I want to believe

Ce soir, Zilina reçoit le Sparta Prague. Je peux concevoir que tu n’en aies rien à foutre. Moi même, encore récemment, peu m’en aurait challu. Mais depuis cet été, j’ai rejoint les rangs obscurs des mecs qui parient sur les matches, facilement reconnaissables au fait que, justement, ils se passionnent pour les tours préliminaires de la Ligue des Champions, pour la 2e division estonienne voire, dans les cas les plus graves, pour les résultats des joueurs de tennis.

Tout ça à cause d’un poulpe. A la base, je ne voulais parier que pendant la coupe du monde. Mais, pour ne pas avoir voulu suivre Paul, j’ai perdu presque toutes les pépettes que j’avais initialement placées. Et là, donc, je compte sur la vigueur slave des attaquants Zilinois et Pragoulottes pour me refaire un brin. J’y peux rien, les céphalopodes, y a guère qu’à la plancha que je leur fais confiance. Un poulpe devin, et pourquoi pas une taupe en tête des ventes de musique, aussi ?

Et sérieusement, comment veux-tu croire un poulpe quand tu ne crois plus en rien ?

C’est un truc générationnel, ça, de ne croire en rien : quand tu as vu tes parents, de retour du camping des possibles, où ils couraient pieds et je ne veux pas savoir quoi d’autre nus en récitant des mantras, remettre leur cravate et filer comme si de rien n’était apprendre les ordinateurs pour pouvoir faire toujours plus de présentations powerpoint, ça calme un peu les utopies. Mais bon, les suivants ne sont pas mieux lotis : les mecs de la génération Y, ou numérique, ont dû perdre une bonne partie de leurs illusions quelque part entre le premier exposé repompé sur un mauvais article wikipedia et l’émission spéciale “artistes connus grâce aux internets” avec Lorie, Kamini et Grégoire. Ceux d’après, ceux de la Z (je viens de perdre la foi dans les mecs qui nomment les générations) ou kikoolol, sont désemparés depuis que bestah et sistah sont devenues bff sur facebook avec l’autre biatch qui a osé envoyer des dauphins à chiwi.

Bon, quand je dis en rien, j’exagère un peu. Je ne crois plus ni en dieu, ni en Steve Jobs (pour les mêmes raisons, plus ou moins, des mises à jour douteuses), ni que l’internationale sera le genre humain, ni au régime Dukan, ni aux promesses électorales, ni au point G, ni au complot mondial visant à nier que Jésus serait en fait devenu chanteur de bal dans le Morbihan, ni à la reprise, ni à la crise, ni que je peux voler, que je peux toucher le ciel, mais il y a des trucs dignes de foi. La souris des dents, par exemple. Attends, dans notre monde ultra-matérialiste, tu crois vraiment que les parents se livreraient à mille simagrées pour pouvoir coller de l’argent sous les oreillers à chaque chute de dent ? Ça ne tient pas la route cinq minutes.

Y a des côtés sympa à ne plus croire en rien : par exemple quand le même jour tu reçois l’enveloppe des impôts, une mauvaise nouvelle et un coup de genou par inadvertance, ce n’est pas ton karma qui est mauvais, ce n’est pas ta divinité préférée qui tente de te faire passer un message, ce n’est pas le Destin, parce que s’ils existaient, les divinités, le Destin, le karma, ils auraient autre chose à foutre qu’à te harceler, et donc tu peux partir du principe que le reste de la journée ne va pas être du même acabit (et là, si en plus le menu de midi à la cantine c’est blanquette, tu hésites à reprendre une petite croyance comme ça, sur le pouce, pour quelques heures). Mais y a aussi pas mal d’inconvénients. Par exemple, tu ne regardes plus jamais une équipe suisse jouer en Champion’s League, et tu es obligé de parier pour t’intéresser un peu.

11 Responses to “I want to believe”

  1. Nekkonezumi says:

    Croire au point G, ou au moins faire semblant, permet quand même un certains nombre de recherches et de travaux pratiques intéressants, non ?

  2. mlle-cassis says:

    J’essaie depuis 10 minutes de faire un jeu de mots à partir de “peu m’en aurait challu”, mais mon application jeu de mots rame ce soir…

  3. mlle-cassis says:

    Ah si tiens: Ahlala tous les prétextes sont bons pour challuter!

  4. Océane says:

    Tu crois pas en Lorie toi ? C’est pourtant une des rares dont les prédictions se réalisent : quand elle a dit qu’on était en week-end, bah c’était vrai !

  5. Aurélia says:

    J’ai failli commencer à parier pendant Wimbledon 2009, je me disais qu’en pariant sur Federer on gagnait peu mais on gagnait à tous les coups.

    Bon, après il a arrêté un truc dans son alimentation et il s’est mis à perdre, donc j’ai préféré laisser tomber.

    (Puis finalement avec l’US Open qui arrive je me tâte, si tu me passe l’expression).

  6. Madame de K says:

    le “peu m’en aurait challu” est osé ! je dirais même ébouriffant ! il me rappelle une de mes premières page de blog écrite, et qui est une des plus visitées de mon blog :
    http://laminute.canalblog.com/archives/2006/02/16/1383522.html

    d’autre part, il y a sûrement certaines choses dans lesquelles tu crois : la loi de la tartine de confiture, l’amour de ta mère, l’immuabilité du chassé-croisé des vacanciers le 31 juillet (mais ça c’est peut-être une blague franco-française ?) et la force de ton talent d’écrivain ;-p

  7. raph says:

    J’aime beaucoup le verbe chaloir (et les compliments exagérés)

  8. Hellsy says:

    Très bon post.Le camping des possibles,tu sais que ça existe (espace des possibles en Charentes) ou tu l’as inventé ?
    Moi je crois à la croissance éternelle. L’Argent est mon dieu, la Possession est ma passion. Rejoins avec nous l’Eglise de la Très Sainte Consommation, le bonheur est au supermarché au coin de ta rue !
    http://www.consomme.org/

  9. Algayani says:

    C’est moi ou quand on épluche les différentes couches d’humour de ton (tes) post(s) on tombe sur des inquiétudes assez palpables?…

  10. raph says:

    Ah ben oui, bien sûr, mais pas forcément celui là…

  11. euphrosine says:

    Mon Dieu!Oh mon Diiieu!
    Un mécreant, un sarrasin suisse francoglotte. Et en plus, peu lui chaut. Belle jeunesse, je dis bravo.