France Moisir

November 17th, 2010

Il y a eu ce moment fatidique où les mots qui sortaient de ta bouche t’ont estomaqué toi-même. Dans une BD franco-belge, il y aurait eu une scène avec ta bonne et ta mauvaise conscience en train de se battre. Sauf que celle qui a gagné à la fin, ce n’est pas ta bonne conscience et pas plus ta mauvaise, c’est ta conscience employée d’état. Celle qui, pour qu’on lui foute la paix, finit par accepter n’importe quoi.
C’est ta faute, en plus. Quand tu l’as vue approcher, tu aurais dû baisser la tête, regarder ailleurs, passer ton chemin. Mais non, jovial et naïf, tu l’as laissée te baratiner jusqu’au bout. Elle était jolie, bien sûr, mais quand même, tu aurais pu lui dire que tu avais un truc sur le feu (oui, ça se passait au salon du livre, et alors ?), un rendez-vous garé en double-file, je ne sais pas, fais travailler ton imagination ! Tu t’es douté que quelque chose clochait quand elle t’a conseillé, sans sourciller, un bouquin qui te plairait probablement. Elle t’a demandé ce que tu lisais en ce moment, tu lui as répondu « J’adore Pratchett… ah vous connaissez pas ? c’est de la fantasy parodique, disons » et elle t’a conseillé « Je l’aimais pourtant parce que c’était vrai, vous verrez, c’est plein de fantaisie. »

Et depuis, tu dois commander un livre. Tous les trois mois. Depuis trente ans. Au début, naïvement, tu t’es dit que ce n’était pas si grave de commander un livre, c’est bien, les livres. Puis tu as été sur leur site. Rayon littérature, y avait le dernier Musso et le nouveau Placid et Muzo. Tu t’es dit que tu allais y réfléchir encore un peu. Quand tu as reçu un sms, un mail, un coup de fil, un coup de fax et un message écrit au canif sur le cartable de ton aîné Benjamin, te prévenant que « attention, si vous ne commandez pas dans les 5 minutes, un châtiment terrible vous attend : notre sélection du mois », tu t’es dit que bon, ok, faudrait quand même voir pour commander un truc. Tu t’es rabattu sur « la cuisine ayurvédique expliquée à mon chien », un best-seller très bien. Il est toujours dans son emballage.

Trois mois plus tard, tu as opté pour un roman historique qui te plonge dans une fabuleuse histoire au coeur des sentiments humains. Il est très pratique pour caler ta cheminée.

Trois mois plus tard, tu as pas fait gaffe et paf, tu as reçu la grande sélection du mois. Dans un moment de désespoir, tu l’as lue. Depuis, tu ne vois plus le monde de la même manière. Tu as de la peine à t’endormir le soir, il paraît que tu hurles souvent « non, pas la sélection, pas la sélection », ce qui a grandement nui à ta carrière footballistique. Tu as décidé de te lancer dans un grand roman sur les retrouvailles d’un boucher-charpentier avec son amour de jeunesse qu’il croyait décédé, tu as ajouté des métaphores filasses et des descriptions à l’érotisme si intense que même ton épouse, mère de tes huit enfants, t’a cru vierge en les relisant. Juste pour te venger. Juste pour que ça devienne un jour la sélection du mois et que des gens souffrent comme tu as souffert.

Et ce n’est pas le pire. Dans un instant de faiblesse, tu leur as donné ton numéro de portable. Ils t’appellent tout le temps. Pour t’offrir des trucs. Tu ne peux quand même pas insulter des gens qui t’appellent pour t’offrir des trucs, si ? Si. Après 17 appels anonymes en absence, tu te sentais important : « J’ai un stalker, les mecs, j’ai un stalker ! » Tu as quand même fini par décrocher, de guerre lasse. Ton stalker t’a parlé d’une grande promo sur les DVD de Michel Boujenah. Très vite, sans respirer. Le fait que tu lui dises que ça ne t’intéresse pas l’a à peine ébranlé. Le fait que tu lui dises « partez où j’appelle la police » guère plus. A qui tu vas les refourguer, ces DVD, maintenant ?

Puis ils ont recommencé, 32 appels en absence, des fax, des signaux de fumée puis, finalement, un message attaché à la patte d’un corbeau mort retrouvé devant la porte de ta résidence secondaire dans l’Oberland sarthois : « Prends garde, car un grand danger te menace. -50% sur tous les ouvrages de Marc Lévy. Bisous. »

Beurre remanié

November 15th, 2010

Ce dimanche, nos amis français, en plus de la Formule 1, du rôti et de Drucker, ils ont eu droit à un remaniement ministériel.

C’est une spécialité locale. Chez nous, on laisse les ministres prendre la poussière pendant seize ans aux transports, pour pas gâcher. Probablement un héritage calviniste. Chez eux, la durée de vie est de six mois, probablement pour bien montrer que les ministres, ça sert pas à grand chose. Ici, tout le monde s’énerve quand les départements sont tous détenus par des jeunots qui ont moins de cinq ans de fonction, en France, on commence à s’agiter quand il y a pas eu de rumeurs de remaniement depuis plus de six semaines. Ici, quand on vire un ministre, on en parle encore dix ans plus tard, outre-Doubs, quand on vire un ministre, on en profite pour faire un paquet de douze. Ici, pour être ministre si t’es socialiste, faut plaire à la droite et donc être un socialiste pas trop marqué à gauche et… ah non, ça c’est pareil, tiens. Et chez nous, pour créer un nouveau sous-département, ça prend environ 120 ans de discussions alors qu’en Sarkozye, à chaque remaniement, y a douze nouveautés. Ce coup-ci, c’est les ministères auprès des ministères, qui servent avant tout à dire, si j’ai bien compris, “ah mais si, regardez, on a des femmes dans notre gouvernement, la ministre auprès du ministre en charge de la campagne et des oiseaux, c’est pas une femme, peut-être ? En plus elle est noire, arabe, rousse, gauchère, extrême-centriste et fan du FC Arles-Avignon, toutes les minorités sont représentées au sein de ce gouvernement !”

Et de temps en temps, on trace un ancien ministère, et c’est de ça que je voulais te parler : la France n’a déjà plus de ministère de l’identité nationale. Comment vont-ils vivre sans ? Vont-ils finir comme nous, malheureux hérétiques qui, dès que Federer est éliminé et les étrangers criminels expulsés, oublions fissa toute notion d’identité nationale et nous laissons aller sans vergogne aux blagues sur les Valaisans ?

Je te laisse y réfléchir, tu viendras me dire. Parce que de toutes façons je n’ai jamais tellement compris l’utilité de l’identité nationale pour des pays qui existent déjà. Ça te force à te passionner pour le ski de fond ou l’escrime en fauteuil roulant, c’est une vraie saloperie.

Par contre, si tu veux déclarer indépendant ton quartier, ton immeuble, ta région ou ton groupe facebook, ça devient très utile. Mais il te faudra la fabriquer. Et c’est comme la mayonnaise, la recette a l’air simple mais si tu fais pas un tantinet gaffe, ça prend pas.

Pour fabriquer toi même ta propre identité nationale, il te faudra d’abord une peuplade, si possible pré-romaine ou à la rigueur médiévale, qui a vécu plus ou moins dans le coin. Avec un héros. Genre un mec qui, deux semaines avant que la peuplade ne se soit fait rétamer la gueule par César comme vous et moi, aurait déclaré « Moi les Romains, tu sais ce que je leur dis ? De toutes façons c’est des truites ». Tant pis si, en fait, ladite tribu a passé à peine deux semaines dans le coin et pratiquait le sacrifice félin, le but c’est que tu aies des mythes fondateurs. Après tu te démerdes pour métaphorer tout ça, montrer à quel point ça illustre le combat actuel contre l’oppresseur. Parce que forcément, il te faudra un oppresseur, sinon ça risque de moins marcher.
Mais pour ça, c’est facile, tu trouves un vieux qui parle un peu patois, ou alors qui radote et qui a perdu son dentier, et tu expliques que c’est à cause de l’oppresseur qu’on a perdu notre langue et si on n’y prend pas garde, demain, ils nous empêcheront de danser nos danses traditionnelles (il te faudra une danse traditionnelle, du coup. Essaie de demander au même vieux, ça peut marcher). Après tu trouves un graphiste au chômage pour te faire un beau drapeau avec du rouge pour la résistance contre l’oppresseur, du fuchsia pour le poids des traditions et une licorne parce que c’est classe, et un chanteur au chômage pour composer l’hymne national et, grâce à la danse traditionnelle, remporter le prochain Eurovision et le tour est joué, tu as ton identité nationale et tu pourras occuper tes ministres au chômage. Il te faut aussi une devise nationale, que tu trouveras facilement sur evene.fr, et une équipe de foot. Ensuite, tu fais comme tu veux mais le mieux c’est encore de lancer une guerre.

Ensuite, tu te souviens que c’est un peu comme la mayonnaise et que ça va pas être possible, tu es au régime, et tu jettes.

équivalent, paraphrase, pareil, semblable

November 11th, 2010

Parmi les objets super dangereux et pourtant en vente libre, que fait le gouvernement ?, il y a le dictionnaire des synonymes.

Prends un exemple. Au hasard. Si tu dis “les expatriés ont su conserver leur identité” ou “les immigrés refusent de s’intégrer”, tu décris exactement la même situation, tu changes juste les mots. Et pourtant. Dans un cas, tu vois tout de suite le danger, tout le monde sait bien qu’une intégration ratée augmente l’insécurité. Alors que dans l’autre cas, le seul danger que tu redoutes, c’est une indigestion après une fête traditionnelle au centre culturel.

Insécurité, tiens, c’est bien, aussi, comme exemple. C’est synonyme d’appréhension, crainte, inquiétude. Par exemple, des enfants pourraient dire : “Je ne puis me joindre à ce camp de poney, en raison de la terrible insécurité que provoquent en moi ces créatures démoniaques.” Ou alors leurs parents, au contraire, pourraient affirmer : “Nous avons décidé d’installer une veilleuse dans la chambre de Toni, il souffrait d’un sentiment d’insécurité face aux monstres clandestins cachés sous son lit pour profiter de notre système”. Attention aux faux amis, “combattre le sentiment d’insécurité” n’est absolument pas synonyme de “coller tous les méchants du monde au trou une bonne fois pour toute qu’on n’en parle plus” mais juste de “mettre des veilleuses à tous les coins de rue pour que les gens aient l’impression d’avoir un peu moins peur (mais pas trop, quand même, ils seraient encore foutus de ne plus voter pour nous après, ces cons)”

Mais il y a d’autres synonymes nettement plus sympathiques. Par exemple, au lieu de “on m’a invité à un apéro, je vais aller boire des coups et raconter des conneries aux potes”, tu peux très bien dire “on m’a invité à une verrée, je dois y aller pour faire du réseautage”. Ou pour “j’ai encore passé l’après-midi à glander sur Facebook (j’ai vu une super vidéo de chat)”, “mon expertise en networking ferait de moi un redoutable community manager (ou alors, un expert ès félidés)”
Et plutôt que “je ne sais pas du tout quelle chute apporter à ce post”, on préférera “j’aime laisser le lecteur sur une fin ouverte”

Paint it black

November 4th, 2010

Aujourd’hui, répondons à cette question existentielle et capitale:

Peut-on se plaindre des gens qui se plaignent tout le temps ?

Popularisés par les réseaux sociaux, un terrain qu’ils affectionnent et où ils se reproduisent comme des grille-pains, les gens qui se plaignent tout le temps ont pourtant toujours existé. Des archéologues ont récemment découvert le crâne d’un homme abattu à grands coups d’os de tigre à dents de sabre il y a plus de 18 212 ans, très probablement parce qu’il se plaignait encore que mais c’est pas vrai, y a encore du mammouth à la cantine ?

Ils sont là, partout (mais surtout à la buanderie et à la poste), prêts à maculer de noir les murs de la vie. Ils trouvent que rien n’est comme avant, les jeunes, les vieux, la nouvelle version de Facebook, ils ont cette particularité magique qui les rend si unique de ne jamais voir le verre à moitié plein. Et si le verre est plein, ils se disent qu’ils n’ont pas soif et qu’ils auront la gueule de bois demain et qui c’est qui va devoir le laver, ce verre ?

Pour les reconnaître, c’est facile, il suffit de leur tendre des pièges en leur annonçant des bonnes nouvelles.
« Tu vas être augmenté. »
« Pfff, je vais devoir payer plus d’impôts. »
« En plus ils annoncent du beau demain. »
« Aïe, je vais encore prendre des coups de soleil. »
« C’est demain que Scarlett Johansson vient te cuisiner une fondue nue, non ? »
« Pff, m’en parle pas, je digère jamais la fondue, et puis c’est pas un temps à fondue, et en plus je sais jamais écrire son nom… »
« Non mais demain ils annoncent du moche ! »
« Ça m’étonne pas ! Y a plus de saisons ! Ça pouvait pas durer, ce beau ! »

Une fois reconnus, n’essayez pas de les convaincre que la vie est belle (« Clair… ça va pas durer longtemps ») que les oiseaux chantent (« ça m’empêche de dormir ») et qu’ils avaient écrit Scarlett Johansson juste (« de toutes façons, je n’aime qu’Hélène Segara »). Parce qu’au mieux, c’est eux qui finiront par vous convaincre que la vie n’est qu’une truite (« Pfff… comment tu veux que je continue à utiliser cette expression maintenant que Cali me l’a piquée »).

Et donc, excédé, vous n’aurez plus qu’une solution : trouver quelqu’un d’autre à qui vous plaindre de l’autre qui se plaint. Oui parce que bon : si cette personne vous a choisi vous comme réceptacle de ces pleurs, c’est pour une bonne raison. Comme par hasard, c’est toujours sur vous que ça tombe. Parce que vous êtes trop bonne poire. On vous y reprendra, tiens, à vouloir rendre service. Et pourquoi ils passent leur temps à se plaindre, d’abord ? Probablement pour vous faire chier, non (tu vois, ça commence à prendre, là) ?
Et de fil en aiguille, vous entraînerez le monde entier dans une grande ronde macabre de l’amitié venimeuse, alors que si vous vous étiez contenté d’un coup de maillet dès le début (« Oh mais t’es chiant, tu sais bien que je préfère les battes ! »)

Je crois que c’est Clerc

November 1st, 2010

La sémillante Leïleï m’a un jour demandé de lui expliquer le coup des coquilles de noix dans la chanson « ce n’est rien » de Julien Clerc. Depuis, le temps a passé et j’ai eu tout loisir de bien réfléchir au sens caché de cette chanson. Si toi aussi, tu aimerais passer commande, choisis une chanson qui ne reste pas autant dans la tête, merci.

Si tu veux réécouter la chanson en lisant ce post, je te laisse le choix entre cette vidéo à la chorégraphie ébouriffante et ce splendide montage réalisé par un internaute (un jour, il faudra m’expliquer calmement pourquoi les gens font ça).

Ce n’est rien, Etienne Roda-Gil, Julien Clerc

Ce n’est rien

Du coup, on aurait pu s’arrêter là.

Tu le sais bien
Le temps passe
Ce n’est rien

C’est vrai. Le temps qui passe, c’est parfois un peu embêtant, genre quand tu as oublié un truc en 2006 tu peux difficilement aller le récupérer, mais si tu commences à le prendre trop personnellement, à t’attacher tellement à chaque seconde qu’il te faut une semaine de deuil pour te remettre de sa mort, c’est vite gênant.

Tu sais bien

TMTC. Bestah. Pardon. Je reprends.

Elles s’en vont comme les bateaux

Un bateau ça s’en va assez lentement, en dérivant, après qu’on a dénoué la corde qui le retenait à la rive. Je sais pas qui est le elles de la métaphore mais Julien Clerc a l’air de pas les aimer

Et soudain
Ça revient

C’est plutôt un bateau de ligne, donc, pas un paquebot, qui revient après avoir emmené des vieux en croisière au large des îles, animation avec Roger et son accordéon. Peut-être le MS Siesta ou le Ville de Morges qui revient les bras chargés de pendulaires frontaliers. Ou alors une barque de pêcheurs, ou un pédalo.

Pour un bateau qui s’en va
Et revient

On comprend bien l’idée: c’est une chanson de marins.

II y a mille coquilles de noix
Sur ton chemin
Qui coulent et c’est très bien

Des marins qui, à chaque fois qu’un bateau s’en va, sont très nerveux et mangent des noix toute la journée pour se détendre un peu. Il faut pas, ça file des aphtes. Ils mangent des noix, ils balancent les coquilles à la flotte, du coup, à la fin de la journée, ils se disent “Ouh fan de chichoune, on y a été un peu fort sur les noix, ça m’escagasse, le patron va encore faire tout un pastis, comme le jour où on en avait mangé tellement que le Vieux Port était bloqué” mais heureusement, certaines coquilles finissent par couler et c’est très bien.

Et c’est comme une tourterelle
Qui s’éloigne à tire d’aile
En emportant le duvet
Qu’était ton lit
Un beau matin

Je vois pas bien ce que ça vient faire là, on parlait bateaux, laissons les oiseaux en dehors de tout ça, sauf éventuellement les mouettes qui suivent un chalutier. Toutefois, Julien Clerc fait bien de mettre en garde contre les dangers des tourterelles. On les nourrit et, paf !, un beau matin, ces saletés, non contentes de faire leurs besoins sur ta voiture pile au moment où tu viens de la laver, elles te piquent ton duvet (ça ne m’est jamais arrivé, probablement parce qu’on a plus de moineaux, de pigeons, dans mon coin, mais ça fout la trouille).

Et ce n’est qu’une fleur nouvelle

C’est à la fois un bateau, une tourterelle et une fleur, donc. Je ne comprends plus du tout de quoi on parle, mais je refuse de monter dedans.

Et qui s’en va vers la grêle

Une fleur qui s’en va ? Probablement un hommage à Pokémon, Chetiflor préfère fuir face à l’attaque grêle de son adversaire. Et c’est très bien.

Comme un petit radeau frêle
Sur l’océan

Alors pardon, je ne suis pas spécialiste en navigation, mais s’en aller vers la grêle en radeau, c’est pas un peu con ?

Ce n’est rien

Je commence à me le dire, oui.

Tu le sais bien
Le temps passe
Ce n’est rien
Tu sais bien
Elles s’en vont comme les bateaux
Et soudain
Ça prévient

Quand elles se barrent, c’est elles, mais quand elles reviennent c’est ça. Pas très classe.

Comme un bateau qui revient

Ok en même temps, je comprends, on a pas envie d’être poli avec des gens qui balancent un coup de corne de brume en revenant.

Et soudain
Il y a mille sirènes de joie

Eh beh, ça doit en faire, un boucan.

Sur ton chemin
Qui résonnent et c’est très bien

Très bien, faut le dire vite, si à chaque fois qu’un bateau revient dans ton port y a autant de bruit, attends-toi à pas mal de réclamations, tu sais comment sont les gens.

Et ce n’est qu’une tourterelle
Qui revient à tire d’aile
En rapportant le duvet
Qu’était ton lit
Un beau matin

Ouais, elle a eu des remords, c’est bien, mais elle aurait pu nettoyer un peu parce qu’il est tout salopé, là, mon duvet qui était mon lit parce qu’à cause de la crise j’ai même plus les moyens de m’acheter un matelas.

Et ce n’est qu’une fleur nouvelle
Et qui s’en va vers la grêle
Comme un petit radeau frêle
Sur l’océan

Ça prévient
Comme un bateau qui revient
Et soudain
Il y a mille sirènes de joie
Sur ton chemin
Qui résonnent et c’est très bien

Et ce n’est qu’une tourterelle
Qui r’viendra à tire d’aile
En rapportant le duvet
Qu’était son nid
Un beau matin

Et ce n’est qu’une fleur nouvelle
Et qui s’en va vers la grêle
Comme un petit radeau frêle
Sur l’océan

Ah, ça y est, je sais. J’ai compris le “elles” du début. Elles s’en vont comme des bateaux, elles reviennent comme des radeaux, ce sont, les métaphores, c’est évident. Les métaphores qui peuvent être à la fois des bateaux, des tourtes et des fleurs, même si à force de trop emmêler leurs fils on se prend les pieds dans le tapis.
C’est une très belle chanson porteuse d’espoir, surtout pour les vendeurs de noix et de sirènes.

Grimm de sang, part II

October 29th, 2010

Le type qui se baladait avec une corbeille de chatons sur la tête Il était une fois un mec outré par le sort réservé aux chatons par la follasse du conte de hier. Il décida donc d’adopter tous ceux qu’il croisait pour les protéger de leur funeste destin. Rapidement encombré, il acheta un superbe panier en rotin à Fayl-Billot, se le posa sur la tête et y plaça les chatons.
Un jour qu’il se reposait à l’ombre d’un sycomore, il constata que la populace aimait à s’arrêter pour se rire des incessants jeux des félins. Dès lors, il interrompit son activité professionnelle, courtier en assurances, de toutes façons fortement compromise par la présence d’une petite centaine de matous sur son crâne, et passa de ville en ville pour montrer ses chatons à tout le monde.
– Oh, regarde, celui-là, il joue avec une pelote, c’est trop mignon et oh, là, deux qui se battent, trop chou et un autre qui fait pipi, trop kawai », s’exclamaient en choeur les spectateurs de ce spectacle au succès jamais démenti, que l’heureux inventeur avait baptisé du nom de sa huitième épouse, Hioutubbe.

Le mec qui se baladait avec une corbeille de bébés moches furieux sur la tête
Il était une fois un homme fort jaloux du succès du Hioutubbe. Il se dit « si ça marche avec des chatons, ça va marcher avec des bébés » et se mit à parcourir les routes du royaume à la recherche de nourrissons à placer dans son joli panier.
Hélas, en cette époque reculée et barbare, il était plus facile d’émouvoir les foules à l’aide de petits animaux mignons qu’à l’aide d’enfants incapables de courir après une pelote ou de faire de petits bonds maladroits. Affamé, l’homme fut contraint de dévorer les bébés. Il constata qu’ils étaient ma foi fort goûteux et ouvrit au restaurant, « A l’ogre joyeux », dont le succès ne se fit pas attendre.

Blanche-NeigeIl était une fois une jeune fille bonne comme la plus bonne de tes copines. Cela agaçait particulièrement sa belle-mère, pas mal non plus mais juste un peu moins. Jalouse, elle ourdit un plan machiavélique : donner des tas de pommes à sa bru. « Bru, deux pommes ? », demandait-elle. « Soif de mordre », répondait l’ingénue, pas toujours hyper claire dans ses raisonnements.
Or, comme chacun le sait, manger des pommes donne un bon teint et des joues rouges peu compatibles avec la blancheur post-gothique de celle que l’on surnommait fort à propos Blanche-Neige. En plus, c’est plein de pectines (Plus tard, la marâtre affirmera à la presse avoir donné des pommes parce que c’est très sain, un argument un peu léger).
Outrée par ce comportement délétère, Blanche-Neige s’en fut dans la forêt en criant que « personne ne m’aime et de toutes façons vous n’êtes pas mes vrais parents », ce en quoi sa belle-mère ne pouvait pas lui donner complètement tort.
Mais, comble de l’ironie, alors qu’elle fuyait pour se sortir de la pomme, elle y retomba. Des nains qui passaient par là en revenant d’une mine où ils travaillaient (on n’engageait plus que des nains dans les mines, suite à un récent drame chilien)(33 mineurs s’étaient mis en tête de faire une tournée dans tout le pays en chantant “au nord c’était les corons” accompagnés par l’ex-présidente Michelle Bachelet, une catastrophe)(heureusement, la configuration géographique du Chili empêche les tournées, puisque ce pays ne permet d’aller que dans un sens) la trouvèrent et décidèrent de la ramener chez eux pour en faire leur esclave sexuelle mais, comme ils s’y prenaient relativement mal, rapidement, ce furent eux qui se retrouvèrent à faire le ménage et la bouffe pendant que B-N surfait sur adopteunprincecharmant.com.
Le jour où un bellâtre se ramena et lui dit « Kikoo, jsui tro love de toi lol, on va fer un tour dant la foré », elle s’en fut sur son grand cheval blanc et les nains se dirent qu’ils avaient super mal géré.

Le mec qui avait raté sa carrièreIl était une fois un nain qui, suite à une déconvenue amoureuse, ne croyait plus en rien. Il décida alors de s’engager dans une carrière cinématographique. « Bonjour, c’est ici le bureau de placement pour acteurs pornos », demanda-t-il au guichet de Pôpôle emploi. « Ouais, lui répondit la responsable, mais ça va pas le faire, mec, t’as pas le physique qu’il faut pour ça. » (En effet, en cliquant sur la photo ci-contre pour l’agrandir, vous pourrez constater que le nain ne portait pas de barbe, pourtant très demandée dans les films érotiques cette année là) Meurtri et contrit, il se tourna alors vers le cinéma d’auteur et décrocha un rôle dans « L’Histoire sans fin : 30 ans après. »

Inutile de vous préciser que tous les protagonistes de ces belles histoires vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Grimm de sang

October 28th, 2010

Si tu vas à Berlin, n’oublie pas d’aller visiter la Märchenbrunnen. Ça veut dire fontaine des contes et, comme les Allemands sont des gens très carrés, c’est une fontaine illustrée par des personnages de contes. Des frères Grimm, même.
Seulement, si tu n’es familier qu’avec les contes des frères Disney, tu ne les reconnaîtras peut-être pas tous, la fontaine n’étant même pas dûment légendée. Heureusement, je suis là pour pallier à ça.

Le petit garçon dont l’épagneul breton avait une drôle de tête
Il était une fois un petit garçon qui voulait absolument un chien pour Noël. Ses parents, qui voulaient lui faire plaisir mais n’avaient pas les moyens, à cause de la crise mondiale, du taux de chômage et des grévistes qui prenaient en otage les clients des animaleries, décidèrent de miser sur son inculture, car à l’époque les enfants n’avaient ni l’école, ni wikipedia pour s’instruire, et lui offrirent un cochon. « Ça nous fait le rôti pour Noël prochain, quand le môme en aura marre et voudra plutôt un goujon », se disaient-ils, car ils avaient l’esprit pratique des gens pratiques.
Mais leur fils, qui avait pris des cours de cynologie en cachette, se douta de quelque chose assez rapidement. En effet, son jeune cochon, Grouik, passait, comme tous ceux de la gent cochonne, le plus clair de ses journées sur des sites internet cochons, où il s’abrutissait en visionnant à longueur de journée des recettes à base de truffe.
Puis un jour, survint le drame : Grouik répondit à l’appel de la nature et à un sms de son jeune frère pour aller dans la forêt se lancer dans la construction de maisons écologiques entièrement en bois et en paille. Dès lors, le jeune garçon perdit irrémédiablement toute foi en la fidélité animale, et ses parents commandèrent des pizzas pour Noël.

L’enfant qui mangeait des goujonsIl était une fois un jeune enfant qui, au lieu d’apprendre ses leçons bien sagement, passait ses journées à la pêche. Un jour, il ferra un goujon d’au moins 120 kilos. Affamé, il décida de croquer immédiatement dans la pauvre bête.
– Ohla, camarade, pas si vite, je suis un goujon magique ! Si tu me laisses la vie sauve, j’exaucerai pour toi 41 voeux. »
– Ça alors, c’est pas banal ! Allez, soit, tu ne seras point mangé. »
– Mais tout d’abord, il te faudra signer cette décharge qui dit que tu me cèdes tous les droits de cette histoire en cas d’adaptation ultérieure par un studio de dessin animé, et qui stipule que je ne peux pas être tenu pour responsable, légalement, en cas d’accident subséquent à l’un ou l’autre de tes voeux. »
– Boarf. Bon, j’aimerais être immensément riche. »
– Je ne puis hélas créer artificiellement de biens monétaires car cela tendrait à déséquilibrer les marchés mondiaux. »
– C’est nul ton truc. Je pourrais au moins être célèbre et me taper plein de meufs ? »
– Tu dois chercher la solution dans ton coeur, moi, je peux rien faire. En plus, t’es même pas majeur, on va avoir des problèmes avec les droits du conte. »
A ces mots, l’enfant ne se sentit plus de joie et croqua dans le goujon encore cru. Il se rendit compte que c’était pas si mauvais et devint riche et célèbre car il venait d’inventer le sushi.

La meuf qui avait des corbeaux agrippés à ses nichonsIl était une fois une jeune fille simple et très sage qui trouva un malheureux chaton affamé en faisant son jogging matinal.
Emue par le sort de la pauvre bête (qui, en réalité, grâce à une habile stratégie de personal branding basée avant tout sur l’air mignon et le miaulement chou, se faisait dans les 7 kilocroquettes/mois), elle décida de le nourrir en dégrafant tout simplement son corsage. Ne comprenant pas où l’on voulait exactement en venir, le chaton réagit comme un instinct séculaire l’y poussait et, d’un coup de griffe rapide et précis, lacéra le divin nichon.
La jeune fille, furieuse, ne fit pas un geste quand un corbeau, par l’odeur alléché, emporta le chaton pour s’en aller ripailler.
Elle décida alors de se lancer dans l’élevage intensif de chatons pour en nourrir les corbeaux alentours et fut connue dans la région comme la meuf qui avait des corbeaux agrippés à ses nichons, ce qui est exactement le titre de ce conte, comme quoi c’est assez bien foutu, finalement.

La petite ceinture rougeIl était une fois une fille qui était ceinture rouge de karaté.
– Maman, maman, tu m’as lavé mon kimono ? J’ai une compète dans une heure », s’exclama-t-elle un jour qu’elle avait une compète dans une heure et qu’elle ne trouvait plus son kimono.
– Ah ben justement, sur la route du dojo, tu pourrais pas passer chez ta grand-mère lui ramener un peu de beurre ? »
– Encore ? mais elle fout quoi avec tout ce beurre ? »
– C’est parce qu’elle fait le régime Dukan. Bon par contre tu te gafferas, il paraît que la forêt est infestée de loups qui parlent, il paraît que c’est une conséquence de la politique laxiste de la gauche. »
Mais la petite ceinture rouge n’avait pas peur car elle était ceinture rouge de karaté alors si le loup approche, double Mawashi Geri dans ta face et à la niche le caniche.
Mais le loup, qui avait suivi une initiation accélérée aux arts martiaux sur DVD, avait plus d’un tour dans sa besace et, quand il vit arriver la joufflue jeune fille dont il aurait bien fait son quatre heures, il lui lécha doucement le coude, un coup formellement interdit tant en kata qu’en kumite, ce qui déstabilisa la petite ceinture rouge, qui rata sa compétition.

to be continued

Selon la police

October 22nd, 2010

Parmi les phrases qui reviennent souvent dans les conversations politiques, aux côtés de “de toutes façons ils sont tous à la solde” et “passe-moi le sel”, il en est une sur laquelle j’aimerais me pencher un peu, une phrase que vous avez souvent entendue et peut-être même, un jour de grand vent, prononcé vous même : “Oui, oh, de toutes façons, les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut.”

C’est bien évidemment totalement faux. Prenons un chiffre au hasard : 4. Essayons de lui faire dire ceci : “Je sais bien que je suis un tournevis cruciforme. Et alors ? J’adore la salade à tondre, c’est tout !” C’est tout bonnement impossible (je pourrais vous le prouver scientifiquement, mais on n’est pas là pour ça).

Cependant, il est vrai qu’il est facile de profiter que les gens, à 82,13%, sont plutôt nuls en maths pour faire dire absolument n’importe quoi aux statistiques. Par pure malice, pour les besoins du Complot Mondial ou alors juste pour détourner l’attention des vrais problèmes de la société (“qu’est-ce qu’on mange ce soir”, à 47,32% et “mais si je t’avais dit que j’étais marié!” à 12,16%). Et, surtout, parce que quand tu es statisticien, c’est pas tous les jours que tu rigoles, parole, alors faut bien relever un peu un quotidien morne en faisant croire n’importe quoi aux gens.

Une étude américaine démontre ainsi que les personnes qui passent plus de 17 heures par jour à regarder des vidéos de chats sur internet sont plus souvent sujettes à la dépression que celles qui préfèrent organiser des parties de belote avec leurs amis. Là où un oeil averti se dirait que oui, bon, le mec, il doit pas forcément transpirer la joie de vivre pour préférer passer tout son temps à regarder des chats sur internet alors qu’il pourrait très bien faire de temps en temps une pause pour filmer Gribouille qui est en train de dormir d’une façon trop chou, l’expert en sondage, lui, y verra une preuve que c’est bien la preuve qu’internet est satanique.

De même, une étude britannique prouve que les personnes les moins fortunées ont tendance à consommer moins fréquemment des mets carnés. On peut donc, en toute logique, en déduire que les légumes rendent pauvre.

Cette méthode, assortie à des techniques plus classiques comme comparer n’importe quoi pourvu que ce soit pas comparable (les choux poussent 23% plus vite dans les pays où la population étrangère est inférieure à 11%) ou mettre en avant les valeurs qui vous arrangent (Inquiétante augmentation de la criminalité. Le rapport annuel de la police cantonale de Buchillens indique que les vols d’objets en bois sont en augmentation de 100%. Seule note réjouissante dans ce constat accablant, les homicides et les trucs du genre ont en revanche baissé d’autant)

Mais le plus inquiétant, là-dedans: quand votre journal préféré cite une récente étude, il parle dans environ 0% de cas de votre rapport au fromage frais. Alors que quand des sondeurs vous appellent à 22 heures 30 à la maison, y en a pour 5 minutes, juré, dans 0% des cas, ils vous posent des questions telles que êtes-vous une gameuse et si oui est-ce que tu baises ? On peut en déduire, à 14,8%, que le gouvernement nous ment, à 39,2% que c’est toujours les autres qui ont de la chance, et à 0,78% que ok, je vais encore répondre à ce sondage, des fois qu’on me pose enfin des questions intéressantes, mais c’est le dernier.

Tout cela prouve à 67,34% que les mecs qui font les sondages sont des complices actifs du complot mondial (et que les journalistes se contentent de recopier leurs résultats sans les vérifier, parce qu’ils sont des rouages du Complot mondial, mais surtout afin d’avoir plus de temps pour regarder des vidéos de chats).
Et que si on peut difficilement faire dire n’importe quoi aux chiffres, il suffit d’en coller deux après la virgule pour que tout change.

Tout le monde s’attache, on trace la route

October 20th, 2010

« je comprends pas j’veux dire LE SENS des paroles de la chanson ‘Belle demoiselle’ de Christophe Maé » clamait récemment sur Facebook une amie de Facebook. Toujours serviable avec ceux qui connaissent personnellement Maïtena Biraben, je décidai d’empoigner le taureau par les cornes et le Maé par les cordes.

Christophe Maé – Belle demoiselle

Du fond de ma rue une silhouette comme un bruit aigu

Une silhouette comme un bruit aigu, de prime abord, on ne comprend pas, il faut connaître un peu le monde de la poésie pour pouvoir analyser ça correctement. Et celui de la bande dessinée franco-belge. Un bruit aigu, tous les lecteurs de Tintin vous le diront, ça peut casser du verre. Cette silhouette est en train de casser du verre.

Se rapproche à hauteur de mes yeux nus

Même celui des lunettes de Christophe Maé, dis donc ! Ou alors il les a simplement oubliées à la maison. Ou alors il n’en porte pas, mais il avait besoin d’une rime en u (il y avait aussi tordu et seppuku, mais on y aurait perdu en intensité poétique).

La silhouette c’est une fille jour de fête nationale

Ça explique bien des choses. Déjà, la raison d’être de la chanson. Depuis que j’ai inauguré cette rubrique, je me suis penché sur les textes d’environ plusieurs chansons et j’ai remarqué une chose : personne n’écrit jamais de ballade déchirante quand il aperçoit, au loin, la silhouette d’un dugong ou des éboueurs municipaux. A la limite, un mec qui croise des loups ou Marine Le Pen dans Paris, il peut essayer d’en faire quelque chose mais la plupart du temps, les silhouettes, c’est des filles. Comme dans cette magnifique histoire, souviens-toi.
Et le fait que ça se passe un 14 juillet explique pourquoi elle est en train de péter des bouteilles, c’est probablement une jeune issue des quartiers qui exprime sa colère et son désarroi face à une société dont elle s’estime exclue. Ou alors elle est juste bourrée.

Ronflante comme une escadrille qui domine mon moral

Christophe Maé déteste le défilé, ce qui explique qu’il ne soit pas là pour le voir mais se trouve dans une ruelle à mater des silhouettes, surtout les parades aériennes, trop bruyantes. Bien que sémillante et accorte, la jeune fille est également très bruyante, on peut imaginer qu’elle chante des chansons paillardes, ce qui tend à accréditer la thèse de l’alcool.

Je la regarde
me sourire
Je baisse la garde

J’aime pas critiquer, vraiment, mais jusque là, je la trouvais déjà pas très très haute, ta garde. Je veux dire, t’as commencé à t’affoler, on savait même pas encore si c’était une ivrogne ou l’ombre de ton chien qui allait débarquer.

et les yeux pour me dire…

Les amateurs de zeugma sauront apprécier.

[Refrain] :
Belle demoiselle,
qui se presse dans l’allée
sa démarche lui donne des ailes
mais j’ose pas m’emballer, yeahéhé
Si jamais je m’approche d’elle
Aucun doute elle s’envole comme une hirondelle

Alors que la jeune fille a une démarche bien altière malgré son état d’ébriété, Christophe Maé fait son timide.

Du milieu de ma rue la silhouette comme un nuage
S’éloigne sans un bruit alors c’est grave

Terrible retournement de situation : jusque là, on pensait que Christophe Maé et la silhouette étaient chacun à un bout différent de la même rue, celle du chanteur (celle où il habite, (un village, dans le Sud de la France, d’après ce site spécialisé) je suppose, il n’y a probablement nulle part de rue Christophe Maé). Là, on apprend que quand elle atteint le milieu, elle s’éloigne. Donc qu’ils étaient les deux au fond de la rue. Quelqu’un a une plage pour que je dessine un schéma sur le sable ?

Ça s’bouscule dans ma tête
Dopé à l’effet de plaire

Les amateurs de jeux de mots apprécieront. Je pense qu’il essaie de dire que plus elle est loin, moins le bruit est aigu, mais je suis nul en physique.

C’est pas vraiment la fête
Pourtant j’ai l’air de lui plaire

Elle te sourit mais quand même, elle file à l’autre bout de la rue : J’aime pas trop casser les illusions des amoureux transis, mais où tu vois que tu lui plais ?

Qu’ai-je fait
au bon dieu
pour être fidèle
à cet aveu

Christophe Maé est en fait prêtre. Il a fait aveu de chasteté. D’où, probablement, sa timidité.

[Refrain]
La belle demoiselle qui se presse dans l’allée
Sa démarche lui donne des ailes
mais j’ose pas m’emballer, yeahéhé
Si jamais je m’approche d’elle
Aucun doute elle s’envole comme une hirondelle

Qui s’envole à tire d’aile et c’est très bien, avec ses coquilles de noix et tout, mais on y reviendra un autre jour.

inaccessible comme une hirondelle

Inaccessible comme une hirondelle, c’est une expression peu courante. Je connaissais désuet comme un buffle et intransigeant comme une crevette, mais pas inaccessible comme une hirondelle.

Je calcule dans ma tête

L’air de rien, Christophe Maé glisse qu’il est fort en calcul mental, on sait jamais, y a des filles que ça impressionne.

dopé à l’effet de plaire

Il relance discrètement le jeu de mots histoire d’être sûr que tout le monde l’a bien compris.

C’est quand même la fête
Le fantasme qui peut distraire
Je n’suis pas parfait (je n’suis pas parfait)
Merci mon dieu
Mais je tire un trait
Sur cet aveu

Là, Christophe Maé se dit “oh et puis allez, qu’à cela ne tienne, c’est la fête” et tombe la soutane.

[Refrain]
La belle demoiselle disparaît dans l’allée
Sa démarche lui donne des ailes
mais j’ose pas m’emballer, yeahé
Si jamais je m’approche d’elle
Aucun doute elle s’envole (elle s’envole !!!)

Mais trop tard, la meuf s’est cassée. Toi aussi, si tu croises une bombasse dans la rue, au lieu de passer une petite annonce dans “Transports amoureux”, écris une chanson, tes chances de la toucher sont plus grandes. Inutile, donc, de préciser que c’est une très belle chanson porteuse d’espoir.

A l’arrière de Berlin

October 19th, 2010

Charmante bourgade de 3,5 millions et quelques sangliers sise au confluent de la Spree et de la Havel, Berlin est également la capitale du Land de Berlin.

Origines

En 1191, un mardi, le duc de Zähringen fonde une nouvelle ville, à laquelle il donne le nom du premier animal abattu dans la forêt du coin : Berne, de Bär, l’ours, future capitale suisse. Jaloux, les Allemands décident de eux aussi buter un animal et donner son nom à une ville qui deviendra leur future capitale. Cependant, ils ne tueront qu’un ourson mignon, en allemand ancien “Lug da, ds Bärli, so süss !”, qui deviendra Berlin.

Histoire
Comme il est interdit, sur Internet, d’utiliser les mots “nazis”, “communistes” et “Hohenzollern”, le chapitre Histoire sera exceptionnellement remplacé par une photo de poney prise à la Hauptbahnhof

Climat
Voir gastronomie.

Gastronomie

Berlin n’est pas seulement la ville des boules de Berlin, hommages permanents au cholestérol, boules de pâte farcies de confiture et délicatement recouvertes d’une petite soixantaine de kilos de sucre. Non. Berlin la multiculturelle est également la ville d’origine d’un plat emblématique de la fusion food, cette cuisine qui marie savamment les traditions culinaires de différentes provenances pour se les réapproprier. Ainsi, le savoir-faire charcutier germanique, les audaces culinaires outre-atlantiques et les saveurs épicées orientales ont donné naissance à ce plat si unique, la Currywurst. Accompagné évidemment de pommes frites, ce plat savoureux couvre à lui seul les besoins annuels en gras d’un ménage moyen.
Le dimanche, à Berlin, c’est le jour de l’empiffrage. Lors de vos brunches, plutôt que d’aller vous resservir toutes les 5 minutes, remplissez vos assiettes sur une douzaine de couches. Non seulement vous éviterez de perdre quelques unes des précieuses calories emmagasinées, mais, grâce aux glissements, vous pourrez donner naissance à de nouveaux mélanges de saveurs originaux, ainsi de ce mélange oeuf – confiture de cerises qui a eu son heure de gloire à la fin des années 90 : le Spiegelei Cherry.

Tourisme
Longtemps, on a visité Berlin pour son célèbre mur. Jaloux que les maçons soient toujours au centre de l’attention, d’autres corps de métier ont vivement réagi et Berlin est aujourd’hui une capitale de l’electro.

De nombreux parcs immenses sont situés en plein coeur de Berlin. Mais que les amateurs d’urbanisme sombre et humide ne renoncent pas pour autant au déplacement : ils pourront en effet rencontrer de véritables punks dans leur milieu naturel, de splendides squats où de magnifiques objets d’art anticonsumériste traditionnel, à faire pâlir de jalousie tous vos amis, sont en vente.

Quelques Berlinois célèbres
John Fitzgerald Kennedy
Knut
le Spandau Ballet
Le FC Hertha Berlin, seul club de football au monde dont les joueurs sont des jambons.

Culture
Il paraît qu’il y a pas mal de musées et de monuments à Berlin, mais bon, pourquoi visiter des musées et des monuments quand on est dans une ville où le demi-litre de bière coûte le prix d’un demi-centilitre d’eau à Paris et d’une photo de chope en Suisse ?