Que fait Raph lorsqu’il n’a pas trop grand chose à dire mais qu’il faut qu’il sorte une note quand même parce que ses lecteurs vont s’impatienter et qu’un lecteur qui s’impatiente il est capable de tout, même d’aller voir des sketchs d’Eric et Ramzy sur Youtube ? Eh bien, il a une recette infaillible : il prend un film qui vient de sortir ou une chanson qu’on n’arrête pas d’entendre à la radio et il raconte n’importe quoi dessus.
, a déclaré un jour Lao-Tseu un mec dont le pseudonyme est “Le Concombre“, autant te dire qu’il ne faut pas prendre ses allégations trop au sérieux, mais bien au contraire les couper en rondelles pour s’en faire des masques de beauté.
Or, c’est totalement faux, et je ne saurais accepter de telles affabulations.
Il m’arrive aussi de prendre de vieilles chansons.
Mais attention, de vraies chansons de qualité bien.
Richard Cocciante
LE COUP DE SOLEIL
Paroles et musique: Jean-Paul Dréau
(aucun lien de parenté avec Jean-Paul Deux)
J’ai attrapé un coup de soleil,
Ah, oui, j’ai eu ça une fois, ça fait mal.
Un coup d’amour,
La métaphore est intéressante. C’est vrai que l’amour peut parfois faire mal. Comme un coup de soleil. Mais peut aussi, parfois, être bonnard. Comme un coup de soleil (si, bien sûr, un coup de soleil au mois de février, ça rend jaloux les copains qui sont restés sous le brouillard, c’est sympa). Et peut parfois s’attraper en s’exposant au soleil, voire en se noyant dans un verre d’eau. Par contre, aucune étude ne prouve, pour l’heure, ses vertus cancérigènes. Et, surtout, quand ça te tombe dessus, inutile d’essayer de mettre de la biafine, ça passera pas.
un coup de je t’aime.
Là, comme la métaphore est un brin compliquée, il répète l’idée générale pour qu’on comprenne bien.
Je sais pas comment, il faut que je me rappelle.
Ça, en effet, pour les jeunes qui nous lisent, c’est très important : quand tu tombes ouf guedin d’une fille (je dis fille parce qu’il m’est arrivé de connaître ce doux tourment, mais ça peut être garçon, voire (mais plus rarement) lampadaire), essaie de te rappeler comment c’est arrivé, sinon tu risques d’avoir l’air sot : “Mademoiselle, mademoiselle, vos yeux sont comme les étoiles de l’océan dans les steppes mordorées d’un avril incandescent. Au fait, on s’est pas déjà vus quelque part ? Ah oui, à l’anniversaire de ton mari, c’est ça, lol, tu portais un kimono en rotin, j’ai tout de suite eu le coup de foudre. Ah non, c’était pas toi ? Ah non, tu portais un plateau avec des verres, c’est ça, il était sympa le rosé.”
Si c’est un rêve, t’es super belle.
Par contre, pour les jeunes qui nous lisent, évitez ça. Tu sais comment sont les filles, elles interprètent tout, si tu lui dis “Si c’est un rêve t’es super belle” elle va penser “Ah parce qu’éveillé je ne suis pas vraiment belle, c’est ça ?” (évite à ce moment là d’ajouter “ouais ok mais je t’ai rêvée si fort que les draps s’en souviennent, lol”). Note qu’un garçon, beaucoup plus premier degré, va se demander pourquoi tu le trouves belle et, probablement, en concevoir de la rancoeur.
Je dors plus la nuit.
Ce qui résout une question qu’on se posait tous, dis-donc ! S’il ne dort plus, c’est que ce n’est pas un rêve.
Je fais des voyages
Moi aussi, je préfère voyager de nuit.
Sur des bateaux qui font naufrage.
Par contre, je préfère faire naufrage de jour, on voit mieux les requins.
Je te vois toute nue sur du satin
Et j’en dors plus.
Tu m’étonnes. Le satin, ça tient chaud. Il ferait mieux de la voir toute nue sur de la flanelle, il dormirait mieux.
Viens me voir demain.
Mais qu’elle s’habille avant, sinon ça va faire jaser dans le quartier.
Mais tu n’es pas là,
Forcément. Elle l’a entendu parler de satin, elle l’a pris pour un genre de fétichiste, elle se méfie.
et si je rêve, tant pis.
Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit
Par contre, quand elle est là, il dort et il rêve d’elle. Ok, c’est un genre, je juge pas, mais dans ce cas là, elle est pas obligée de rester à poil sur son sapin, si ?
Mais tu n’es pas là, et tu sais, j’ai envie d’aller là-bas,
La fenêtre en face, et de visiter ton paradis.
Donc ça se précise : le mec a flashé sur sa voisine d’en face. Il a d’ailleurs longtemps préféré aux voisins les voisines. Il ‘a croisée par hasard dans une satinerie du quartier, il s’est fait je ne sais quel film et, depuis, il épie ses allées et venues. Dès qu’elle a le dos tourné, il fomente de s’introduire par effraction dans son appartement, je ne veux même pas savoir pour quoi faire. Et il est surpris qu’elle ne soit pas là…
Je mets tes photos dans mes chansons
Pour la draguer, il cause d’elle (oui, c’est encore une métaphore, on peut pas vraiment mettre des photos de gens dans des chansons)(dans ses chaussons, oui, on peut, même si ça ne sert pas à grand chose) dans ses chansons. Ça pourrait marcher, je suis sûr que ça s’est vu, mais là il part avec un sacré passif quand même.
Et des voiliers dans ma maison.
Je pense que cette strophe-là n’a rien à voir avec le reste de l’histoire, simplement le mec collectionne les voiliers et tenait à la signaler discrètement, au cas où.
Je voulais me tirer, mais je me tire plus.
Les gens qui tombent amoureux de leur voisine d’en face sont une plaie pour l’immobilier.
Je vis à l’envers, j’aime plus ma rue.
Quand il aimait sa rue, il voulait se tirer. Maintenant, il veut rester. Il serait pas un peu compliqué, comme mec (limite chiant, j’espère pour lui que sa dulcinée est co-chiante)(pardon) ? Il vivrait pas à l’envers ?
J’avais cent ans, je me reconnais plus.
La vue baisse, à cet âge là. Mais la libido aussi, donc ses problèmes de satin vont pas le tourmenter bien longtemps.
J’aime plus les gens depuis que je t’ai vue.
Pour les jeunes qui sont toujours là, je ne crois pas que ce soit un truc à dire à une fille, ça. Enfin, essayez, vous me direz.
Je veux plus rêver.
Non mais c’est bon, tu rêves pas on a dit.
Je voudrais que tu viennes
Me faire voler, me faire je t’aime.
Ça, c’est un flagrant délit de zeugma foireux ou je ne m’y connais pas…
Mais tu n’es pas là, et si je rêve, tant pis.
Tu viens de dire que tu voulais plus rêver, je te rappelle au passage.
Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit
Mais tu n’es pas là, et tu sais, j’ai envie d’aller là-bas,
La fenêtre en face, et de visiter ton paradis.
Ça y est. C’est sûr. Faut que je me décide.
Oui, ce serait bien.
Je vais faire le mur et je tombe dans le vide.
Je sais que tu m’attends près de la fontaine:
Je t’ai vue descendre d’un arc-en-ciel.
Je me jette à l’eau des pluies d’été.
Je fais du bateau dans mon quartier.
Il fait très beau, on peut ramer.
C’est pas “le coup de soleil” qu’elle devrait s’appeler, la chanson, mais “l’insolation, et carabinée encore”
La mer est calme. On peut se tirer.
Non mais tu ne te tires plus, tu as dit. Faut que tu te décides !
Mais tu n’es pas là, et si je rêve, tant pis.
Elle a peut-être pas le pied marin.
Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit
Mais tu n’es pas là, et tu sais, j’ai envie d’aller là-bas,
La fenêtre en face, et de visiter ton paradis.
Mais tu n’es pas là, non…
Mais tu n’es pas là, et si je rêve, tant pis.
Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit…
Mais tu n’es pas là…
Mais tu n’es pas là… non, non…
J’ai attrapé un coup de soleil,
Un coup d’amour, un coup de je t’aime.
Je sais pas comment, il faut que je me rappelle.
Et si je rêve, tant pis.
J’ai attrapé un coup de soleil,
Un coup d’amour, un coup de je t’aime.
Un coup d’amour, un coup de je t’aime.
C’est une chanson pleine d’espoir et très engagée : si vous allez au soleil, protégez-vous, c’est dangereux ces conneries.