balles, merci.

Ladislas envoie également des invitations des nobles des quatre coins du pays, qui n’en possédait pas encore six en cette époque reculée. Son cousin Henry se charge de crier sur tous les toits, ce qui est très périlleux en cette époque où l’art de la tuilerie est encore balbutiant, la nouvelle du débat public même si, s’empresse-t-il d’ajouter, je ne suis pas un héraut.

Mais le grand débat tourne hélas à la débâcle: Ladislas se rend compte en effet qu’un malfrat a profité de la cohue pour lui subtiliser un magnifique set de table en soie véritable ramené de Constantinople.

Les soupçons se portent alors sur l’éminence grise: selon certaines sources, il aurait été destitué récemment par le roy qui en avait marre qu’on ne parle que de son conseiller alors que bon, faire la une, c’est un job de monarque.

Un jour de janvier, la bourse dans laquelle Ladislas mettait sa monnaie a craqué. Il n’a ainsi pas été en mesure de payer sa chambre d’hôtel et est mort de froid. Quant au roi, il a fini au bistrot avec ses collègues de boulot.

Cette amusante anecdote est à l’origine de l’expression “Tirer le couvert turc en soie”, devenue depuis “tirer la couverture à soi”.

à toute, à Lure

Tuesday, December 6th, 2005

Il y a belle lurette que ce blog pourtant fortement informatif n’a plus informativé quant au glorieux passé de nos nobles expressions. Et justement, d’où vient l’expression belle lurette?

Nous sommes il y a environ fort longtemps, un mardi. Comme aujourd’hui, donc, mais avant.
Laurette est une charmante demoiselle aux charmes avantageux et au regard lancinant, ce qui lui vaut d’être la grande favorite de l’élection de Miss Camping lors de ses vacances. Hamilton s’éprend de la belle sur le champ (les campings étaient sur des champs, à l’époque), s’en va voir son père et lui demande sa main. Mais, en cette époque d’obscurantisme, les manchots n’ont aucune chance de gagner de concours de beauté. Embêté, Hamilton épouse Laurette pour se faire pardonner.

Le jeune homme est un preux chevalier et, bien vite, s’en va guerroyer. Quand il finit de guerroyer, il s’en rentre manger mais en chemin, de nombreux gens l’arrêtent et lui disent: Palsembleu, nous ouîmes le récit de vos exploits, vous êtes super preux, comme gars, je peux avoir un autographe?, ce qui ralentit considérablement sa course de retour. Bien souvent, Hamilton envoie des messages par pigeons à sa jeune épouse pour lui dire qu’il aimerait être un oiseau pour pouvoir voler à tire d’aile vers elle mais que là il va être très en retard et que tant pis, il s’arrêtera manger un truc sur la route, tudududu, sur la route.

Laurette est ce qu’en cette époque reculée, on considérait comme une bonne épouse: elle est économe et cuisine fort bien. Tous les soirs, elle prépare de bons petits plats pour son Hamilton et, tous les soirs, elle finit par les engloutir toute seule, pour pas jeter (René Tupperware n’avait pas encore inventé le tupperware).

Le jour où, quelques années plus tard, elle se dit qu’au lieu de bouffer, elle ferait mieux de prendre un amant, elle doit faire face à l’atroce réalité: elle a pris des tas de kilos, elle a pris des boutons à cause qu’elle cuisine fort gras, sa moustache a poussé parce qu’à l’époque, la super crème que tu peux t’épiler sans douleur ni endommager la couche d’ozone n’a pas encore été inventée, et en plus elle a perdu tous ses cheveux dans un accident de cheveux, bref, il y a longtemps qu’elle n’est plus la belle Laurette qui faisait la fierté de sa maman.

Les linguistes s’accordent à dire que cette histoire n’a strictement aucun rapport avec l’expression belle lurette. Une lurette, c’est une petite lure, un objet disparu depuis tellement longtemps que on a coutume de dire ça fait belle lurette que plus personne ne sait à quoi pouvait bien servir une lurette, mais ceux qui n’en avaient pas étaient bien délurés, comme Laurette.

Le ragoût et les douleurs

Wednesday, November 2nd, 2005

Le truc bien, quand tu vis en couple, c’est que des fois t’es au courant que y a des concours sur marmiton.

Où on te pose des questions faciles, comme par exemple l’origine de la tarte Tatin et tout le monde sait que c’est parce que son inventeur il a fait tatatin…ah merde je l’ai renversée et après comme tout le monde en a mangé il a dit ouais mais en fait j’avais fait exprès de la renverser ahaha je suis trop un mariolle.

Mais y en a d’autres, des plus dures. Par exemple l’origine du mot gratin dauphinois. Alors bon gratin c’est facile, c’est parce qu’on en donnait pas à tout le monde, seulement aux gens qui faisaient partie du gratin, et aussi parce que c’était un peu gratiné.

Longtemps, on a cru que ca s’appelait comme ca à cause des morceaux de dauphins souvent employés au Moyen-Âge avant l’invention des patates par Hadji Parmentier. Mais en fait, non.

Nous sommes bel et bien au Moyen-Âge, mais un mardi. Noé (comme le mec de l’arche, mais c’est pas le même), un ancien célèbre joueur de jeu de paume, s’est reconverti dans le troubadourisme de masse, il joue de la mandoline, de la vielle et du pipeau. Il profite de son succès toujours croissant pour s’en faire offrir par les nobles du coin où il passe, et aussi des autres trucs à bouffer, en échange de quelque ritournelle.

Il en profite également parfois pour discuter allégrement avec l’une ou l’autre jeune fille de choses et d’autres. Il est une demeure où il aime particulièrement aller jouer de la musique. Il y vit une accorte demoiselle aux charmes généreux (une bonne meuf avec des gros nichons (je traduis, pour les gens de google)) avec laquelle il aime à philosopher et aussi divers autres trucs.

Quand Alain Proviste, le mari de ladite, rentre de croisades plus tôt que prévu, elle lui dit qu’ils sont en train de peler des pommes de terre, ce qui est peu crédible, vu que, comme précédemment évoqué, la pomme de terre n’a pas encore beaucoup été découverte en cette période d’obscurantisme, mais comme le mec est fatigué en rentrant de croisades il y prête pas trop attention et va se poser devant questions pour un champion en attendant la bouffe.

Sauf qu’un jour, quand il rentre, il se demande quand même un peu pourquoi on prépare autant de pommes de terre sans jamais lui en servir et aussi pourquoi ce jour là, cela demande d’être tout nu et de faire diverses figures tout de même plus ou moins acrobatiques. C’est alors que le troubadour, qui s’appelle Noé, en honneur du mec qui avait construit une arche, dit ah non ahaha c’est pas du tout ce que vous croyez mais en fait j’avais enlevé ma chemise pour qu’elle me gratte le dos ahaha délire, non?
Et là, discrétement, il souffle à l’oreille de Marcelline Proviste: vas-y, gratte-moi le dos.

D’où l’expression, logiquement reprise à l’heure où il fallut donner un nom à un plat fait à base de pommes de terre et d’autres trucs, “Gratte un dos fit Noé”

(Hum hum désolé, je… Faites gaffe, derrière vous, une chauve-souris géante)

Parfois, je doute des détails

Monday, October 24th, 2005

Bon, d’accord, vous êtes-vous peut-être dit en découvrant qu’ils faisaient une nouvelle soupe abricots-anchois surgelée, mais d’où peut bien venir l’expression tomber des nues?

Nous sommes au Moyen-Age, un mardi. Une époque où les divertissements sont rares. Internet et la télévision n’ont pas encore été inventés et seuls les riches ont le droit d’aller faire des croisades. Le jeune Geoffroy s’en va passer des vacances chez son cousin Halbator qui habite la campagne, où les divertissements sont encore plus rares, puisque les pendaisons sur la place publique n’ont lieu qu’une fois par année.

Geoffroy et Halbator ont une quatorzaine d’années et leurs hormones les travaillent sévère. Ils s’en décident donc d’aller à la rivière dans l’espoir d’y observer une jeune demoiselle des alentours qui a coutume de s’y baigner en se découvrant les mollets. Mais quelle n’est pas leur déconvenue lorsqu’ils découvrent qu’en fait, il n’y a pas de rivière dans le coin.

Et c’est là que Geoffroy aura cette phrase historique: “Non mais franchement, ton bled est nul”. En retranscrivant cette maxime, un moine copiste alcoolique oubliera de reporter les l et, au cours des années, ton bed est nu deviendra tomber des nues.