Que l’on veuille se lancer dans un dialogue, un monologue, un épilogue, un catalogue ou même un blogue, la condition préalable qui sinequanonne sa mère, c’est d’avoir un sujet. Une fois ce détail réglé, la conversation jaillit limpidement tel un truc qui jaillit limpidement, comme par exemple du pétrole dans un derrick, mais pas l’inspecteur, sauf que le pétrole c’est quand même un peu opaque.
Des sujets, y en a des millions. Le FC Servette, ceux de sa majesté, la première personne du subjonctif, par exemple. Le tout est de bien savoir les choisir. Par exemple, autant il n’est pas recommandé de causer de la substentation interne dans l’oeuvre primaire de Romaric de Chausnay (1218-1316) avec sa coiffeuse autant il n’est pas recommandé d’intituler sa thèse de doctorat “Monté qu’il fait froid ces temps, ils ont annoncé de la neige pour samedi, c’est dommage, peut-être qu’on va aller au ski avec les Müller”, les professeurs de doctorisme préférant les thèmes qui n’intéressent personne mais qui ont des noms compliqués, alors que les autres gens se contentent de thèmes qui n’intéressent personne mais qui évoquent les conditions météorologiques. De même, “et chez vous quoi de neuf, et votre petit dernier, il veut toujours devenir joueur de bridge professionnel” sera plus un sujet de conversation avec les voisins que de bac de géometrie politique.
Un peu comme avec les cartes routières et les Pokémon, le tout est donc d’utiliser le bon sujet au bon moment. Or, aussi étonnant que cela puisse paraître, il est des situations où il est fort difficile d’amener un sujet sur le tapis, surtout quand le sol est dallé. Ainsi, lorsque l’on se retrouve dans l’ascenseur avec des tas de gens, la conversation se limite souvent à des sifflotements entrecoupés de regardage de chaussures.
Et dans le même ordre d’idée, je n’ai rien à dire, juste là.