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coquillettes gratinées

Tuesday, October 26th, 2004

Dans l’Antiquité, les dieux, fallait pas les emmerder. Un mot de travers et tu te retrouvais à devoir échapper à des sirènes et à tomber tout le temps de Charybde en Scylla, d’où la célèbre expression “les dieux, faut pas les emmerder”.

C’est ce qui arriva à Ulysse, un brave gars de Haute-Garonne (31), qui venait de livrer une guerre à Troyes (10) et qui voulait simplement retourner, plein d’usage et raisons, vivre entre ses parents le reste de son âge, et surtout retrouver Péné, son épouse et Télémaque, son fiston, ainsi prénommé parce qu’il avait été conçu devant la télé, pendant une pub pour le Mac Do. Malheureusement, il se fit malédictionner sa gueule et mit dix ans pour faire le voyage, ce qui est un peu long, même en tracteur à pédales.

Pour passer le temps, Péné passait ses journées sur internet. Mais elle sentait au fond de son coeur affligé qu’Ulysse vivait encore. Ainsi, quand ses interlocuteurs lui disaient: “Quoi? Tu aimes le tricot, le ping-pong et les pétunias? Exactement comme moi, incroyable, on baise?” elle leur répondait que avant, elle devait finir une tapisserie murale. Un habile subterfuge qui lui permit de faire pousser tous ses soupirants des soupirs de désespoir. Mais quand même, elle commençait à se demander si son Ulysse était pas en train de regarder les rediffusions des aventures du commandant Cousteau ou de folâtrer avec cette pétasse de Circé, bien le genre à transformer les hommes en cochons, celle là.

Mais finalement, Ulysse revient, et c’est un bien long chemin.

Les dieux d’aujourd’hui, en revanche, ne savent plus s’amuser. Tout au plus, ils donnent des petits coups de main invisible aux originaux qui se promènent en ballon mais sinon plus de malédiction, plus rien, ils se déguisent même plus en cygnes pour draguer, ils ne s’intéressent plus qu’à leurs querelles de voisinage. Ce qui n’empêche pas les gens qui s’en vont faire les guignols autour du monde en laissant leur femme faire tapisserie à la maison d’être considérés comme des héros.