Il y a une époque, je sais pas si tu te souviens, les appareils électroménagers survivaient plus de trois semaines à leur garantie. Par exemple, moi, dans la vie, j’ai une très vieille télé. Tellement vieille que y a un temps, je la regardais, parce que dieu n’avait pas encore inventé msn. Tellement vieille que, tu vois, je peux pas l’abandonner comme ça, au bord d’une autoroute, pour la remplacer par un vulgaire écran plat, après tout ce qu’on a vécu ensemble (une soirée Shining, la coupe du monde 2002, Dream On avec le son tout bas pour pas qu’on me signale que non mais t’as pas cours demain?,…)
Du coup, tu comprendras bien qu’il m’est impossible de faire comme sur tous les blogs et de te parler de la wii-fit.
Du coup, j’ai été obligé, constatant que le canapé sis face à la dite télé commençait lentement mais sûrement à épouser la forme veloutée de mes fesses évanescentes, tandis qu’à l’inverse, mon ventre jadis jalousé commençait à trahir légèrement la tendresse que je porte aux boissons houblonneuses, de tester un truc archaïque, le fit sans wii.
Mais pas dans une salle de sport ni sur un terrain de squash, hein, faut pas déconner, c’est un blog respectable, ici, y a des enfants qui pourraient tomber dessus en plus. J’ai donc testé pour toi le Nordic Walking, mais sans bâtons. Un sport hype, vivifiant et on sait jamais, au cours de mes 12 heures de pc par jour, je pourrais croiser une fan de randonnée, les chances sont minces, mais tout de même, faut que je m’entraîne au cas où. Oui, en gros, j’ai été me promener, quoi.
Alors comme ça, ça n’a l’air de rien mais crois moi, ce n’est pas un sport sans dangers.
Au début, il fait beau, tu es plein d’entrain, d’espoir et de mp3. Tu arrives vers les petits panneaux jaunes, tu te dis 3 heures, ça a l’air faisable, je vais suivre plutôt celui-là .
Et tu commences à monter, plein d’entrain et de vigueur. L’air poudroie, les buses cacadent, les chevreuils chevrotent, tu es seul au monde, l’esprit libre et la jambe alerte.
Et tu montes encore.
Et encore.
Un coup d’oeil en contrebas, vers un panorama magnifique…
Et là , tu te rends compte que le panorama magnifique, c’est ton point de départ.
Plus petit qu’avant, certes, mais c’est ton point de départ.
Devant toi, la route a pas l’air de vouloir s’arrêter de grimper.
Et y a personne, bordel. Seul trouble l’inquiétant silence le cri déchirant d’un… ah non, c’est juste ton téléphone qui vient de sonner, tu viens de recevoir un sms, tu en profites pour constater que sur les 3 heures, il te reste environ 2 heures 48.
Tu repars, plein de crampes et d’entrain, parce que si tu mourais de fatigue ici, sûr que les secours se moqueraient en portant ta dépouille encore fumante. Tu es toujours seul au monde, ah non, tiens en fait y a des gens qui montent en voiture, ils sont rusés, j’aurais dû faire pareil. Mais tu tiens bon, tu t’accroches. Quand, au deuxième panneau jaune, tu te rends compte que tu as mis une demi-heure dans la vue aux poseurs de panneaux, tu commences à te ressentir léger et primesautier, surtout que tu es sorti de la forêt, il y a des gentianes et des autres fleurs, plutôt genre bleues.
Les mecs des panneaux décident de se venger de toi, d’abord en décidant de faire grève à une intersection pourtant tripartite, puis en racontant franchement n’importe quoi.
Tu commences à sentir le second souffle arriver, sauf qu’objectivement c’est plutôt le 4 ou 5ème, tu es à nouveau plein d’entrain et tu commences à imaginer un petit Moutier – Genève par les crêtes cet été. C’est à ce moment là que tu croises deux types, environ cinq fois ton âge, immédiatement suivis par deux sac à dos, environ cinq fois ton poids et qui n’ont absolument pas l’air (je parle des vieux, pas des sacs)(je crois que cette blague est interdite depuis environ 1922) essoufflé.
Et là, tu décides d’attendre qu’on construise un téléphérique pour redescendre.