Même pas tiré par les cheveux du tout

Gérald Houppe aimait sa fille, Ulla, comme une fille. Quand son épouse Gérémonde était partie refaire sa vie au Kansas avec un éleveur de poulpes nains d’Oklahoma, il ne s’était pas laissé trop trop abattre, quand bien même Gérémonde avait engagé plusieurs tueurs à gage, mais Gérald s’en était débarrassé grâce à un habile subterfuge (il leur avait fait croire que quand un tueur à gage remplit son contrat, on lui donne un gage, par exemple rester debout sur un pied pendant toute une journée ou être obligé d’aller au premier rang d’un concert de Kyo déguisé en labrador)

Gérald aimait beaucoup sa fille Ulla. Il lui apprit le tennis, même s’il ne savait pas trop compter les points (d’où la désormais célèbre expression 36-15 Ulla). Il rêvait qu’elle fasse une grande carrière dans un métier sérieux, comme par exemple caissière à carrefour parce que, disait-il, “elles ont des très jolies blouses”. Gérald, en effet, était fan de blouses.

Mais hélas, la jeune Ulla ne l’entendit pas de cette oreille, qu’elle avait musicale. Sa passion à elle, c’était la trompette. Alors qu’elle n’avait même pas 16 ans, mais 17, elle rencontra Maurice Armstrong, qui lui affirma être un célèbre producteur de trompettes et qu’il allait la rendre riche et célèbre et tout. Mais hélas, Maurice cherchait surtout à détourner la jeune demoiselle du droit chemin, il faut dire que c’était un sacré déconneur, le Maurice. Mais la jeune Ulla ne se méfia pas et suivit Maurice.

Il s’ensuivit des années de galère pendant lesquelles la pauvre enfant était obligée de jouer de la trompette à des mariages ou dans des films d’art et d’essai serbo-croate. Un beau jour, ou peut-être une nuit, elle décida de prendre à deux mains ce qu’elle pouvait faire le jour même et, sans tambour, elle s’enfuit avec sa trompette.

Fort peu content, Maurice la poursuivit alors par mont et par vaux vache cochon couvée. Il la traqua tant et si bien qu’un jour, il la retrouva et, de rage, lui boucha sa trompette avec un coton-tige géant. Ulla était bien attrappée, car le soir même, elle devait jouer quelques notes en première partie de la chorale de l’école primaire de Morges. Elle se réjouissait, car elle savait qu’un important producteur serait là le soir même (Marcel Calmuche, le plus important producteur céréalier de la région)

Elle se retrouva bouche bée devant sa trompette bouchée. Mais elle eut une idée ingénieuse, alors même qu’elle avait très vite renoncé aux études du même nom à cause qu’il y avait un peu trop de maths et pas assez de trompette: elle décida de postuler à carrefour, histoire d’avoir une belle blouse. Aujourd’hui réconciliée avec son papa Gérald, elle a abandonné toute vélléité trompettière et se consacre à sa nouvelle passion, le passage des marchandises devant la caisse-enregistreuse, avec joie et volupté, même si certains disent qu’elle chante parfois, en blouse, le soir au fond des bois, la magnifique chanson composée pour elle par les rugbymen à l’issue du match France-Galles.

Tel est le tragique destin de Ulla, fille d’Gérald.

2 Responses to “Même pas tiré par les cheveux du tout”

  1. Jilian says:

    mais elle-même était fan de Desireless, ce qui avait des conséquences fort conséquentes, comme celle de hurler de rire en écoutant du Keane à fond. D’où la célèbre expression “Ulla rit, Keane tonne”

  2. kisifi says:

    Il eut été fâcheux qu’il manque Ulla dans cette histoire.