Hier, ce blog a été linké sur lefigaro.fr. Il a donc accueilli moult nouveaux visiteurs, bonjour, et peut-être certains d’entre eux sont-ils restés, en plus ils avaient le temps, aujourd’hui, vu qu’ils faisaient pas grève. Je vous en prie, installez-vous, faites comme chez vous (comment ça fait, chez lui, un lecteur du Figaro ?)(dans le doute, faites comme chez votre voisin plutôt).
Justement, vous tombez bien. Il y a une question que je me pose depuis qu’il y a un ministère de l’identité nationale chez nos sympathiques voisins d’outre-Doubs: c’est quoi, une identité nationale ? Je retourne ça dans tous les sens, ce n’est pas logique. Je ne sais pas, je suis suisse, mais je suis aussi porteur de lunettes, trentenaire et doté d’une taille supérieure au mètre 85. Est-ce que je dois aussi partager des valeurs avec tous les myopes ? Je veux dire, ok, si Roger Federer se pointe, je partage toutes les valeurs qu’il veut. Mais les patrons de l’UBS… bon ok, techniquement, je partage aussi quelques valeurs avec eux, mais on m’a rien demandé. Pourtant je me dis que ça doit être important, sinon y aurait pas de ministère pour ça. Ok, y a aussi une garde des sceaux et comme ça, à première vue… mais c’est peut-être des sceaux super précieux, que la France tenait de sa grand-mère, alors elle y est attachée, je sais pas.
Bref, donc, wikipedia ne m’éclaire pas des masses: ” L’identité nationale est le sentiment que ressent une personne de faire partie d’une nation. Ainsi, une personne peut se déclarer français quand il est officiellement de nationalité française, mais aussi quand il se sent partager assez de « points communs » avec les français pour appartenir à leur communauté. ” J’ai tellement pas compris que j’ai laissé la faute. Je vois mal le truc. “Hé salut, Fiodor, ça va ? Comment tu te sens aujourd’hui ?” “Français, et toi ?”
Alors je me suis intéressé un peu aux devises nationales. Celle de la France, on connaît, Liberté, égalité, fraternité. Du coup, tu peux te sentir français parce que tu partages ça, tu vois ? Du coup ça m’arrange bien d’être suisse, je suis fils unique. Mais là non plus, tout me semble pas très clair. Si tu aimes la liberté, par exemple, tu as pas mal de choix. Si tu penses que l’union fait la force, tu peux encore choisir un peu. Mais si tu aimes la pluie, il ne te reste que le Lesotho et le Botswana. Et si tes valeurs fondamentales à toi c’est se sentir libre de feuilleter Union sous la pluie, tu es apatride.
Bon. Moi je suis suisse, donc. Ça aurait pu être pire, j’aurais pu être barbadien. Mais tout de même. “Un pour tous et tout pour un“, tu parles d’une devise. Je veux dire, c’est vrai qu’on est super unis, enfin, à part les Valaisans, les Fribourgeois, les Vaudois, les Zurichois et les Suisses allemands en général, mais sinon, on est unis comme les doigts de la main. Une main qui a eu un terrible accident, ok, mais elle garde son identité manuelle.
Mais est-ce que, quand je vais faire les commis en France voisine et que je râle parce que depuis le passage à l’Euro, ça vaut plus la peine, c’est de l’identité nationale ? Et est-ce que je suis un traitre à ma patrie qu’on va tondre dès que possible parce que, l’autre jour, en sortant de la piscine, grisé, j’ai osé, dans un instant d’oubli total, et crois-moi qu’on n’a pas manqué de me jeter le même regard dédaigneux que tu jetterais à un type qui serait contre la fraternité, commander à manger après 13 heures 30 ?