La liste de Schindler

February 15th, 2010

L’inspecteur Polder ne put réfréner un mouvement de dégoût. On ne s’habitue jamais vraiment à la barbarie et cette scène de crime était particulièrement choquante. Peut-être parce que le carnage contrastait violemment avec la quiétude des lieux. Aménagés selon les préceptes du feng-shui, avait reconnu Polder, dont l’ex-femme Hildegarde était adepte de la plupart des philosophies orientales à la mode. Tout, dans cette bâtisse, n’était que quiétude, mais souvent quiétude n’est qu’apparente, se dit l’inspecteur, car l’essentiel est invisible, contrairement aux chamois, que l’on peut observer à force de patience quand fondent les neiges.

– Excusez-moi d’interrompre vos pensées, s’exclama alors son impétueux assistant, Henri Petit, interrompant ainsi le cours des pensées de l’inspecteur, car il était, en matière de zen, novice.
– Ouais ben t’as intérêt à ce que ce soit important, parce que je pensais des trucs super.
– J’ai découvert des indices, mèche de cheveux sur le tapis de la salle de bains, traces de lutte, empreintes digitales diverses ainsi que cette machine à coudre plantée entre les omoplates de la victime.
– Des indices ?, vitupéra l’inspecteur. Tu te crois dans un mauvais roman policier ? Les crimes, c’est toujours des histoires d’ex-mari jaloux ou de dettes impayées, de toutes façons, on va pas commencer à ramasser toutes les cochonneries qui trainent par terre.
– Mais j’envoie quand même le sang au labo ?, rétorqua l’impertinent Henri Petit.
– Si tu crois qu’on a les moyens de se payer un labo. Mon pauvre.

***

Après dix ans passés au sein de l’institut de beauté, relaxation, détente, bien-être et photos de chatons “La Joie du Bonheur”, Pélagie s’apprêtait à remettre sa démission. Après dix ans passés à gommer et à masser, à donner des conseils de beauté, elle aspirait à changer de vie. Complètement. Elle allait travailler un peu dans la boucherie aussi chevaline que paternelle et reprendre des études de criminologie trop tôt abandonnées, à la naissance de son aîné Jean-Hans. Elle s’expliquait de ce choix à ses collègues, essuyait une larme. De crocodile.

***

– Pardon, inspecteur, mais… Un fidèle assistant, vous ne trouvez pas que ça fait un peu cliché ?, interrogea Henri.
– Plaît-il ?
– Admettez la vérité en face, chef : nous sommes dans un mauvais roman policier ! Nous avons donc tout loisir de récolter des indices !
– Il faut dire admettez la vérité ou regardez la vérité en face, sinon c’est idiot, contesta l’inspecteur.
– Vous voyez ! Nous sommes mal traduits ! Si ça, ce n’est pas une preuve !
– Tu me fatigues…
– De plus, je me suis renseigné sur vous sur Google® et j’y ai trouvé plein d’interviews de vous…
– Et alors ?, s’emporta Polder.
– Et alors, ça prouve que nous sommes dans un roman. Dans la vraie vie, jamais personne n’interviewe un inspecteur de police.
– C’était en tant que président du club “Des chiffres et des lettres” de Melun. Les jeunes d’aujourd’hui ne savent plus googliser correctement…
– Tout de même, chef, j’ai pris soin de me renseigner et il y a eu dix-sept meurtres similaires ces dernières semaines. Je crois que nous avons affaire à un serial killer.
– Bah oui mais c’est dans d’autres cantons, on ne peut rien faire. Alors laissons la police faire son travail.

***

La sonnette de l’entrée retentit dans le silence azuréen d’un matin glacial. Sri Jean-Claude sursauta. C’était si rare qu’on le dérange en pleine journée. En soirée aussi, d’ailleurs, maintenant qu’il y pensait. Il avait d’ailleurs mis un temps à comprendre que c’était bien sa porte d’entrée qui tintinnabulait ainsi, tant il l’avait rarement entendue. “Encore un de ces colporteurs de mes deux”, pensa-t-il par-devers lui, tout en se reprochant sa vulgarité.

Ce n’était pas un colporteur. Ni un témoin de Jehovah. Ni des vendeurs de tombola pour la fête de l’école, il faut deviner le poids d’un cochon et vous pourrez le gagner, oui je sais, c’est la septième fête de l’école cette année, mais on est très festifs, c’est pour ça. Ni aucun de ces joyeux troubadours qui aiment à émailler le quotidien des gens qui glandent à la maison.

Sri Jean-Claude avait rendez-vous avec son destin.

– Bonjour, lui dit avec un certain sens de l’à propos une jeune fille accorte, bien que le cheveu en bataille et le front en fontaine, car la température s’était nettement réchauffée en trois paragraphes. Vous êtes bien le compositeur de “Musique relaxante pour la relaxation volume 3” ?
– Oui… En effet… Une fan ?
– Pas à proprement parler, répondit le jeune inconnue d’un ton où l’on sentait poindre l’agacement.
– On vous a mise en attente un peu trop longtemps et vous m’en tenez désormais rigueur ? Vous avez été coincée dans un ascenseur et vous êtes un peu trop relaxée ?

**

Tiens, encore ces soucis de traduction, nota Henri Petit.

**

– Pas exactement. Ou disons que je suis restée coincée dans un ascenseur trop longtemps. Dix ans.
– Pardon ?
– J’en peux plus de ta musique relaxante. J’en peux plus. Dix ans à me taper dix heures par jour de calme et de sérénité. Le soir, quand les copains sortaient boire une bière pour se détendre après le boulot, je sortais m’énerver après le boulot.
– Ça a l’air d’avoir bien marché, vous êtes tout ébouriffée. A mon avis, votre Kapha est un peu déséquilibré. Vous voulez une graine de citrouille ?
– Non mais change pas de sujet, là, ça me coupe tout mon effet.
– Oui pardon. Donc là vous alliez m’expliquer que vous étiez une vengeresse sur le point de débarrasser la Terre de tous les créateurs de musique planante, c’est ça ?
– Voilà, mais ça gâche pas un peu le suspense, dit comme ça.
– Non mais c’est important que le lecteur comprenne, sinon après il comprend pas.

Aimons-nous vivants

February 11th, 2010

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est bientôt la Saint-Valentin. Et parce qu’aimer, qu’on le veuille ou non, il ne faut pas se voiler la face, c’est quand même savoir sourire à une inconnue qui passe, j’ai décidé de m’intéresser à quelques une des plus belles chansons d’amour depuis l’invention de l’amour par les blogs de fille et de la tendresse par Michel Sardou.

Je vais t’aimer

Les paroles viennent de là.

A faire pâlir tous les Marquis de Sade,

Oui parce que bien sûr, on ne parle que de celui qui a fait carrière dans l’écriture et le boudoir, mais on oublie que marquis, c’est un truc qui se transmet de père en fils.

A faire rougir les putains de la rade,

Car, c’est bien connu, la putain de la rade est nettement moins rougissante que la putain des terres, car elle a l’habitude de la morsure du vent marin sur ses joues burinées.

A faire crier grâce à tous les échos,

Ce qui est assez simple, il suffit de crier un truc qui finit par grâce, genre “Essuie-grace” ou “patinage artistique”

A faire trembler les murs de Jéricho,

C’est encore plus simple, il suffit de jouer de la trompette.

Je vais t’aimer.

Je sais pas vous mais dis comme ça, je trouve que ça a l’air presque menaçant. Alors que normalement, c’est plutôt un truc qui fait plaisir. Bon c’est sûr, si t’as le vertige et qu’on te dit aimer c’est monter si haut, ou si on te promet de t’aimer comme un fou comme un soldat comme un loup comme un roi et que tu es allergique aux poils de loup, c’est embêtant, mais à la base, normalement, c’est plutôt un truc cool de se faire aimer. Alors que là, je sais pas, je trouve ça limite impérieux.

A faire flamber des enfers dans tes yeux,
A faire jurer tous les tonnerres de Dieu,

Il va tellement lui mettre la fièvre que le temps va se couvrir.

A faire dresser tes seins et tous les Saints,

Oh excellent le jeu de mot seins, saints, je crois que c’est la première fois que quelqu’un le fait, non ? Oui donc là aussi, c’est facile, suffit de baisser le chauffage et hop, les Saints se dressent pour aller voir ce qui se passe.

A faire prier et supplier nos mains,
Je vais t’aimer.

Prier pour que ça s’arrête ?

Je vais t’aimer
Comme on ne t’a jamais aimée.

Alors pour les jeunes qui nous lisent, il faut se méfier quand quelqu’un vous dit ça. C’est pas forcément bien. Comme on ne t’a jamais aimée, ça veut pas nécessairement dire mieux. Par exemple, je vois, mon voisin, si ça se trouve, il a dit “je vais t’aimer comme on ne t’a jamais aimée” à sa copine, sans préciser “non parce que moi, tu vas voir, c’est trop fun, le truc que je trouve cool c’est de taper sur mes femmes. Ouais pis je vis déjà avec quelqu’un, tu vas voir, c’est plus cool pour la lessive et la vaisselle.”

Je vais t’aimer
Plus loin que tes rêves ont imaginé.

Elle a toujours rêvé d’une lune de miel à Lunéville, mais lui préfère l’aimer depuis le Kamtchatka.

Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

En plus, normalement, on n’annonce pas tellement ça trois jours à l’avance, si ? “Bon là, pour le moment, je trouve que t’es une grosse cruche, excuse-moi de te le dire, mais t’inquiète, demain, je vais t’aimer”

Je vais t’aimer
Comme personne n’a osé t’aimer.

De plus en plus sympa. “Comme t’es un peu grosse et conne, les autres mecs ils osaient pas trop te kiffer, t’as vu, mais moi j’ai peur de rien. Mais quand même, tu peux éteindre la lumière, là ?”

Je vais t’aimer
Comme j’aurais tellement aimé être aimé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

Pour les jeunes qui nous lisent, c’est une manière classe de dire “Tu vas voir, je suis un super coup, pas comme cette conne de… comment elle s’appelait, déjà ? Non pas Solange, c’est toi Solange ! Quoi, non ? Ouais bon, ça peut arriver et de toutes façons je suis un meilleur coup que toi aussi”, ce qui est souvent assez mal vu en société.

A faire vieillir, à faire blanchir la nuit,

Ça c’est une métaphore super audacieuse pour dire “toute la nuit”

A faire brûler la lumière jusqu’au jour,

Ça c’est une métaphore super audacieuse pour dire “avec la lumière allumée”

A la passion et jusqu’à la folie,
Je vais t’aimer, je vais t’aimer d’amour.

Oui parce qu’aimer de beurre frais, par exemple, c’est idiot.

A faire cerner à faire fermer nos yeux,
A faire souffrir à faire mourir nos corps,

D’où le côté Marquis de Sade

A faire voler nos âmes aux septièmes cieux,
A se croire morts et faire l’amour encore,

– Oh merde, tu bouges plus, t’es morte ?
– Hein, non ? Pourquoi tu dis ça ? Oops, je crois que je me suis endormie…
– Lol, quelle blagueuse, c’était bien hein ? Je suis vraiment super. On recommence ?
– Non mais là je suis morte.

Je vais t’aimer.

J’ai envie de dire super.

Je vais t’aimer
Comme on ne t’a jamais aimée.
Je vais t’aimer
Plus loin que tes rêves ont imaginé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

Ok, mais vite, alors.

Je vais t’aimer
Comme personne n’a osé t’aimer.
Je vais t’aimer
Comme j’aurai tellement aimé être aimé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

C’est une chanson très belle et très profonde, oh oui, très profonde, comme on dit dans ces pétillantes chroniques sociétales qui passent en seconde partie de soirée sur RTL9 et savent si bien mettre en valeur les rares minutes de récréation dans le quotidien éprouvant des plombiers, livreurs de pizzas et autres réparateurs de photocopieuses.

la fleur aux dents

February 10th, 2010

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est bientôt la Saint-Valentin. Et parce qu’aimer, qu’on le veuille ou non, il ne faut pas se voiler la face, c’est quand même un peu toucher les ailes des oiseaux, j’ai décidé de m’intéresser à quelques une des plus belles chansons d’amour depuis l’invention de l’amour par les éditions Harlequin et de la chanson française par Joe Dassin.

L’été indien
by Joe Dassin

J’ai trouvé les paroles ici.

Tu sais, je n’ai jamais été aussi heureux que ce matin-là
Nous marchions sur une plage un peu comme celle-ci
C’était l’automne, un automne où il faisait beau
Une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique

L’automne ? Non, non, par exemple moi, je suis suisse, j’avais entendu parler de l’automne. C’est la saison où les feuilles tombent, où les colchiques dans les prés fleurissent, fleurissent et où les écureuils un peu fous te parlent encore du mois d’août.

Là-bas on l’appelle l’été indien

Oui oh c’est les Québécois, ça, il faut toujours qu’ils emploient des expressions bizarres, ces topios.

Mais c’était tout simplement le nôtre

Bah ouais, on va pas laisser l’été à ces indiens, avec leurs plumes et leurs chevaux ils vont tout saloper.

Avec ta robe longue tu ressemblais
A une aquarelle de Marie Laurencin

Bon moi j’ai dû chercher sur google images, j’avoue. Je la trouve un peu pâle, ta copine, elle devrait sortir un peu, c’est l’automne, il fait beau. En Suisse, on a une expression marrante pour ça, on dit l’été indien. Et comme en automne, quand il fait beau, on se dit que c’est peut-être la dernière fois avant six mois, on enfile nos robes et on va tous marcher sur la plage, alignés comme des lemmings. Parce que l’été indien vaut mieux que deux tu l’auras.

Et je me souviens, je me souviens très bien
De ce que je t’ai dit ce matin-là
Il y a un an, y a un siècle, y a une éternité

Tu es sûr de bien te souvenir ? parce que niveau temporalité, permets-moi de te dire que tu n’es pas super précis, hein.

On ira où tu voudras, quand tu voudras

Justement, j’aimerais voir Vesoul.

Et on s’aimera encore, lorsque l’amour sera mort

Cette chanson a fait scandale, car elle a été l’une des premières à oser aborder, bien que peu frontalement, le thème tabou de la nécrophilie.

Toute la vie sera pareille à ce matin

Toute la vie à se balader en robe longue sur une plage déserte ? On va se faire chier assez vite, non ? En plus en automne, tous les stands de glace sont fermés et j’avais envie d’une bière.

Aux couleurs de l’été indien

Ouais et y a ça aussi. Les forêts chatoient sévère, c’est beau comme un tableau du douanier Rousseau, et on se promène comme des cons sur la plage alors qu’excuse-moi de te parler si crûment mais les plages, niveau arboriculture, c’est pas vraiment Dinseyland.

Aujourd’hui je suis très loin de ce matin d’automne

Bah ouais, ça a pas l’air mais c’est bientôt le printemps, la saison la plus éloignée de l’automne.

Mais c’est comme si j’y étais. Je pense à toi.
Où es-tu?

Répondre dans ton cul, c’est complètement déplacé, hein ?

Que fais-tu? Est-ce que j’existe encore pour toi?

Oh mais tu sais, si tu n’existais pas, dis-moi pourquoi j’existerais ? Tagada, tagada, voilà les Dalton.

Je regarde cette vague qui n’atteindra jamais la dune
Tu vois, comme elle je reviens en arrière
Comme elle je me couche sur le sable

Heureusement qu’y a pas trop de monde sur la plage en cette saison, je vais te dire, tu aurais l’air un peu con. (Et tu serais obligé de te coucher sur les affaires d’un inconnu, mais c’est un autre débat)

Et je me souviens, je me souviens des marées hautes
Du soleil et du bonheur qui passaient sur la mer

Techniquement, les marées hautes ne passent pas vraiment sur la mer, mais je dis pas ça pour chipoter, c’est joli, cette métaphore, le bonheur est comme une sorte de bateau, en fait. C’est pour ça que les gens se passionnent pour la Coupe de l’America alors ? Je comprenais pas.

Il y a une éternité, un siècle, il y a un an

On ira où tu voudras, quand tu voudras
Et on s’aimera encore lorsque l’amour sera mort
Toute la vie sera pareille à ce matin
Aux couleurs de l’été indien

Ou alors Vierzon. C’est bien, Vierzon, aussi.

Moins d’amalgames, plus de dolce vita

February 3rd, 2010

Pardon de revenir là-dessus, mais dans son affligeante prose, le désolant Yann M. a inventé le concept de “lausannéité”. Pour aussitôt le galvauder. Un peu comme si l’inventeur de la voiture avait décidé que ça servait à ranger des pots de fleurs ou celui d’internet à envoyer des photos de chatons.

De Lausanne, pittoresque village de pêcheurs au bord du lac de Genève, ses vaches, son marché, son lac, on aurait pu dire bien des choses en somme.

Par exemple :

Lausanne est une ville qui monte et qui descend tout le temps : le bord du lac est à 375 mètres, le point culminant de la ville à 900. 500 mètres pour aller à la boulangerie racheter des pneus correspondent dans certains quartiers à environ 32 kilomètres effort, surtout le matin qui suit un bloggy friday. La lausannéité pourrait donc être le fait d’être pentu : “La lausannéité suave des rues de San Francisco”. Ou de faire mal aux jambes. Ou alors celui d’avoir des hauts et des bas : “La cyclothymie et le cyclotourisme ont en commun leur lausannéité”.

Lausanne est une ville qui a la réputation d’avoir une forte densité de jolies filles. Justement à cause de ses dénivellations, dont la légende dit qu’elles fusèlent la gambette. La lausannéité pourrait donc définir le fait de se retrouver en un lieu où s’écarquillent les yeux. Ou alors la frustration de ne pas trouver de lien sur les internets pour corroborer une rumeur entendue 1000 fois : “je konpran pa pourkoa je trouve ri1 kan je tap Joni Alidé émor, sa doi etr ankor 1 kou de la lausannéité”

La lausannéité pourrait aussi désigner le fait d’être dirigé par un obèse aux goûts cravatesques discutables, mais dans ce cas là le mot ne s’utiliserait quand même pas tous les jours.

Lausanne est également une capitale olympique qui n’accueillera jamais de Jeux olympiques, le siège de nombreuses fédérations sportives internationales avec un club de hockey rigolo et un club de football désopilant. La lausannéité pourrait donc être le fait d’avoir beaucoup de structures pour un truc qu’on connaît finalement très peu : “Un ministère des affaires étrangères en France ? Quelle lausannéité !”

Ou alors, la lausannéité pourrait définir le fait de parler, comme Yann M., de quelque chose qu’on ne connaît pas : “La pertinente lausannéité des trois-quarts des détracteurs de Guillaume Musso.” Ou de galvauder un concept : “Rouler dans une voiture ? Alors que ce serait si pratique d’y mettre des fleurs ? Quelle lausannéité !”

Berner Oberland ist schön

February 2nd, 2010

D’un dictateur fou à un écrivaillon en mal de buzz en passant par quelques ministres-receleurs, le Swiss-Bashing est très à la mode en ce moment, joyeusement relayé par les médias d’un pays qui aime tellement qu’on parle de lui qu’il est prêt à donner la parole au premier pinggeli venu, pourvu qu’il ait un peu de Suisse dans les idées.

Or, cette habitude est dangereuse : en voyant cette liste d’ennemis de la patrie s’allonger, moi qui ne suis d’habitude nationaliste qu’en cas de hockey, je me suis dit qu’un pays détesté par autant de gens détestables devait avoir pas mal de qualités et je me suis surpris à siffloter l’hymne national. Alors que je ne comprends même pas ce que ça veut dire, les qualités d’un pays.

Non-compatriotes, regardez, là-bas, je crois que je viens de voir un wapiti géant. Compatriotes, il faut donc réagir, et vite. Et comme le disait souvent Lao Tseu au chat de Schrödinger, la meilleure défense, c’est l’attaque. Et une de nos spécialités nationales, c’est détourner l’attention. Je vous propose donc qu’on trouve un autre pays à détester (mais pas les Etats-Unis ni la France, ça compte pas, tout le monde le fait et pas la Chine, à cause de la crise économique et tout ça), et qu’on s’arrange pour le faire assez fort pour être un peu suivis, histoire de pas se retrouver tous seuls dans notre coin à critiquer le Lesotho ou le Vanuatu.

Mais attention, pas de la détestation de puceaux ! Kadhafi n’a pas dit “La Suisse est un état mafieux, mais Federer, quel revers !”, Yann Moix n’a pas dit “La Suisse n’a pas eu de génies depuis Rousseau, mais le dernier Henri Dès est pas dégueu”. Il faut être prêt à critiquer intensément et aveuglément, sinon ça ne marchera pas. La haine doit être totale, humaine, politique, historique, géographique, gastronomique, culturique.

Maintenant, reste à trouver qui.

J’ai quelques pistes.

  • Le Honduras, parce qu’on sait vaguement où c’est, qu’on ne sait plus trop comment la situation politique a évolué, si ça se trouve c’est des communistes, ce serait bien leur genre. Et, surtout, si on se démerde bien et que tous le monde les déteste dans trois mois quand ils nous sortiront de la Coupe du Monde de foot, on pourra lâcher un “ouais, ouais, ça m’étonne pas que les arbitres soient systématiquement pour eux, quand on sait ce qu’on sait, mais enfin je dis ça je dis rien” toujours efficace.
  • La Suède, parce que plein de gens nous confondent déjà avec eux, donc sur un malentendu ça peut marcher, mais aussi parce qu’ils ont fait énormément de mal à la musique, à l’arbitrage et que c’est quand même à cause d’eux que tous tes amis ont la même armoire que toi.
  • La Lettonie, parce que c’est super pour les jeux de mots.
  • Le Swaziland, parce qu’il y a probablement quelques Américains qui nous confondent avec eux et que leur roi est peu recommandable.
  • Le Vanuatu parce que de toutes façons, avec le réchauffement climatique, ce sera bientôt un état sous-marin, on les regrettera moins.
  • Le Liechtenstein, parce que c’est imprononçable.
  • Le Portugal, parce que bon, quand même, on a beau dire, mais la morue, c’est pas très bon

Maintenant qu’on a le qui et le pourquoi, reste le comment. C’est assez simple, si tout le monde s’y met. Il suffit de manier habilement les clichés (ce qui va être plus dur si on choisit le Vanuatu, je te le concède), puis de lâcher un “quand on voit comment ils se sont comportés pendant la guerre” définitif et assez efficace, les guerres où les protagonistes s’offrent de la soupe restant assez rares.

Voilà, non compatriotes, vous pouvez revenir, c’était pas un wapiti mais un koudou, je confonds toujours.

Catcheurs dans le riz

February 1st, 2010

J’ai encore fait une mauvaise note à mes examens de droit. Papa va encore me gronder. Je trouve ça injuste, ce système où ce sont ceux qui ont le plus de connaissances qui ont les meilleures notes. Sérieux.
Alors j’ai pris une décision de cinglé. Je suis trop un fou malade dans ma tête. Sérieux. Je vais fuguer. Je suis pas comme tous ces moutons qui affrontent les difficultés, je suis trop un rebelle dans ma tête de fou malade dans ma tête.

Je n’ai peur de rien, moi, tellement je suis un fou malade. Même pas de vider un des huit comptes en banque où je verse chaque mois ce qu’il me reste de mon argent de poche après mes divers placements en bourse pour survivre dans la rue. Même si je dois aller à pieds en Suisse pour ça. J’en profiterai pour visiter la fosse aux ours de Berne, à Zurich. Enfin sauf que je vais pas y aller à pieds, mais prendre le train, je suis comme ça, trop un fou malade qui privilégie la mobilité douce pour mes semelles.

Dans le train il y a une fille qui est belle comme un soleil couchant sur la rosée du matin, elle ressemble un peu à ma copine Pélagie qui est belle comme un soleil couchant sur la rosée du matin (je connais qu’un seul compliment mais il est super). Je lui demande si elle veut que je lui paie un Cacolac mais elle me dit non alors je ne lui en paie pas. LOL, FAIL, VDM. J’arrive à la gare de Zurich, à Genève, et je cherche la banque, mais comme je suis trop un fou malade, je décide de profiter de ma visite pour aller au casino de Montreux.

A l’entrée un type me demande si j’ai vraiment 18 ans, et c’est vrai que je suis beau comme un enfant, mais il ne me laisse tout de même pas entrer, alors je suis très malheureux et je suis obligé de passer la nuit sous un pont. Un hôtel cinq étoiles situé sous un pont, j’avais jamais vu ça.

Mais je m’ennuie un peu, alors je décide d’aller regarder ma soeur dormir, mais comme je me souviens soudain que je suis fils unique, je regarde plutôt un documentaire sur les girafes et Planète, et je m’ennuie un peu.

Ensuite, je n’ai plus d’argent alors je rentre à la maison et mon père me regarde avec des grands yeux tristes, il est obligé de me placer dans une nouvelle école privée, c’est déjà la dix-huitième cette semaine, que va-t-on faire de moi mon pauvre John-Mike ? alors je décide de me lancer dans la politique. Je suis trop un fou malade, sérieux.

Poïkilotherme

January 28th, 2010

Quand Fragonard Chourpaud avait déclaré “Je veux que tout le monde, dans ce pays, soit rétribué selon son mérite”, tout le monde avait haussé les épaules, sauf ceux qui étaient plutôt en train de regarder des nains s’enduire d’huile d’olives sur une autre chaîne. Et à vrai dire, c’est surtout à défaut de mieux qu’il avait été élu à l’immense majorité des 22,3% de non-abstentionnistes.

Paradoxalement, la plupart des gens qui avaient défilé dans les rues dès l’entrée en vigueur de ses premières mesures faisaient justement partie de ses électeurs. Les mauvaises langues dirent que cette grève fut la moins remarquée de tous les temps, tant les nouvelles grilles de salaire définies par Fragonard Chourpaud étaient bien ficelées. Pendant que traders, coaches de vie et autres responsables du suivi du controlling post-operating battaient le pavé, les éboueurs et les nettoyeurs de WC publics se préparaient une deuxième tartine de caviar.

L’opinion publique commença, comme toujours, par grommeler puis finit, comme toujours, par s’habituer. Et par s’adapter. Un célèbre magazine féminin, dont les rédactrices étaient bénévoles depuis peu, mit en avant les tenues orange dans ses pages mode. Puis la presse people suivit et commença à s’intéresser de près aux frasques de Robert Chompard, éboueur, de son épouse Raymonde, caissière de supermarché et de leurs enfants Robertina, Ramuncho, Rigobert, Rihanna et Supercopter. Le couple fut même rebaptisé Romonde. Ils furent invités à raconter leur itinéraire sur toutes les chaînes de télé («les dates de votre prochaine tournée, les déchets verts, s’affichent en ce moment même à l’écran»).

Robert expliquait de chaîne en chaîne que «vous savez, ça a l’air simple de porter les poubelles, mais c’est beaucoup de travail pour en arriver là», pendant que chez lui, Pernambucco Thijssens, numéro 10 de la sélection nationale de football, pestait en pensant à ces mecs payés des millions à se balader à l’arrière d’un camion pendant que d’autres triment toutes les semaines pour perpétuer l’art ancestral du 4-4-2.

Puis tous les présentateurs télé devinrent éboueurs ou balayeurs, sauf un qui devint réalisateur de biopics racontant le destin magique d’éboueurs ou de balayeurs.

Avatar que jamais

January 21st, 2010

C’est une anecdote peu connue : quand John-Mike Katsopoulos découvrit le voyage transuniversal, il cherchait en fait une nouvelle recette de pâtes.

On connaît mieux les conséquences de sa découverte : l’humanité eut alors une quantité innombrable de planètes habitables à portée de vortex à blougou giratoire inversé et si l’impossibilité de revenir sur ses pas freina quelque peu les ardeurs exploratrices les premiers temps, l’irrespirabilité croissante de la Terre les défreina assez vite.

Les gouvernements tentèrent bien évidemment de s’emparer des nouvelles terres, et je crois qu’il existe encore, quelque part dans l’Univers 63bis (le troisième à gauche en partant de la Terre), une Nouvelle Belgique du Sud. Mais le trop grand nombre de mondes disponibles fit que, bientôt, ce fut l’effervescence, les nouvelles colonies se multipliaient comme petits pains au soleil.

Une bande d’idéalistes décida ainsi de s’installer sur une planète tempérée, aussitôt rebaptisée Esperanza, où ils voulaient vivre dans la paix, la fraternité, le végétarianisme et la nudité. Ils découvrirent six mois plus tard que les genre de koalas rigolos qui peuplaient ce monde n’étaient finalement pas aussi rigolos que ça : lassés par les disputes incessantes de leurs hôtes, ils les expédièrent sur un monde parallèle où la température moyenne était de -16 degrés. Inutile de dire que sur New Esperanza, on vivait dans la nudité, la pneumonie et pas très longtemps.

Moins dramatique fut le cas de ces membres d’un forum de cuisine qui décidèrent de s’en aller tous ensemble s’installer sur une planète, avant de découvrir que seul le chou de Bruxelles y poussait. Les cruciverbistes et les scrabblophiles se réunirent beaucoup plus harmonieusement et l’on dit qu’ils vivent toujours sur Xwyzz, où ils ont inventé un nouveau langage constitué uniquement de mots de 7 lettres.

De nombreux adolescents refusèrent de suivre leurs parents sur des mondes trop nazes, et fondèrent Kikoolandia, une planète merveilleuse où poussaient 647 fruits distillables et 123 fumables. Mais deux ans plus tard, la plupart d’entre eux trouvaient cette planète juste ringarde.

Les catholiques découvrirent un Univers où Dieu existait vraiment et, en plus, répondait personnellement, sous trois jours, à chaque prière. Par contre, il avait un humour relativement douteux et Ses miracles étaient en général des blagues plutôt aléatoires, comme la fois où il avait changé l’eau en mousse à raser. Tout le monde voulait sa propre planète, et celle des amateurs de karaoke était à peine moins insupportable que celle des traders.

Sur Terre ne restaient que ceux qui avaient peur du changement, les vieux et les Suisses, ainsi que les indécis et les procrastinateurs. Les geeks partirent six mois après tout le monde, car ils étaient très pris par un jeu en réseau trop bien. La plupart d’entre eux décidèrent d’aller s’installer sur une planète où, six mois plus tôt, s’étaient réfugiées les blondes lasses des quolibets. D’autres découvrirent un monde merveilleux où vivaient des petits êtres bleus toujours heureux et où tous les êtres vivants étaient connectés en une sorte de réseau planétaire. Une fois encore, les nouveaux venus furent mal accueillis. Premièrement, parce que leur arrivée fut rapidement suivie par celle du premier spam (“Enlarge your ramure”). Deuxièmement, parce que chez des gens qui remercient leur viande avant de la manger, ouvrir un McDonald’s est une très mauvaise idée : il y a très vite des files interminables.

Quant à John-Mike Katsopoulos, il mourut dévoré par des gigantesques spaghettis mangeurs d’homme.

Foulque macroule

January 15th, 2010

– Non mais tout le monde fait ça, c’est humain. Seulement, c’est aussi illégal et là, ben va falloir réparer les dégâts, quoi.

Ce flic était bien trop compréhensif, se dit John-Mike. Il devait se tramer quelque chose de louche.

– Moi même, je peux vous l’avouer, ça m’est arrivé. Seulement, ça n’a pas eu de conséquences aussi embêtantes, vous voyez…

Et l’agent de raconter à un John-Mike ébahi comment, des années auparavant, il avait lui aussi été envoyé en mission temporelle politique et en avait lui aussi profité, discrètement, pour tenter de redessiner quelques contours de son passé. Ses ordres étaient simples : il devait remonter en 1987, retrouver Bertille Schopakowsky, grand-mère de l’actuel Guide Suprême de la Révolution Rosilicorniste Buccorhodanienne, dont la montée en puissance inquiétait les autorités de la République Autonome de Morges, de Monaco, et de Deux Trois Autres Coins Sans Importance., et lui voler une botte de poireaux, des scientifiques ayant calculé grâce à des ordinateurs très compliqués que ce simple fait allait entraîner toute une série de modifications dans la structure du continuum espace-temps et que dans le nouveau présent ainsi engendré, le Guide Suprême serait marchand de volaille dans une triperie à l’ancienne. Ainsi donc, le voyage temporel était organisé depuis des années par les gouvernements ! Quelle stupéfaction !

– Seulement voilà, reprit l’aimable pandore, y a toujours un moment où on se dit, bon, je vais aller corriger deux trois trucs de mon passé. Genre moi, je suis revenu à la 87e minute du match FC Grésivaudan – Chatuzange le Goubet, et au lieu de tirer en force, j’ai passé à Gonçalvo Lambelet, résultat on a gagné le match 2-1, et quand je suis revenu dans le présent, le rosilicornisme n’était plus une menace pour la société, par contre j’étais dépressif et mes enfants étaient désobéissants, colériques et hockeyeurs… Vous voyez, c’est ça le truc, c’est que quand on revient dans le présent, on se rend toujours compte que ce malheur passé que l’on a corrigé, en fait, il avait fait de nous ce que nous étions vraiment, enfin, ce genre de conneries, quoi, pour que les auteurs de science-fiction puissent tirer une morale de notre histoire.

La tête de John-Mike lui faisait mal, tout tournait autour de lui comme ce jour d’enfance où il était allé faire du carrousel avec son père et Flanagan, leur hamster domestique, mais ces souvenirs étaient réels, l’étaient-ils toujours, de quoi pouvait-on être sûr dans un monde où n’importe quel flic pouvait aller repeindre le continuum espace-temps comme une vieille Lada mal tunée ?

– Non mais ça aussi, c’est des conneries pour auteur de science-fiction, si vous vous souvenez un truc, c’est qu’il a eu lieu et basta, faut pas chercher à se mettre martel à quatorze heures. Oui oh, je sais ce que vous allez dire, mais c’est une expression très usitée dans cette réalité. Bref, revenons-en à la raison de votre arrestation, voulez-vous ? Vous être bien Duchomois John-Mike, 116 bis, avenue de la Fonderie, Ploutargic, envoyé en 2015 voler une collection d’images Panini à Sarkozy Solal et qui avez préféré en profiter pour régler divers problèmes personnels d’ordre sentimentaux concernant au premier chef la dénommée Günstra Pélagie ?

– Ben… oui, j’avais oublié d’acheter du pain alors en 2015 alors j’en ai profité pour le faire.

– C’est moi qui pose les questions, reprit le soudain bien moins sympathique policier. Voilà alors avec vos histoires, là, le pouvoir est désormais occupé par une race de limaces géantes à trois têtes, et on ne peut même plus remonter dans le temps car la machine parle désormais breton, une langue morte depuis plus de 42 ans, donc que comptez-vous faire pour réparer ça ?

– Mais, s’interrogea John-Mike dubitatif, tout ça c’est juste parce que j’ai acheté du pain ?

– Hé, c’est compliqué, le continuum, c’est comme les mailles d’un vieux pull, qui sait quelles sont les conséquences quand on tire trop dessus ?

– Ben pas des limaces, en tous cas. Bon, organisez-moi trois tonnes de sel et on va voir ce qu’on peut faire.

– Le sel a été interdit à l’arrivée au pouvoir des limaces, vous voulez pas de la crème chantilly, à la place ?

(Pas à suivre du tout)

Fuligule morillon

January 13th, 2010

“Ouf, tout cela n’était qu’un rêve !”, se dit, encore en sueur, John-Mike, alors que les brumes nocturnes s’estompaient doucement et que son cerveau parvenait tant bien que mal à discerner le gris-pâle du monde réel de la chatoyance bigarrée de ses errances solitaires.

“Ben merde”, se dit John-Mike, qui n’était pas du matin. Lui qui ne se souvenait quasi jamais de ses rêves se demandait s’il était aussi génial toutes les nuits. Lui qui avait si peu d’imagination que même James Cameron aurait pu passer pour un génial visionnaire à ses côtés, lui qui était aussi plat qu’une batterie d’iPhone après cinq minutes d’utilisation intensive, avait tissé en songe les contours, il en était sûr, du roman le plus imaginatif depuis le truc avec le hérisson. Il se voyait déjà en haut de l’affiche, scénariste au moins pour Luc Besson.

Fébrile, il se mit à retranscrire sur un carnet ce dont il se souvenait, avant que son rêve ne s’en aille à jamais. Quand sa callipyge épouse Pélagie s’étonna de le trouver là, en caleçon fleuri, ni rasé ni petit-déjeuné, en train de griffonner rageusement alors qu’il ne s’était plus servi d’un stylo depuis l’époque où le sudoku était à la mode, il lui raconta.

– C’est, narra-t-il, l’histoire d’un mec qui a une tache de naissance et une tâche à accomplir. Comme il est plutôt genre cool, il décide d’accepter de sauver le monde, comme le lui demande un vieux magicien que tout le monde croit fou mais en fait non. En chemin il rencontre Zbrodja, son amour d’adolescence, qu’il avait cru morte enlevée par la mafia norvégienne. Leurs sentiments sauront-ils renaître comme jadis, ou seront-ils à jamais effacés par la patine du temps ?, d’autant plus qu’il doit tuer le père de cette dernière à cause d’une sombre histoire de rivalité villageoise ancestrale.

– Ca me rappelle quelque chose, un peu, lui répondit sa pétulante épouse Pélagie, qui avait des lettres. Tu es sûr de pas avoir déjà lu ça quelque part ?

– Ah je pense bien, rétorqua John-Mike tout en nourrissant Flanagan, leur hamster domestique, de l’autre main, puisque de toutes façons, tout a déjà été écrit. Mais c’est là qu’intervient la chute, géniale et surprenante.

– Je suis tout ouïe, s’enquit Pélagie, qui aimait les surprises et les Fiat Panda.

– Alors à la fin, en fait, et ça tu vas pas me dire que tu l’as déjà lu quelque part, le héros se réveille et s’exclame “Ouf, tout cela n’était qu’un rêve !”