Posts Tagged ‘gens méconnus’

et le navet va

Wednesday, February 2nd, 2005

Toute sa vie durant, Jean-Michel Jarret s’était destiné à reprendre la boucherie paternelle. Il maniait le hachoir avec dextérité, comme d’autres manient le pinceau ou le poêlon. De loin à la ronde, les clients accouraient pour le voir débiter des tranches de rognons de chamois et, alors qu’il n’avait que 16 ans, 3 mois et 12 jours, il était devenu le plus jeune médaillé de l’histoire en catégorie escalopes.

Et puis, par un de ces jours funestes qui marquent une destinée tel le fer rouge comme le ciel de Provence quand le temps est à l’orage, alors qu’il ne se méfiait pas, insouciant et frétillant comme le jeune cabri qui n’a encore jamais entendu parler du rôti braisé aux douze épices ni de Lara Fabian, il rencontra, dans le bus qui le menait à l’Institut National de Boucherie Moutonnière, la ravissante Phulmène.

Or, l’on vivait alors une de ces périodes d’obscurantisme outrancier. Phulmène, jeune fille à la mode et au courant des dernières tendances grâce à la lecture assidue de Jeune&Jolie, Nous Deux et Le Journal du Rail, était végétarienne.

Le monde de Jean-Michel s’écroula. Il ne savait que faire pour impressionner la jeune fille, qui restait sourde à ses avances, quand bien même il lui avait offert des brochettes de tofu marinée au jambon fumé et lui avait également démontré ses talents d’imitateur de cris d’animaux morts.

Mais soudain, Jean-Michel se souvenut d’un ami de lycée qui jouait de la guitare et qui, selon l’expression consacrée à l’époque, se tapait des tas de meufs alors qu’il était chemo comme un glowux. Il ressortit alors son Bontempi du grenier et se mit à composer diverses mélodies, en s’inspirant à la fois de Sid Vicious et de Richard Clayderman.

Il n’eut jamais de relations privilégiées avec Phulmène, qui était sourde comme les impôts et qui, réflexion faite, était un peu conne. Mais, la musique de bouchers étant à la mode en cette période de staracadémisation outrancière, il devint riche et célèbre et put se racheter trois kilos de rumpsteak frais.

[Postambule: je tiens à remercier le googlisateur égaré et sa faute de frappe inspirée qui me l’ont donnée, l’inspiration, pas l’égarement, quoique, pour ce post.]

Duhit à gaines

Monday, December 13th, 2004

Préambule: Ce billet est la suite du précédent. Ca veut dire que, si par exemple, il faut lire le précédent si cela n’est pas encore fait. Mais comme c’est un blog et pas un livre des recettes ajoulotes ou une course de motocycles, le précédent ne se trouve pas avant, mais après. C’est à la fois un précédent et un postcédant. En résumé, les blogs, c’est le bordel.

Hakan Duhit TV, la grille de les programmes.

06:00 Hakan Duhit matin
Au menu bricolage, cuisine, fitness, trompette et téléachat.

07:30 Programme jeunesse
Jeunesse. Dessins animés (vu le peu de moyens de Hakan Duhit TV, il s’agit de dessins réalisés par Osasuna Duhit, 3 ans, animés d’un mouvement circulaire et placés devant la caméra)

09:00 Les feux de la passion de l’amour
Feuilleton. Fulgure Maheut, du deuxième, tente de séduire Ferdinand Sorel, du deuxième aussi (de l’autre côté du palier). Mais elle ignore tout de son ténébreux passé d’éleveur de ragondins.

10:00 Deux flics amis amis
Série. Les agents René Fonjallaz et Siméon Blup font leur ronde dans le quartier. Ils se plaignent à cause de l’insécurité et des effectifs qui sont pas assez suffisants: hier, ils ont dû amender trois grands-mères dont le caniche s’était oublié hors des endroits prévus à cet effet selon le point 7.8 de l’ordonnance municipale sur les déjections canines, soit une augmentation de 300% par rapport à la veille à pareille époque.

11:00 Bouche cousue
Jeu. Patty Duhit fait ses devoirs de français, en silence.

11:30 la cuisine des Duhit
Cuisine. Aujourd’hui: la pizza surgelée.

12:00 Attention à la marche
Divertissement. Gérémonde Groslay, la grand-mère grabataire de Svetlana Duhit, monte chez sa petite-fille, au quatrième étage, pour le dîner.

12:30 Les amours
Jeu. Svetlana Duhit pose des questions à Hakan Duhit. Celui-ci préférerait faire la sieste en buvant son café.

13:00 le journal de la mijaurée
Informations. Présenté par Hermeline Duhit.

14:00 Housse d’oreiller d’Eric
Série allemande. Eric Duhit tente de résoudre un bien mystérieux mystère: qui a volé le tour de lessive familial? Très vite, ses soupçons se portent sur madame Ruchon, du troisième étage.

17:00 Lâchant ses chaussons
Divertissement. Gérémonde Groslay invite ses amies à prendre le thé. Ensemble, elles chantent des trucs de leur époque.

17:30 Déchiffrer des lettres
Jeu. Deux candidats tentent de comprendre le skyblog de Kevin Duhit, 14 ans.

18:00 On a tout essuyé
Truc. La famille Duhit fait la vaisselle. Pour se donner du coeur à l’ouvrage, Olaf fait de mauvais jeux de mots qu’il ponctue de sonores éclats de rire.

19:00 Duhit academy
Télé-alitée. Lequel des douze enfants Duhit devra-t-il quitter le logis familial cette semaine? Le public est invité à voter. Cette semaine, les nominés sont Gordon, 18 ans, surpris par son père à fumer de la drogue, Pétronille, 14 ans, qui répète à l’envi “de toutes façons moi je vais fuguer, je suis trop une incomprite, je suis sûre que vous êtes pas mes vrais parents” et Jean-Fatim, 32 ans.

19:58 Caméra cassée
Série pseudo-humoristique. Toute la famille se presse devant la caméra, pour voir pourquoi elle est cassée. Mais en fait, elle marche.

20:00 Informations régionales
Informations régionales. Ben des informations, quoi, mais régionales.

20:30 Tiercé
Découvrez les pronostics d’Hakan Duhit.

20:40 Loto
Cette semaine, les Duhit n’ont pas gagné au loto. Ils sont un peu déçus.

20:50 La septième Compe Annie au clair de lune
Film français. Rodolphe Duhit, 19 ans, présente à ses parents sa nouvelle conquête, Annie Compe, avant de tenter de l’emmener au clair de lune pour compter ses fleurettes.

23:00 Y a que le vérité qui est vraie
Les enfants Duhit vont se coucher, leurs parents se racontent leurs journées et ferment les rideaux.

00:00 Programmes de la nuit
Au programme téléachat, émission sur la pêche et, quand les Duhit l’ont (la pêche), téléfilms érotiques.

l’empire contre attaque

Friday, October 29th, 2004

Hermann Suppe naquit par un beau jour de printemps, sur la sympathique et joviale planète Krypton.

Un jour, alors qu’il faisait une partie de cache-cache avec son frère Norman, il se perdit dans l’espace intersidéral, tant et si bien qu’il se retrouva alors sur une planète nommée la Terre. Mais il ne le savait pas, il savait juste qu’il était sur une planète. Malheureusement, pendant la chute, son natel portable s’était brisé et il ne put rappeler ses parents. Fort bien lui en prit car, entre temps, ceux-ci oublièrent d’éteindre le gaz après avoir cuisiné un gaspacho à l’armoricaine, ce qui provoqua l’explosion de la planète Krypton.

Hermann Suppe se retrouve donc sur la Terre seul, malheureux et désemparé. En plus, il a un peu honte car ses parents l’ont obligé à se vêtir d’un collant ridicule et d’une cape ayant appartenu à son père, Mordoch Suppe. En plus, il a les poches pleines de kryptonite, just go ahaed now.

Mais heureusement pour lui, une famille de sympathiques habitants de Smallville (USA) le recueille. Le petit Hermann ne parle pas très bien l’américain et ne peut rien faire quand on lui dit qu’il s’appellera Clark, en hommage au célèbre acteur Yves Mourousi et au chanteur folklorique Hugues Aufray.

Hermann court très lentement pour un kryptonien. Mais cela lui suffit à se péter la frime sur sa planète d’accueil, la Terre. Seulement, les Kent sont des calvinistes à tendance luthérienne. Il lui disent d’arrêter un peu ses conneries, sinon l’agence mondiale antidopage va le suspendre à la plus haute branche d’un châtaigner.

Clark coule une enfance heureuse, il fait des tas de trucs comme jouer aux billes, manger des potirons, chasser le ibis, enfin des trucs de jeunes. Mais vient l’adolescence et là, au grand désespoir de ses parents adoptifs, il sombre, en bon sportif frustré, dans les études de journalisme. Après un stage dans le journal local et un article très remarqué sur la fête de la citrouille, il décide alors de monter à la ville et y devient journaliste dans un journal. Il s’éprend alors de la belle Lois Lane, ce qui prouve que les kryptoniens sont un peu sots.Un jour, pour l’impressionner, il décide alors d’enlever ses lunettes ridicules, de se gominer les cheveux et de mettre la cape de son père. En effet, les kryptoniens, comme les paons, se parent de couleurs chatoyantes pour la parade nuptiale.

Mais Lois qui est vraiment stupide le prend pour un superhéros. Ce d’autant plus que Hermann Suppe sauve Rodrigo, un jeune chaton épagneul qui s’était perdu dans un arbre.

Pendant des années, Clark-Kent refuse que l’on sache qu’il est Hermann Suppe. Mais un jour, il décide de révéler la supercherie au grand jour afin de se taper sa super-chérie. Et c’est là qu’il se rend compte que ses parents adoptifs avaient raison. En effet, dès ce jour, il n’a plus de répit. Il est tout d’abord invité par Marc-Olivier Fogiel, qui se moque de sa cape rouge, puis par Mireille Dumas et enfin par Evelyne Thomas qui le relooke en Batman.

Hermann Suppe tombe alors de cheval dans la dépression et devient danseur-étoile dans la troupe de Kamel Ouali.

(ci-dessous, une photo d’Hermann Suppe lors de la fête annuelle des saucisses (crédit photo calek)

je n’ai pas mal aux genoux

Friday, September 24th, 2004

René Phulpin est heureux. Il a enfin accompli son rêve: devenir rédac’chef. Pendant des années, alors qu’il gravissait un à un les échelons menant des chiens écrasés aux cigares cubains écrasés dans un magnifique cendrier en rotin massif, il maugréait sévère contre le ton passéiste du journal qui l’employait. Mais maintenant, ça va changer. Il va imposer sa griffe, redonner des couleurs au quotidien de son quotidien.

Il va appliquer les recettes des médias en vogue: donner dans le pipeul, le scandale, le scabreux, les mots croisés. Il se souvient des mots de son mentor, le célèbre Peter Blougou: “En journalisme, le plus important, c’est la règle des 3 S: ce qui fait lire les gens c’est le sang, le sexe, le salami. N’oublie jamais non plus la règle des 5 Q: plus y a de Q dans un article, meilleur il est. Et garde toujours en mémoire la règle des 32 z, des 8 p, du lampiste et de la chauve-souris géante.”

René Phulpin veut inculquer à ses collaborateurs ce nouvel état d’esprit: “Ce que les gens veulent, c’est du rêve, de l’émotion. On va pas commencer à les emmerder avec de l’information. De toutes façons, ils lisent que les photos!” Il sait que ce sera dur de convaincre les vieux journalistes, qui tiennent dur comme fer à leurs méthodes éculées (c’est vraiment une bande d’éculés) et qui ont un peu peur de ne plus pouvoir aller à tous les apéros.

Mais très vite, René Phulpin est confronté à la plus terrible des réticences: celle de la réalité. (C’est beau comme phrase (et un peu creux aussi, je devrais faire de la politique)) Si “l’echo de Bouzingues” ne fait pas de pipeul, c’est avant tout parce que la plus glamour des stars locales est Plectrude Frutof, vingt-trois fois championne régionale de pétanque acrobatique. Mais Plectrude est aussi la seule star locale (si l’on excepte Raymond Gloutzog, le pompier municipal, qui a sauvé le chat de madame Zluh, coincé dans un arbre). Elle a aujourd’hui 62 ans et coule des jours heureux avec son mari Nestor. Difficile de lui supposer de tumultueuses aventures, ce d’autant plus qu’elle est présidente du club de tricot.

Quant aux scandales, ils sont peu nombreux dans la région. Le dernier en date date du jour où des jeunes de Blouville ont voulu acheter du pain à la boulangerie Fichtrolles en se déguisant en cordonniers vaudous. Parce qu’à Bouzingues, on les aime pas, les Blouville, depuis l’affaire du bus scolaire fuchsia.

René Phulpin est heureux. Son meilleur journaliste, Grégoire Pluchawsky, lui a ramené un scoop faramineux: Othenin Bruchard vient de pêcher un brochet de 6 mètres 80.

ce serait pas un albatros?

Thursday, September 2nd, 2004

Un nouvel épisode de notre grande série: la vie méconnue des gens méconnus aussi.

Aude Lafontaine était une jeune fille studieuse et révérencieuse. Toute petite déjà, elle prenait soin de ses petits camarades et ne manquait jamais une occasion de les remettre sur la voie du bonheur et de la sagesse.

Par exemple, quand le petit Paul-Kévin essayait de regarder par-dessus son épaule pendant les interrogations de mathémathiques, elle prenait soin d’en informer la maîtresse. Aude aimait à accompagner ses actes de petites phrases telles que “tel est pris qui croyait prendre”, “qui rit vendredi fera moins le malin samedi”, “un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, sauf si c’est un gros tiens qui bave” et la fameuse et intemporelle “c’est pour ton bien tu me remercieras plus tard”.

Disons le tout net, en un mot comme en cent, ne tergiversons pas, Aude Lafontaine était chiante.

Peu à peu, elle voyait se détourner d’elle ses rares amis qui, lentement, se lassaient de se faire rappeler à l’ordre chaque fois qu’ils voulaient tricher au jass, manger avec leurs doigts, dire que la raison du plus fort était un peu pourrie, regarder la téléréalité, massacrer des lemmings ou lire france dimanche.

Au début, Aude se disait que han, si ils ne veulent pas voir la vérité, c’est tant pis pour eux et nananère, moi je serai sage et vertueuse et même pas eux, nananère. Mais bon, au bout d’un moment, elle en eut marre de jouer avec Jean-Charles, son hamster du Gabon. Elle refléchissait à un moyen de reconquérir l’amitié de ses amis.

C’est à ce moment que les camarades de classe d’Aude décidèrent de jouer un tour bien pendable, quand même, limite machiavélique, à la pauvrette: ils insérèrent diverses substances psychotropes dans son yop à la banane flambée.

Aude se mit alors à délirer veugra. Elle voyait Pélagno, le loup, tenir des propos incohérents, une cigale danser à moitié nue dans un cabaret louche, et un renard et un corbeau en train de s’engueuler pour un bout de fromage.

Toutes larmes dehors, elle s’en fut narrer l’aventure à la maîtresse qui lui ricana au nez: “zyva, tu racontes trop des fables, toi, tout le monde sait que les corbeaux ça mange des animaux morts.”

Aujourd’hui, la fillette est devenue grande et s’appelle Aude Wrubuk (aha y a un excellent jeu de mots là)(ah ben en fait non). Elle s’est en effet mariée.

Mais elle est toujours aussi chiante, hein, c’est juste que son époux il comprend pas ce qu’elle dit.

Moralité: les moralités, c’est pour les cons.

étoile à matelas

Wednesday, August 4th, 2004

Pierre Auswendig est un jeune homme normal, qui rêve de trucs normaux, gagner plein de thunes, séduire la belle Jeanine, manger des corn flakes et pouvoir se lécher les orteils.
Mais un jour, il se fait mordre par un yorkshire génétiquement modifié. Il développe alors d’étranges superpouvoirs. Avec son pote Marcel, il décide alors de se mettre au service du Bien, en espérant que ça l’aidera à se taper des meufsparce que le Bien, c’est bien.
Il décide aussi de s’acheter un collant bleu pour quand il sert le Bien. Pour déconner. Et il se fait appeler Yorkshire-Man.
Son ennemi juré, le Géant Vert, débarque alors et tente d’ensevelir la ville sous des grains de maïs, on sait pas bien bien pourquoi. Faut pas chercher, avec les méchants, ils arrêtent pas de foutre le bordel.
Ils se livrent alors une lutte sans merci, sauf l’intrépide Yorkshire-Man qui est un bon garçon bien éduqué, qui dit merci et s’il vous plaît. Y a une scène d’action trépidante avec une poursuite et tout. Sauf que bon, Yorkshire-Man jappe tout le long, alors c’est un peu chiant.
A la fin, c’est le Bien qui gagne, grâce à ses terribles armes secrètes.

la critique de la raison pure est aisée, mais l’arrêt de bus est quand même loin

Tuesday, June 22nd, 2004

Tout le monde connaît Manu Kant, l’un des trois piliers de la philosophie avec Descartes, Platon et Florent Pagny.

Je voudrais aujourd’hui rendre hommage à une philosophe dont la démarche est par trop méconnue: Claudie Kant.

Dès son plus jeune âge, Claudie Kant se passionnit pour le cricket, la cuisine et les prolégomènes. Elle aimait aussi beaucoup la musique sacrée et les animaux, et c’est tout naturellement qu’elle nomma son chat Grégory I.

Comme son illustre homonyme, elle aurait pu devenir philosophe. Mais la vie d’ascète ne l’intéressait que peu, car elle était avide à sept heures, mais le reste du temps aussi. Et que on a beau dire, on a beau faire, mais philosophe, ça nourrit pas son homme et a fortiori sa femme non plus.

Claudie rêvait d’élever à son paroxysme le noble art philosophique, elle voulait devenir plus célèbre que BHL et Frederic Beigbeder réunis, elle rêvait de Thierry Ardisson, de Michel Drucker et de cafetières Moulinex.

Elle voulait devenir la Pascal Obispo de la philosophie moderne.

Mais las, malgré un brillant ouvrage intitulé “Prolégomènes de la maïeutique substantifique dans l’exégèse de la moutarde de Dijon et inversément”, salué par l’ensemble de la profession, ce qui ne fait d’ailleurs pas grand monde, elle ne devenut jamais une star du petit écran. Tf1 lui proposa d’intervenir dans une émission spéciale de sans aucun doute. Elle devait expliquer pourquoi cette jeunesse en mal de répères, abrutie par les jeux vidéos, se laissait ainsi aller à la violence, puis montrer ses nichons. Chose que son intégrité lui ordonna de refuser, car le cachet n’était pas assez élevé.

France 3 lui proposa un petit rôle dans “j’utilise fréquemment le mot nonobstant et c’est mon choix”, mais elle fut coupée au montage, après plusieurs phrases de plus de 5 mots consécutives.

La seule émission télé à lui proposer une place de chroniqueuse fut une émission musicale sur la tsr, où elle devut répondre aux questions sms de jeunes adolescents en mal de questionnements existentiels. Elle décidit d’abandonner après qu’on lui déclarut “kikoo T tro bonne toua tu C”

Dès lors, elle s’adonna aux plaisirs faciles, drogue, stupre, calendriers de rugbymen, pâtes à la carbonara et trombone à coulisse.

Elle se mit à courir les bars, à sprinter les bistrots, à marcher les estaminets, à trotter les auberges, à galoper les tavernes (faut me dire si ça devient lourd, hein), à déambuler les gargottes. Mais du fond de sa déchéance, le violon dingue de la philosophie venait toujours jouer des trémolos lancinants dans les circonvolutions cérébrales de sa mémoire avinée.

(les plus observateurs d’entre vous noteront que cette phrase ne veut rien dire)

Et souvent, aux alentours de 3 heures du matin, par là autour, on la peut retrouver dans quelque établissement brumeux des faubourgs enfumés de la banlieue de Gänsbrunnen, le regard torve et le pas alambiqué, se lançant dans l’une ou l’autre de ses flamboyantes diatribes, qui sont à l’origine d’une part importante mais méconnue de la philosophie moderne.
Citons par exemple son plus célèbre monologue: “tu vois, moi, jveux dire, hein, la maïeutique….Marcel, encore une bière, steplait…j’en étais où? Non mais tu vois les jeunes aujourd’hui, ils s’en foutent quoi… mais d’mon temps hein…j’veux dire…fait soif dans ce pays bordel…elle vient ste bière Marcel…je disais quoi?? ah oui…tu sais, moi, j’aurais pu faire une carrière dans la politique, hein, mais tu vois, les gars, tous des pourris…jte dis, tous des pourris…huhu..je t’ai parlé du prolégomène de la maïeutique, déjà?”