Y a des trucs, un jour ils existaient pas. Mais maintenant, ils existent. Tout ça, c’est parce que quelqu’un les a inventés, ces trucs. Parce que si personne les avait inventés, ils n’existeraient toujours pas et ça, ce serait dommage, surtout pour ces trucs et pour l’inventeur de ce truc, aussi, parce que bon si il est un peu malin, il l’a vendu très cher et maintenant il a plein d’argent et il s’achète des tas de frappés à la banane, mais je suis en train de m’égarer en double file.
Le moment de dire “bref” est donc venu.
Bref.
Donc, y a des trucs, comme ça que on a tellement pris l’habitude de les employer que on sait plus du tout comment on vivait avant que ils existent. Genre le téléphone portable: avant son invention par Athangor Téléphoneportable le 12 juin 1846 à 21 heure 37, les gens qui disaient “un jour, on pourra porter son téléphone” se faisaient brûler sur le champ et sur le bûcher. Aujourd’hui, c’est les gens qui disent “han, t’façons les téléphones portables, c’est satan” qui se font bûchiser.
Mais c’était pareil pour, par exemple, le feu (mis à part que le bûcher a été inventé plus tard). Avant son invention, on s’en passait très bien. Cinq ans après, les gens qui perdaient leur briquet alors que tous les kiosques étaient fermés étaient immédiatement bannis de la tribu. Quand bien même les journaux de l’époque titraient régulièrement “des chercheurs pensent que le feu, çe donne le cancer des dents et des tas de maladies pas bien”
Et depuis l’époque du feu, ça a fait pareil avec plein de trucs. Par exemple les ordinateurs, genre. Mais aussi la télévision, le micro-onde, le chocolat, les endives, les chaussures, les canards en plastique et Amélie Poulain.
Si, si, Amélie Poulain. Parce que c’est vrai, avant Amélie Poulain, si vous disiez “han c’est cool, Yann Tiersen”, on vous répondait “ouais mais moi, en basket, je suis plus pour le Pérou que pour la Norvège”. Alors que maintenant, non seulement tout le monde sait qu’en fait Yann Tiersen est un trapéziste moldave, mais en plus, tout le monde a forcément déjà entendu la B.O. d’Amélie Poulain au moins une fois, dans une pub, une émission télé sur les trombones, le film du mariage de tata Josette, la cassette qu’on a fait pour l’anniversaire du cousin Helmut, un concert de Yann Tiersen, un film, un reportage sur l’abattage rituel des pingouins en Autriche.
Ou par exemple, un autre exemple: il fut un temps où l’homme n’avait pas encore découvert la chute. Le Rhin ne chutait pas, les reins non plus, et les blondes qui voyaient une peau de banane l’évitaient. Et il n’était point nécessaire de trouver une chute quand on arrivait au bout d’une histoire.