Il était une fois des gens qui étaient suisses et qui s’appelaient Foutlecamp et comme, à chaque fois qu’on les appelait, ils partaient en courant ce qui leur faisait perdre tous leurs amis, ils décidèrent de combattre le mauvais sort qui pesait sur leur famille en appelant leur fils Reviens.
A 17 ans Reviens était un bien beau jeune homme mais il ne savait pas trop quoi faire de sa vie. Il collectionnait certes les pattes de poulets morts mais ce n’était pas avec cela qu’il allait subvenir aux besoins de son foyer, il s’en rendait bien compte.
Reproduction de patte de poulet mort extraite de la collection de Reviens.”Elle s’appelle reviens, comme moi, oui” a tenu à préciser le propriétaire.
– Je sais, je vais aller rendre visite à la loutre sagace !, se dit-il un beau jour (et d’ailleurs c’était un jeudi). Mon ami Maurice (1), depuis qu’il l’a rencontrée, est devenu beaucoup moins chiant, c’est sans doute un signe !
Guilleret en diable, Reviens partit à la recherche du jeune rongeur, qui, il n’en doutait pas, saurait lui apporter la réponse totale à son grave problème existenciel.
(Je ne suis pas sure que la loutre soit un rongeur. Je ne suis pas sûre qu’existenciel s’écrive comme cela. Et je ne suis plus du tout sûre de me souvenir du nom de l’auteur mais un jour un grand philosophe à dit “la seule chose dont je sois sûr c’est que je en suis sûr de rien”)(un peu de culture ça fait toujours du bien)(si si).
Loutre douée qu’on dérange dans son bain.
Loutre cultivée applaudissant à l’Opéra.
Loutre intello qui cherche ses clés.
– Bonjour à toi, Loutre Futée, s’eclama Reviens en se jetant face contre terre.
– Oui, voilà, oui. Et sinon, tu veux un café, monsieur ?, répondit la loutre.
– Non je voudrais juste trouver le Sens de la Vie, répondit le jeune homme sur un ton lyrique et ardent.
– Mais vraiment pas de café ?, s’étonna la loutre, un peu déçue. Il vient de Hongrie et c’est trop super, le café hongrois.
– C’est que voyez-vous, madame, je ne sais pas quoi faire de ma vie et…
– Tu ne saurais pas où est mon foehn ? hurla à pleins poumons une voix en provenance de la salle de bain, tandis que le fracas d’une armoire à pharmacie qu’on latte à grands coups de sabots retentissait dans la maisonnette.
– Sérieux j’en sais rien ! Et puis je suis en consultation avec une tache grandiloquente là, répondit la loutre son paquet de café hongrois toujours dans la patte.
– Quand même pas une tache qui s’appelle Gonzague ?! (2), s’étrangla la voix depuis la salle d’eau alors que le petite bruit caractéristique d’une porte de placard qu’on dégonde du bout du sabot se faisait entendre.
– Non, celle-ci s’appelle Reviens ! Au fait, Monsieur, je ne voudrais pas te fiche à la porte mais mon émission préférée commence dans une minute, là.
– Hun, tu regarde “Combien ça coûte” ! La tehon !, s’égosilla Reviens qui était très branché dans son vocabulaire mais un peu pas très poli quand même.
Alors que Jean-Pierre Cocu se tournait vers l’écran en montrant une culotte de zouave dont l’étiquette de prix était masquée la loutre demanda :
– Et toi, sais-tu ce que cela coûte, ô Suisse ?
Reviens eut alors comme qui dirait une illumination.
– Yeepee !, s’exclama-t-il. Et il partit en zigzagant de bonheur à travers la campagne romande.
– Qu’est-ce qu’il voulait, le tacheron ?, demanda le petite girafon en sortant de la salle de bain car oui, c’était bien lui, vous l’aviez reconnu.
– J’ai pas très bien compris. Oh tiens, c’est à peine cinquante-douze francs suisses une culotte de zouave. Et si on en achetait toute une vingtaine ?
– Hun ? Tu crois ? Bah, l’important c’est que j’ai rerouvé mon foehn. D’ailleurs mon natel se trouvait avec, étrange non ?
– Ce qui est étrange c’est que des Français te lisent encore, mais bon…
– Hu hu hu !, répondit le girafon.
– hi hi hi !, ajouta la loutre.
Et nous les laisserons dans ce bel état d’hilarité pour nous concentrer sur les exploit de Reviens qui, maintenant, sait tout à fait quel sens donner à sa vie.
Mais quel est ce sens, justement ?
Et à quelle heure part le train pour Salzbourg ?
Tu aura toutes les réponses à tes questions, jeune lecteur chéri, sans doute bientôt mais c’est pas sûr.
(1) Si toi aussi tu t’appelle Maurice, ça n’a rien de personnel.
(2) Par contre si tu t’appelle Gonzague tu devrais commencer à te faire du soucis.