Posts Tagged ‘Esteban’

Enclumes et variations

Thursday, April 12th, 2007

D’aucuns auront remarqué que ce blog parle très peu de religion. Or, bien connaître les religions des autres permet de comprendre les différences culturelles et, partant, d’être obligé de trouver d’autres raisons pour brûler leurs maisons. Bien connaître les religions stimule donc l’imagination.

Or, l’imagination, c’est bien.

Je vais donc te parler de religion.

Je te les mets par ordre alphabétique, pour pas faire de jaloux, et du coup, manque de bol, je commence par le bouddhisme qui est plus une philosophie qu’une religion. Les bouddhistes croient en la réincarnation, ce qui est un peu stupide, je connais un type qui a eu un ongle incarné une fois et ça fait mal, alors un ongle réincarné, tu imagines? Les bouddhistes ne mangent pas de viande, car ils pensent qu’elle est peut-être morte d’un ongle réincarné. Leur chef suprême est le lama, un animal qui vit dans les montagnes. Les bouddhistes cherchent à atteindre le Nirvana, mais faut bien avouer que depuis la mort de Kurt Cobain, (et celle de radioblogclub) c’est plus tout à fait pareil.

Le christianisme est fondé sur l’adoration des Christian. Les christianistes croient que Christian Morin est le grand guide qui les mènera à la sagesse éternelle au son de sa Grande Clarinette Sacrée et que Christian Clavier leur ouvrira les portes de la Grande Scène Eternelle où ils pourront jouer Astérix pour l’éternité en écoutant les douces mélopées de Christian Death. Il ne faut pas les confondre avec les Eugénistes, qui pensent que le monde a été créé par un type qui s’appelait Eugène et avait un peu envie de se venger de ce prénom ridicule.

Le judaïsme est la secte des adorateurs des Beatles et de leur chanson Hey Jude. Ils passent leurs journées à prendre des chansons tristes et à les rendre meilleures. On ne le sait que trop peu, mais le Papa Pingouin était à l’origine une chanson triste, qui a été rendue meilleure par des judaïstes.

Le musulmanisme est également basé sur une Chanson Sacrée, Musulmanes, de Michel Sardou. C’est pour ça que certains pensent que c’est une religion violente. Deux grands courants divisent le monde musulman. Les sunnites aiment bien Christophe Willem, aussi, alors que les chi’ites préfèrent fumer de la drogue pour oublier que quand même, Michel Sardou.

Enfin, le taoïsme part du principe que Tao est le seul vrai dieu et que Pichu est son prophète.

Le coup du lapin sauvage

Monday, July 17th, 2006

Soudain, la nuit tomba. Seul et désemparé, Esteban errait au hasard des rues humides et goudronnées comme le lama erre dans la lande andine quand il croit qu’on va lui jeter des pastèques.
Ses retrouvailles avec Zia l’avaient chamboulé bien plus qu’il ne l’aurait cru. Pourtant, à l’époque, elle avait le don de l’agacer, avec sa voix haut perchée et sa constante perfection. Zia était parfaite. Elle ne jurait pas, ne rotait pas, n’était jamais injuste, ne fumait pas, ne traversait jamais la route en dehors des clous, ne mangeait pas avec ses doigts, ne pratiquait ni le sado-masochisme ni le cor des Alpes. C’est même pour ça qu’un matin, sous un futile prétexte, il avait fui sans se retourner, comme le couguar fuit souvent dans les Abruzzes quand il pense qu’on va lui faire écouter le dernier tube d’Hélène Segara. “Paraît qu’ils auraient retrouvé les cités d’Or”, lui avait-il dit, “je vais aller jeter un oeil”. “Très bien”, avait répondu la frêle jeune fille au regard sibyllin, “n’oublie pas ta crème solaire et préviens-moi si tu rentres tard, j’ai invité les Gomez, je leur préparerai du rôti à la vinaigrette.”
Vingt-trois longues années et une moyennement courte s’étaient écoulées depuis ce soir funeste. Esteban n’était plus le jeune godelureau insouciant de jadis et, souvent, lorsqu’il repensait aux jours heureux d’autrefois, il se prenait à regretter sa décision, surtout que ça faisait dix-huit ans, depuis son accident de pont et ses terribles conséquences, qu’il n’avait, comme il le disait parfois avec l’insidieuse nonchalance qui le caractérisait et en espagnol, plus niqué.
Las, elle avait probablement refait sa vie, peut-être bien avec Tao, qui lui avait toujours tourné autour, sauf une fois.

Ou alors avec Patou, son condor.

Le jour où il l’avait croisée, au hasard d’une rue, elle portait, il s’en souvenait très bien, une robe orange, un bandeau, un collier moche et des genoux. A sa vue, il s’était senti défaillir. Il n’avait pas songé, quand il avait pris la décision de revenir à Barcelone pour un symposium sur la dendrochronologie artistique appliquée à l’élevage du chinchilla en milieu urbain, qu’une rencontre lui ferait un tel effet. A vrai dire, il n’y avait pas vraiment songé, les chances de tomber subrepticement sur elle au hasard d’une rue étant, disons, à peu près égales à celles de Raymond Domenech de devenir un jour entraîneur de l’équipe de France de football sur gazon.

Esteban était perplexe. Foutrebleu, se disait-il, et si je lui disais que je m’étais perdu en allant lui chercher des croissants, y a une chance que ça marche?

et j’entends siffler le train

Wednesday, March 16th, 2005

Un bref coup d’oeil au calendrier ci adjacent suffit à le prouver, l’inspiration vient à me faire des faux. Et comme le disait souvent Lao-Tseu à sa boulangère, quand ça inspire plus, faut savoir changer de sac.

Or, en ces temps de wifitisation du monde, il est une niche économique dans laquelle même LLM n’a pas encore songé à s’engouffrer (d’ailleurs, quand le mec du blog des gadgets s’engouffre dans une niche, ça prouve qu’il a du pif mais je m’égare totalement) : le blog de gare.

Dont acte.

***

Quand Esteban la fixa de son regard ardent, elle sentit ses genoux flageoler. Comment cela se pouvait-il être possible? Elle croyait pourtant tout avoir oublié de cette tumultueuse aventure. Il y a vingt-trois ans, quand Esteban l’avait quittée pour s’en aller rechercher les cités d’or, elle avait senti son coeur battre dans sa poitrine opulente. Et puis, au fur que la mesure passait, elle avait su penser à ses blessures. Elle coulait aujourd’hui des jours heureux avec Tao, le meilleur ami d’Esteban, qui avait su la consoler quand le chagrin lui faisait pleurer des larmes de tristesse mais aussi après, et en plus il était riche.
Et puis, il y eut ce funeste jour où elle le revit, chamarré et flamboyant dans l’obscurité sombre du petit matin. Esteban était toujours aussi beau, beau comme un épagneul breton qui court sur la plage parce qu’il croit que son maître va lui jeter des saucisses de veau. Mais elle savait bien que rien n’avait changé. Esteban était toujours le même garçon un peu fou et un jour, il repartirait, là-bas, dans ce pays où tout est neuf et tout est sauvage.
Mais Tao n’était plus le même, depuis quelques jours. Savait-il? Ou revoyait-il Mendoza, son ancien amant, en cachette? Il lui avait pourtant juré que tout était fini depuis belle luette.
Le coeur de Zia se serrait comme une éponge après la vaisselle vespérale.