Lectrice, Hannibal, lecteur dvd portable, comme je sais que tu n’as pas de temps à perdre pour la faribole, aujourd’hui, je vais t’expliquer comment foirer lamentablement un entretien d’embauche, ce qui peut toujours être utile car ça te permet de raconter des anecdotes sympas à tes collègues quand, le lendemain, à la machine à café, les yeux pétillants d’admiration, ils te demanderont “alors, comment ça a été?”, reportant sur toi leurs espoirs dissipés d’un jour voir l’Ailleurs (c’est pas tellement mieux que l’Ici (sauf qu’à la place d’une machine à café ils ont carrément une cafeteria)) et que toi, faussement joyeux comme un pinson au soleil de janvier (à cause de la couche d’ozone) tu leur réponds que tu seras encore des leurs pour la traditionnelle partie de belote chez le grand Dédé le mois prochain.
Bon. Pour commencer, tu fais semblant d’y croire, tu mets ta belle chemise, celle que tu avais au mariage de tata Françoise (le troisième, hein, l’autre est un peu petite maintenant), tu arrives avec 32 minutes d’avance, histoire de bien transpirer à grosses gouttes dans ta belle chemise, celle que tu avais au mariage de tata Françoise. Puis il te font attendre, avec d’autres gens. Un peu comme chez le docteur, sauf que y a pas de magazines de y a six mois. Et surtout, que chez le docteur, tu sais que tout le monde va se faire soigner. Alors que là, non, les autres, c’est l’enfer. (D’ailleurs autant pour le type obséquieux, c’est assez facile de te dire que c’est un ennemi, autant pour la fille sympa avec des yeux et tout ce genre de choses, et en plus un cv 117 fois meilleur que le tien, y a tout un travail sur toi à faire pour te dire qu’elle est moins bonne que toi, mais on s’égare)
Alors autant, les autres qui candident, ils ont beau être innocents, c’est des ennemis que tu dois surpasser au péril de ta vie, autant ensuite, le type qui te pose des tas de questions, c’est ton ami. Dans le genre un ami qui vous veut du bien, tu sais? C’est à ce moment là que tout se joue. C’est là que tu peux infléchir le cours du destin et réussir à foirer magistralement ton entretien. Quelques secondes d’inattention et c’est l’engrenage infernal, tu as l’air soudain convaincant, ils se disent que finalement, ils vont te prendre toi plutôt que la fille avec les cheveux et tout, (parce que là on est sur mon blog, je fais ce que je veux, donc le mec obséquieux j’aime autant te dire que même pas comme herscheur chez MacDo il a une chance) et deux mois plus tard tu te retrouves à chercher un grand appartement éclairé avec des supers murs en tapisserie pour que ton chaton puisse y grimper pour faire rire les gens sur ton blog que t’auras même plus le temps d’alimenter avec ces conneries de boulot où tu bosses pour de vrai (à l’attention des gens qui me connaîtraient dans ma vraie vie de mon vrai travail: je précise que tout ce post n’est que fictionnel)(en vrai, jamais je chercherais des murs en tapisserie, je préfère le filet garni) et à demander aux copains de venir te porter des cartons alors que tu leur avais promis que tu essayais d’arrêter cinq minutes les déménagements.
C’est donc à ce moment là qu’il faut être capable de te mettre à bégayer, de répondre des trucs du genre “Pourquoi je veux bosser chez vous? Oh je sais pas, ma mère a découpé l’annonce et je me suis dit que j’allais tenter” ou “Vous connaissez la blague des wapitis, vous?”