Berne, bon voisin

Alors que l’Euro 08 se termine pour l’équipe de Suisse sur un bilan bien plus 0 que 8, et que le vrai tournoi peut enfin commencer, penchons-nous, jeune guedin, sur l’origine d’une expression ô combien de circonstance:
Mettre les drapeaux en berne.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Le nationalisme n’a pas encore été inventé, mais les gens ont déjà, au fond de leur coeur, le sentiment fugace et indistinct que les étrangers sont des cons malpolis et un peu sales. Ce qui est vrai, la politesse a été inventée vers le 18e siècle et la propreté quelques années après la plomberie. Par contre, les drapeaux, il y en a déjà plein partout. Ils permettent aux héraldistes de se la ramener en racontant des trucs comme de sable et de gueules sur chevron de sinople.

Vers environ le centre de l’Europe, un petit état dirigé par un bailli, c’est dire si c’est pas un état sérieux, décide d’organiser de grandes joutes où tous les nobles du continent viendraient s’affronter et se friter, et où tous les spectateurs du continent viendraient manger des saucisses et des frites.

Les jouteurs montent sur leurs grands chevaux et accourent des quatre coins de l’Europe, sauf du coin en haut à droite, peuplé de sauvages et de barbares. Leurs blasons claquent fièrement aux vents.

Les joutes commencent, l’organisation est parfaite, tout le monde s’amuse, même les perdants, sauf les perdants décédés qui sont toujours un peu rabat-joie. L’organisation est parfaite, jusqu’au jour où quelqu’un demande ok, mais et si il pleut ?

Et en effet, quand la pluie se met à couvrir hommes et bêtes de son manteau nacré, c’est la gabegie. Le terrain de joute devient impraticable, les chevaux ne tiennent plus sur leurs fers, c’est l’enfer. Les jouteurs refusent de jouter dans ces conditions et décident de regagner leurs pénates et leurs pays, abandonnant sur place les bagages superflus et ne ramenant même pas de souvenirs tellement ils en ont gros. Les organisateurs se retrouvent alors les bras flanqués de moult blasons et décident de flanquer les drapeaux en benne. Et le bailli aux corneilles, dans la foulée, histoire de se détendre un peu.

Des années plus tard, relatant l’histoire, un scribe fantaisiste décida de remplacer benne par berne. Et d’ajouter que les chevaliers portaient parfois des souliers de verre, aussi. Et de remplacer tous les chevaux par des poneys Shetland.

23 Responses to “Berne, bon voisin”

  1. TT02 says:

    Huhu j’adore

  2. ad says:

    Enfin je comprends la place prépondérante des poneys Shetland dans l’histoire européenne, juste un scribe un peu couillon … ca va mieux en le disant !

  3. ophise says:

    On peut commander (car on aime beaucoup !) un prochain épisode ???
    Alors, s’il te plait Monsieur, je voudrais l’histoire de la clé de Berne (ben vi… je sais… c’est obsessionnel… j’y peux rien : j’aime mon boulot :) )

  4. Psyblog says:

    Seulement pour te dire que j’apprécie ce que tu écris, que j’ai mis sur mon blog un lien vers le tien…
    J’apprécie ton humour, parfois sarcastique, j’apprécie le manière dont tu traites tes sujets…
    J’apprécie ton humour, tes errances, tes analyses…

    Merci pour tes écrits remuants, dérangeants, pas toujours politiquement corrects, mais toujours rafraichissants et ô combien tendres et pertinents.

  5. Tant-Bourrin says:

    Passionnant !… Et l’on peut même ajouter qu’il eût suffit que le scribe en question boive un ou deux verres de vin de plus à la cantine le midi pour que l’expression devienne “mettre les crapauds en burnes”…

  6. Sébi says:

    Ça alors, et moi qui croyais que le centre de l’Europe c’était la France.

  7. Sia says:

    Nan, la France c’est le centre du monde.

  8. Gi says:

    Donc, ce sont tous ces jouteurs barbares venus de partout à cette époque qu’on appelait les “visitgoths” ? Parce qu’ils profitaient de leur séjour pour faire du tourisme ? Et ceux qui arrivaient de Lutèce, on ne les appelait pas les “parisgoths”, histoire de les différencier des autres ? Parce que quand ils faisaient du tourisme, les Lutéciens, ils avaient mauvaise réputation !

  9. raph says:

    ophise: pour la commande pourquoi pas mais là je suis pas sûr d’avoir compris ce qu’on me demande
    uhu

  10. nana qui voit double says:

    uh uh
    c’est décidé je parle plus aux oranje
    et keskispas avec les gravatars ?

  11. madame de K says:

    Cher monsieur, je me vois au regret d’être obligée de vous contredire. En effet, la propreté a été inventée bien avant la plomberie, la preuve là : http deux points slash slash fr.wikipedia.org/wiki/Image:Sandro_Botticelli_046.jpg . Avant on puisait de l’eau pour se laver à l’aide de coquilles saint-jacques et on s’essuyait avec ses cheveux, ce qui aurait posé problème à monsieur de K, vu qu’il n’en a plus beaucoup (des coquilles).
    Bien le bonjour !

  12. arpenteur says:

    Moi qui croyait que c’était parce que “mettre les drapeaux en Ostermundigen-bei-Bümpliz” c’était un peu long…

  13. madame de K says:

    Bon y m’a croqué un bout de l’adresse … :-(
    mais tu auras rectifié de toi-même, c’est .jpg

  14. Maarion says:

    Yo.
    Carte bien reçue au pays des lémuriens, des baobabs et de tous ces trucs endémiques divers et variés !
    Merci !!
    :)

  15. raph says:

    oh ben dis donc, ça a mis le temps
    je veux bien un lémurien, en échange

  16. Nitt says:

    Au temps pour moi. Je croyais que ça avait un rapport avec Stéphane. Je préfère ça.

    Alors si on peut commander, moi je veu l’histoire de Stéphane du coup. Juste pour voir qtout ce qu’on peut pondre sur ce qui s’appelle Berne.

    Non, rassurez-vous, lecteurs facétieux, je ne nourris pas d’obsession pour lui (Dieu m’en préserve) mais juste pour les jeu de mots. Balle pas.

    Et au fait, dans le genre jeu de mots, Gogole se pose là. Il colle du Silképil dans ses annonces…

  17. Nitt says:

    Et toutes mes confusions pour les jeux de mots involontaires sous forme de coquilles, j’ai le clavier qui chatouille et les doigts qui dérapent.

  18. loser says:

    Dîtes ‘Ami’ et entrez !

  19. Jilian says:

    c’est pas plutôt que la joute contest se déroulait à Berne, et qu’il a fallu déplacer tous les drapeaux de le pays organisateur pour les mettre à Berne et redécorer un tantinet, voire cacher les fautes de plomberie et de goût ?

  20. joseph says:

    en fait il s’agit de la transmission entre plusieurs potes de plus en plus bourrés de la phrase , à Berne ils mettent des draps sur les pots !

  21. Melody says:

    ah lala, tous ces gens qui font semblant de savoir ce que sinople veut dire.

  22. fLoO says:

    et moi qui croyais que “mettre les drapeaux en berne” sollicité la participation obligatoire d’un orifice de Stéphane Berne a chaque fois…

  23. MarcelD says:

    T’es sûr pour les poneys Shetland?