Archive for the ‘je ne sais vraiment pas où foutre ce billet’ Category

Un ver, ça va

Thursday, January 6th, 2011

Chaque année, l’association Pro natura élit son animal de l’année. Cela permet à l’élu de mieux se faire connaître, de parler de son travail qu’il accomplit souvent dans l’ombre.
En 2004, le sacre du lièvre brun, avait fait jaser tant il est de notoriété publique que cet animal est un gros branleur. En 2005 vint le tour du lézard agile, choix discutable car il stigmatisait une fois de plus les maladroits et il ne faudra pas s’étonner, à force de mettre cette catégorie de la population à l’index, si un jour ça pète.
En 2006, le bouquetin gagnait, au terme d’un marathon électoral qui fit un véritable tintamarre.
Vainqueur en 2008, le caloptéryx éclatant est hélas resté dans l’ombre commun, vainqueur en 2007.
En 2009, l’ours brun était enfin titré, un choix légitime mais qui donna lieu à de houleux débat sous prétexte que deux animaux bruns en cinq ans, c’était un peu beaucoup.
L’an dernier, l’abeille à longues antennes n’avait pas réussi à faire le buzz.
C’est le lombric qui a été choisi cette année. Félicitations à lui. C’est mérité.

Car le lombric, ce malaimé, est issu d’une famille qui a beaucoup souffert (les lumbricidés (aucun rapport avec la lubricité), ordre des oligochètes, classe des clitellates, embranchement des annélides). Il est souvent raillé car il se nourrit de compost, ce qui est encore très mal perçu en société de nos jours. Or, quelle économie, quel gain de temps, cela serait si les gens, au lieu de chats, de chiens ou d’axolotls, se mettaient à adopter, comme animal de compagnie, des vers de terre ! Plus besoin de se dire, oops, c’est jeudi, j’ai encore oublié de sortir le seau à compost (attention, toutefois, jeunes célibataires, si vous décidez d’adopter un lombric (et de le nommer Jean-Eric), le carton de pizza se composte très mal, contrairement au ticket de métro).

Preuve que le lombric dérange, non seulement le peu d’articles que lui consacre la presse, trop soucieuse de défendre les intérêts des puissants en nous détournant de cet animal modeste mais courageux, mais surtout, cette croyance populaire trop répandue, probablement colportée par des groupes organisés décidés à lui nuire. Une fois coupé en deux, le ver de terre ne se dédouble pas. Il fait ce que fait tout être vivant sérieux et raisonnable dans la même situation, il meurt dans d’atroces souffrances. Et s’il dérange, c’est peut-être à cause de sa sexualité débridée: hermaphrodite, il possède des testicules dans ses 10 et 11e segments et des ovaires dans le 13e, ce qu’il fait qu’il peut très bien être couillu et féminine sans être taxé d’incohérence. Au moment de la reproduction, nous dit le poète, deux vers s’accouplent en position tête-bêche, étroitement unis par la sécrétion muqueuse du clitellum, ce qui fera rêver, j’en suis certain, nombre de lecteurs adolescents.

Alain Peyrefitte n’a-t-il pas déclaré, un soir de délire paranoïaque, “quand le lombric s’éveillera la terre tremblera” ? Il faut en effet savoir, c’est important d’en être conscient, qu’il y a environ, chez nos voisins les Français, environ 66 fois plus de kilos de lombrics que de kilos de Français, ce qui laisse songeur, et il faut probablement voir la patte du Mouvement pour la Libération des Lumbricidés dans les récentes attaques terroristes dont ont été victimes récemment de nombreux groupes d’oiseaux.

2011, année de la bronze

Monday, January 3rd, 2011

En ce début d’année, vous vous demandez tous, du moins ceux d’entre vous qui utilisent le calendrier grégorien, mais franchement, il est bien plus pratique que le calendrier sayana, ce que nous réserve 2011. Je laisse à d’autres le soin de se livrer à des prévisions météorologiques, économiques, astrologiques ou zoologiques, pour me concentrer sur des faits, on n’est pas là pour raconter n’importe quoi, il y a des hôtels pour ça.

2011 est une année de type impair, c’est à dire qu’il n’y aura ni Jeux olympiques ni Coupe du monde de football ni fin du monde prévue (mais dans ce domaine, on n’est jamais à l’abri d’une surprise). 2011 est d’ailleurs un nombre premier et qui a donc l’amusante particularité de ne pas être divisible par 43, une information qui semble ne pas présenter le moindre intérêt. Toutefois, l’année 2011 sera marquée par des événements importants : la Coupe du monde de Cricket et le mariage du prince Albert. De plus, l’ONU l’a nommée à la fois année internationale de la jeunesse : dialogue et compréhension mutuelle (avec son amie 2010 car il faut bien deux ans pour comprendre les jeunes, ces êtres étranges et malicieux qui <3 bestààh plus que koupiin), Année internationale des personnes d’ascendance africaine , Année internationale des forêts et Année internationale de la chimie, autant de thèmes sur lesquels nous aurons souvent l'occasion de revenir. Inutile donc de préciser que 2011 va être particulièrement joyeuse pour les chimistes noirs arboricoles et je sais qu'ils sont nombreux à lire ce blog. On déplorera au passage l'absence d'Année internationale des objets qui font pouet quand on appuie dessus, qui se fait cruellement sentir et nombreux sont ceux qui y voient une forme de censure déguisée. Selon nos amis chinois, toujours aussi facétieux, 2011 sera l'année zodiacale du lièvre de métal*. Le lièvre, cousin sauvage du lapin, peuple nos forêts où il gambade gaiement devant les phares des voitures et est reconnaissable facilement par les promeneurs citadins grâce à sa grâce, à sa couleur lièvre et au fait qu'il ne ressemble pas du tout à un chevreuil ou à un sanglier. Les personnes nées durant l'année du lièvre de métal sont vives, sautillantes, résistantes à la chaleur et de couleur lièvre. Je prie toutefois ceux qui souhaiteraient devenir parents d'un petit lièvre de métal, et c'est un voeu légitime, d'attendre la fin de ce post avant de faire leurs cochonneries, merci. Politiquement, 2011 sera marquée par des élections en Suisse qui n'ont pas fini de nous faire rigoler et par un exode massif vers l'étranger et la fin octobre. 2011 est une année particulièrement problématique pour tout ce qui est des rimes. Les experts n'ont relevé que "2011, année du bronze". Seules les années 2014 et 15 font pire dans ce domaine, alors que 2012 (année de l'arbouse) et 2013 (année de la catachrèse) s'en sortent la tête haute. * ou du chat, ou du lapin, suivant les sources, comment veux-tu t'y retrouver ?

Ipsos Factos

Friday, December 17th, 2010

Comme il est de coutume en fin d’année, j’aimerais que vous répondiez à un petit sondage, afin que nous nous connaissions mieux. Merci de répondre calmement et sérieusement, c’est important.

N’hésitez pas à faire part de vos remarques ou de vos recettes de pâtes au Gruyère au personnel concerné.

Au prochain top

Thursday, December 16th, 2010

L’année 2010 s’achève. C’est l’heure des tops de fin d’année.

Top des gens qui ne se sont pas fait connaître en 2010 :

Pokratep Mulotang était en visite avec son épouse et leur jeune fils Hans chez sa belle-mère le soir de l’ouverture de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud. Elle avait préparé un plat traditionnel à base de légumes et de viande, vraiment exquis, il en a repris trois fois. Ils décidèrent de rentrer à pieds, car ils étaient légèrement éméchés, surtout Hans. Ils tombèrent alors nez à nez sur des reporters d’une chaîne de télévision européenne, française, ou lituanienne, ils ne savent plus très bien, qui les abordèrent en ces termes : “Hola, chers amis, nous sommes d’une télévision française, ou lituanienne, enfin européenne, et nous avons eu une idée bigrement originale pour le sujet que nous devons tourner ce jour sur les coulisses de la coupe du monde. Seriez-vous d’accord d’y faire quelque peu de la figuration ?” A ces mots, Pokratep ne se sentit plus de joie, car il avait toujours adoré passer à la télé, surtout française, ou lituanienne. “Il s’agirait”, reprit le caméraman qui avait de la suite dans les idées, “de souffler dans cette vuvuzela.” Pokratep Mulotang prit alors son souffle à deux mains et l’instrument traditionnel en plastique, dont il n’osa dire qu’il le voyait pour la première fois de sa vie. Hélas, tout ce qu’il arriva à produire est un petit pôôôp tout miquelet, à peine l’équivalent sonore du cri de rage d’une musaraigne furieuse. “Ah ouais ouais c’est ça”, s’exclama alors la télévision européenne, qui s’en fut, laissant Pokratep essoufflé et humilié.

Werner Wernersson Plouchko est l’auteur du livre “Mille et une façons de préparer la purée”, qui n’a pas rencontré le succès mérité.

Après cinq minutes de visionnage d’Inception au cinéma Appolo de Poncey-lès-Athée, Anaximandre Chouffraud s’endort. Cinq bonnes minutes après la fin du film, le personnel du cinéma le réveille. Il hurle alors “non, pas la toupie, pas la toupie” avant de se calmer : “Ouf, tout cela n’était qu’un rêve”. Hélas, les spectateurs de la séance suivante (celle de 20 heures 15, sans entracte mais avec un diaporama de photos de chats pendant le changement de bobine) prennent ça pour un spoiler et tentent de le lapider avec tout ce qui leur tombe sous la main. Tentative qui échouera lamentablement, même si dieu sait si le pop-corn de Régémonde Craffougnard, ouvreuse, vendeuse de pop-corn, propriétaire et garde-champêtre du cinéma Appolo de Poncey-lès-Athée, est réputé pour sa dureté.

Jean-Bernard Housson n’est pas genre à se laisser impressionner. Lorsqu’il apprend pour la terrible catastrophe écologique qui frappe le golfe du Mexique, il décide tout de go de boycotter tous les produits du groupe BP. Président de l’association de nordic-walking de Magny-Montarlot, secrétaire général de l’amicale des sentiers pédestres bourguignon, membre d’honneur du club local des piétons anonymes et célèbre dans toute la communauté de communes pour avoir raté dix-neuf fois son permis de conduire, il n’est pas pris au sérieux.

Psykokwak Sanchez, excédé d’entendre tous les jours parler de Wikileaks à la télévision, décide d’en avoir le coeur net. Il se munit d’un ordinateur portable disposant d’une connexion au réseau internet, grâce au wifi, et se rend sur la page du célèbre site. Après dix minutes de recherches intensives, il s’exclame “holala, c’est trop compliqué ce truc, j’y comprends rien”, et ne retournera plus jamais sur le dit site.

Hips hips hips hourra

Monday, December 13th, 2010

Fidèle à sa mission de service public, bon pour ton poil, le blog qui t’aide à briller et à être lustré en société, a décidé de s’enrichir d’une nouvelle rubriqueet t’aidera désormais et à une fréquence de une fois tous les ouuh, tout ça, à parler d’un journal que tu n’as pas lu
Et s’il est un magazine que tu te targues d’aimer mais que tu n’as jamais le temps de lire tellement il y avait aussi un Fluide Glacial au kiosque de la gare ce jour-là, c’est bien le Courrier International. Dont voici la dernière couverture.

Le hipster, contraction de hippie, dont il a la nonchalance échevelée, et de hamster, dont il a les bajoues, est un peu le nouveau bobo, mais en mieux. Le hipster pratique abondamment l’hipstmatic, une sorte de rituel vaudou qui consiste à tenter de faire croire qu’il suffit d’appliquer un filtre moche à une photo inintéressante pour que soudain, tout cela devienne de l’art.

Le hipster est nomade et écolo. Attention, toutefois, tous les nomades écolos ne sont pas des hipsters. Les gitans, par exemple, sont extrêmement soucieux de la nature, tout comme les touristes néerlandais. Le hipster est également geek et esthète, ce qui signifie qu’il lui arrive régulièrement de télécharger des photos de dauphins pour en faire le fond d’écran de son iPad.

Tout le monde ne peut pas devenir hipster : Justin Bieber et moi-même, par exemple, ne pourrons jamais arborer la pilosité faciale indispensable. A moins d’aller faucher la barbe d’un père Noël, (car hipster est aussi la contraction de hip hop et gangster) (ainsi que de hippomobile et de stère, ainsi que de hypoglycémie et de dragster). De même, les chemises à carreaux et les larges lunettes ne vont pas à tout le monde : elles ne vont à personne. Mais le hipster n’en a cure : en effet, il est décalé.

Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes. Quand le décalé devient à la mode, il cesse d’être décalé et, pour être décalé, il faut alors redoubler de malice. Un bon conseil : l’adoption spontanée du désormais célèbre dresscode de l’UBS pourrait devenir le punk de demain.

How i met your modem S02

Wednesday, December 8th, 2010

(La saison 1 en dvd)

« En 2010, il existait encore des journaux sur papier. La plupart d’entre eux avaient également un site internet. Et la plupart de ces sites autorisaient les commentaires.

L’on vit alors apparaître tout une classe de gens étranges. Ou, peut-être, avaient-ils toujours été là. Ils parlaient à voix basse, ou alors on ne les écoutait pas trop fort, je ne sais plus. En tout cas, nous étions nombreux à nous étonner de leur omniprésence. Ils apparaissaient sur les sites de médias, de partage de vidéo, les blogs. Ils affectionnaient particulièrement les faits divers, les articles politiques et économiques, mais ne dédaignaient pas le sport, le people et, même, parfois, les articles les plus insolites : je me souviens encore en tremblant d’une discussion, pourtant partie de la naissance de deux loutrons dans un zoo (un endroit où on allait, le dimanche, tromper son ennui en regardant des animaux en cage s’ennuyer plus que nous), qui avait fini par dériver, dans un flot d’insulte, sur les dangers de l’immigration rampante en passant par une critique virulente du président français d’alors, j’ai oublié son nom, il n’était pas très grand et tout nerveux, et une comparaison audacieuse entre la situation actuelle et celle prévalant dans les années 1930.

Ces sites avaient des modérateurs mais ils étaient très modérés dans leurs interventions. Peut-être de peur d’être accusés de censure, peut-être parce qu’ils avaient intérêt à ce que les visites soient nombreuses sur leurs sites et que ça ne les dérangeait pas tant que ça que les discussions dérapent immanquablement. Toutefois, en 2014, une affaire fit le buzz, comme on disait. Un modérateur, en proie à une terrible crise de paranoïa, se jeta d’un pont en hurlant “non, pas le complot, pas le complot”, persuadé que s’il neigeait ce jour-là, c’était une preuve que le gouvernement cherchait à détourner l’attention des vrais problèmes des gens avec la complicité des médias et (assez curieusement) du lobby des charcutiers de Province.

Mais les modérations devinrent de plus en plus sévère. En effet, les groupes de défense de minorités étaient toujours plus nombreux. Le Nouveau Journal de Morges, pour citer un exemple, se fit intenter 19 procès pour un fil de discussion suite à un article sur la pose de nouveaux bancs au gymnase. Parmi les plaignants, on retrouvait des associations anti-racisme, mais aussi de défense des droits des étudiants, des fabricants de bancs, des yorkshires, des paléontologues, des chauves et des bancs.

Les médias, qui n’avaient pas tellement les moyens, se mirent alors, tour à tour, à refermer leurs commentaires. Et les habitués des commentaires, les yeux vitreux, le regard hagard, durent alors trouver d’autres occupations. On découvrit ainsi que le célèbre Bob Courtblanc possédait en réalité vingt-trois identités, dont une ultragauchiste, sur de nombreux blogs et sites de journaux.

Les premières cures de désintoxication pour accros aux commentaires ouvrirent. Le premier jour, il y eut huit morts. Puis les tensions s’estompèrent. De fait, tout se déroula plutôt bien, jusqu’au jour où le directeur d’un établissement réputé de la réhabilitation à la vie sans commentaires décida qu’il serait bon pour les résidents de raconter leur expérience sur un blog. »

Schnee von gestern

Monday, December 6th, 2010

C’est un véritable fléau. Mais évidemment, les politiciens, déconnectés du peuple, dans leurs tours d’ivoire, ne font rien. Alors que les prochaines élections approchent, aucun d’entre eux ne veut prendre le risque de s’engager sur un sujet aussi sensible. Ils préfèrent se concentrer sur des sujets comme l’insécurité pour détourner l’attention de la population des vrais problèmes, et parce qu’ils craignent pour leur petit confort (car, je le rappelle, ils sont déconnectés du peuple dans leur tour d’ivoire et au prix où est l’ivoire aujourd’hui, tu penses bien que c’est la première chose qu’on va voler en cas d’insécurité).
Et les médias, asservis au pouvoir qui les nourrit, n’en parlent jamais, préférant se concentrer sur les pages people, le sport et les mots fléchés.

Et pourtant, chaque jour, des personnes n’osent pas sortir de chez elles, des personnes sont victimes de graves accidents, des personnes sombrent dans la dépression à cause de ce terrible fléau qu’est la neige. La neige à cause de laquelle les routes doivent être déneigées, et tout ça aux frais du contribuable, bien sûr. Contribuable qui, soit dit en passant, est également obligé de changer de pneus deux fois par an, sans jamais bien sûr recevoir en échange le calendrier Pirelli. La neige à cause de laquelle mon train a eu plus de trois minutes ce matin. Dans quel monde vit-on ? La neige qui étend son blanc manteau sur la nature alors que nous avons payé pour des télés couleurs. La neige qui s’insinue dans nos coeurs et nos chaussures, et il ne faut pas s’étonner si les politiciens ne font rien, de peur de déplaire aux puissants lobbies des pharmaciens, des carrossiers et des vendeurs de moon-boots.

C’est pourquoi le Parti Contre la Neige s’engage dès aujourd’hui, si vous votez pour lui, à se battre sans répit pour faire cesser ce terrible fléau, pour faire de la Suisse un pays sans neige, à part peut-être dans les stations de ski, et encore, ils ont qu’à installer des canons. Et pour cela, le Parti Contre la Neige a un plan très simple: lancer une initiative qui, en cas d’acceptation, obligerait le Parlement à prendre toutes les mesures nécessaires pour enfin nous débarrasser de ce fléau qui nuit à notre économie (pourquoi croyez-vous que les pays émergents, Inde, Brésil, en sont privés ? Ils ont compris depuis longtemps !), à notre écologie et à nos fémurs.

Ne vous laissez plus tyranniser par le terrible diktat de la neige, votez Parti Contre la Neige !

PS: au niveau du reste de notre programme politique, on n’aime pas trop la pluie non plus.

Heimweh to hell

Tuesday, November 30th, 2010

Dans le cadre des nouvelles mesures de sécurité helvètes, je suis dans l’obligation de vous faire passer ce petit test d’intégration afin de déterminer si vous représentez un danger envers notre beau réduit national.

Un bon étranger est un étranger
en étrangéristan
riche
chauve
Suisse allemand

Pour faire une bonne fondue, il faut
du Gruyère pas trop salé, du Vacherin, un bon vin blanc, du kirsch, de la maïzena et beaucoup d’ail
du Schabziger
beaucoup de chance
avoir perdu l’odorat dans un accident de cache-nez

Les quatre langues nationales sont
Le chtobirne, le français et puis… ah oui, l’italien et, ahem…
Le züridütsch, le bärndütsch, le baslerdütsch et l’anglais
Quatre langues ? Ça me paraît économiquement irresponsable
La langue de bois, la langue de boeuf, le langue de chat et l’Alinghi

Connaissez-vous l’hymne national ?
Non
Attends je crois que… non, en fait, non
C’est pas un truc avec des montagnes ?
Quoi, on a ça en Suisse ?

Citez un grand artiste suisse
Roger Federer
Henri Dès
L’architecte, là… Corbier ?
Oskar Freysinger

Tiens, puisqu’on parle de Federer, il devrait
être sanctifié
changer de métier
changer de coiffeur
changer de femme

Delon, Schumacher, Polanski et consort sont en Suisse pour
la vue
le calme
le joddle
les Lausannoises

Faut-il faire pique atout avec deux au nell ?
Ça dépend si tu peux repartir derrière avec des bocks
Pas si tu as chantourné un chasuble dans l’escabèche
Oh kottftammi vous les Welsches vous faites n’importe quoi
Ça dépend

Il paraît que dans les dossiers de Wikileaks y a des trucs qui concernent la Suisse
Probablement la recette de la fondue
Tu m’étonnes, le monde est tellement jaloux de la Suisse que les diplomates ont dû s’en donner à coeur joie
Wikileaks, ça a un rapport avec l’agriculture ?
Oh quelqu’un parle de nous ? Ils ont pas confondu avec la Suède ? Judihu !

L’armée suisse est
la plus efficace du monde
décorative
une sorte de grande 7e compagnie
quand même le meilleur moyen d’apprendre des gros mots en Suisse allemand

La devise nationale est
Si on fait une exception pour un, on doit en faire pour tous
So geil !
Dedieu ste cramine
Le franc suisse

Il n’y a pas plus de questions parce que
ça coûte cher
il est interdit de poster après 22 heures
ig ha mini Ovo no nid gha
c’est la crise

Maintenant, comptabilise tes réponses. Si tu as aimé comptabiliser, tu es probablement suisse. Si tu t’es trompé dans le décompte, tu es sûrement un welsche. Imprime tes réponses en huit exemplaires et envoie les par fax au Conseil fédéral. D’ici huit ans, tu devrais avoir les résultats.

Avec ma gueule de patrimoine

Friday, November 26th, 2010

Un samedi, la famille Chouffron, de Frambouhans (25), reçut à dîner des amis, les Planchaud. Catachrèse Chouffron, (qui avait grandi en Côte d’Or) prépara son fameux boeuf bourguignon, avec en entrée une terrine au poivre. Paul-François Chouffron s’était chargé du dessert, une tourte dont il disait détenir la recette d’une vieille tradition familiale, mais qu’il avait en réalité découverte sur marmiton, alors que les Planchaud avaient amené un petit vin d’Arbois et les fromages. Et c’est justement au moment du morbier que débarqua un car entier de touristes japonais venus immortaliser le repas gastronomique à la française, récemment inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.

Pendant ce temps-là, des gens essayaient de faire inscrire Le Corbusier au même patrimoine mondial. Pas juste une de ses constructions les moins laides, non, tout son patrimoine architectural.
Puis ce fut la folle cavalcade. Tout le monde voulait voir ses spécificités culturelles reconnues. Les Italiens firent inscrire le farniente au patrimoine mondial de l’humanité, les Suisses les bacs de géraniums devant les fenêtres des chalets au gazon soigneusement tondu et orné de nains, les Espagnols tentèrent d’y faire inscrire le fait de gagner toutes les compétitions sportives, les Russes le petit verre de vodka d’avant 9 heures du matin et les Bretons leurs chapeaux ronds. Partout, dans le monde, il se formait des comités de soutien pour tout et n’importe quoi, le quadrille, la country, le ukulele, l’alpinisme, la viande en sauce.

Un village fit inscrire son architecture particulièrement banale, un autre ses toits particulièrement rouge, un troisième son bar PMU particulièrement fermé le lundi, un dernier son allée de platanes, une des seules au monde à compter 17 platanes. Les demandes ne cessaient d’arriver et cette année-là, l’UNESCO embaucha des centaines de nouveaux spécialistes en inscriptions.

C’est à ce moment-là que quelqu’un demanda “mais à quoi ça sert, au juste, un patrimoine ?”, mais il se fit très vite rappeler à l’ordre.

Une twitteuse jusque là méconnue demanda officiellement à l’UNESCO d’inscrire ses seins au patrimoine mondial de l’humanité. L’idée fit débat: de notes de blogs en vidéos youtube et en groupes de soutien sur Facebook, le buzz fut énorme. Les journaux s’emparèrent de son histoire, déclenchant des centaines de commentaires (tout ça, c’est pour détourner l’attention des vrais problèmes de la société que sont l’islamisation rampante et la construction européenne (Le Figaro) / tout ça, c’est de la faute à Sarkozy (Libération)). Puis, au bout de six mois, quelqu’un demanda “au fait, on les a vus, les nichons de la meuf” et comme tel n’était pas le cas, on passa à autre chose.

Puis un groupe de militants postnéoalterhippies proposèrent d’inscrire l’humanité au patrimoine mondial de l’humanité. Ce fut accepté, ce qui provoqua immédiatement une fissure dans l’espace-temps et, à terme, l’invasion du monde par des créatures ressemblant un peu à des kangourous mais pas trop.

Quant à Paul-François Chouffron, il aurait bien repris un peu de salade.

Est-ce PQR ?

Thursday, November 25th, 2010

Des nuages noirs s’amoncelaient. Le vent se faisait plus mordant, tout droit venu des régions arctiques. Le premier flocon n’allait plus tarder à tomber.

Pierre-Pascal sortit de son bureau et demanda au premier quidam venu ce qu’il pensait de la neige. Réflexe pavlovien. Cela faisait pourtant des années qu’il avait arrêté le journalisme, sa famille le pressant de se consacrer à une activité sérieuse. Mais, chaque hiver, c’était la même chose : le jour des premières chutes de neige de l’année, il ressortait sa vieille caméra et s’en allait interviewer Olaf, automobiliste en train de changer ses pneus, Hojt, employé communal très affairé à déneiger les rues, et la célèbre météorologue Maria Mettral qui lui disait que il n’y a plus de saisons, mon bon monsieur, ces enfants heureux de jouer dans la neige mais bien conscients que leur bonhomme ne tiendrait pas la nuit, mince de mine, ça vaut bien la peine, on perd une carotte à chaque fois.

De tous les marronniers, la première neige avait toujours été son préféré. La journée mondiale de l’alcoolisme, la journée mondiale de la salpingite, la journée mondiale de la jupe, il s’en passait volontiers. La baisse des réservations de vacances, la hausse du prix de l’essence, la rentrée scolaire, l’anniversaire du siège de Sébastopol et l’émergence des blogs de mode, il n’y avait jamais plus repensé.

En revanche, il se souvenait avec effroi d’un hiver terrible. Le premier flocon, timide, avait attendu janvier pour se montrer. Quand, enfin, il avait touché terre, Pierre-Pascal avait brandi sa caméra pour s’en aller glaner de précieux témoignages glacés. Las. Ce jour-là, un cruel destin avait fait coïncider le fait d’hiver avec tant d’événements si importants que l’agression d’un rottweiler par une vieille et un nouveau rebondissement dans l’affaire du type qui faisait la grève de la faim depuis six mois que le reportage sur les premières chutes de neige avait été réduit au minimum, 15 secondes d’images en musique en fin de journal.

Mais où sont les neiges d’antan ?, se demandait Pierre-Pascal, qui officiait aujourd’hui comme Community Manager pour une grande entreprises de saucisses.

Mais soudain, il vit foncer sur lui Plectruda, la jeune stagiaire qui l’avait remplacé lorsqu’il avait quitté Goumoens-Télé. « Monsieur, je vous prie, pourriez-vous me dire ce que vous pensez de la neige ? » « Mais, ma pauvre enfant », répondit-il avec ce souci de didactisme qui l’avait toujours caractérisé, « c’est complètement con, comme question. »