tapis perçant

R. est un jeune homme plutôt sympathique. Il a un hobby, une passion, qu’il pratique avec un talent certain: dormir. Surtout en période de vacances.

R. habite dans un charmant patelin, dans lequel il peut pratiquer son hobby avec bonheur, vu que c’est quand même la seule chose à faire dans ce bled moisi.

Dans l’immeuble de R., y a de moins en moins de gens. Il faut dire que c’est un de ces immeubles construits y a plusieurs siècles, enfin au moins au milieu du dernier, et que les installations techniques sont d’époque.

Mais un jour, une nouveau propriétaire acquiert ledit immeuble et, plein de cette fougue juvénile caractéristique aux nouveaux propriétaires d’immeubles, il décide de redonner un coup de jeune aux appartements vacants. R. se réjouit, il aura bientôt plein de nouveaux voisins amusants, ou alors ce sera peut-être des cons, tout ce que je leur demande c’est de pas me piquer mon jour de lessive.

Sans prévenir ses locataires, histoire de leur faire une surprise, le nouveau propriétaire envoie donc une armada de types marteler et perceuser l’immeuble. R. profite d’un jour de vacances bien mérité pour s’adonner à son hobby, quand il est violemment interrompu par des coups de marteau répétitifs.
“Gasp”, se dit R., qui a beaucoup lu de bandes dessinnées dans sa jeunesse.

Réveillé comme un troupeau de lamas, R. se décide donc à vaquer. Il va boire son café, puis s’installe nonchalamment devant son magnifique ordinateur à propulsion interne.

Mais les réparateurs ne l’entendent pas de cette oreille et s’attaquent lâchement à celles de R., qu’il a un peu grandes mais non dénuées de charme et de boucles. Ils, les réparateurs, troquent le marteau contre la perceuse, histoire de rigoler. “Même pas peur”, se dit R. qui a de la culture et des tas de mp3. Il pousse ses haut-parleurs dans leurs derniers retranchements et se dit “tiens, je savais pas que j’avais un mp3 qui faisait le bruit de la perceuse”

R. se dit que là c’est un tantinet abusé sa race et décide d’aller explorer le vaste monde. Il enfourche donc son fier destrier, une poubelle corsa qui sort de visite et décide lâchement d’aller lécher les vitrines et d’en ramener le dernier cd des béru, peut-être qu’à plein volume ça peut combattre une perceuse. Mais c’est là, dans cet instant trop calme, que se noue le drame: y a un voyant lumineux qui lumine.

Très porté sur les choses de la mécanique, R. sait immédiatement ce qu’il faut faire dans ces cas là: il va voir son garagiste qui est en vacances. Il rentre donc dans sa maisonnette et appelle les gens qui réparent les voitures et leur explique le problème en hurlant, non qu’il soit impoli mais c’est à cause des putains de perceuses.

Après moult péripéties, la madame du téléphone lui dit que le garagiste rappellera. R. est donc condamné à faire la même chose en vacances qu’entre les vacances: attendre que le téléphone daigne sonner. Sauf que là, en plus, y a des types qui s’amusent avec des perceuses. Les cons.

Heureusement, les gens des perceuses ont des horaires de fonctionnaires. Mais la menace qui plane sur R. est inexorable: demain, ils reviendront. Et R. sera coincé dans son petit village pas très intéressant à attendre que les gens du garage finissent de trifouiller sa voiture. Et là, R. a un peu trop mal à sa tête pour trouver une conclusion digne de ce nom.

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