Quand tu vis dans un bled, tu es un peu épargné par les fléaux de ce monde. Par exemple, nous, ça fait que trois semaines qu’on a 20 minutes. Du coup, maintenant, je sais à quel point on vit une époque terrible, avec toute cette violence, ce réchauffement de l’atmosphère (si elle pouvait se reréchauffer vers la semaine prochaine, merci).
Et j’ai appris, grâce à la presse vite ingérée, que les jeunes d’aujourd’hui se filment en train de faire des tournantes.
Ca m’a fichu un choc.
Je me souviens, quand j’adolesceais, c’était une époque pure et bénie. Les enfants de Bondy chantaient encore les vraies valeurs de la France éternelle, de l’amour et du partage au lieu de faire des blogs comme le premier clampin venu.
Tous les dimanches, mes copains allaient à la messe. Je les retrouvais à la sortie et on allait chez S.* pour une tournante. Je n’étais pas très doué, je dois l’avouer. J’étais souvent un des premiers à sortir. J’étais un peu maladroit. Mais j’aimais ces moments-là. Pour le côté convivial, tu vois ? On était tous ensemble, on rigolait. Au début, on était que des mecs, puis les filles ont commencé à venir aussi. C’était le bon temps.
Mais jamais on aurait pensé à se filmer. Faut dire qu’à l’époque, personne n’avait de caméra, maintenant que j’y pense, c’est peut-être pour ça.
Cela dit, maintenant, je me dis que c’est peut-être parce qu’ils allaient à la messe qu’ils étaient plus forts que moi : il semblerait que dieu joue au ping-pong.
* C’est un truc sur les weblogs, quand tu parles d’un copain, tu mets son initiale. Pour rester incognito, tu vois ? Sinon les gens ils vont se dire « wah putain le gars il connaît un Sébastien et un Julien, je crois que je vois qui c’est ! » Alors que si tu dis des trucs genre Lundi, j’ai été avec L. et J. chez H. et M. pour chercher des agrafes, ensuite on est reparti à L., c’était b., et les e. à L. a. C. c. t. b. v. v. p. personne ne te reconnaît**
**Mais personne ne te comprend, non plus***
***Tu les aimes, mes notes de bas de page ?