Je veux du silence

August 26th, 2010

Et si je ne crois plus en la technologie c’est parce que Juliette, mon GPS, a délibérément essayé de me perdre en rase campagne française, quelque part entre une centrale nucléaire, des zones inondables et une inquiétante ferme où on élève des crocodiles. Des contrées hostiles, où les rares habitants lancent des ceps de vigne à l’étranger de passage et où, surtout, on ne capte pas des millions de chaînes de radio. Autant te dire qu’entre RCF, Autoroutes FM, Chemins Vicinaux FM et Radio Virage (sic), j’ai pas mal entendu ceci :

ZAZ – Je Veux

Zaz, au début, je pensais que c’était la moitié de Zazie.

Donnez moi une suite au Ritz, je n’en veux pas !

Les plus attentifs d’entre vous auront noté la tournure de la phrase : la jeune Zaz n’aime pas le Ritz, mais ne refuse pas qu’on lui y donne une suite, bien au contraire. Peut-être pour se convaincre qu’elle n’aime pas ça, c’est une attitude noble, il ne faut pas cracher sur ce qu’on n’a jamais gouté, comme je le disais encore récemment à cette sémillante étudiante norvégienne alors qu’elle refusait de venir dans ma tente de camping avec vue sur le Ritz dans laquelle je venais de lui dire que je ne voulais pas l’inviter.

Des bijoux de chez Chanel, je n’en veux pas !

Par contre un parfum, ou un tailleur, mais c’est vraiment pour dépanner, hein…

Donnez moi une limousine, j’en ferais quoi ?

C’est sûr que pour peu qu’on habite en ville, une limousine, c’est vite contraignant.

Offrez moi du personnel, j’en ferais quoi ?

La jeune Zaz, tout à son souci de refuser bruyamment la société consumériste, ne devrait pas ainsi vouer au chômage ce majordome guindé (j’ai aussi un peu lu de Agatha Christie, dans les bouchons, pendant les vacances) que de mystérieux donateurs voulaient lui offrir car peut-être James aimerait-il s’offrir, de temps à autres, une suite au Formule 1 et une Smart sans forcément en faire tout un foin.

Un manoir a Neuchâtel, ce n’est pas pour moi.

Pourtant c’est joli, Neuchâtel. Mais c’est sûr que sans personnel, un manoir, ça fait vite pas mal de boulot pour le ménage.

Offrez moi la Tour Eiffel, j’en ferais quoi ?

De toutes façons, sans personnel pour le transport ni manoir pour l’entreposer (dans le jardin), la tour Eiffel, à mon avis, c’est même pas la peine d’y penser. Ou alors à la rigueur dans une jolie boule à neige.

Refrain:

Je veux d’l’amour, d’la joie, de la bonne humeur,

A mon avis, on peut très bien avoir ça dans une limousine, surtout si le bar est bien achalandé, mais bon, je veux pas contrarier, c’est pas mon genre.

c’n’est pas votre argent qui f’ra mon bonheur,

Le mien, non, ça c’est sûr

moi j’veux crever la main sur le c½ur

Je trouve que quand on aime la joie et la bonne humeur, c’est pas très sain de vouloir crever, la main sur le c½ur, au panier ou n’importe où.

allons ensemble, découvrir ma liberté,

On est obligés de tous venir ? Parce que moi je préférerais la regarder de loin.

oubliez donc tous vos clichés,

Puisque Zaz n’aime pas trop les dépenses inutiles, je peux me permettre de critiquer gratuitement : je me demande tout à coup si elle s’y est bien prise pour venir parler de clichés

Bienvenue dans ma réalité.

Merci. Mais j’aimais bien la mienne, je peux la garder un peu ? (Les gens y écoutent essentiellement du rock anglais)(et y passent leurs journées à cuisiner nus, mais on s’éloigne du sujet principal)

J’en ai marre d’vos bonnes manières, c’est trop pour moi !

A tous les coups, quelqu’un lui a dit “on ne dit pas je veux mais j’aimerais s’il vous plaît” et nous l’a énervée !

Moi je mange avec les mains et j’suis comme ça !

J’étais sur le site du Ritz (tu crois quoi, je me documente, c’est du travail, blogueur)(d’ailleurs, je trouve que votre argent ferait bien mon bonheur parce que merde, quoi, parfois je passe plus de dix minutes sur le même post !)(je vais passer parmi vous avec un chapeau dès la fin de la lecture, merci), j’ai regardé le menu du brunch du dimanche, y a de la salade de maïs, du hommos et du filet de veau, elle fait bien de pas vouloir y aller. Tout ça avec les doigts, c’est embêtant. Par contre, y a un service, ils te proposent de te téléphoner gratuitement ! Voilà qui procure de la joie et de la bonne humeur !

J’parle fort et je suis franche, excusez moi !

Ah mais on n’a aucun souci avec ça ! le seul problème, c’est que tu chantes aussi un peu fort…

Finie l’hypocrisie moi, j’me casse de là !

Je trouve que c’est peut-être un peu excessif, comme réaction. Je sais pas, on m’offre rarement des suites et des bijoux, mais je pense que ça part d’une bonne intention, à la base.

J’en ai marre des langues de bois !

Ah, ça, les langues de bois, c’est un coup à se coller des échardes.

Regardez moi, toute manière j’vous en veux pas

Tu m’étonnes ! On t’a quand même offert toutes nos limousines, on va devoir rentrer à pieds, on se fait engueuler, manquerait plus qu’en plus tu fasses la gueule.

et j’suis comme ça (j’suis comme ça)

et c’est tout à ton honneur, les gens sont de moins en moins comme ça dans le monde d’aujourd’hui.

Refrain x4

Je propose donc que, chacun, chez vous, vous rendiez ce petit service à cette brave Zaz, si généreuse mais un peu vive : au lieu de lui donner votre argent, ce qu’elle déteste au plus haut point, achetez plutôt de la bonne musique.

I want to believe

August 25th, 2010

Ce soir, Zilina reçoit le Sparta Prague. Je peux concevoir que tu n’en aies rien à foutre. Moi même, encore récemment, peu m’en aurait challu. Mais depuis cet été, j’ai rejoint les rangs obscurs des mecs qui parient sur les matches, facilement reconnaissables au fait que, justement, ils se passionnent pour les tours préliminaires de la Ligue des Champions, pour la 2e division estonienne voire, dans les cas les plus graves, pour les résultats des joueurs de tennis.

Tout ça à cause d’un poulpe. A la base, je ne voulais parier que pendant la coupe du monde. Mais, pour ne pas avoir voulu suivre Paul, j’ai perdu presque toutes les pépettes que j’avais initialement placées. Et là, donc, je compte sur la vigueur slave des attaquants Zilinois et Pragoulottes pour me refaire un brin. J’y peux rien, les céphalopodes, y a guère qu’à la plancha que je leur fais confiance. Un poulpe devin, et pourquoi pas une taupe en tête des ventes de musique, aussi ?

Et sérieusement, comment veux-tu croire un poulpe quand tu ne crois plus en rien ?

C’est un truc générationnel, ça, de ne croire en rien : quand tu as vu tes parents, de retour du camping des possibles, où ils couraient pieds et je ne veux pas savoir quoi d’autre nus en récitant des mantras, remettre leur cravate et filer comme si de rien n’était apprendre les ordinateurs pour pouvoir faire toujours plus de présentations powerpoint, ça calme un peu les utopies. Mais bon, les suivants ne sont pas mieux lotis : les mecs de la génération Y, ou numérique, ont dû perdre une bonne partie de leurs illusions quelque part entre le premier exposé repompé sur un mauvais article wikipedia et l’émission spéciale “artistes connus grâce aux internets” avec Lorie, Kamini et Grégoire. Ceux d’après, ceux de la Z (je viens de perdre la foi dans les mecs qui nomment les générations) ou kikoolol, sont désemparés depuis que bestah et sistah sont devenues bff sur facebook avec l’autre biatch qui a osé envoyer des dauphins à chiwi.

Bon, quand je dis en rien, j’exagère un peu. Je ne crois plus ni en dieu, ni en Steve Jobs (pour les mêmes raisons, plus ou moins, des mises à jour douteuses), ni que l’internationale sera le genre humain, ni au régime Dukan, ni aux promesses électorales, ni au point G, ni au complot mondial visant à nier que Jésus serait en fait devenu chanteur de bal dans le Morbihan, ni à la reprise, ni à la crise, ni que je peux voler, que je peux toucher le ciel, mais il y a des trucs dignes de foi. La souris des dents, par exemple. Attends, dans notre monde ultra-matérialiste, tu crois vraiment que les parents se livreraient à mille simagrées pour pouvoir coller de l’argent sous les oreillers à chaque chute de dent ? Ça ne tient pas la route cinq minutes.

Y a des côtés sympa à ne plus croire en rien : par exemple quand le même jour tu reçois l’enveloppe des impôts, une mauvaise nouvelle et un coup de genou par inadvertance, ce n’est pas ton karma qui est mauvais, ce n’est pas ta divinité préférée qui tente de te faire passer un message, ce n’est pas le Destin, parce que s’ils existaient, les divinités, le Destin, le karma, ils auraient autre chose à foutre qu’à te harceler, et donc tu peux partir du principe que le reste de la journée ne va pas être du même acabit (et là, si en plus le menu de midi à la cantine c’est blanquette, tu hésites à reprendre une petite croyance comme ça, sur le pouce, pour quelques heures). Mais y a aussi pas mal d’inconvénients. Par exemple, tu ne regardes plus jamais une équipe suisse jouer en Champion’s League, et tu es obligé de parier pour t’intéresser un peu.

Perception

August 5th, 2010

Don Codd était le plus doué des Terminceptors, des gens chargés de remonter dans le temps, s’infiltrer dans le subconscient des gens pour les empêcher de faire des rêves à la con dont ils s’inspireront pour en tirer des romans ou des films pourris. Bien sûr, c’était facile pour lui d’être le plus doué, car il était le seul à pratiquer ce métier rare et dangereux.

Don avait toujours été ce qu’il est convenu d’appeler un gros nolife. Sa seule ambition, lorsqu’il était entré dans la profession, avait été de pouvoir gagner sa vie en pionçant. Il avait été deux ans testeur de qualité chez Bicoflex, trois ans commentateur de l’Eurovision à la télé suisse romande, cinq ans fonctionnaire et cent ans doublure clavicules de la Belle au bois dormant avant de passer le brevet de Terminceptor. Mais il avait un talent certain pour faire de rêves fantasmagoriques avec moult licornes fluorescentes des terres brûlées plus arides que les steppes par un jour de finale de coupe du monde. Il se souvenait avec une fierté peut-être mêlée d’une once de regrets d’un rêve érotique particulièrement débridé lors duquel il avait réussi à faire s’endormir et le rêveur et les délicieuses créatures ô combien mamelues que l’esprit mameliphile du susdit avait convoqué pour diverses réjouissances sur lesquelles nous ne nous étalerons pas ici, mais lors desquelles il était notamment question de s’étaler et d’étaler de la pâte à crêpes.

Là où Don Codd passait, les idées ne repassaient jamais. Dans les meilleurs des cas, ses victimes abandonnaient toute envie de faire subir au monde les fruits de leur imagination et se lançaient dans l’agriculture biologique, dans la politique ou dans le vide. Dans le pire des cas, ils faisaient quand même leur film, leur roman, leur disque, mais il était si ennuyeux qu’il passait totalement inaperçu, et Don aimait à souligner qu’il était à l’origine des flops de “Inception” et de “The Suburbs”

Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve.
Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve. Mais imbriqué dans un autre rêve. Quelle idée géniale !
Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve.
Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve.
Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve.
Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve.
Don se réveilla, poursuivi par Walburge, sa chauve-souris géante adoptive qu’il avait oublié de nourrir.
Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve.
Don se réveilla. Ouf, tout ceci n’avait été qu’un rêve.

Jour de repos

July 23rd, 2010

Nouveau scandale du dopage : Jean-François Bouchard a été contrôlé positif à la caféine. La contre-expertise a confirmé ce résultat. « Je ne comprends pas, je suis propre », a déclaré l’intéressé. « Quelqu’un m’a probablement tendu un piège ou un bonbon au moka. »

Cette affaire est déjà la septième à la WFTW depuis le début de l’année. Le président de la société a tenté de minimiser : « Caféine ? Ah, ouf, j’avais compris cocaïne, hihihi » Il n’empêche, la fédération internationale des entreprises exige que des mesures sévères soient prises contre la WFTW.
Le syndicat national des comptables est venu au secours de Jean-François Bouchard, pincé alors qu’il venait de réussir un bouclement particulièrement remarqué dans le milieu. « Ça commence à bien faire, à la fin, ou bien ? On parle beaucoup du dopage dans le milieu de la comptabilité, mais les gars du marketing, vous croyez sérieusement qu’ils sont nets ? Tout ça, c’est magouille et compagnie ! » Présent, jean-François Bouchard a ajouté « ou alors c’est la machine à café du deuxième qui est déréglée, j’avais commandé un bouillon mais je trouvais bien qu’il avait un goût bizarre. »

Depuis que l’introduction des contrôles anti-dopages systématiques au sein du monde de l’entreprise, pas un jour ne se passe sans une nouvelle affaire. Les domaines du journalisme, de la publicité et, chez nos amis français, de l’enseignement, semblent particulièrement touchés. Mais la demande des syndicats de retirer au moins la caféine et le pastis de la liste des produits interdits a été refusée par la fédération internationale des entreprises, « parce que bon, si on commence à faire des exceptions, faudra en faire pour tout ».

30 millions d’amis

July 13th, 2010

Je ne peux plus me taire. Je sais que je prends des risques. D’autres avant moi ont essayé et ont disparu dans les limbes éternelles de l’erreur 404. Coïncidence ?

Donc je le crie haut et fort : Paul le Poulpe est un putain d’imposteur. Ce céphalopode n’a pas plus de pouvoirs occultes que vous et moi. Il ne peut rien prédire du tout. Non. Ses phénoménaux pouvoirs de prédiction ont une raison plus simple : il est un chaînon essentiel d’un complot mondial visant à la prise du pouvoir par les animaux.

Mis en confiance par les talents exceptionnels de la bête, les humains devraient, ces prochains mois, faire de plus en plus confiance aux poulpes (ainsi qu’aux pieuvres, aux seiches et même aux calmars, car bon, je suis pas raciste mais ils se ressemblent un peu tous) et leur confient des tâches toujours plus élevées : prédire la météo pour commencer puis jouer en bourse, devenir responsable du budget de l’UMP et entraîneur de l’équipe de France de football et, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Wjfhsgthb (laisse tomber, c’est du poulpe), un céphalopode sera engagé comme conseiller spécial à la Maison Blanche : S’il mange les moules de gauche, on déclare la guerre à l’Iran, s’il mange celles de droite, on attaque le Venezuela, s’il baffre tout, on s’en prend à la Suisse, s’il jette l’encre on envahit Amsterdam et s’il sort de son aquarium pour réclamer plutôt un bon steak, pour changer, on reste tranquille à la maison et on fout la paix à tout le monde.
C’est un plan simple, simpliste, même, mais bon je te rappelle qu’on parle d’animaux. S’ils étaient malins ils auraient inventé le feu, la roue, la télé et les heures supplémentaires, tu crois pas ? D’ailleurs, il ne faut pas les sous-estimer. Pour que Paul le Poulpe réussisse son sans faute, il a fallu observer finement le jeu des 32 qualifiés, ce que tu aurais le temps de faire si tu vivais au fond de l’océan où, franchement, les distractions sont encore plus rare qu’à Lure un dimanche soir. Mais pas seulement. Tu as sans doute remarqué le niveau étrangement déplorable de l’arbitrage pendant cette coupe du monde ? C’est une preuve évidente que des poulpes ont tenté d’influencer les résultats. Grâce aux excellents pronostics de Paul il y a deux ans, ils disposent de richesses considérables et ont ainsi pu graisser quelques pattes. Grâce à l’excellent boulot de complices hollywoodiens bien placés, ils disposent d’une image inquiétante et n’ont eu aucun mal à faire peur aux quelques officiels qui ont tenté de rentrer dans leur jeu.

Et les poulpes ne sont probablement pas seuls dans leur terrible entreprise. Les exploits de Paul le Poulpe n’auraient pas retenti aussi loin à la ronde sans l’apport d’Internet. Or, qui a inventé internet ? Les chats, qui connaissent mieux que personne le comportement humain et se servent largement de leur invention pour faire passer pour cools leurs complices loutres, furets, poneys, pademelons, ratels et même ornithorynques. Je ne serais d’ailleurs pas étonné que ces derniers jouent un rôle bien plus important dans toute cette sordide affaire.

Pardon, je reviens, on frappe à la porte. Tiens, un coati, à cette heure-ci ?

Twilight: Public

July 9th, 2010

Jean-Werner était de ces jeunes gens qui sont sur la photo de classe que tu as retrouvée en allant fouiller des vieux cartons chez tes parents l’été dernier, mais dont tu as totalement oublié le nom. Du genre transparent ou, en tout cas, d’un blanc très pâle.

Il faut dire qu’il cachait un terrible secret. Jean-Werner était, selon une vieille tradition familiale, un vampire. Il aurait préféré être un loup-garou : évidemment, une fois par mois, tu passes ta nuit à hurler dans les bois, ce qui n’est pas pratique quand tu habites en plein centre-ville, mais le reste du temps tu es peinard. Et tu n’as pas ce teint pâlot et ces yeux vitreux qui font de toi la risée de tes petits camarades. Ou alors troll, c’est sympa, ça troll. Il suffit de manger quelques cailloux et d’aller pourrir quelques discussions sur internet, c’est à la portée de tout le monde.

Doté d’un estomac fragile, Jean-Werner digérait très mal le sang et était obligé de s’astreindre à un régime constitué d’aliments riches en fer, algues, fèves, pois chiches, palourdes, ce qui fait que la plupart de ses camarades le prenaient pour un genre de hippie breton.

Puis un jour, Jean-Werner décida de se faire passer pour un geek, ces derniers étant à la mode cette année-là. Il apprit par coeur quelques répliques de films avec des super-héros dedans et se força à lire tout un thread sur 4 chan. Pour des raisons qui lui échappaient, personne ne nota qu’il n’était en réalité pas plus geek que vous trompettiste : Jean-Werner se désintéressait pourtant totalement de tout ce qui est programmation, sa seule passion était l’élevage de la palourde. Mais assez rapidement, il se rendit compte qu’être populaire, finalement, c’était assez peu intéressant, même si ça permettait de se faire un boudin de temps en temps, en sympathisant avec Pernilla, la fille du boucher local.

Puis les geeks cessèrent d’être à la mode et Pernilla cessa d’offrir ses meilleures saucisses à Jean-Werner, qui décida alors de se lancer dans la politique, branche dans laquelle il fit une brillante carrière. Quant il fut élu vice-empereur, Pernilla tenta d’ailleurs de le recontacter sur facebook pour prendre des nouvelles, car c’était une jeune fille vénale. Jean-Werner accepta de la retrouver car, entre temps, il avait consulté quelques docteurs et était redevenu, pour la plus grande joie de sa famille, un jeune homme veinal.

UhGruhr : origins

July 6th, 2010

Nos premiers ancêtres ont été retrouvés en Afrique. Des hauts plateaux éthiopiens, ils ont ensuite colonisé le monde entier, à la recherche de nouveaux terrains de chasse. Mais comment ces valeureux colons qui ont bravé les éléments dans leur soif de découvertes se sont-ils lancés à l’assaut du monde ?

Uhgruuhr
‘tain j’en ai marre de mes remps, sérieux, quoi, j’ai trop envie de me séca.

Gruuhr
Pardon mais on a inventé le langage depuis à peine 22 lunes, tu ne peux pas déjà lui imposer ça. Et puis tu veux partir pour aller où ?

UhrGruhr
Dans ton cul ! Ahaha

Gruuhr
Non mais arrête, on parle sérieusement, là.

UhrGruhr
Un jour cette blague fera rire des millions de gens et vous vous mordrez les doigts de ne pas m’avoir écouté pendant qu’il était encore temps !

Uhgruuhr
J’ai soif de grands horizons, t’as vu, je suis sûr que le monde est bien plus grand que ce que nous connaissons. Et puis surtout, j’en ai trop marre de mes remps, quoi. Et du café et du tedj, aussi.

Gruuhr
Mais tous ceux qui sont partis ne sont jamais revenus !

Uhgruuhr
Bah ouais, c’est la preuve que c’est plus cool ailleurs. Je veux fonder mon propre clan ! D’ailleurs, j’aurais besoin d’une personne chargée de gérer un peu nos relations publiques et de faire la bouffe, tu serais ok ?

Gruuhr
Et toi tu serais chef de clan ?

Uhgruuhr
Bah ouais, c’est moi qu’ai eu l’idée.

Gruuhr
Ahah, un homme chef de clan. Y en a qui rêvent, hein.

Uhgruuhr
Hé je vois pas pourquoi on serait pas capables !

Gruuhr
Ahaha. Bon écoute, je viens avec toi, mais faudrait convaincre encore UhrGruhr et Gruhuhur de venir avec.

Uhgruuhr
Ah putain non pas Gruhuhur, il est nul en chasse et tout.

Gruuhr
Bah ouais mais il faut assurer la reproduction de l’espèce et là, il assure.

Uhgruuhr
Quoi ?

Gruuhr
Non, rien.

Et c’est ainsi, grâce au courage et à la curiosité de ces intrépides explorateurs, qu’aujourd’hui nous ne sommes pas tout cougnés sur un haut plateau.

Par défaut

July 2nd, 2010

Parfois, dans la vie, en entretien d’embauche ou, plus rarement, en concours de Miss, on te demande quels sont tes défauts. Et là, tu n’as que quelques secondes pour réagir. Et te trouver des défauts qui sont en fait des qualités mais que ça se voit pas trop trop.

Heureusement, tu as googlisé “quels sont mes défauts” (ou “le lama est-il poïkilotherme”) avant de t’en aller à ton entretien d’embauche, car tu es une jeune personne consciencieuse qui prépare soigneusement ce genre d’échéance (mais avec une légère tendance à la distraction) et tu es arrivé ici. Je vais donc me faire une joie de te faire profiter de ma longue expérience (une fois, ça m’est arrivé, et j’ai tellement pas su quoi dire que j’ai dit les pires du monde) en te dressant une petite liste des principaux défauts des principaux défauts :

  • – Mh, non, je ne vois pas, je n’ai pas de défauts, ah si, je suis peut-être un peu trop modeste : à éviter, on va croire que tu lis les blagues de Mickey Parade ou twitter en cachette.
  • – Je suis un peu trop perfectionniste : le grand classique, le must absolu. Et pourtant, pas toujours efficace et même à proscrire définitivement si tu envisages l’administration française.
  • – Je suis un peu trop pour la paix dans le monde : efficace pour une élection de Miss ou pour un poste de chef des armées, auquel cas il faudra ajouter “et je suis prêt à utiliser la force pour la garantir”. Sinon, peu recommandé.
  • – Je suis une fourchette à fondue : à éviter absolument.
  • – Je me ronge les ongles, surtout ceux des pieds : pas mal pour ton entretien d’embauche au cirque, plus discutable si tu vises un emploi en open-space
  • – Je suis Raymond Domenech : en ce moment, à éviter
  • – Je souffre du syndrome Gilles de la Tourette : risqué, mais pourra s’avérer utile au moment où on te dira que votre profil était ouf guedin mais nous avons préféré un autre candidat
  • – Je suis anamorphe : déconseillé
  • – Je suis la réincarnation d’Attila : à éviter, surtout pour un poste dans l’horticulture
  • – Fréquemment, je m’arrête de bosser pour regarder des matches de la Coupe du Monde de foot : en ce moment, fortement conseillé
  • – Je suis gérontophile : totalement déconseillé. Soit on te vire d’un air dégoûté, soit non, ce qui est encore pire.
  • – Je suis une licorne : à n’utiliser que si c’est vrai
  • – J’adore Justin Bieber : attention, trop peu crédible
  • – Je mange 17 kilos de viande par jour : peu gênant pour le travail quotidien, mais un peu hors-sujet, non ?
  • – J’ai un blog : fortement déconseillé, car vous ne pourrez ensuite plus jamais le mettre à jour pendant les longues journées d’été
  • – Je suis parfois trop honnête : déconseillé, surtout dans la mode, la politique, la restauration (vous me conseillez quoi ? de partir, vite), la police, surtout d’assurance, la vente par correspondance et le football
  • – Je dispose de longues années d’expérience et souhaite être payé en conséquence : à proscrire

Voilà.

Guitar hero

June 30th, 2010

Peur de rien blues – JJ Goldman
(les paroles viennent de )

Y’a les choses qu’on peut faire
Et puis celles qu’on doit pas

Y a aussi celles qu’on ne doit pas faire mais qu’on peut, comme traverser au rouge ou écouter des chansons des années 80, ou celles qu’on doit mais qu’on ne peut pas, comme bosser.

Y’a tout c’qu’on doit taire

Forcément, quand on s’appelle Or-Homme, on a au moins un compte un peu caché quelque part en Suisse, non ? (même si on n’a pas été bête en cours).

Tout c’qui ne se dit pas

Par exemple “Excuse, JJ, mais je vois pas du tout où tu veux en venir, là”.

Des vies qui nous attirent
De brûlures et de clous

Parfois, on a envie de tout plaquer pour devenir soudeur. Ou Messie.

Oui, mais ne pas les vivre
C’est encore pire que tout

Ça, ça reste à prouver, je connais un mec qui est devenu bûcheron sur un coup de tête, mais s’il ne s’en mord pas les doigts aujourd’hui, c’est sur un coup de hache.

De sagesse en dérive
De regrets en dégoûts

Je connais un mec, sur un coup de tête, il a tout plaqué pour devenir marin, mais il avait le mal de mer. En plus, comme il ne savait pas mariner, il dérive sacrément.

Y’a qu’une guitare à la main
Qu’j’ai peur de rien

JJ, lui, il a tout plaqué pour faire de la musique, ce qui lui a assez bien réussi.

Quand les juges délibèrent
Si j’fais mal ou j’fais bien

Ça date de l’époque où on lui avait collé un procès pour avoir infligé au monde la moitié de la carrière de Céline Dion

Si j’suis vraiment sincère
Moi j’sais même plus très bien

Ça date de l’époque où il était devenu amnésique, suite à ça.

Quand les rumeurs “vipèrent”

Car les gens, parfois, as’piquent de raconter la vie des people, mais as’savent rien.

Quand l’image déteint

Ça date de l’époque où il avait lavé son image à 60 degrés.

Il m’reste ce vrai mystère
Et ça, ça m’appartient

Tellement que ça restera mystérieux, donc. Du coup, était-ce bien la peine d’en parler ?

Quand je frôle la lumière
Qu’un instant je la tiens
Avec ma guitare à la main
J’ai peur de rien

Tenir la lumière, c’est une jolie métaphore pour dire porter une lampe de poche, après l’avoir frôlée en la cherchant dans l’obscurité. Mais il n’y a qu’une guitare à la main que JJ a peur de rien : dans cette chanson, il nous avoue donc sa peur des lampes de poches, une affection somme toutes assez rare.

Y’a des choses qu’on pense

Oui, c’est mieux en général.

Qu’on voyait pas comme ça
Mais on garde le silence

Ça, c’est vrai. Récemment, j’ai rencontré le Manneken Pis, je t’avoue que je le voyais pas comme ça. Mais je n’ai rien dit, de peur de le vexer.

Et on presse le pas

Et je me suis cassé.

Des regards qu’on détourne
Des gestes qu’on fait pas

Sans m’y attarder ni faire de photo, y avait trop de monde.

La conscience un peu sourde
Et pas très fier de soi

Bon, je crois que JJ parle d’autre chose, ou alors il est vraiment un peu trop sensible.

Quand la dose est trop lourde
Quand l’blues va un peu loin

Quand la dose est trop lourde et que le blues va un peu loin, c’est qu’on prend des pro-dépresseurs.

J’prends ma guitare à la main

C’est idiot, ça, quand le blues va trop loin, il faut prendre sa clarinette ou son balafon, à la limite son didgeridoo, je sais pas, mais avec la guitare à la main, on risque de le faire aller encore plus loin.

Et j’ai peur de rien

Je connais un mec, sur un coup de tête, il a tout plaqué pour devenir guitariste des années 80 dans un groupe de hard rock FM, depuis il n’a plus peur du ridicule, mais un peu des coiffeurs.

Cette chanson est porteuse d’espoir mais souvenez-vous, les enfants, qu’une guitare c’est un peu encombrant, quand le monde vous fait peur, essayez de voir si ça marche avec un triangle.

Vuvuzela*

June 28th, 2010

«Quand il y a des sujets qui se posent, qui intéressent les gens, qui intéressent les Français, il est normal qu’on prenne des positions.» (Frédéric Lefebvre)

Enfin, nos amis français osent s’intéresser aux vrais problèmes qui intéressent les gens, et je ne serais pas étonné qu’ils convoquent prochainement des Etats généraux de Koh Lanta, tant il est vrai que la première saison était nettement mieux. Moi-même féru de politique, j’ai décidé d’importer chez nous ces bonnes idées. Je cherche des volontaires pour récolter des signatures en vue de lancer les initiatives fédérales suivantes, toutes conçues pour résoudre efficacement des problèmes qui intéressent les gens :

– Pour une naturalisation facilitée de Lionel Messi et de Arjen Robben
parce que y en a marre que ce soient toujours les mêmes qui marquent des buts.

– Pour l’interdiction immédiate du lundi matin
qui nuit terriblement à la productivité

– Pour qu’il y ait de nouveau des saisons, ma bonne dame
(je sais ce que vous allez me dire, avec cette formulation un peu floue, le risque que le parlement propose un contre-projet est grand)

– Pour que Brad Pitt et Angelina Jolie restent ensemble, mais pas trop

– Pour que les bonus de fin d’année ne soient plus donnés aux patrons d’entreprise qui gagnent déjà mon salaire annuel par mois, mais distribués au hasard
parce que le loto, ça, c’est un sujet qui intéresse les gens

– Pour l’interdiction de la migraine
parce que le sexe, ça, c’est un sujet qui intéresse les gens,

et, enfin,

– Pour que les courriers administratifs soient accompagnés de photos de chatons

*je ne savais pas quoi mettre comme titre, mais je suis sûr que celui-ci intéresse les gens