Quelqu’un est arrivé ici en yahootisant “les mots pour appeler un chéri”
S’il s’agit vraiment de l’appeler pour lui susurrer à l’oreille des doux mots tel que “dis, faudrait changer l’ampoule du salon”, le mieux c’est encore de crier “à table”. Mais je présume, jeune internaute, que tu es à la recherche de la quintessence en matière de surnom affectueux. Et tu fais bien de te renseigner, car c’est une question cruciale. Un surnommage mal négocié pourrait sonner le glas de tes amours naissantes et ça, c’est couillon. Un surnom trop froid pourrait lui faire perdre cette confiance en lui si durement gagnée à force de victoires probantes au flipper. Evite donc de l’appeler Machin, Jean-Pierre (surtout s’il s’appelle André) ou numéro 12. Ne tombe pas dans le piège de la bisounourserie, à la limite tolérable en privé, mais qui pourrait vous jouer des tours pendables le jour où tu laisseras échapper un roudoudou devant ses copains de rugby. A l’inverse, rappelle-toi qu’il pourrait un jour te présenter sa mère, sa grand-mère, le journal télévisé et son oncle si d’aventure tu envisages de le surnommer mon étalon italien, mon Rocco minute soupe ou mon lapin, comme dans le film avec le type qui répare une photocopieuse, mais à un moment il a un peu chaud et ensuite, à la fin du film, on ne sait pas si il a quand même réparé la photocopieuse ou pas, c’est très mal ficelé comme intrigue.
Il y a les surnoms classiques. Mon amour, sobre, de bon goût. De même, avec mon chéri, c’est toujours un succès. Mais voyons, Christine, tu sais bien que nos invités n’aiment pas les friandises, fais preuve d’un peu d’originalité. car tu risques, en surnommant ton chéri mon chéri, d’être confrontée à des situations périlleuses. Imagine un peu, il s’élance, fougueux et joyeux, dans l’atmosphère grisante d’un matin d’avril, à la conquête du monde, mais tu te rends compte qu’il est parti sans mettre sa parka, tu te penches à la fenêtre et le hêles d’une voix suave mais ferme et là, 112 porteurs du même surnom se retournent comme un seul homme. Et rentrent chercher leur parka, se rendent compte qu’ils n’en ont jamais eu, mais il est hélas trop tard, leur métro est parti pour toujours, ils arriveront en retard au boulot et se feront appeler Arthur par leur patron, heureusement c’est leur prénom, mais quand même, comment veux-tu que notre pays retrouve sa sérénité économique d’avant, quand nos parents se lançaient fièrement vers le monde qui leur tendait les bras, le coeur léger et l’esprit conquérant, avant de se rendre compte qu’ils avaient oublié leur parka?
Il y a aussi les animaliers, toujours bien vus, souvent efficaces, mais attention, renseigne-toi un peu, sinon gare à la déconvenue quand, un dimanche, enlacés, lassés et repus par seize ou dix-sept parties de scrabble en trente minutes, vous vous abandonnerez lascivement au zapping et qu’il se rendra compte, au hasard d’un documentaire animalier malvenu, que finalement, le coati, c’est pas sympa du tout. Dans cette catégorie, il y a quelques pièges basiques à éviter: mon bichon maltais, mon boeuf, mon huître, ma truite (et la plupart des noms de poissons, en général, sauf peut-être saumon)(ah non, même pas, tiens) sont fortement déconseillés sauf autorisation signée par une autorité compétente.
Sinon, il y a aussi mon salaud, mais c’est moins bien.