Parfois, dans la vie, on tombe amoureux. C’est un truc qui arrive même aux meilleurs. Des fois on tombe dans l’escalier, de haut, en esclavage de ce sourire de ce visage, malade, la chemise, raider, mais là n’est pas la question.
Donc au début, y a la phase fusionnelle, aussi appelée lapinesque, sur laquelle nous ne nous étendrons pas, parce que c’est pas le genre de la maison, d’ailleurs je vais même pas faire de jeux de mots avec nous ne nous étendrons pas.
Mais au bout d’un moment, on finit quand même par trouver d’autres occupations, on fait des bannières, tout ça.
Puis un jour, vient le jour de la présentation belle-familiale. (Comment on dit, si ses beaux-parents sont laids, d’ailleurs?)
Toujours stressante, parce qu’on veut paraître poli, gentil, propre sur soi, mais que même les parents de gens bien peuvent être militaristes, fans de Pierre Bachelet, tyrosémiophiles, catholiques ou végétariens. Et que bon, on a beau à être prêt à tout pourvu qu’ça s’passe, caresser leur chien dégueulasse, dire du mal du voisin d’en face, tout ça, même les bornes ont des limites.
Il y a donc quelques pièges qu’il faut soigneusement éviter.
Par exemple, quand ils vous soumettent au feu de la question (“vous faites quoi dans la vie, vous voulez des enfants, est-ce que vous les appellerez Georges, vous savez repasser, quand part le bus pour Troyes, quelle est la différence entre un canard, vous reprendrez bien une tranche de gratin?”) il ne faut pas répondre “je ne parlerais qu’en présence de mon avocat”, surtout si votre belle-mère est passionnée de jardinage, et encore moins “je ne parlerai qu’en présence de ma vodka”, surtout si votre beau-père est trompettiste.
Ensuite, ne vous intéressez que mollement aux travaux de réfection de leur maison ou à leurs vacances au Tadjikistan. Sinon, c’est parti pour sept heures d’albums photo. Sept heures pendant lesquelles vous tomberez invariablement sur la naissance de votre dulciné(e), sa première dent, son opération des genoux et la fois où il s’était fait attaquer par des troupeaux de ragondins.
De même, et pour les mêmes raisons, évitez de poser des questions sur la vie préalable du rejeton de vos beaux-parents, sans quoi vous apprendrez qu’à sept ans, il a battu le record du monde de lancer du javelot et franchement, y a des secrets qui doivent rester secrets sinon après c’est plus des secrets.
Et évidemment, assurez les que la blanquette était merveilleuse.