Il y a bien longtemps que ce blog, jadis haut lieu de l’effervescence scientifique et de l’émulation intellectuelle, n’a plus ouvert de véritable débat philosophique de fond. Or, un jeune lecteur de Melun me soumet cette intéressante question : Pourquoi diable, me demande-t-il, se fait-on trois fois plus draguer dès lors qu’on est casé ?
Et il met là le doigt sur un sujet sensible. Prenez un jeune homme, avec ce qu’il faut de sémillance, installez-le dans un train dans l’indifférence générale. Envoyez-le dans le wagon adjacent trouver l’âme soeur, ou au moins l’âme cousine, laissez mijoter quelque temps, disons suffisamment pour l’apparition des premiers surnoms ridicules, puis remettez-le dans le wagon initial. Des rames entières de jeunes filles lascives et nubiennes accourront alors, l’oeil pétillant, la moue concupiscente et le genou aguichant, lui lançant sans vergogne aucune de compromettants “Excusez-moi, cette place est libre ?”
Comment expliquer ce mystérieux phénomène ?
Certains ont alors supposé que les femmes seraient des agents du FBI, connectées en permanence à un réseau secret appelé à remplacer facebook, où l’on peut découvrir par simple voisinage ferroviaire si une personne est in a complicated relationship, et engagées par une organisation para-catholique pour juger de notre capacité à résister à la tentation. Mais cette thèse semble légérement empreinte de paranoïa.
D’autres se sont simplement dit que les jeunes gens au coeur fraîchement conquis faisaient plus d’efforts pour repasser leurs chaussettes snoopy et/ou manger cinq fruits et légumes par jour, ce qui est bon pour le teint, mais cette déduction est quelque peu passéiste, puisque les études prouvent que l’homme moderne, ou post-néo-cyber-metro-über-dodo-sexuel, n’hésite plus à se nourrir de façon équilibrée, jusqu’au jour où il rencontre, en même temps qu’un individu du sexe dit féminin, le régime quinoa-épeautre.
Or, une autre explication semble tenir la corde. Nous l’avons vu précédemment, la passion des femmes pour les plantes vertes ne peut s’expliquer que d’une seule façon : elles sont nées à la campagne. Or, on le sait, à la campagne, tout le monde se connaît. Et c’est tout naturellement, par esprit critique, qu’elles veulent vérifier la véracité des propos qu’elles n’ont pas manqué d’entendre rapporter, non sans une légère exagération due à l’enivrement d’une histoire naissante, quant aux talents du jeune homme dans des domaines aussi variés que la tonte du rhododendron et la chasse à l’épagneul breton.