Des fois, je me dis que quand même, un blog de racontage de vie, ce serait pas si mal : comme plus personne ne fait ça, de nos jours, ça aurait un côté délicieusement vintage. Bon et surtout, j’aurais pu me la péter grave avec mes cinq ans sans clope (il paraît que c’est super dur, d’arrêter de fumer, alors faut bien que je me vante un peu)(y a d’autres trucs que je trouve vachement plus compliqués, ne pas être sarcastique quand Gudule pleure après sa 89e rupture avec le même mec, manger cinq fruits et légumes par jour, faire son ménage, mais il ne sont pas reconnus comme tels par la société du coup si je m’en vantais personne ne comprendrait), même si j’ai complètement loupé la date.
J’ai bien songé à écrire une méthode sur comment arrêter de fumer, mais ça aurait tenu en 4 lignes : tout ce qu’il faut, c’est un collègue qui dit ahaha dans trois mois tu auras recommencé.
Mais le truc c’est qu’arrêter de fumer, c’est super frustrant. Bien sûr, tu retrouves ton souffle, c’est super. Même si souvent, je me dis heureusement que j’ai du souffle, si j’en avais moins j’en aurais pas beaucoup. Et encore, pour le souffle ça va, mais pour la thune… en cinq ans j’ai économisé près de 10’000 francs (oui je sais ahaha j’ai dit francs), soit près de plus de 6667 euros (oui je sais, j’ai dit euros, ahaha)(pardon, je suis un peu irritable, j’ai arrêté de fumer tu comprends…), aucune idée où ils sont. Faudrait que je mette la police sur le coup, ça me semble super louche, maintenant que tu m’en parles. J’ai bien fait quelques folies comme un abonnement de piscine pour reprendre cette silhouette d’athlète kenyan que le monde m’enviait, mais quand même, un abonnement de piscine à 10’000 balles, ça me semble un peu gros.
Bien sûr, tu retrouves le goût et l’odorat. Mais je vois pas ce que ça a de génial. Essaie un peu de te faire un McDo, avec du goût et de l’odorat ? De prendre le métro ? De lire 20 Minutes ?
Bien sûr, j’ai la satisfaction de ne plus empoisonner les gens qui ne m’avaient rien demandé. Encore que. J’ai une voiture et un déodorant. Il m’est même arrivé, j’avoue, alors que je sais pertinemment que le stress est un des facteurs de mortalité les plus importants dans nos pays occidentaux, de donner du travail à des gens, même si j’en ai un peu honte aujourd’hui.
Bien sûr, quand tu arrêtes de fumer, tu diminues tes risques de mourir d’un cancer de la gorge. Et d’une pneumonie, maintenant que la clope est bannie d’à peu près partout où y a des murs. Mais du coup, là, je me demande de quoi je vais bien pouvoir mourir. C’est un peu angoissant. Parce que c’est un problème dont on parle trop peu: les fumeurs meurent, ok, mais les non-fumeurs aussi. En plus, pendant dix ans, on m’a tellement culpabilisé, les fumeurs coûtent des milliards à la société, que je n’aimerais pas devenir un de ces irresponsables qui vivent sainement, résistent jusqu’à 112 ans, et tout ça aux frais des contribuables, bien sûr.