Archive for the ‘je ne sais vraiment pas où foutre ce billet’ Category

De fil en aiguille

Friday, December 2nd, 2011

Faut-il savoir raison garder ?

Je me suis toujours demandé qui étaient les mecs qui créent les expressions. Quelles étaient leurs motivations profondes, leurs rêves, leurs envies, leurs passions, s’ils travaillaient en freelance ou se regroupaient dans un laboratoire sombre dans un village au sud de Paris…

Et surtout, pourquoi ils étaient si flous.

Par exemple (c’est de saison) Noël au balcon, Pâques au tison. Ça manque cruellement de précision. Par exemple, si les fumeurs sortent sur le balcon à Noël (notamment entre l’entrée et le plat de résistance, ce que personnellement je trouve dommage, mais ce n’est pas l’objet du débat), doivent-ils fumer sur un tison à Pâques ? Et, d’ailleurs, c’est quoi, au juste, un tison ? Google Images est très très évasif à ce sujet.

Autre expression très peu précise : femme qui rit, femme à moitié dans ton lit. Bon, par exemple, admettons que je sois confronté à un problème de personne prenant toute la place dans mon lit. Puis-je réveiller cette personne et lui raconter une blague afin de remédier à ce problème ? Mais dans ce cas, comment éviter qu’elle ne tombe, puis-je choisir la moitié qui reste ? Faut-il installer un petit strapontin à côté du lit conjugal ? Ils ne le disent pas dans l’expression.

Et si elle le prend mal, ça me fait une excellente transition vers l’expression une de perdue dix de retrouvées, qui m’a toujours semblé assez inexacte. Heureusement, d’ailleurs, j’aurais jamais eu assez de jambon pour faire à souper pour tout le monde. Même si quand il y en a pour un, y en a pour deux, et que jamais deux sans trois, à mon avis, on aurait quand même eu faim.

Et quand on dit “un sou est un sou”. Pardon, mais si c’était vrai, ça se saurait. Le milieu vivifiant de la finance internationale ne peut tout de même pas se tromper : c’est lui qui domine le monde pendant que, tapis dans l’ombre, les mecs qui créent les expressions se contentent de créer des expressions. Du genre “bien mal acquis ne profite jamais”. Pardon, mais il faut pas y connaître grand chose en économie pour dire des trucs pareils.

Donc bon, je pense que dans le doute, et pour répondre à la question initiale, il ne faut pas savoir raison garder.

Amour, stupre et verrines

Thursday, September 22nd, 2011

Clique sur chaque image pour l’agrandir, en attendant que j’aie trouvé un truc pour rendre le tout plus lisible



Voilà, ceci est la première planche d’une série sur le thème chatoyant des amours en lignes, dessinée par Luria. La suite, probablement sur un blog dédié, mais pas tout de suite : apparemment, la dessinateuse aurait un travail, d’autres trucs à faire, une vie, ce genre de choses qu’à titre personnel, je réprouve.

Arrive un assez beau jeune homme, l’air suspicieux

Thursday, September 15th, 2011

– Bonjour, je cherche un concept !
– Ça tombe bien, vous êtes justement dans une fabrique de concept !
– Oui, c’est pour ça que je suis là.
– Quel genre de concept souhaiteriez-vous ? Artistique ? Littéraire ? Chevalin ? Funéraire ? Professionnel ? Politique ? Vaseux ? Sémiologique ? Rouge ?
– Non mais c’est parce que j’ai un blog…
– La honte !
– Je ne vous ai pas interrompu alors ne m’interromp…
– Un blog ! Quel ringard !
– Ouais, je sais.
– Il parle de quoi ?
– C’est ça, le problème. Il ne parle de rien. Du coup, j’aimerais un concept de blog qui parle d’un truc. Parce que les gens aiment bien quand ça parle d’un truc précis, à cause de l’identification.
– Vous avez pensé à raconter votre quotidien avec ironie et décalage ?
– Mon quotidien n’est pas très intéressant.
– Justement, les gens peuvent s’identifier.
– Je préférerais pas. Surtout aujourd’hui, je me suis fait une tache de café alors s’ils s’identifient, ça va être moche.
– Une tache de café ! Excellent ! J’adore cette façon de raconter le quotidien de façon naïve et désinvolte. Une tache de café. mais où ils vont chercher tout ça ?
– Ben, dans la tasse. Mais bon, c’est une tache, j’ai frotté un peu et là… bon ben c’est pas parti, mais enfin, c’est pas non plus la peine d’en faire un roman-photo.
– Pourtant, le roman-photo, c’est un super concept. On appellerait ça Romand-Photo.
– Non.
– Ne soyez pas si impératif. Ça raconterait l’histoire d’un type avec un quotidien, désinvolture et des photos.
– Non mais j’avais pensé à un truc moins photographique.
– Des films ? Des films où vous raconteriez le quotidien avec humour et un montage particulièrement fin, et des mimiques pour que les gens comprennent que c’est drôle ?
– Pas mal, ça peut sûrement marcher, mais je pensais à quelque chose de moins filmographique.
– Des dialogues très longs entre des protagonistes ?
– Je sais pas trop, les gens n’aiment plus les protagonistes, de nos jours.
– Sauf si ce sont des protagonistes qui ont un quotidien décalé.
– Je ne sais pas, j’ai peur que ça fasse trop de décalage, j’ai déjà le sommeil léger.
– Mais avez-vous tenté les concepts à vocation instructive, comme par exemple parler d’une passion pour en faire profiter les autres ?
– Je n’ai, hélas, pas de passion.
– Ah, très bien, dans ce cas-là, vous n’avez qu’à donner votre avis sur la politique et un ton péremptoire.
– Je n’ai hélas pas d’avis et puis j’en ai marre des zeugmas.
– Dans ce cas-là, monsieur, je crois qu’il ne me reste qu’une seule chose à vous dire : …
– Bon. Je vais plutôt vous prendre un concept chevalin, finalement.

Dothraki sonne le glas

Monday, August 29th, 2011

Je sais pas si tu as remarqué, mais la fantasy, ça se passe un peu toujours dans des univers médiévaux, voire éventuellement post-apocalyptiques, mais où l’apocalypse a frappé tellement dru que l’univers en est devenu vachement médiéval. Alors qu’il n’y a pas tellement de raisons, c’est pas parce que tu te méfies des nains et des golems que tu n’as pas le droit d’être un véritable démocrate respectueux des droits de l’homme, de l’elfe, du kender et du troll. Ça pourrait très bien se passer dans un monde moderne où le héros, un trentenaire angoissé, serait avant tout à la recherche de lui-même. Et vaguement d’un moyen de sauver l’humanité, rapport à cette terrible prophétie.

– Je suis Thorghar, fils de Thorghur.
– Bien monsieur, il me faut trois fiches de salaire, une attestation de domicile, un extrait de casier judiciaire, une attestation de l’office des poursuites et le pedigree de votre labrador.
– Thorhar n’a pas de fiches de salaire, car il est libre comme le vent !
– Ah ben oui mais si vous êtes indépendant, c’est pas le même guichet, hein !

De même, dans la fantasy, quand tu fais un truc bien, ce n’est jamais tellement parce que tu t’es beaucoup entraîné, ou parce que tu es doué, ou parce que tu as eu un gros coup de bol. Non, c’est toujours parce que tu es le fils caché d’un mec qui lui-même était le fils d’un autre type, et ainsi de suite.


– Oh, regarde le type bizarre, là, en armure, il vient encore de faire un strike !
– Ne sais-tu donc pas que c’est Thorghar, fils de Thorghur, dont les records à Pacman et à Tetris dans la légendaire salle de jeux Atlantis n’ont jamais été vaincus ?

Et du coup, tu es parfois celui que chantent les anciennes prophéties.

– Ne serait-il pas celui que chantent les anciennes prophéties ?
– Tu crois ? Il faudrait que je lui prête ma plume pour écrire un mot ?
– Je ne parle pas de cette ancienne prophétie-là ! Je crois que nous avons devant nous le terrible Bali Balo !

Dans la fantasy, tu ne peux jamais aller tranquillement boire un pot avec des potes, il faut toujours que tu te retrouves dans une taverne mal famée où quelque chose de louche se trame.

Thorghar gara son fier destrier devant le bar PMU « au Lutrin Malin », où son mystérieux contact lui avait donné rendez-vous parce qu’il n’y a pas grand chose d’ouvert le dimanche dans la banlieue de Besançon. Il entra dans ce bouge sombre et enfumé et entreprit de feuilleter L’est Républicain du jour pour voir si par hasard, de terribles événements ne se trameraient pas dans le coin. Il ne put s’empêcher d’entendre la conversation du patron, Julot fils de René : « Non mais je suis pas raciste, moi, d’ailleurs, des elfes, y en a des bien, je dis juste qu’ils sont pas comme nous, et puis que je sache, dans leurs pays, le dépeçage traditionnel des ennemis est interdit, alors c’est pareil, ils viennent pas jouer de la lyre dans mon bar, c’est tout.

voire :

Thorghar entra dans le salon de thé « Chez Swann ». « Hola, manant, une verveine et deux madeleines, et prestement, où tu tâteras de Rondoudou, ma fidèle épée », demanda-t-il au serveur, car il avait revu pour la 20e fois « Les Visiteurs » la veille. Et que son épée s’appelait Rondoudou.
– Il me reste plus que des madeleines de Proust », répondit le serveur qui en avait vu d’autres et à qui il ne restait plus que des madeleines de Proust.
– Qu’est-ce à dire ?
– Eh bien c’est comme des madeleines normales, sauf qu’en plus elles te font revivre des souvenirs.
– Super, j’en prends dix-huit.
(Quelques chapitres plus tard)
– Halte-là, manant, c’est quoi cette arnaque ? J’ai revécu des souvenirs que je n’avais jamais vécus avant !
– Ah bah oui, on ne revit pas les siens, sinon ça sert un peu à rien.
– Mais là en plus ils étaient tout nuls !
– Ah bah oui, c’est des souvenirs de Olgor fils de Olga, notre pâtissier, il a un peu une vie de merde, mais il est super bon à WOW.
– Ah c’est pour ça, les dragons et tout ? je trouvais ça idiot, tout le monde sait qu’ils se sont éteints y a longtemps et tout.

Et surtout, dans la fantasy, y a toujours une carte, au début, que tu consultes désespérément à chaque nouveau nom de lieu (sept par page en moyenne), et qui ne te sert à rien.

– Tu t’avanceras par delà les plaines ténébreuses de Fontfroide, puis les contreforts de la montagne Noire se dresseront, fiers et nébuleux, face à toi.
– Oh, il est classe, ton nouveau GPS !
– Oui, c’est TomTom, fils de Nana. Classe, mais pas pratique, je comprends jamais rien à ses explications. Et encore, aujourd’hui, ça va, d’habitude, il chante.

This is the rythm of the night

Monday, June 27th, 2011

C’est bien connu : Coldplay est le plus grand groupe de rock du monde, à l’exception de tous les autres. Il nous revient, en ce début d’été, avec un nouvel hymne, « Every teardrop is a waterfall ».

Coldplay – Every teardrop is a waterfall

La traduction est de coldplayfrance.com, c’est l’été, je fais ma feignasse, y a pas de raisons.

I turn the music up, I got my records on

Je mets la musique, je fais tourner mes disques
Chris Martin a trouvé un emploi de DJ.

I shut the world outside until the lights come on

J’enferme le monde dehors jusqu’à ce que la lumière vienne
Seulement, comme il débute, il ne laisse entrer personne dans la discothèque, c’est plus sûr.

Maybe the streets alight, maybe the trees are gone

Peut-être que les rues sont éclairées, peut-être que les arbres ont disparu
D’où l’expression “de la musique de bûcheron”. Qui ne s’applique pas super bien à Coldplay, on dirait plutôt “cette musique m’a fait scier du bois”.

I feel my heart start beating to my favourite song

Je sens mon c½ur commencer à battre pour ma chanson préférée
Ritmo de la noche, probablement, d’où une très très légère à peine perceptible ressemblance musicale entre les deux chansons.

And all the kids they dance, all the kids all night

Et tous les enfants dansent, tous les enfants toute la nuit
Un malentendu historique est dissipé: Coldplay est en fait un groupe pour les enfants. Du coup, ça explique cette étrange reprise de tube de l’été: c’est un hommage à Henri Dès.

Until Monday morning feels another life

Jusqu’à ce que le lundi matin sente une autre vie
Tu noteras qu’en Albionnie, on laisse les enfants sortir le dimanche soir. Un laisser-aller qui explique bien des choses.

I turn the music up
I’m on a roll this time

Je mets la musique
Je suis sur un rouleau cette fois

Là, je pense qu’on aurait pu traduire par “Je suis en veine”, mais ça ne change pas grand chose.

and heaven is in sight

Et le paradis est visible
Il aime vraiment beaucoup Ritmo de la noche

I turn the music up, i got my records on
From underneath the rubble

Je mets la musique, je fais tourner mes disques
Sous les décombres

Apparemment, les enfants danseurs ont très mal pris de devoir rester dehors de la discothèque, c’est normal, c’est l’Angleterre, il pleut, ils ont froid, du coup ils ont tout cassé.

sing a rebel song

je chante une chanson rebelle
Apparemment, Chris Martin parle super mal espagnol.

Don’t wanna see another generation drop

Je ne veux pas voir une autre chute de génération
Ben oui, mais à force de laisser les enfants danser sur n’importe quoi toute la nuit au lieu de faire leurs devoirs, c’est ce qui arrive.

I’d rather be a comma than a full stop

Je préfère être une virgule qu’un point final
D’où peut-être cette chanson tout juste bonne à illustrer des virgules publicitaires.

Maybe I’m in the black, maybe I’m on my knees

Peut-être que je suis dans le noir, peut-être que je suis à genoux
Peut-être que les patrons de la discothèque ont coupé l’électricité, ça faisait 42 heures que tu passais des mauvais tubes des années 90.

Maybe I’m in the gap between two trapezes

Peut-être que je suis dans l’intervalle entre deux trapèzes
C’est une autre hypothèse, mais nettement moins réaliste.

But my heart is beating

Mais mon c½ur bat
Ecoute, ça m’arrive assez souvent, je me sens pas obligé d’en faire une chanson à chaque fois.

and my pulses start
Cathedrals in my heart

et mon pouls s’accélère
Des cathédrales dans mon c½ur

Accélérer comme une cathédrale, une expression trop peu utilisée. Même par les gothiques, qui s’y connaissent en cathédrales.

And we saw oh this light i swear you, emerge blinking into

Et nous voyons oh cette lumière je te jure, émerger clignotante à l’intérieur
Ça va, pas besoin de jurer, j’ai déjà vu de la lumière s’allumer. Ça surprend la première fois, c’est clair, mais on s’y habitue.

to tell me it’s alright

Pour me dire que tout va bien
Non, à mon avis, c’est l’équipe de nettoyage qui voudrait nettoyer

As we soar walls, every siren is a symphony

Puisque nous grimpons sur les murs, chaque sirène est une symphonie
Comme Chris Martin ne veut toujours pas arrêter de passer sa musique, on lui envoie la police, pour tapage diurne. Il décide de fuir mais, un peu excédé, se trompe de chemin et essaie de passer par un mur. Les sirènes lui rappellent un autre grand succès des disco-mobiles de sa jeunesse, « Alexandrie, Alexandra ».

and every tear’s a waterfall
Is a waterfall
Oh
Is a waterfall
Oh Oh Oh
Is a is a waterfall
Every Tear
Is a waterfall
Oh Oh Oh

Et chaque larme est une cascade
Est une cascade
Oh
Est une cascade
Oh oh oh
Est une est une cascade
Chaque larme
Est une cascade
Oh oh oh

Je pense qu’il surréagit un peu.

So you can hurt, hurt me bad

Donc tu peux me blesser, me blesser gravement
Mais non, personne ne te veut de mal. Enfin, sauf peut-être quand tu chantes, à la limite.

But still i’ll raise the flag

Mais je brandirai encore le drapeau
Ça, c’est parce qu’ils auraient été choisis pour faire l’ouverture des JO de Londres 2012, je crois, je ne vois pas d’autre explication. Non mais ça aurait pu être pire, Paris aurait pu les avoir, c’est Zaz qui aurait fait la chanson, ou Calogero.

Oh
It was a wa wa wa wa wa-aterfall
A wa wa wa wa wa-aterfall

Every tear
Every tear
Every taerdrop is a waterfall

Every tear
Every tear
Every taerdrop is a waterfall

Oh
C’était une cascade
Une cascade

Chaque larme
Chaque larme
Chaque larme est une cascade

Chaque larme
Chaque larme
Chaque larme est une cascade

C’est une très belle chanson, porteuse d’espoir : l’espoir que Coldplay, apparemment trop vieux pour passer des disques toute la nuit sans faire une dépression nerveuse, décide de ne plus jouer de musique non plus.

Pourquoi ? Parce qu’on est jeunes.

Monday, June 20th, 2011

Après les moins de 17 ans champions du mondes en 2009, c’est au tour des footballeurs suisses de moins de 21 ans de briller : ils viennent de se qualifier pour les 1/2 finales de la Coupe d’Europe en terrassant des équipes aussi redoutables que l’Islande ou le Belarus.
Or, c’est très embêtant : dans un pays où on n’aime pas trop ce qui fait du bruit après 22 heures, être obligés de s’intéresser à une bande de jeunes, ça fait désordre. Dans un pays où Alain Morisod bat des records d’audience, découvrir qu’il existe plus de onze personnes âgées de moins de 21 ans, ça fait peur.

Moi même spécialiste des questions liées à la jeunesse, puisque je fais train commun depuis maintenant plusieurs années avec de jeunes étudiants en voie de bacheliérisation, j’ai décidé de préparer une FAQ consacrée au thème épineux de la jeunesse.

Je viens de croiser un jeune. Dois-je appeler la police ?
Il faut d’abord voir s’il est animé d’intentions amicales ou, s’il s’agit d’un jeune de type adolescent, s’il est animé.

Je suis justement journaliste sportif et je couvre cet Euro M21. Dois-je vraiment placer l’adjectif “insouciant” à chaque fois que je parle d’une équipe de jeunes ?
Oui. Mais il ne faut pas oublier qu’avant d’être des jeunes, ces jeunes sont également les porte-drapeaux de toute une nation. Ainsi, l’équipe d’Allemagne des M21, malheureusement éliminée prématurément de la compétition, est à la fois insouciante et rigoureuse. Alors que les Islandais sont insouciants et portent des noms imprononçables. Quant aux équipes juniors africaines, elles sont insouciantes et insouciantes.

Pourquoi ces jeunes sont-ils si insouciants, à la fin, avec le chômage, les boutons, Manon qui vient de quitter Matteo pour Enzo et la demi-finale qui approche ?
Attention, cet adjectif n’est destiné qu’aux jeunes de moins de 21 ans déjà footballeurs professionnels et qui touchent environ ton salaire mensuel à chaque passe. Il est d’ailleurs applicable à n’importe quel footballeur, mais pour les grands, on n’est plus obligé de le répéter.

Partageant également mon train avec des jeunes, j’ai attentivement écouté leurs conversations du lundi matin. Et je me pose la question : pourquoi dit-on “être à jeun”, alors qu’il n’y a manifestement aucun rapport ?
Parce que jeun ne vient pas de jeune, ni d’ailleurs d’Agen (47), mais de Jean-Pierre Jeunet, un réalisateur qui m’a fait dire non à l’alcool.

Je trouve que les jeunes d’aujourd’hui sont violents et ne pensent qu’à l’alcool et au sexe. Quand ai-je commencé à souffrir de troubles de la mémoire ?
Probablement entre la première fois où tu as eu du mal à te remettre d’une cuite et le jour où tu as dit “pas maintenant, chérie, on va être en retard au vernissage”

Bonjour, je suis scénariste de séries françaises et je dois justement faire intervenir un jeune. Que pensez-vous de cette phrase : “Lol, gigabath ce truc de ouf, des barres, c’est croustifondant à donf !” ?
Très bien, à condition de déclencher les rires enregistrés au bon moment.

Au fait, c’est jusqu’à quel âge, environ, un jeune ?
Ça dépend de tes hobbies : un politicien de 40 ans est jeune, un footballeur de 32 ans est un vétéran, une gymnaste de 17 ans est une retraitée qui a décidé de se reconvertir et d’entraîner sa fille cadette.

Pourriez-vous me dire à quelle heure l’idole déjeune ?
Pardon, mais plus personne ne fait cette blague depuis 1937.

Comme je me méfie des jeunes, j’ai décidé de m’équiper d’un de ces appareils destinés à émettre des sons qui les font fuir. Mais comme je suis parano, j’ai toujours peur de m’être fait vendre un appareil défectueux. Comment vérifier, sachant que je suis gérant du tea room “Au Joyeux Galopin”, réputé pour ses soirées loterie (tous les seconds samedis du mois), où plus aucun jeune n’a été aperçu depuis 1937, et encore, il était plutôt entre deux âges ?
C’est la preuve que cet appareil fonctionne bien (cela marche également avec les rhinocéros).

Bonjour, je suis une femme cougar ravissante et généreuse désireuse d’initier un jeune à l’art ancestral du backgammon. Où puis-je en rencontrer, sachant que mon mari, avec qui j’exploite le tea room “Au Joyeux Galopin” depuis 1937, semble se douter de quelque chose ?
Savez-vous que j’ai su rester très jeune ? (Fabriquez-vous toujours vos célèbres bavarois à la viande ?)

Lol sàà seer aa riiaaiin toon aawrtiikl saayriieeuu tuu aa vraayymaan duu taant aa peerdre oow lyyeew de kriitiikaay
Oh, zut, je crois que j’ai été repéré par un scénariste de séries françaises.

Passe, passe le bac

Thursday, June 16th, 2011

Chaque année, c’est la même chose : les futurs bacheliers français (LOL) passent leur bac philo, les journalistes français font un reportage sur le bac philo et les blogueurs à vocation humoristique se croient obligés de faire un post sur

LES CORRIGES DU BAC PHILO 2011 EN EXCLUSIVITE MONDIALE DE L’UNIVERS (je suis passé expert en racolage)

Série ES*:

La liberté est-elle menacée par l’égalité ?

Oui. Plus les gens sont égaux, moins on peut se moquer des plus petits : c’est une atteinte évidente à la liberté d’expression.

L’art est-il moins nécessaire que la science ?

Ça dépend (en dissertation, ça dépend est toujours une bonne réponse)(en politique jamais, mais je digresse). Pour caler une table basse, un bon livre est nettement plus pratique que la théorie de la relativité.

Série S* :

La culture dénature-t-elle l’homme ?

Le premier artiste de l’histoire, un dénommé UhGruhhhhr, après avoir peint une scène d’aurochs sur un mur, a invité tous ses copains de caverne à venir l’admirer. Comme il était rusé, il a ajouté : « y aura à manger ». Il venait d’inventer le vernissage, une manifestation qui perdure encore de nos jours, dans lequel des gens se réunissent entre des tableaux sans pour autant regarder de tableaux. Le lendemain, UhGruhhhhr demanda à la cantonade : « Alors, sincèrement, t’en as pensé quoi ? Tu penses que je devrais plaquer la chasse et me consacrer à l’art ? » Prise au dépourvu, la cantonade lui répondit : « Ton trait, très épuré, symbolise à la fois la force et la fragilité de l’Humain face à la nature, mais on ressent également le questionnement intérieur quant à la futilité de l’existence. » Elle venait d’inventer la culture. Cette histoire n’a rien à voir avec la question, mais placer des histoires de UhGruhhhhr dans une dissertation fait toujours extrêmement prestigieux.

Peut-on avoir raison contre les faits ?

Oui. J’ai raison. Je ne m’étendrai pas sur ce sujet. Bonne journée. Bon, il me reste encore quelques heures à tuer, vous ai-je parlé de ma passion pour les animaux en massepain ?

Pour la série L :

Peut-on prouver une hypothèse scientifique ?

Non. Impossible. Aucune hypothèse scientifique n’a jamais été prouvée. Les hypothèses sont condamnées à rester à jamais à l’état d’hypothèses et ceci, par respect de la liberté d’expression. En effet, du moment qu’une hypothèse cesse d’être une hypothèse pour devenir, grâce à la rigueur de valeureux scientifiques, un fait, tous ceux qui disaient « ouais, ouais, c’est ça, et moi je suis la reine d’Angleterre » deviennent aussitôt la reine d’Angleterre, ce qui est dangereux pour la monarchie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, la terre est à la fois ronde et plate.

L’homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même ?

Ça dépend. Quand on est lucide, rusé, habile, déterminé, espiègle et cool, difficile, hélas !, de se faire des illusions sur soi même. Mais toi, oui, toi, là, Matteo, de la série L du lycée de Ploutargues-sur-Mazembrot, qui as choisi ce sujet et penses déjà à combien ta vie sera plus belle avec ton bac, tu te fais des bi-illusions, vu que non seulement tu vas le louper, mais qu’en plus il ne t’apportera pas grand chose, désolé.

*Je ne sais pas ce que ça veut dire. Je n’ai pas le temps de regarder toutes ces séries, j’ai un bac à passer.

Dormir Sans Kimono

Monday, May 16th, 2011

Le film du moment, c’est “De l’eau pour les éléphants”, un drame jungulaire bouleversant :

Les éléphants se réunissent pour désigner leur nouveau chef. Un moment important, car l’élu pourra mener la parade au printemps prochain. Mais Dodo, le vieux mâle, donné favori par les spécialistes en pachydermologie malgré son goût trop prononcé pour les défenses en ivoire massif, devient fou. En rut, il tente de s’accoupler avec tout ce qui bouge, y compris un meuble de jardin. Un ancien vampire abstinent est alors dépêché sur place pour tenter de lui donner une bonne douche froide, seul moyen de calmer Dodo. Mais tout cela ne cacherait-il pas un sordide complot des hippopotames, toujours aussi désireux de prouver qui c’est le plus fort ?

Dans le cadre du programme de soutien aux noms pénibles à porter, Reese Witherspoon et Christopher Waltz jouent dans ce film.

(Images allociné)


La jeune journaliste dépêchée sur place prouve bien vite son incompétence en matière d’éléphants.


Dépêché sur place, un célèbre chasseur d’éléphants s’équipe du matériel traditionnel nécessaire pour capturer le pachyderme selon les rites musulmans : un lion et un véhicule orné du numéro 83.


Pendant ce temps, la jeune journaliste continue d’interroger les éléphants selon les rites américains.


Fasciné par les gens qui n’y connaissent rien en éléphants, l’ex-vampire tombe immédiatement amoureux de l’ex-journaliste.


Ils décident de protéger l’éléphant du chasseur. Bien mal leur en prend.


Car l’éléphant, qui est fourbe, glisse alors du GHB dans le verre de la jeune fille.


Elle tombe alors immédiatement amoureuse de lui (c’est du GHB double-effet, très pratique). L’ex-vampire est déçu à juste titre.


Il décide de la défier dans un duel d’ultimate je te tiens par la barbichette.


Battu, il tente alors de s’immoler par accident de personnes


Mais Dodo lui redonne goût à la vie, à l’aide de la célèbre blague “Coucou, tu veux voir ma trompe ?”


Ils tombent immédiatement amoureux.


Une trépidante scène de restaurant, pour le marché français.


Je voudrais pas avoir l’air de critiquer, mais ils picolent quand même pas mal dans ce film.

Blanc, blanc, blanc le goéland

Thursday, May 5th, 2011

Il y a, parfois, dans la vie, des jours où, comme on dit dans le jargon, ça veut pas. Quand ces jours arrivent précisément alors qu’on est blogueur, journaliste, écrivain ou élève dans la classe 5b du Collège Ted Robert de Moudon seul face à une dissertation sur le thème “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais j’aime beaucoup ce que vous avez fait de cet appartement”, on peut parler de syndrome de la page blanche. Alors que dans le langage fleuri du garagisme, on dirait plutôt “ah ben non, on va pas pouvoir la réparer, là, mais c’est pas grave, justement, je viens d’avoir un nouvel arrivage, vous m’en direz des nouvelles”.

Connaissant très mal le domaine du garagisme, quand bien même j’ai un jour dû changer moi-même, alors que les frimas hivernaux menaçaient de me transformer en statue de glace, mon cric, je ne me hasarderai pas sur ce terrain glissant (sans doute à cause de l’huile). En revanche, je puis, dans la grande lignée de ces sites de développement personnel qui sont un peu ce qu’on a fait de mieux sur internet depuis les blogs de tricot, vous donner des conseils dans le domaine scriptural.

Car je suis moi-même, vois-tu, bien souvent confronté au syndrome de la page blanche. Et j’ai trouvé le moyen infaillible d’y remédier. Non, il ne s’agit pas de peindre la page en fuchsia, encore que ce soit une couleur très printanière.

Vous avez remarqué que, dans la grande lignée de ces sites de développement personnel qui sont un peu ce qu’on a fait de mieux sur internet depuis les blogs de tricot, ça fait pas mal de paragraphes que je parle pour rien dire. Mais venons-en au fait.

La première chose à faire est de hiérarchiser son travail. Sinon, c’est l’escalade infernale : hésitant entre se mettre immédiatement à rédiger son article sur les furets, quand bien même il n’est que pour le 21, mettre à jour son blog sur l’architecture en Patagonie ou soigner son personal branding par le biais de quelques saillies drolatiques sur les morts du jour sur les réseaux sociaux, on tergiverse, on perd du temps et on se retrouve, quelques heures et une vingtaine d’onglets plus tard, à lire un passionnante étude scientifique qui prouve que les personnes qui jouent du djembé ont plus de chances de mourir assassinées que les possesseurs d’une roulette à pizza.
Il faut donc soigneusement lister les tâches en cours et les classer sur une échelle de extrêmement urgent à oh merde j’ai complètement oublié ce truc c’était pour hier. Une fois ceci fait, on peut commencer à classer ses différentes notes dans lesquelles on avait listé ses tâches par ordre de couleur. Puis, après une petite vidéo de chat pour se détendre, à liquider les dossiers moins urgents mais rigolos. Dans le cas des dossiers dépourvus de deadline, le mieux est encore de les classer dans “à classer”.

Quant au syndrome de la page blanche proprement dit, en réalité, il est assez simple à résoudre. Il suffit d’écrire n’importe quelle phrase banale, “Longtemps, je me suis couché de bonne heure”, “Aujourd’hui, maman est morte”, “Avec Carla, c’est du sérieux” ou encore “Il reste encore un peu de purée” puis de laisser couler. C’est donc ce que les Anglais appellent un faux problème. Trop souvent, nous nous retranchons derrière de faux problèmes, alors qu’on pourrait très bien se coucher de bonne heure.

J’ai décidé de m’aigrir

Wednesday, April 20th, 2011

Tout le monde le sait, la fin du monde est prévue pour le 21.12.2012. Et au vu des préliminaires, c’est mal parti pour une fin genre “On fait un bisou et on éteint la lumière”. On est nettement plus sur du “On éteint la lumière, on se montre nos côtés sombres et on zigouille tout le monde à la petite cuillère”.

Pour se protéger de la fin du monde, oublie, c’est foutu, c’est écrit dans les calendriers mayas, c’est te dire l’inéluctabilité du truc. Mais on peut un peu minimiser son impact émotionnel. En se dépêchant de tomber dans la misanthropie.

Et pour cela, l’homme moderne a un outil formidable : les réseaux sociaux. Si tu sais choisir convenablement tes amis, Facebook et Twitter sont un peu comme un métro à l’heure de pointe pour un télépathe : une incitation à dévorer en quatrième vitesse le best-seller « Osez… vivre en ermite ».

Mais pour la misanthropie comme pour la procrastination ou pour les sitcoms en live, le plus important est de bien choisir ses amis. Il faudra donc te munir d’un compte Facebook, d’un compte Twitter et des amis suivants :

le dragueur compulsif
L’équivalent virtuel du mec qui, dans les soirées, commence par scruter ostensiblement l’assemblée, les mains dans le dos, à la manière d’un éleveur bovin dans une foire aux bestiaux, à la recherche d’une personne sur qui balancer sauvagement son dévolu. Lui, il fait ça dans ta liste d’amis Facebook. Tout, pour lui, est sujet à l’interprétation graveleuse, au sous-entendu vaseux, au like libidineux. Il commencera par t’amuser, te fera un peu de peine s’il est du genre à manger à tous les râteaux, mais te confortera assez vite dans l’idée que le mâle de sexe masculin n’est guère fréquentable. Et, si ça se trouve, il parviendra à conclure avec Pernula, que tu couvrais pourtant de pokes depuis des mois.

le narcissique dépressif
Avec, avouons-le, un certain talent et une imagination sans bornes, il arrive à se plaindre de tout. Un vent de liberté souffle sur l’Afrique du Nord ? “Je vais devoir annuler mes vacances” Une centrale explose au Japon ? “Pff, je ne vais plus pouvoir manger de sushis”. Tu annonces, éploré, à la virtualité tout entière le décès de ton caniche nain ou de ton grand-père ? Il est le premier à commenter “Pff c’est comme moi, j’ai un rhume”

l’optimiste
Il est plutôt sympa, mais sa tendance à s’enthousiasmer pour un oui pour un non finit par te rappeler que… Bon, ok, c’est juste moi qui ai un problème sérieux avec les gens qui emploient plus de dix-sept points d’exclamation par phrase, suite à un terrible accident de ponctuation.

le mec au premier degré
Incapable de saisir la moindre ironie alors qu’il passe la moitié de ses journées sur Twitter, un réseau social principalement dédié aux jeux de mots sur les lapsus, les morts et les catastrophes naturelles, il est tout à fait capable de t’expliquer tes propres blagues. D’où hésitation entre laisser passer, en rajouter une couche ou t’abaisser au désormais condamné par toutes les instances compétentes “han mais c’est du deuxième degré”, d’où frustration, d’où aigreur, d’où misanthropie réussie.

le naïf
Parce que bon. La première fois que tu l’as vu cliquer sur “Incroyable, regardez ce qu’il a fait après avoir mangé un kougloff”, tu n’as rien dit. La deuxième fois (“Cauet raconte une super blague à un kougloff”), non plus. La troisième, “Cette fille nue mange tous ses vêtements en les confondant avec un kougloff”, toujours pas. Mais il t’invite huit fois par jour à deviner qui regarde le plus ton profil (en mangeant du kougloff) et ça commence à t’inquiéter, il est quand même maire de ta commune.

Eric Stauffer

le chat
A priori, il est plutôt sympa, même s’il publie des vidéos de chats et des jeux de mots, et joue à FarmVille. Mais le problème, c’est qu’il a des amis. Beaucoup. Qui ont l’air de penser qu’ils sont vraiment des chats. Et te donnent envie de faire du tennis.

le geek autoproclamé
Il adore internet, il connaît tous les mèmes, il sait même que ça ne s’écrit pas comme ça. Sa plus grande joie dans la vie c’est de t’avoir rickrollé, il utilise à dessein et sans sourciller des trucs bizarres comme haters gonna hate ou pathignon, il dit +1 quand il est d’accord avec quelqu’un, il appelle tous les blogueurs à la mode du moment par leur prénom, il a lu et applique à la lettre les 1512 articles intitulés « comment gagner des followers sur twitter » sans jamais se demander « pourquoi gagner des followers sur twitter ». Il retweete tout ce que dit @maitre_eolas, même s’il n’y a rien compris. Surtout s’il n’y a rien compris. Il se tient au courant de l’actualité pour pouvoir être le premier à faire des jeux de mots dessus, et ainsi, gloire suprême, être cité dans le premier article de 20minutes ou de melty qui parlera du hashtag cool de ces 20 dernières minutes. Il dit merci et bonsoir pas parce qu’il trouve ça dans le contexte, mais parce qu’il a lu que ça se faisait, un peu comme un type qui aurait appris par coeur tout Nadine de Rotschild mais se moucherait dans la nappe parce que c’est pas précisé qu’il ne faut pas le faire.
Un jour, il a fait une phrase complète entièrement de lui, sans rien copier sur personne. Depuis, il a très peur pour sa e-reputation.

le mec qui n’en manque pas une pour faire son auto-promo