Un nouvel épisode de notre grande série: la vie méconnue des gens méconnus aussi.
Aude Lafontaine était une jeune fille studieuse et révérencieuse. Toute petite déjà, elle prenait soin de ses petits camarades et ne manquait jamais une occasion de les remettre sur la voie du bonheur et de la sagesse.
Par exemple, quand le petit Paul-Kévin essayait de regarder par-dessus son épaule pendant les interrogations de mathémathiques, elle prenait soin d’en informer la maîtresse. Aude aimait à accompagner ses actes de petites phrases telles que “tel est pris qui croyait prendre”, “qui rit vendredi fera moins le malin samedi”, “un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, sauf si c’est un gros tiens qui bave” et la fameuse et intemporelle “c’est pour ton bien tu me remercieras plus tard”.
Disons le tout net, en un mot comme en cent, ne tergiversons pas, Aude Lafontaine était chiante.
Peu à peu, elle voyait se détourner d’elle ses rares amis qui, lentement, se lassaient de se faire rappeler à l’ordre chaque fois qu’ils voulaient tricher au jass, manger avec leurs doigts, dire que la raison du plus fort était un peu pourrie, regarder la téléréalité, massacrer des lemmings ou lire france dimanche.
Au début, Aude se disait que han, si ils ne veulent pas voir la vérité, c’est tant pis pour eux et nananère, moi je serai sage et vertueuse et même pas eux, nananère. Mais bon, au bout d’un moment, elle en eut marre de jouer avec Jean-Charles, son hamster du Gabon. Elle refléchissait à un moyen de reconquérir l’amitié de ses amis.
C’est à ce moment que les camarades de classe d’Aude décidèrent de jouer un tour bien pendable, quand même, limite machiavélique, à la pauvrette: ils insérèrent diverses substances psychotropes dans son yop à la banane flambée.
Aude se mit alors à délirer veugra. Elle voyait Pélagno, le loup, tenir des propos incohérents, une cigale danser à moitié nue dans un cabaret louche, et un renard et un corbeau en train de s’engueuler pour un bout de fromage.
Toutes larmes dehors, elle s’en fut narrer l’aventure à la maîtresse qui lui ricana au nez: “zyva, tu racontes trop des fables, toi, tout le monde sait que les corbeaux ça mange des animaux morts.”
Aujourd’hui, la fillette est devenue grande et s’appelle Aude Wrubuk (aha y a un excellent jeu de mots là)(ah ben en fait non). Elle s’est en effet mariée.
Mais elle est toujours aussi chiante, hein, c’est juste que son époux il comprend pas ce qu’elle dit.
Moralité: les moralités, c’est pour les cons.
Tags: gens méconnus, machiavélisme, mauvais jeu de mots, moralité, people
Ah ben c’est presque moi dis-donc !