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Je t’échange Behrami contre Cissé et Bayrou

Saturday, April 19th, 2008

Dans les médias suisses, pour une raison qui m’échappe, on essaie de nous faire croire que le monde, en attendant les championnats d’Europe de foot, ne vit plus que pour une seule chose, terminer son album Panini.

Du coup, j’ai décidé… Non ben non, pas de collectionner les Panini, sois sérieux 5 minutes. J’ai décidé d’arrêter de ressembler à une vignette de l’album Argentina 78 et je me suis donc rendu dans un salon de coiffure.

Où on ne m’a pas tendu d’album Panini mais un catalogue de coiffure. Ca ressemble beaucoup, sauf que les gens sont déjà collés et que y a pas les écussons des pays.

Dans les salons bas de gamme, on te demande “Je vous les coupe comment?”, tu réponds “euuuh…courts?” et ça suffit. Dans les salons classe, on te file un catalogue. C’est plein de beaux gosses (je crois, sinon ils feraient pas mannequins mais palefreniers, comme vous et moi) avec des tas de coupes de cheveux mode, tu as l’impression que des danseurs de tecktonik se sont rendus à un concert d’un groupe pop anglais, je sais plus lequel, je les confonds tous, mais un de leurs morceaux a été repris pour une pub, avec quelques racailles qui sont restées de l’an dernier. Tu optes plutôt pour le britpoppeux (non, pas Pete Doherty, je te dis que j’ai été chez le coiffeur, pas chez l’équarrisseur).

Tu te dis quand même qu’ils ont tous l’air un peu tarte, dans ce catalogue et ça te fait plaisir, les beaux gosses à l’air tarte sont quand même vachement rassurants, tu te dis que y a une justice quelque part. Alors que les beaux gosses type sympa, intelligents que malgré tous tes efforts tu n’arrives pas vraiment à détester, en plus en général, ils savent jouer de la guitare, te feraient douter de l’existence de dieu si tu n’étais déjà rosilicorniste convaincu.
Par contre, tu te demandes si toi aussi, tu vas finir avec l’air crétin, si c’est le prix à payer pour avoir l’air fashion. Tu te souviens vaguement d’un passage à London où, effectivement, dans le magasin hype et trendy où tu t’es réfugié pendant une des 247 averses de la journée, les vendeurs avaient l’air très très tarte, mais comme c’est des anglais on dit pie alors ça va, et tu te surprends une fois de plus à attendre avec impatience le retour du grunge. Tu te dis que la mode, c’est quand même la meilleure preuve de l’absurdité de la vie, tous ces gens qui tiennent à avoir l’air tarte en même temps.

Puis au bout d’une demi-heure de coups de ciseaux et de rasoir, de discussions laborieuses sur la météo et la géographie, et 13 tonnes et demi de cheveux au sol, on te tend un miroir et là tu te rends compte que tu as vachement la même gueule que la dernière fois, quand tu avais juste demandé court, alors franchement, est-ce bien la peine d’infliger des catalogues Panini à tout le monde ?

Derrière les oreilles

Friday, April 11th, 2008

La programmation du Paléo est sortie hier. Je te préviens d’entrée, si tu es jeune, branché et hype, il te faut la critiquer: “Han vraiment, je mets plus les pieds dans ce festival de beaufs, j’y crois pas, ils ont même pas invité Roultaboul et les Banaboo, vraiment c’est devenu trop commercial, je préfère les festivals qui ont une âme comme Benicasim ou Roskilde”.

Parmi les groupes invités du Paléo, cette année, les BB Brunes, un groupe dont le premier album, Blonde comme moi, a fait un malheur. Un groupe très vite adopté par des fans en délire, au point que je compte un peu sur eux pour relancer le marché des commentaires incompréhensibles, même si je m’y prends peut-être un peu tard. Un groupe qui, si j’en crois la très sérieuse Wikipedia, doit sa carrière à Luis Rego, c’est dire.

Nous allons aujourd’hui nous intéresser, si vous le voulez bien, chers amis de la musique et de la gastronomie, au single Dis-moi sorti en juin 2007, ça ne nous rajeunit pas.

Les BB Brunes tirent leur nom de leur passion: la coiffure, ce qui peut sembler étonnant si, pour toi, la rock’n’roll attitude c’est avant tout Slash et Kurt Cobain. Mais n’oublions pas qu’avant eux il y a eu Dick Rivers. De plus, la coiffure est, la tecktonik et Jilian le prouvent hélas, un thème central des préoccupations des jeunes d’aujourd’hui. Il faudra t’y faire, il y a eu la chanson engagée, place à la chanson dégagée.

Bref, dis-moi.

Moi.

Une légère envie de violence quand elle relace ses bas

Donc le narrateur de la chanson, Benedikt Brunes, est coiffeur, il fait la conversation à une cliente, il est justement en train de lui parler de ses problèmes conjugaux: sa jeune épouse, Bernadette Brunes met toujours un temps fou à relacer ses bas, lui au début ça le délassait mais maintenant ça l’énerve, limite il lui foutrait des claques.

Je ne suis plus à vendre, Houna, je n’ suis plus comme ça

Soudain, affolé par l’énormité de cette révélation, il change de sujet. Il avait pensé vendre son salon, peu rentable, et se lancer à corps perdu dans la conchyliculture mais il a changé d’avis, il n’est plus comme ça.

Des rumeurs adolescentes disent que je ne suis pas
A toi

Des adolescents prétendent qu’il aurait d’autres clientes.

et je pense qu’une part de vrai se cache

Il ne le nie pas. Et en profite pour faire une litote, ce qui est moins classe qu’un zeugma, mais bien quand même.

{Refrain:}
Dis-moi si j’dois partir ou pas

Il hésite, tout de même, devrait-il vendre son salon, alors que les affaires commencent à marcher, devrait-il le garder ? Il est indécis (notez dans ce passage le subtil hommage aux Clash)

Dis-moi ! ouh ouh

(Notez, dans ce passage, le subtil hommage à Dorothée)

Dis-moi si tu aimes ça, Houna

Il a fini son travail et tend un miroir à sa cliente pour qu’elle lui dise si elle trouve ça assez dégagé.

Car je suis fou de toi, Houna
Quand tu n’ m’appartiens pas !

Soudain, il avoue à sa cliente qu’il éprouve un léger béguin pour elle, surtout quand elle décide d’aller se faire couper les cheveux au salon d’en face, un peu plus cher mais les coiffeurs sont moins bavards.

Une violente envie de descente lorsque t’embrasses ces gars

Du coup, il est tellement jaloux quand elle embrasse ces gars, c’est plus fort que lui, qu’il descend à la cave rechercher du gel.

Je n’ferai point l’enfant, tout ça ne m’atteint pas

Mais il prétend s’en foutre comme de sa dernière coupe au bol. Surtout qu’il a d’autres soucis.

Des rumeurs adolescentes disent que je ne suis pas
Un homme à femmes

En effet, dans les couloirs du lycée voisin, il se murmure qu’il n’aurait jamais passé son examen de coiffeur pour dames et donc qu’il exercerait illégalement le brushing. Une bien pénible affaire.

et rien d’autre qu’un homme à toi !

Notez au passage que les rumeurs adolescentes maîtrisent super mal l’art ancestral de la double négation. Je ne suis pas rien d’autre qu’un homme à toi signifie qu’il est autre chose, aussi. Ou pas.

{au Refrain}

Quand tu me mords où ça dérange
Et tu m’attaches les bras

C’est un salon SM. Ca se fait beaucoup à Paris. Je crois.

Quand je fais sautiller sa frange
Ses cris se tirent dans les graves

Tu m’étonnes qu’avec les bras attachés, sa frange soit loupée !

Quand les voyeurs en redemandent
Moi, je ne veux que Houna
De plus belle,

Beaucoup de jeunes fétichistes capillaires (ça se fait beaucoup à Paris) viennent le regarder couper les cheveux, ils trouvent ça très sensuel. Tu noteras au passage que le chanteur est un peu incohérent, il parle soudain à sa cliente à la troisième personne.

des plus belles jambes
Et de la place pour trois !

Et alors qu’ils étaient en train de s’attacher les bras, il lui annonce qu’il compte agrandir son salon de coiffure histoire de pouvoir accueillir jusqu’à trois clientes à la fois, ce qui lui permettra de parler à la troisième personne sans passer pour un demeuré, et se lancer également dans l’épilation gambettale.

Dis-moi si j’dois partir ou pas
Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi si tu aimes ça, Houna
Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi ! Non, je ne craquerai pas

Il se montrera très courageux si elle lui dit que sa coupe est toute ratée. C’est bien. C’est un beau message d’espoir.

Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi si tu aimes ça, Houna
Car je suis fou de toi, Houna
Quand tu n’ m’appartiens pas !

Voilà. La chanson est finie.