Certaines personnes, par exemple les gens qui bossent dans le domaine de l’indépendance, travaillent à leur domicile et, inversement, vivent dans leur bureau. C’est une situation qui présente divers avantages, mais aussi certains inconvénients, comme le fait d’être légalement obligé de te compter des heures supplémentaires quand tu retournes chercher tes lunettes oubliées dans le premier tiroir à gauche.
D’autres sont obligées de se déplacer à l’aide de divers moyens de transports. En Suisse, on appelle ça des pendulaires, alors qu’en France il n’y a pas de nom particulier.
Certaines sont obligées de se déplacer pendant plus d’une heure. En Suisse, on les regarde d’un air peiné en se demandant comment elles peuvent survivre dans de telles conditions. En France, on appelle ça des Parisiens.
Et, parfois, suite à un déménagement particulièrement judicieux, tu te retrouves à devoir te taper plus d’une heure de voiture, deux fois par jour, parce que tu as décidé d’aller t’installer dans une (soi-disant) ville (dotée d’un club de hockey folklorique) où tout est plus cher mais où tu auras un tellement meilleur confort de vie grâce aux huit mois de brouillard par an, mais ce n’est qu’un exemple au hasard, je ne suis pas là en train de te raconter ma vie, il y a des blogs pour ça.
Bref : Comment optimiser intelligemment ton temps si tu es contraint de tellement utiliser ta voiture que ça va provoquer la mort de millions d’écologistes dans le monde ?
Dans le train, tu peux travailler, prendre le temps de réfléchir à l’avenir de la société, relire tes classiques, t’intéresser aux conversations de tes voisins afin d’en tirer de l’émerveillement, jouer aux Pokémon, avoir envie de vomir, détester les enfants et les militaires, bref, plein de choses utiles. Mais en voiture ?
Faire son courrier, impossible. Oublie tout de suite. Avant, avec le T9, un sms en voiture pouvait tourner à la catastrophe : tu écrivais “J’ai tellement envie de te goiji” à la jeune fille que tu venais de rencontrer à la fête des saucisses de Ploutargic. Elle te prenait alors pour un genre de finlandais et, pour des motifs religieux, décidait de ne plus jamais te répondre. Aujourd’hui, avec l’autocorrection, c’est encore plus dangereux : tu te retrouves à écrire “Je ne retrouve pas le dossier Chompard” à la jeune fille que tu venais de rencontrer à la fête de la saucisse de Goumoens, alors que tu pensais dire “Je vais te lécher les rotules toute la nuit” à ton camarade de hornuss Fulgencio. Pour votre sécurité, n’envoyez pas de sms au volant.
En voiture on peut écouter la radio. C’est bien, ça. Ça permet de se tenir au courant des dernières tendances musicales ou, si on préfère la radio suisse romande, d’admirer la faconde avec laquelle Jean-François Rime et Christian Levrat arrivent à ne pas se mettre d’accord, cinq soirs par semaine, sur des sujets allant de la construction européenne à la fête à la saucisse de Grosshochstetten. Bref, écouter la radio te permet, au bout de très peu de temps, de redécouvrir tous ces CDs que tu n’avais plus écouté depuis dix ans et qui… oh, dommage, tu as profité du déménagement pour t’en débarrasser.
La radio, c’est également la possibilité d’écouter les inforoutes, très utiles : savoir qu’en ce moment, des gens sont en train de se taper cinq heures de bouchons à l’autre bout du pays, ça détend.
La pendularité automobile, c’est aussi l’occasion de parfaire ton vocabulaire : tous les jours, en effet, une situation t’obligera à insulter le con de devant. Profites-en pour être imaginatif : il existe de nombreuses insultes. Mais comme la plupart sont homophobes ou prostitutophobes, et que tu ne manges pas de ce pain-là, libre à toi d’en inventer de nouvelles et, ainsi, d’apporter une contribution efficace à notre belle langue française.
Tes déplacements te permettront également de te refamiliariser avec le rythme des saisons, que l’on oublie si vite dans nos sociétés urbaines et climatisées : quand, enfin, tu n’auras plus le soleil dans la gueule matin et soir, tu réaliseras que c’est l’hiver, que tu n’as pas de pneus-neige et que le con de devant, aujourd’hui, exceptionnellement, c’est toi.
Mais surtout, ta nouvelle mobilité dure te permettra de te débarrasser facilement de tes amis bobos, venus à vélo t’apporter un soufflé de lentilles au quinoa pour fêter ta pendaison de crémière et qui ne comprennent tellement pas comment, de nos jours, on peut encore avoir une voiture, alors que c’est tellement facile d’utiliser les transports publics, mais est-ce que tu pourrais me déposer devant le magasin de fers à repasser bio à l’occasion parce que c’est un peu loin ?
Heureusement qu’il reste le boulot pour faire sa correspondance!
Je trouve que tu vas souvent à des Fêtes de la saucisse, tu t’entraînes pour un concours de mangeurs de hot-dog ?
Sinon, je trouve le lien particulièrement passionnant, je ne sais pas où les gens vont chercher ces idées de blog, mais si je les connaissais, je serais leur amie et même je leur paierais un Calamin à l’occas’, ainsi qu’à ceux qui les linkent d’ailleurs, ou un Petit Caillou, parce que les petits caillous font les grandes rivières (copyright Angie), mais je crois que je m’égare, ce qui tombe bien, je préfère les trains.
Relire ses classiques, c’est important! (et vous pourrez toujours le faire, aux feux rouges)
Diesel > Quinoa.
Ich bin ein pendulaire !
C’est vrai que dans le train, t’en entends des jolies. Je vais de ce pas créer un “entendu à Bâle”. Merci de comprendre les gens comme ma pomme, qui détestent les enfants et les militaires.
J’aime bien apprendre des mots nouveaux, auourd’hui c’était “pendulaire”.
Et on est aussi un(e) pendulaire quand on va au boulot à pied ? Ou il faut obligatoirement un truc à roues ?
Question : est-ce vraiment utile de pendre la crémière ? (la pauvre, que lui reprochez-vous ?) – ou est-ce crémaillère que vous vouliez utiliser ? ^^
+1
J’avais lu crémaillère, le cerveau est facétieux. Cela dit, le lapsus pourrait aussi bien être volontaire.
Raphaëlle : non, non, c’est bon, je n’ai pas besoin de ma crémaillère pour l’instant, vous pouvez la prendre
Une heure de transport deux fois par jour c’est être parisiens, deux heures c’est être Nord-Américains, et trois heures c’est être de San Paolo…
au fait quelle crime commet cette Crémaillère pour qu’on la pende si souvent ?
Je n’avais jamais songé à me pendre à une crémière avant, tiens (sans doute que je n’en connais pas d’assez grande)
Bienvenue à Genève!
En France on parle des migrations pendulaires pour les déplacements maison/bureau.
Un terme de géographe bourré que les gens du commun ne connaissent pas en général.
Pour insulter le con d’automobiliste juste devant, tous les jours que Dieu fait, tout en renouvelant ton répertoire, je propose déjà de ré-habiliter les vieux jurons…
“Tous les mort bleu, tous les ventre bleu, les sacre bleu et les cornes gidouille, ainsi par bleu, que les jarni bleu et les pâles sang bleu, tous les christi, les ventres saint gris, les par ma barbe et les noms d’une pipe, ainsi pardi que les sapristi et les sacristies, sans oublier les jarnicotons les sgregneugneu et les bigres et les bougres les saperlottes les cré non de non, les peste et poix diantre fichtre et foutre. Tous les bon Dieu, tous les vertu Dieu, tonnerre de Brest et saperlipopette ainsi parbleu que les jarnidieu et les parsque Dieu”
;)
PS: J’ai fait long pour une première participation!
[…] exemple, tenez. Je passe quotidiennement deux heures dans ma voiture. Cela me demande du temps et de l’énergie. Je devrais donc pouvoir monétiser cette activité. […]