Quand tu pars en vacances en voiture (c’est très mal), il y a deux inconvénients. Le premier, c’est que tu te retrouves avec un bronzage biphase, sénégalais à gauche et suédois à droite, et pas besoin de lire des blogs de fille pour savoir que c’est pas à la mode cette année (sauf que sénégalais, c’est pas le mot qui convient, brésilien serait plus approprié)(pelé, quoi)(j’y peux rien, j’ai une peau de roue).
Le second, c’est que forcément, tu écoutes beaucoup la radio. Or, les radios françaises sont très pauvres. Ce qui présente deux inconvénients. Premièrement, elles ont pas les moyens d’envoyer des reporters à l’étranger, ni même d’acheter des dépêches d’agence, du coup, quand tu écoutes la radio française tu as l’impression de te retrouver dans un monde parallèle où seule la France existe, ce qui résoud l’épineux problème de l’entrée du Tadjikistan dans l’Europe, mais n’explique pas tellement pourquoi Lyon ne gagnera jamais la Champion’s League. Deuxièmement, elles n’ont pas les moyens de s’acheter beaucoup de disques. Du coup, tu entends toujours les mêmes et le truc que tu trouvais plutôt sympa au début de tes vacances s’avère limite insupportable à la fin.
Par exemple le nouveau Ridan, qui ne veut plus faire agriculteur, mais marin.
Ulysse
Paroles: Joachim du Bellay, Ridan. Musique: Alain Félix
Heureux qui comme Ulysse,
A fait un beau voyage,
Oui alors bon, tu m’excuseras, Ulysse il est parti dès l’aube à Troyes faire la guerre pour une pouffe qui ne savait pas choisir entre poire et fromages, sur place, comme l’intendance laissait un peu à désirer, il a été obligé de construire des chevaux de bois parce que y avait plus de chevaux en cheval et ensuite, après avoir gagné la guerre, il a mis 10 ans pour rentrer chez lui, il a vu ses potes se faire transformer en cochons par une magicienne sans même le réconfort d’une métaphore sexuelle, il a été obligé de se faire passer pour Paul Personne pour échapper à un cyclope, bref, la galère, alors pour le beau voyage, tu repasseras.
Ou comme cestuy-là
Bon alors Ridan, il est un peu d’obédience étrangère, du coup il parle pas très bien notre langue, mais tout de même, on dit celui, pas cestuy-là.
qui conquit la toison,
Jason, il s’appelle, comme dans Kylie Minogue et Jason Donovan
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Alors vivre entre ses parents, je veux bien qu’on trouve ça usagé, à la limite, mais raisonnable, pas tellement. Tu imagines, si ta mère dit à ton père Chéri, passe-moi le sel et là, paf, toi t’es entre les deux, comment veux-tu?
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée,
Oui, effectivement, s’il n’y a qu’une seule cheminée, il est très petit, ton village.
et en quelle saison ?
Bon, je voudrais pas chipoter, mais quand tu demandes quand et en quelle saison, tu redondes. Et si la cheminée fume, c’est que c’est l’hiver, ou le mois de juin à Moutier.
{Refrain, x2}
Mais quand reverrai-je, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison ?
Mais quand reverrai-je
C’est pas la peine de le répéter comme un fou, je t’ai répondu, là.
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province,
Et beaucoup davantage ?
Ah, ça fait une très grande pauvre maison, quand même.
Plus me plaît le séjour
Qu’ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux,
Bon, c’est une question de goût, hein, et c’est sûr qu’il y a moins de touristes dans ton salon, mais quand même, Rome, tu avoueras que c’est pas mal, comme ville. Y a un bistro romain, dans ton salon?
Bon, à Rome non plus c’est vrai.
Mais à Toulouse, y en a un bien.
Plus que le marbre dur
Me plaît l’ardoise fine,
Là par contre, je suis d’accord. Une table en ardoise, c’est amusant, surtout pour écrire dessus.
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
On dit pas Tigre latin?
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
C’est vrai que l’Anjou (qui a dit feu?), c’est nettement moins surfait que Rome. Et y a des trucs sympas à visiter, dans la région. Y a une église, je crois.
{Refrain, x2}
J’ai traversé les mers à la force de mes bras,
Un peu comme Laure Manaudou avant de changer d’entraîneur
Seul contre les dieux,
Perdu dans les marées ;
Ah non, par contre Laure Manaudou elle n’affrontait que des nageuses, et même pas forcément des est-allemandes.
Retranché dans une cale
Ramer dans une cale, c’est costaud, quand même. Chapeau. En même temps, pour atteindre Angers, tu va nager encore longtemps.
Et mes vieux tympans percés
Pour ne plus jamais entendre
Les sirènes et leur voix.
Même dans un bateau en Anjou, on peut plus faire deux pas sans tomber sur de la police? C’est sûr que c’est déstabilisant, un pays de droite.
Nos vies sont une guerre
C’est vrai.
Où il ne tient qu’à nous
De se soucier de nos sorts,
Oui enfin quand les dieux ont décidé de t’envoyer chez les lotophages, c’est plus difficile de se soucier de ton sort que quand tu passes tes journées à faire tapisserie, quand même.
De trouver le bon choix,
Trouver le choix? Décidément, le vieux français c’est pas toujours clair.
De nous méfier de nos pas
C’est vrai. L’autre jour, j’ai un copain qui s’est fait agresser par un troupeau de pas, ils rigolaient pas. Faut dire que c’était des pas de l’oie, les plus agressifs.
Et de toute cette eau qui dort
Qui pollue nos chemins soi-disant pavés d’or !
Ah ça, c’est sûr que de l’eau sur le chemin, Noël à la cave.
{Refrain, x2}
Mais quand reverrai-je… {x3}
C’est une bonne question.