Archive for the ‘le blog est un journal intime virtuel’ Category

tapis perçant

Monday, December 29th, 2003

R. est un jeune homme plutôt sympathique. Il a un hobby, une passion, qu’il pratique avec un talent certain: dormir. Surtout en période de vacances.

R. habite dans un charmant patelin, dans lequel il peut pratiquer son hobby avec bonheur, vu que c’est quand même la seule chose à faire dans ce bled moisi.

Dans l’immeuble de R., y a de moins en moins de gens. Il faut dire que c’est un de ces immeubles construits y a plusieurs siècles, enfin au moins au milieu du dernier, et que les installations techniques sont d’époque.

Mais un jour, une nouveau propriétaire acquiert ledit immeuble et, plein de cette fougue juvénile caractéristique aux nouveaux propriétaires d’immeubles, il décide de redonner un coup de jeune aux appartements vacants. R. se réjouit, il aura bientôt plein de nouveaux voisins amusants, ou alors ce sera peut-être des cons, tout ce que je leur demande c’est de pas me piquer mon jour de lessive.

Sans prévenir ses locataires, histoire de leur faire une surprise, le nouveau propriétaire envoie donc une armada de types marteler et perceuser l’immeuble. R. profite d’un jour de vacances bien mérité pour s’adonner à son hobby, quand il est violemment interrompu par des coups de marteau répétitifs.
“Gasp”, se dit R., qui a beaucoup lu de bandes dessinnées dans sa jeunesse.

Réveillé comme un troupeau de lamas, R. se décide donc à vaquer. Il va boire son café, puis s’installe nonchalamment devant son magnifique ordinateur à propulsion interne.

Mais les réparateurs ne l’entendent pas de cette oreille et s’attaquent lâchement à celles de R., qu’il a un peu grandes mais non dénuées de charme et de boucles. Ils, les réparateurs, troquent le marteau contre la perceuse, histoire de rigoler. “Même pas peur”, se dit R. qui a de la culture et des tas de mp3. Il pousse ses haut-parleurs dans leurs derniers retranchements et se dit “tiens, je savais pas que j’avais un mp3 qui faisait le bruit de la perceuse”

R. se dit que là c’est un tantinet abusé sa race et décide d’aller explorer le vaste monde. Il enfourche donc son fier destrier, une poubelle corsa qui sort de visite et décide lâchement d’aller lécher les vitrines et d’en ramener le dernier cd des béru, peut-être qu’à plein volume ça peut combattre une perceuse. Mais c’est là, dans cet instant trop calme, que se noue le drame: y a un voyant lumineux qui lumine.

Très porté sur les choses de la mécanique, R. sait immédiatement ce qu’il faut faire dans ces cas là: il va voir son garagiste qui est en vacances. Il rentre donc dans sa maisonnette et appelle les gens qui réparent les voitures et leur explique le problème en hurlant, non qu’il soit impoli mais c’est à cause des putains de perceuses.

Après moult péripéties, la madame du téléphone lui dit que le garagiste rappellera. R. est donc condamné à faire la même chose en vacances qu’entre les vacances: attendre que le téléphone daigne sonner. Sauf que là, en plus, y a des types qui s’amusent avec des perceuses. Les cons.

Heureusement, les gens des perceuses ont des horaires de fonctionnaires. Mais la menace qui plane sur R. est inexorable: demain, ils reviendront. Et R. sera coincé dans son petit village pas très intéressant à attendre que les gens du garage finissent de trifouiller sa voiture. Et là, R. a un peu trop mal à sa tête pour trouver une conclusion digne de ce nom.

comment j’ai appris le vaudois

Monday, December 8th, 2003

Depuis ce week-end, ce blog a une nouvelle lecteuse.
Une lecteuse qui suit attentivement la starac’, même qu’elle est un peu déçue que Patxi se soit fait éliminer par un polonais. Pas parce qu’elle n’aime pas les polonais, même si elle est pas très papiste, mais surtout parce qu’elle aimait bien Patxi.
Mais à part ses goûts télévisuels déplorables, cette lecteuse ne fait pas que des conneries. Il y a même une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, vu que c’était il y a…houla oui, c’était il y a, on n’a plus vingt ans, où elle a fabriqué des trucs que, en fait, si elle les avait pas fabriqué, je serais un peu embêté.
Tout est relatif, quand même: à 25 ans, on vit en communauté, on fait pousser des poules, on fume des trucs pas très légaux, on donne des cours de gym pieds nus et en jupe à fleurs et on fait de magnifiques bébés qui deviendront chatoyants. Quelques années plus tard, on s’embourgeoise, on regarde la starac’ dans sa maison du nord de la suisse et on va en vacances dans sa maison du sud de la france.
Et on a des tas d’ordinateurs, dont un portable qui rend son fiston un peu jaloux, quand même. Surtout que sans ledit fiston, on saurait même pas comment se brancher dans l’internet. Et on pourrait pas aller lire son blog. Tout fout le camp.
Donc à partir d’aujourd’hui, j’arrête d’écrire n’importe quoi, faudrait quand même pas que ma maman s’imagine que je passe mon temps à écrire des conneries. Ou pas.

piscine municipale

Tuesday, November 4th, 2003

J’ai découvert un blog au contenu d’une lucidité impressionnante.

Mais en fait, j’ai découvert un autre truc sur la page d’accueil de u-blog. Un truc terrible et terrifiant. Les blogs, dans leur immense majorité, ne parlent ni santé, ni gastronomie, ni rencontres. Ils évitent comme la guigne les sujets tels que télévision, voyages et sciences. L’immense majorité des blogs sont des journaux intimes.

Et comme me faisait remarquer un type à qui je faisais remarquer que des fois, la majorité elle dit des conneries, mais on parlait élections helvétiques et pas blogs, “Si que c’est le peuple qu’il l’a dit, alors c’est que c’est que le peuple il a raison.”

Ca fait 178 notes que j’écris des trucs pas vraiment intimes et vraiment pas journalistiques. Z’auriez pu me prévenir quand même. Mais c’est en faisant des erreurs qu’après on n’en fait plus, sauf certaines erreurs qu’on fait 45 fois en deux ans dans la joie et l’allégresse, comme disait un type célèbre mort dont le nom n’est pas passé à la postérité vu qu’il n’était pas super intéressant, comme gars.

Je vais donc réparer cette erreur et vous raconter ma vie trépidante et dubitatoire. Qui a dit on s’en fout? Oui ben si tu t’en fous t’as qu’à pas lire…euh si, si, faut lire, mais tout en faisant semblant de jouer du biniou en tenue de rugbyman namibien. Parce que bon, j’écris pas pour être lu, mais quand même, si j’étais lu que par la famille Berlincourt de Mezieux (69), écrire aurait autant d’intérêt que de regarder la Petite Maison dans la Prairie en urdu. Sauf que ça m’apprendrait pas comment on dit “Mais voyons, Charles Ingalls, vous savez bien que nos invités n’aiment pas les gourmandises” en urdu, mais là je m’égare.

Donc, ma vie. Quand j’avais six ans, j’étais d’une taille plutôt inférieure à celle qui est la mienne aujourd’hui. Je fréquentais alors assidûment les tripots mal famés de Treycovagnes. C’est à cette époque que je découvrissait la pelote basque, activité ludique qui n’allait nullement m’intéresser.

Je me rappelle encore des soirées mouvementées que nous passions les soirs de réveillon, fort peu nombreux en cette terrible période de récession économique et bataviaire. Mon oncle Achilée interprétait les meilleurs morceaux d’Hélène Ségara au bandonéon pendant que mes onze frères et soeurs reprenaient en choeur une part de tarte aux griottes d’élevage.

Et puis, tout a changé le jour, funeste et roboratif, où rien ne fut plus comme avant. Soudain, les choses devenirent différentes. Rien ne ressemblit plus à comme c’était avant que ça soit différent. C’était, je m’en rappelle comme si c’était hier, hier. Sur le coup de midi. Comme chaque jour, futile et innocent, je sortis de mon boulot qui me paie tous les 25 du mois parce que c’est fait par des ordinateurs alors ils oublient jamais de le faire parce qu’ils sont malins, même si des fois ils le sont pas très, par exemple quand ils me disent qu’ils n’ont trouvé aucun t610 alors que franchement, il est quand même visible ce bon dieu de t610, même une poule y retrouverait ses petits, pour aller dépenser une partie de ma paie gagnée à la sueur de ma troisième lombaire dans une infâme gargotte où je pourrais me restaurer de quelque civet de cheval à la mode de chez nous, mais pas de chez nous en fait, de chez les types du restaurant.

Je vais vous raconter ma vie, donc. Et bien, des fois, avoue-je, il m’arrive d’avoir 19 minutes à tuer et de le faire en improvisant des conneries que personne ne lit jusqu’au bout, j’espère, sinon ça veut dire que vous êtes vraiment désoeuvrés, faudrait voir pour vous inscrire dans un club de scrabble, sur le clavier de mon écran, ce qui présente l’incroyable avantage de faire croire que je bosse, vu que j’exerce une magnifique profession fort décriée où on tape avec ses doigts sur d’innocents claviers de type qwertz, mais je pense que ça marcherait aussi avec des azerty. Mais nous on a des qwertz par mesure d’économie, vu qu’un clavier azerty en vaut deux.

du temps à perdre

Thursday, July 24th, 2003

Je suis fatigué, raide mort, lessivé, ereinté, vidé, out et même un peu fourbu, j’ai mal partout. Bref, je suis content. Des valises en carton sous les yeux et un sourire fallacieux (oui, je sais, mais j’avais envie de dire fallacieux). Ah oui, en fait, quand je dis mal partout, c’est une expression. Mon coude droit, par exemple, n’est pas excessivement douloureux.

Mais c’est pas de ça que je voulais parler, en fait. A la base, je voulais faire un billet sur la dendrochronologie, mais je suis dit que ça intéressait personne. En tout cas moi, j’avoue que je m’en contrefiche éperdument.

Ah oui, je dis billet maintenant et plus post, note ou glutzubure à variatrons. Paraît que l’inventatrice officielle du mot billet c’est Steph . C’est normal, nous autres, en Suisse, on aime les billets. Sauf les billets de train pour Krauchthal-Aéroport. En voiture s’il vous plaît. Première classe secteurs A et C, wagon restaurant secteur B, attention, ce train ne dessert pas les gares de Bümpliz-Nord parce que c’est pas sur sa route ni de Morges, comme ça, à cause d’idées préconçues sur Morges.

Depuis que y a Carrefour à Bienne, plus personne ne va faire ses commis à Schönbühl. C’est dommage, c’est plutôt chouette Schönbühl, surtout niveau parkings, mais je me demande si ils mettent un truc dans les pâtes ou alors c’était peut-être les poissons à huit bras va savoir.

Oui je sais, mais j’avais besoin de faire un billet totalement rien à voir, c’est bon pour la repousse de mes gencives. C’est un conseil de mon docteur. Pas mal, ce savon pour les mains. Il est 10h22 et j’ai pas encore fait ce truc que je devais faire de toute urgence avant 10h23 sinon le monde va s’effondrer, les martiens vont attaquer le Lieschtenstein et George W. Bush va devenir président des Etats-Unis.

Y a encore des gens qui sont encore en train de lire, là? Soit. Pour les décourager, je vais parler de la théorie des particules inversées appliquées à la tonte des moutons irlandais. Plus que six minutes et il sera six minutes plus tard. Six minutes, ça peut être hyper court si on est en train de se gratter les omoplates, mais le mec qui est resté debout pendant 12 ans, les six dernières minutes ont du lui paraître longues.

Mes collègues voient mes doigts graciles et vigoureux s’agiter, mais seulement deux à la fois parce que je trichais en dactylo, alors ils croient que je bosse. De tous ceux qui trichaient en dactylo à l’école, je suis d’ailleurs pas celui qui a le plus réussi dans la vie d’ailleurs, si on admet que réussir c’est faire un boulot plutôt sympa si on aime, avoir une épouse blonde, être super riche, signer des autographes et tutoyer Alain Morisod, mais je suis pas sur qu’ils se connaissent en fait.

Ah ben 5 bons sixièmes des six minutes se sont écoulées. Je vais me munir de mes instruments de travail et aller regarder mon accompagnateur travaillistique de ce jour avec ce regard mi-inquisiteur, mi-inquiet, mi-vaporeux qui veut dire: “Oh, on y va, ou quoi?”

Dont acte

euh…

Thursday, July 10th, 2003

D’abord, j’ai vu ça et du coup, j’ai suivi, j’ai vu ça ce qui n’était pas forcément intéressant, comme ça, à proprement parler, mais bon, pour voir, j’ai vu ça et j’avoue, j’ai bien rigolé.


Y a tout sur le net. Y a même des gens sympas qui expliquent aux timides comment draguer dans la rue. Enfin, j’imagine que quelqu’un qui a besoin d’aller voir sur Internet comment draguer dans la rue, il est un peu timide à la base, sinon je suppose qu’il a une idée sur la question.


Et voilà ce qu’il lit:


1 ére Technique du “bistro”


Aussi appelée la technique du gros lourd


La drague commence très souvent par un contact visuel et pour une fois, ce n’est pas toujours l’homme qui prend les rennes,


Non c’est le père Noël qui prend les rennes…


mais la femme, vous pouvez la regarder


ah?


jusqu�à qu�elle s�en aperçoive et quand elle arrive a côté de vous, vous lui faite


on écrit pas faite mais faisez


 un petit clin d��il et, si elle se retourne discrètement,


Je visualise hyper mal la situation: je la regarde, je lui fais un clin d’oeil donc je suis en face d’elle. Donc si elle se retourne, même discrètement, y a problème, non?


vous pouvez alors commencer a discuter et a l�emmener sur une terrasse d�un café afin de faire plus ample connaissance.


Ah merde… c’est aussi simple que ça?


2 éme technique dans la rue


Il y a aussi la possibilité de faire croire que vous n�êtes pas de la région


Et prendre un accent russe? Ah oui ça peut être marrant si elle est pas russe.


et que vous chercher un resto. Vous lui posez la question


Bonjour, est-ce que je cherche un resto?


et vous demandez de vous accompagnez


Non, rien


 car vous avez peur de vous perdre. Si elle est d�accord, vous lui parlez et vous lui demandez ou on peut sortir le soir et vous vous donner rendez-vous.


Mais bon, le vrai timide, ne fait pas ça. Le vrai timide regarde une fille dans la rue, leurs regards se croisent et là, il fait semblant que en fait, il était en train de regarder la vitrine du magasin juste derrière elle, manque de bol c’est un magasin de lingerie ou d’articles de pêche et là, il devient rouge fluo. Et quand une fille, mettons une serveuse de bistrot, lui fait le coup du grand sourire et du regard droit dans les yeux, un de ces regards que t’as l’impression que vos yeux sont en train de se violer, là, devant tout le monde, en général, le timide regarde dans son porte-monnaie s’il a de la monnaie (ou dans son porte-feuille s’il a des feuilles, dans son porte-manteaux s’il a des manteaux, son porte-jarretelles s’il a des jarretelles, son porte-avion s’il a des avions, son porte d’amsterdam s’il y a des marins qui boivent et qui boivent et reboivent et qui reboivent encore et ça sent la morue jusque dans l’coeur des frites que leurs grosses mains invitent…) 


Le timide récupérable, à la limite, il peut tenter la solution 2: il aborde la fille, il articule: “Bonjour, restaurant”, là déjà il a la jambe qui flageolle, la peau qui rougeoie et le ciel qui poudroie, là elle lui répond: “Ah oui, chez Alfredo on mange bien et c’est pas cher” et le timide, au bord de l’apoplexie, il répond “merci” et il se casse. Si il avait vraiment faim, il est bien embêté vu qu’il a pas réussi à demander l’adresse du resto.


Mais en général, le timide drague pas des inconnues, il dit à ses potes, ouais tu vois moi, ça m’intéresse pas les relations juste basées sur le physique, quoi. A la place, il passe des petites annonces sur des sites cochons sur Internet.


(C’est à ce moment là de mon récit que je me sens obligé de préciser: y a un peu de vécu, mais y a aussi de l’exagération et du vécu d’autres gens, hein) (Ah et puis non, je le dis pas, entretenons les mites) (Au Québec, la naphtaline ils appellent ça de la boule à mites et c’est une contrepèterie rigolotte)


Et quand une fille fait battre son coeur un peu plus fort que les autres, que les autres filles donc, pas forcément que les autres coeurs, là, il se sent obligé de réagir. Si c’est des copines de classe, là il leur cause, quand même, il leur demande des trucs du genre: “alors ça a été les maths?” et là elles répondent “pas trop mal” et il répond “ah” et se dit que sa technique d’approche est pas super au point.


Par contre des fois, il sympathise avec des filles, elle lui confient leurs problèmes: “ah mais tu sais, Jean-Robert, je crois qu’il est avec moi que pour le cul, toi t’es pas pareil, avec toi on peut discuter, ah tiens voilà Jean-Robert qui arrive, je te laisse” et là il se dit que sa technique d’approche est pas super au point.


Sinon, si la jeune fille dont il rêve si fort que ses draps s’en souviennent, ben quoi, les timides ont des besoins comme tout le monde, n’est pas dans sa classe mais une pote de pote, le timide est tout à fait capable de passer 108 fois par jour dans le quartier où elle habite histoire de la croiser par hasard. Et si par malheur elle est quincaillère ou cafetière, le timide est tout à fait capable d’acheter 16 boîtes de clous par jour ou de boire 16 cafés par jour jusqu’au jour ou il arrivera enfin à balbutier: “toi, moi, aller ciné?” (et ensuite, 16 cafés ou 16 boites de clous par jour jusqu’au jour ou il arive à lui dire: “retourner ciné?”


(Je précise, tout ce post parle de monsieurs timides, mais y a aussi des dames timides, même qu’elles m’ont un peu inspiré ce post.)

i wätt i hätt äs happy bett

Saturday, June 14th, 2003

Cette note est à usage strictement personnel, c’est juste pour voir ce dont quoi auquel je suis capable après une nuit presque blanche.

Genre pour montrer à mes arrières-petits-enfants ce qu’ils risquent quand ils refuseront d’aller dormir paske ils voudront voir le film de cul du dimanche soir sur m6.

Cela dit maintenant que t’es là tu peux continuer à lire, j’suis pas comme ça, mais faut pas t’attendre à des effets stylatoires à tomber d’ta chaise et à de désopilantes trucs-machins-chouettes-bidules-tralala (j’ai tendance à paumer mes mots quand que je suis fatigué) (et à les confondre, aussi, mais pas les mêmes, vu que j’peux pas confondre des mots que je retrouve pas)

Cela dit, si j’veux pouvoir me rendre compte plus tard de l’état pathétique dans lequel je m’trouve en ce moment, paske en ce moment j’suis pas sur de réaliser total à fond, faut que j’écrive quequ’chose. Mais mes idées sont coincées quelque part avec mes mots. D’ailleurs, si quelqu’un les aperçoit, il est prié de me les envoyer aussi sec illico sur le champ, là tout d’suite et que ça saute, j’en ai besoin moi. C’est vrai, c’est vachement pratique des idées et des mots pour aller faire ses commis à la migros.

Et si j’ai pas pioncé, c’est pas pour ce que tu crois, toi, là, au fond à gauche. C’est pour des raisons vachement moins avouables que ça, mais mais bon ça m’a rapporté des sous.

Et sinon j’voulais aussi dire que… ah non même pas.

Moralité: dormir c’est vachement meilleur pour la santé que pas.

Bordélisme chronique

Sunday, June 8th, 2003

Le bordélisme chronique est une maladie très grave.


Déjà, c’est une maladie qui n’est pas socialement reconnue. Si vous dites aux gens que vous êtes diabétique, dépressif ou fan de Nolwenn, ils vous regarderont avec un air triste, vous diront: mon pauvre ahlala mais comment ça va qu’est ce qu’on peut faire soigne toi bien ahlala mon pauvre.


Par contre, avouez aux gens que vous souffrez de bordélisme chronique. Ils vous regarderont avec un petit sourire amusé, au mieux, au pire ils te diront yaka ranger c’est une question de discipline tout ça tout ça. Quant aux assurances maladies, n’en parlons pas. Jamais un bordélique chronique n’obtiendra une semaine de congé pour ranger son deux pièces et demi.  (Deux jours à regarder le chantier en se disant j’arriverai jamais à tout remettre en état, une demi-journée pour tout poutzer, finalement c’est qu’un deux pièces et demi, une demi-journée passée à contempler l’appartement vide mais pas encore aspiratorisé, une demi-journée pour reranger le bordel qui s’est reaccumulé avant d’avoir eu le temps de dire ouf et surtout de passer l’aspirateur et la panosse, un quart de journée pour passer l’aspirateur et la panosse et le reste pour se reposer).


Le bordélique chronique se reconnaît de loin. Pas besoin d’entrer dans son deux pièces et demi, sa voiture est déjà symptômatique. Un vieux journal de y a deux mois, de la paperasse entassée, des cartons de sandwiches et même, de temps en temps, un de ces bouts de plastique servant à pas attrapper de bébés qu’il faut pas mettre à l’index mais ailleurs, égaré entre un croissant du mois dernier et le cadavre d’un auto-stoppeur mort d’une crise cardiaque en découvrant le chantier.


Le bureau du bordélique chronique est du même accabit: il est jonché d’une pile de papiers retraçant les six derniers mois de boulot du souffrant, ce qui lui vaut les quolibets de ses collègues maniaco-maniaques. En général, le bordélique tient sa revanche quand on lui demande si c’est lui qui a le dossier machin, qu’il extrait en cinq secondes du milieu de la pile où il est coincé. Pour se venger, le bordélique va même jusqu’à demander un dossier au maniaco-maniaque qui lui répond: ah oui, je l’ai classé par ordre alphabétique, alors il doit être à la lettre d comme dossier ou alors non attend il est dans les dossiers classés dans la section à classer, ou alors dans le classeur ou je mets les trucs que je sais pas où classer, attend, je vais le retrouver tout de suite.


L’appartement du bordélique est par contre bien pire que tout ce que son pote le maniaque peut imaginer. Y a des cartons de pizza, de la vaisselle sale, du linge sale éparpillé dangereusement près du linge propre qui est tombé de l’étendage ou il trainait depuis trois semaines, d’ailleurs il reste même un gros pull en laine sur l’étendage alors que ça fait deux bons mois qu’il fait trop chaud pour les gros pulls en laine, y a des cendriers qui débordent, des tas de factures, de pubs pour des produits de beauté et de journaux gratuits, et en général tout un tas de machins qui font que le bordélique est quasi obligé d’avoir de grandes jambes et d’être hyper attentif pour traverser son antre sans marcher sur des choses et produire des craquements suspects.


Le bordélique est condamné à ne pas avoir de vie sociale. Quand des potes passent près de chez lui et lui demandent si ils peuvent venir le voir, il ne répond pas. Quand il fait une conquête féminine, il lui dit: mais j’t’assure, on sera mieux dans les bois à se faire bouffer par les moustiques que confortablement installés dans mon lit.


Une fois tous les six mois (en général quand la nouvelle conquête féminine s’incruste), le bordélique range sa voiture, son bureau (et entend 422 fois par jour des plaisanteries avec le mot pleuvoir dedans), remet son appartement dans un état qui lui semble satisfaisant (et tombe de haut quand ladite conquête lui dit c’est sympa chez toi mais t’aurais pu ranger quand même). Il contemple son travail, satisfait, se réjouit d’avoir retrouvé 42 francs 50 en petite monnaie, une lettre de sa précédente conquête et son chat qu’il croyait disparu. Il déclare à qui veut l’entendre: cette fois je me laisserai pas aller, c’est beaucoup plus simple de ranger au fur et à mesure. Deux semaines plus tard, en moyenne, il contemple son appartement aterré et se dit faudrait que je pense à ranger quand même.


 


P.S. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite (et quand même un peu exagérée) (mais à peine)