Une récente étude de marché a prouvé que plusieurs d’entre vous avaient trouvé pas trop mal les récents billets à tendance linguistique. Soucieux d’aller au-devant des besoins de ses consommateurs, Bon Pour Ton Poil ne recule devant aucun sacrifice, sauf les sacrifices humains parce que ça tache. Et les sacrifices de pangolins parce que c’est pas très gentil et que ça abîme le couteau.
Nous allons donc aujourd’hui nous intéresser à ces mots qui n’existent plus que dans une expression. Les cons.
Au fur et à mesure: Au Moyen-Âge, pour mesurer la taille des champs et les aures trucs qu’on voulait mesurer, on utilisait un furet à mesures. Il s’agissait d’un animal mesurant exactement un mètre, dont on se servait comme étalon.
Ce qui posait deux problèmes: premièrement, pour pouvoir mesurer le furet et être ainsi sûr qu’il était de la taille requise, il fallait disposer d’un furet à mesures, ce qui était un peu un cercle vicieux. Deuxièmement, le furet est un animal peu coopératif, voire parfois vicieux. Comme cette technique demandait un investissement temporel énorme, on avait coutume de dire “au furet à mesures que tu mesures ton champ, ben la saison des récoltes elle va être passée”.
Pour étalonner leur terrain, les gens délaissèrent vite l’animal et se tournèrent vers les étalons, moins précis mais plus sympas. Mais l’expression est restée.
Sans ambages: Au Moyen-Age, les jambages désignaient des espèces de collants que les malfrats et autres s’enfilaient sur le visage avant de s’en aller détrousser sans vergogne de pauvres innocents. Les techniques d’alors n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui et les malfaiteurs avaient pour habitude d’allonger inutilement leurs discours. Cela donnait des trucs du genre: “Halte là, mon brave, auriez-vous l’obligence de bien vouloir céans vous délester de votre bourse, afin que je m’en emparasse, je vous prie, sinon je t’éclate la gueule, sale maraud, faquin, butor de pieds plats ridicule de mes deux?”
Malheureusement, le port de jambages rendait la compréhension de ce discours fort peu aisée. Les victimes répondaient plus souvent qu’à leur tour: “Faites excuse, mon brave, mais ne sauriez-vous pas parler sans jambages?”
Les malfrats s’enfuyaient ensuite, prenant leurs jambages à leur cou. L’expression est, par la suite, devenue: “parler sans ambages” pour emmerder les linguistes.
Peu m’en chaut: Au Moyen-Âge, on disait “je m’en soucie fort peu, un peu comme je me soucie des pingouins, qui ne m’intéressent pas”.
En ce temps là, les jeunes usaient pour communiquer entre eux du Service de Messagerie Stylistique: ils gravaient les messages qu’ils destinaient à leur interlocuteurs sur des plaques de marbre, qu’ils faisaient ensuite hippotracter jusqu’à leur destinaire.
Afin de gagner du temps, le gravage étant une activité de longue haleine à cette époque ou le tic tac n’avait pas été inventé, les jeunes avaient recours à l’abréviation et écrivaient donc “Peu pingouin”.
Mais des siècles plus tard, un explorateur décréta que il ne s’agissait pas d’un pingouin mais d’un manchot. Soucieux de couvrir leurs aînés, qui auraient eu l’air bête si on avait su qu’ils confondaient ces deux mammifères, les nouveaux jeunes s’arrangèrent pour que l’expression “peu manchot” devienne “peu m’en chaut” et inventèrent une explication confuse à propos d’un supposé verbe challoir. Aujourd’hui, on ne dit toutefois plus “peu m’en chaut” mais “je m’en bats les couilles”.