Il y a, parfois, dans la vie, des jours où, comme on dit dans le jargon, ça veut pas. Quand ces jours arrivent précisément alors qu’on est blogueur, journaliste, écrivain ou élève dans la classe 5b du Collège Ted Robert de Moudon seul face à une dissertation sur le thème “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais j’aime beaucoup ce que vous avez fait de cet appartement”, on peut parler de syndrome de la page blanche. Alors que dans le langage fleuri du garagisme, on dirait plutôt “ah ben non, on va pas pouvoir la réparer, là, mais c’est pas grave, justement, je viens d’avoir un nouvel arrivage, vous m’en direz des nouvelles”.
Connaissant très mal le domaine du garagisme, quand bien même j’ai un jour dû changer moi-même, alors que les frimas hivernaux menaçaient de me transformer en statue de glace, mon cric, je ne me hasarderai pas sur ce terrain glissant (sans doute à cause de l’huile). En revanche, je puis, dans la grande lignée de ces sites de développement personnel qui sont un peu ce qu’on a fait de mieux sur internet depuis les blogs de tricot, vous donner des conseils dans le domaine scriptural.
Car je suis moi-même, vois-tu, bien souvent confronté au syndrome de la page blanche. Et j’ai trouvé le moyen infaillible d’y remédier. Non, il ne s’agit pas de peindre la page en fuchsia, encore que ce soit une couleur très printanière.
Vous avez remarqué que, dans la grande lignée de ces sites de développement personnel qui sont un peu ce qu’on a fait de mieux sur internet depuis les blogs de tricot, ça fait pas mal de paragraphes que je parle pour rien dire. Mais venons-en au fait.
La première chose à faire est de hiérarchiser son travail. Sinon, c’est l’escalade infernale : hésitant entre se mettre immédiatement à rédiger son article sur les furets, quand bien même il n’est que pour le 21, mettre à jour son blog sur l’architecture en Patagonie ou soigner son personal branding par le biais de quelques saillies drolatiques sur les morts du jour sur les réseaux sociaux, on tergiverse, on perd du temps et on se retrouve, quelques heures et une vingtaine d’onglets plus tard, à lire un passionnante étude scientifique qui prouve que les personnes qui jouent du djembé ont plus de chances de mourir assassinées que les possesseurs d’une roulette à pizza.
Il faut donc soigneusement lister les tâches en cours et les classer sur une échelle de extrêmement urgent à oh merde j’ai complètement oublié ce truc c’était pour hier. Une fois ceci fait, on peut commencer à classer ses différentes notes dans lesquelles on avait listé ses tâches par ordre de couleur. Puis, après une petite vidéo de chat pour se détendre, à liquider les dossiers moins urgents mais rigolos. Dans le cas des dossiers dépourvus de deadline, le mieux est encore de les classer dans “à classer”.
Quant au syndrome de la page blanche proprement dit, en réalité, il est assez simple à résoudre. Il suffit d’écrire n’importe quelle phrase banale, “Longtemps, je me suis couché de bonne heure”, “Aujourd’hui, maman est morte”, “Avec Carla, c’est du sérieux” ou encore “Il reste encore un peu de purée” puis de laisser couler. C’est donc ce que les Anglais appellent un faux problème. Trop souvent, nous nous retranchons derrière de faux problèmes, alors qu’on pourrait très bien se coucher de bonne heure.
(tu feras attention, il y a des taches de gras sur ton texte)
Très belle page blanche sur fond bleu :-)
Existe-t-il un syndrome similaire pour les commentaires ? Juste pour savoir si ça peut être contagieux et un rien frotté sur quelques pages facebook (skyblog est mort, que voulez-vous) histoire de voir si ça décape.
Les mots en gras, c’est pour envoyer ça comme CV ?
Oui, l’énigme des mots en gras m’a également interpellée. Mais si on prend la première lettre de chaque mot, tout s’éclaire ! Cela donne : sdrreplcsar, ce qui ne veut absolument rien dire.
Moi je sais, c’est un message secret, il suffit de remettre les mots dans l’ordre et d’ajouter les mots de liaison : “Quand on escalade une pizza, il faut lister et classer les Anglais pour remédier au développement, ou (plus simple) ne rien dire. Retranchons-nous !”
Je n’ai rien à dire!
Longtemps, je me suis couché de bonne heure, mais depuis que maman est morte, avec Carla c’est du sérieux, ça tombe bien, elle aime aussi la purée.
Les mots grassouillets sont-ils ceux envoyés par un lecteur pour te faire pondre un article, ô phénix des hôtes de ces bois fort bleus ?
Non