Posts Tagged ‘Moyen Âge’

Bielles latinos

Sunday, March 20th, 2005

Dans la série l’origine des expressions françaises:
prendre son pied

Nous sommes au Moyen-Âge, dans le charmant village de Saxon, (où il n’y a pas encore de piscines) qui doit son nom au fait qu’un Anglo du même nom s’y est égaré en cherchant Verbier.
Le petit Yann est épris de Laure, patineuse émérite. Timide(alors que Laure, elle, est hardie), Yann n’ose l’approcher. Un plan machiavélique se dessine alors dans sa tête: il va se mettre lui aussi au patinage, afin d’impressioner la demoiselle. Dès lors, ce ne sont que pirouettes, lutz et autres saltos piqués. Alors que les autres jeunes de Saxon se passionnent, en cette époque barbare, pour le hard-rock, Yann passe ses journées à enchaîner les axel. Très vite, il passe maître dans l’art difficile du tournage sur lui-même sans vomir.
Un jour, n’écoutant que son courage, il propose à l’élue de son coeur de s’entraîner de concert. Elle accepte et le petit Yann est aux anges.
Mais ce bonheur ne sera que de courte durée: Laure abandonne le patinage pour le tapinage la chanson. Elle promet à Yann qu’elle restera sa meilleure amie et se fiance avec Billy.
Yann est melheureux comme une pierre de curling. Sa blonde est partie et il est obligé de s’entraîner tout seul. “Le plus dur”, expliquera-t-il, “c’est pour pirouetter. Depuis que Laure est partie, je suis obligé de prendre mon pied tout seul.”

Ca s’en va, lentin

Monday, February 14th, 2005

Nous sommes le 14 février 1312. Valentin Lessin est heureux: il vient de rencontrer la belle Bérénice, qui a accepté d’aller avec lui au bal de fin d’année.

Valentin aimerait bien faire des suggestions* à sa dulcinée. Mais il est d’un naturel timide. Il demande alors conseil à son cousin Germain, lequel a déjà eu moutarde maille à partir avec diverses représentantes du sexe féminin lors de ses expéditions en Mésopotamie.

“J’crois qu’elles aiment bien manger des chandelles et aussi qu’on leur offre des fleurs”, lui répond alors celui-ci, “et aussi qu’on leur dise des jolis trucs, tu sais, comme par exemple j’aimerais être une larme pour couler dans ta djeule, ou aussi je n’aime que deux choses, la rose pour un jour et les tartes aux quetsches. Ah pis aussi le feu est à l’amour ce que le vent qui souffle des fois, il ravive le petit et brûle des gens.”

Perplexe, Valentin se rend alors dans la grotte du vieil ermite au fond de la forêt, troisième porte à gauche. Mais celui-ci est parti refaire sa vie comme danseur de flamenco en Estonie, et le pauvre Valentin est bien dépourvu.

Mais à ce moment là, Bérénice envoie un message par pigeon voyageur: “Kikoo jte kiff tro, tu ve fer dé balad ds la foré ac moa tounus?”

Il accepte, mais c’est là que survient le drame. Il se rend compte que la belle est manchote et, en cette époque reculée de barbarisme où personne n’a encore tourné de films sur le pôle sud, c’est un handicap terrible: comment Bérénice pourra-t-elle participer au championnat du monde de tennis dans ces conditions? Valentin ne se laisse pourtant pas abattre et décide d’aller chez les parents de sa dulcinée pour demander la main de cette dernière.

Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et un poêle en tefal.

*Via ici, puis ici

help me if you can

Thursday, December 16th, 2004

Vous êtes nombreux à vous demander les origines de certaines expressions françaises. Ou pas.

travailler d’arrache-pied
Nous sommes au Moyen-Âge. Sigurdur Lopez est en train de buter sa gueule à une princesse afin d’aller libérer un malheureux dragon prisonnier depuis cent ans à cause du miroir de sa belle-mère cassé par sept nains de petite taille. Sigurdur est libérateur de profession. Mais soudain, c’est le drame. Il est seize heures et Sigurdur, qui est payé par l’état, s’en rentre chez lui. Sur le chemin du retour, il rencontre une jeune admiratrice, qui lui demande un autographe ainsi que le secret de son teint juvénile. Il lui explique alors que c’est parce qu’il travaille avec des instruments de première qualité et certifiés cent pour-cent recommandés par des éleveurs de champions: dard, hache, pied-de-biche. D’où l’expression travailler dard, hache, pied-de-biche devenue travailler dard, hache, pied parce que ça faisait un peu con.

tomber dans les pommes
Nous sommes au Moyen-Âge. Si, si, je te jure. Je sais, comme ça ça a pas l’air, mais en fait, oui. Le petit Isaac se rend dans son jardinet pour y lire le dernier volume des rubriques-à-brac, où il espère être renseigné quant à la blague du fou qui repeint son plafond. Mais soudain, c’est le drame. Une pomme tombe sournoisement sur la tête du petit Isaac. Comme le premier tambour venu, celui-ci raisonne sous l’effet du choc et met au point la théorie de la gravitation universelle. Bien des années plus tard, le petit Richard s’assied sur les bancs de l’école. Il découvre ledit théorème. Sous l’effet du choc, il se dit alors qu’il va faire du vélo plutôt que des études. Et dès lors, il se met à manger des vitamines. D’où l’expression “tomber dans l’EPO” devenue, par ces petits détours que la linguistique aime à emprunter, “tomber dans les pommes”.

à brûle-pourpoint
Nous sommes au Moyen-Âge, un lundi. Jennifer de Sainte-Jouxte est chez elle, en train de faire son repassage. Soudain, son amant, le célèbre Jonathan de Clavaleyres, pénètre dans la salle et s’immisce subrepticement derrière elle. (c’est le genre de phrases qui donne envie de se lancer dans l’écriture sms, un peu comme le meilleur d’entre eux) Jennifer est surprise, elle dérape. Et là, soudain, c’est le drame. Son pourpoint neuf est victime d’une brûlure au troisième degré. Malgré l’application immédiate de divers onguents, rien n’y fait. C’est alors que Jennifer tance Jonathan, et cette phrase aujourd’hui oubliée, mais qui pourtant est restée ancrée dans l’inconscient collectif: “Zyva, comment que t’arrives trop à brûle pourpoint”

un cochon d’Inde
Pourquoi dit-on un cochon d’Inde alors que cette bête n’est pas un cochon et ne vient pas d’Inde? A vrai dire, je m’en fous un peu.

Brasse coulée

Tuesday, September 28th, 2004

Une récente étude de marché a prouvé que plusieurs d’entre vous avaient trouvé pas trop mal les récents billets à tendance linguistique. Soucieux d’aller au-devant des besoins de ses consommateurs, Bon Pour Ton Poil ne recule devant aucun sacrifice, sauf les sacrifices humains parce que ça tache. Et les sacrifices de pangolins parce que c’est pas très gentil et que ça abîme le couteau.

Nous allons donc aujourd’hui nous intéresser à ces mots qui n’existent plus que dans une expression. Les cons.

Au fur et à mesure: Au Moyen-Âge, pour mesurer la taille des champs et les aures trucs qu’on voulait mesurer, on utilisait un furet à mesures. Il s’agissait d’un animal mesurant exactement un mètre, dont on se servait comme étalon.
Ce qui posait deux problèmes: premièrement, pour pouvoir mesurer le furet et être ainsi sûr qu’il était de la taille requise, il fallait disposer d’un furet à mesures, ce qui était un peu un cercle vicieux. Deuxièmement, le furet est un animal peu coopératif, voire parfois vicieux. Comme cette technique demandait un investissement temporel énorme, on avait coutume de dire “au furet à mesures que tu mesures ton champ, ben la saison des récoltes elle va être passée”.
Pour étalonner leur terrain, les gens délaissèrent vite l’animal et se tournèrent vers les étalons, moins précis mais plus sympas. Mais l’expression est restée.

Sans ambages: Au Moyen-Age, les jambages désignaient des espèces de collants que les malfrats et autres s’enfilaient sur le visage avant de s’en aller détrousser sans vergogne de pauvres innocents. Les techniques d’alors n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui et les malfaiteurs avaient pour habitude d’allonger inutilement leurs discours. Cela donnait des trucs du genre: “Halte là, mon brave, auriez-vous l’obligence de bien vouloir céans vous délester de votre bourse, afin que je m’en emparasse, je vous prie, sinon je t’éclate la gueule, sale maraud, faquin, butor de pieds plats ridicule de mes deux?”
Malheureusement, le port de jambages rendait la compréhension de ce discours fort peu aisée. Les victimes répondaient plus souvent qu’à leur tour: “Faites excuse, mon brave, mais ne sauriez-vous pas parler sans jambages?”
Les malfrats s’enfuyaient ensuite, prenant leurs jambages à leur cou. L’expression est, par la suite, devenue: “parler sans ambages” pour emmerder les linguistes.

Peu m’en chaut: Au Moyen-Âge, on disait “je m’en soucie fort peu, un peu comme je me soucie des pingouins, qui ne m’intéressent pas”.
En ce temps là, les jeunes usaient pour communiquer entre eux du Service de Messagerie Stylistique: ils gravaient les messages qu’ils destinaient à leur interlocuteurs sur des plaques de marbre, qu’ils faisaient ensuite hippotracter jusqu’à leur destinaire.
Afin de gagner du temps, le gravage étant une activité de longue haleine à cette époque ou le tic tac n’avait pas été inventé, les jeunes avaient recours à l’abréviation et écrivaient donc “Peu pingouin”.
Mais des siècles plus tard, un explorateur décréta que il ne s’agissait pas d’un pingouin mais d’un manchot. Soucieux de couvrir leurs aînés, qui auraient eu l’air bête si on avait su qu’ils confondaient ces deux mammifères, les nouveaux jeunes s’arrangèrent pour que l’expression “peu manchot” devienne “peu m’en chaut” et inventèrent une explication confuse à propos d’un supposé verbe challoir. Aujourd’hui, on ne dit toutefois plus “peu m’en chaut” mais “je m’en bats les couilles”.

ah ouais mais non

Wednesday, September 8th, 2004

Or donc, grâce à d’attentifs lecteurs, on sait désormais que battre son plein vient de son et non pas de son ni même de son.

Mais d’où vient cette sympathique expression?

Nous sommes le 12 juin 1228. Chiloberic Dupont, son épouse Gwennehilde et leur deux enfants sont en villégiature dans le Sud de la France. Pour passer le temps, ils décident de jouer au jass.

L’endroit est idyllique. On n’entend que le bruit des grillons, parfois interrompu par un “mais pourquoi tu tires atout, si je joue le neuf de pique ça veut quand même dire que c’est forcément moi qui ai le valet de carreau ou bien?”

La partie avance, les grillons continuent à remuer des élytres. Et ce qui devait arriver arrive: après autant d’élytres, ils sont en état d’ébriété avancé et commencent à chanter des chansons grivoises.

C’est à ce moment là que Chiloberic annonce un “deux cents les bour, chteuckre et cinq de der”* victorieux.

D’où l’expression “battre sa femme au jass au son des grillons qui chantent “ah c’qu’on est bien quand on est complètement plein, complètement bourré…”” qui, au fil des années, est devenue “battre son plein”.

Il faut donc écrire “les campagnes battent son plein” et non “les campagnes battent leur plein”. Autant pour moi.

*bon ok, mais la plupart des gens qui lisent vont y voir que du feu

Nota bene: Si tu es arrivé ici via google, ou même via autre chose, que tu t’es servi des informations ici distillées pour ton exposé de trigonométrie quantique ou pour frimer devant ta copine et que tu t’es pris un coup de rateau, ça t’apprendra à croire tout ce que tu lis dans l’internet.