Dans les médias suisses, pour une raison qui m’échappe, on essaie de nous faire croire que le monde, en attendant les championnats d’Europe de foot, ne vit plus que pour une seule chose, terminer son album Panini.
Du coup, j’ai décidé… Non ben non, pas de collectionner les Panini, sois sérieux 5 minutes. J’ai décidé d’arrêter de ressembler à une vignette de l’album Argentina 78 et je me suis donc rendu dans un salon de coiffure.
Où on ne m’a pas tendu d’album Panini mais un catalogue de coiffure. Ca ressemble beaucoup, sauf que les gens sont déjà collés et que y a pas les écussons des pays.
Dans les salons bas de gamme, on te demande “Je vous les coupe comment?”, tu réponds “euuuh…courts?” et ça suffit. Dans les salons classe, on te file un catalogue. C’est plein de beaux gosses (je crois, sinon ils feraient pas mannequins mais palefreniers, comme vous et moi) avec des tas de coupes de cheveux mode, tu as l’impression que des danseurs de tecktonik se sont rendus à un concert d’un groupe pop anglais, je sais plus lequel, je les confonds tous, mais un de leurs morceaux a été repris pour une pub, avec quelques racailles qui sont restées de l’an dernier. Tu optes plutôt pour le britpoppeux (non, pas Pete Doherty, je te dis que j’ai été chez le coiffeur, pas chez l’équarrisseur).
Tu te dis quand même qu’ils ont tous l’air un peu tarte, dans ce catalogue et ça te fait plaisir, les beaux gosses à l’air tarte sont quand même vachement rassurants, tu te dis que y a une justice quelque part. Alors que les beaux gosses type sympa, intelligents que malgré tous tes efforts tu n’arrives pas vraiment à détester, en plus en général, ils savent jouer de la guitare, te feraient douter de l’existence de dieu si tu n’étais déjà rosilicorniste convaincu.
Par contre, tu te demandes si toi aussi, tu vas finir avec l’air crétin, si c’est le prix à payer pour avoir l’air fashion. Tu te souviens vaguement d’un passage à London où, effectivement, dans le magasin hype et trendy où tu t’es réfugié pendant une des 247 averses de la journée, les vendeurs avaient l’air très très tarte, mais comme c’est des anglais on dit pie alors ça va, et tu te surprends une fois de plus à attendre avec impatience le retour du grunge. Tu te dis que la mode, c’est quand même la meilleure preuve de l’absurdité de la vie, tous ces gens qui tiennent à avoir l’air tarte en même temps.
Puis au bout d’une demi-heure de coups de ciseaux et de rasoir, de discussions laborieuses sur la météo et la géographie, et 13 tonnes et demi de cheveux au sol, on te tend un miroir et là tu te rends compte que tu as vachement la même gueule que la dernière fois, quand tu avais juste demandé court, alors franchement, est-ce bien la peine d’infliger des catalogues Panini à tout le monde ?