Lectrice, lecteur, je tiens ici à dénoncer un terrible complot, à m’élever contre un mensonge des gouvernements, à crier ô effort une vérité qu’on nous dissimule.
La Chaîne Officielle du Parti serine ce message qui ne nous étonne même pas, tellement l’école nous l’avait déjà répété, à nos voisins d’Outre-Doubs. Les sportifs essaient de nous faire croire qu’ils y croient eux aussi, alors que bon, hein, franchement?
Partout, on loue les vertus du travail. Jamais on ne t’explique à quel point il est salutaire d’être un flemmard.
Pourtant, le paresseux est obligé de développer des stratégies pour parvenir à ses fins. Alors que le bourreau de travail apprend par coeur des tas de noms de rois et de dates de bataille, le flemmard se trouve des moyens mnémotechniques. Alors que les hommes partaient à la chasse au mammouth, c’est une feignasse qui a inventé le surgelé.
C’est la cosse qui est à l’origine de nombreuses inventions sans lesquelles notre vie moderne serait bien moins marrante: la télécommande, la mobylette, l’apéro, le presse-ail, la pétanque, le théorème de Pythagore, l’auto-bronzant, Internet, l’ouvre-huîtres, la plage, l’aimant à bottes de foins.
Ce sont des paresseux qui les premiers se sont dit “tiens, regarder le foot à la télé fatigue moins qu’en faire soi même” et ont découvert la bière et les cacahuètes.
Alors que les travailleurs moissonnent encore à la serpe, les paresseux préfèrent aller acheter leur pain, ce qui fait fonctionner le petit commerce et en plus, la boulangère a de belles miches. Si l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, faut bien que des gens se couchent tard pour vérifier que personne ne fauche le présent à ceux qui se levaient tôt dans le passé.
Et si j’étais moins flemmard, j’aurais fait mon ménage au lieu de pondre cette note et toi, tu serais obligé de finir de repeindre ton canapé au lieu de la lire.